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  • 06/03/2023
Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, était lundi 6 mars l'invité de la matinale de franceinfo. Il répondait aux questions de Marc Fauvelle.

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Transcription
00:00 - La grève commence ce soir 19h, mais pour combien de temps ?
00:02 Pour la première fois depuis le début de la contestation contre cette réforme des retraites,
00:06 c'est une grève reconductible qui est lancée à la SNCF par l'ensemble des syndicats représentatifs de l'entreprise.
00:11 Bonjour Laurent Brun.
00:12 - Bonjour.
00:13 - Vous êtes le leader de la CGT Cheminots.
00:15 On connaît, on les a rappelés il y a quelques instants, les prévisions de trafic.
00:18 80% des TER et des TGV annulés.
00:21 Demain, quasiment aucun train intercité.
00:23 Mais à quoi vont ressembler les jours suivants ?
00:25 - On espère que ce soit la même chose, ou en tout cas sensiblement la même chose.
00:28 On sait que le premier jour, c'est toujours un jour plus important que les autres.
00:31 Donc il y aura peut-être un peu moins de perturbations les jours suivants.
00:34 Mais en tout cas, nous on appelle les grévistes à continuer sur la lancée
00:37 et à maintenir la pression jusqu'à ce que le gouvernement cède.
00:40 - Vous êtes parti pour durer ?
00:41 - On est parti pour durer.
00:43 Et on voit bien que le gouvernement en face, il n'est pas parti pour écouter.
00:47 Donc on ne sait pas comment les choses vont terminer effectivement.
00:49 - Jusqu'à quand vous êtes prêt à tenir aujourd'hui ?
00:51 Ça veut dire par exemple qu'il y a des caisses de grève qui ont été mises en place à la CGT pour financer les grévistes ?
00:56 - Alors ça, on va le mettre en place.
00:58 Mais aujourd'hui, la problématique, on ne la pose pas comme ça.
01:01 Nous ne sommes pas partis, comme dans d'autres périodes, sur trois mois, quatre mois ou plus d'infinité.
01:07 Là, on veut une mobilisation intense, la plus large possible dans les secteurs de l'économie du pays.
01:14 Et en fonction de l'intensité de la grève, on verra comment on poursuit.
01:18 Mais je dirais qu'on n'a pas intérêt non plus à ce que le pays soit à l'arrêt pendant trois mois, si vous voyez ce que je veux dire.
01:25 - Ça veut dire que chaque soir, la grève sera reconduite ou non par des votes en Assemblée Générale ?
01:31 C'est comme ça que ça va se passer ?
01:32 - Ah oui, comme toujours.
01:33 Alors c'est plutôt chaque matin, en fait, les grévistes se réunissent en Assemblée Générale
01:36 et ils décident si le jour suivant, ils reconduisent la grève.
01:39 - Mais il n'y a que les grévistes qui votent ?
01:40 - Il n'y a que les grévistes qui votent, évidemment, puisque c'est eux qui sont propriétaires de leur mouvement
01:45 parce qu'eux mettent leur salaire sur la table.
01:47 - Mais les non-grévistes, du coup, n'ont pas leur mot à dire ?
01:50 - Les non-grévistes, en général, ils ne viennent pas aux Assemblées Générales.
01:53 Ils peuvent participer au débat, mais effectivement, sur la conduite de la grève, c'est les grévistes qui décident.
01:58 - Laurent Brun, votre collègue de la CGT Chimie, a dit jeudi dernier que l'objectif, désormais, était, je cite,
02:03 "de mettre à genoux l'économie française". C'est aussi votre objectif ?
02:07 - Ce qu'il voulait dire, c'était surtout mettre à genoux le patronat français qui soutient la réforme.
02:10 - Ce n'est pas ce qu'il a dit, l'économie.
02:12 - Oui, mais je sais, je discute suffisamment avec lui pour savoir de quoi on parle.
02:17 Mettre à genoux l'économie, c'est toucher aux bénéfices, toucher aux profits des employeurs
02:23 et les obliger à entendre ce que les salariés portent comme revendications.
02:26 Parce qu'aujourd'hui, on voit bien qu'il nous manque un levier.
02:28 C'est-à-dire que la population est largement contre la réforme
02:31 et pourtant, la représentation démocratique qui est censée représenter la population
02:35 continue à avancer comme s'il ne se passait rien.
02:37 - L'objectif, c'est de faire mal aux entreprises ?
02:39 - L'objectif, c'est de toucher l'économie, c'est-à-dire toucher les profits des entreprises, comme à chaque fois.
02:44 Et donc, forcément, réduire les profits jusqu'à temps que le patronat se positionne
02:49 en disant que, face à ce rapport de force, il préfère abandonner la réforme que poursuivre dans cette voie-là.
02:55 - Olivier Dussopt, le ministre du Travail qui sera l'invité de France Info à 8h30,
02:58 dit que cette réforme est une réforme de gauche car elle inclut de nombreuses compensations
03:03 sur la pénibilité, sur les carrières longues ou encore sur les femmes.
03:05 Que lui dites-vous ?
03:07 - Je pense que ça fait longtemps qu'il ne sait plus ce qu'est la gauche, Olivier Dussopt.
03:10 C'est malheureux d'ailleurs, mais quand on passe de fondeur de Hollande à ministre de Macron,
03:15 je pense que la boussole est très largement perdue.
03:17 Ce n'est pas une réforme de gauche, c'est une réforme qui fait reculer les droits des salariés, de manière générale.
03:21 - Y compris dans son volet compensation, les 7 milliards d'euros qui ont été mis sur la table,
03:26 sur les points que je rappelais il y a un instant, ça ne compte pas ?
03:28 - Mais en fait, quand vous faites faire deux ans de plus aux salariés,
03:32 vous pouvez leur attribuer un bénéfice de trois mois, n'empêche qu'au final, tout est négatif.
03:37 Donc on l'a vu sur les pensions, on l'a vu sur un certain nombre de choses.
03:40 Les annonces de ce gouvernement ont été dégonflées.
03:43 Beaucoup de gens vont perdre dans cette réforme très lourde, et tout le monde est touché.
03:48 - Vous ne dites pas parfois que pour faire plier le gouvernement ou faire amender cette réforme,
03:52 c'est plus simple d'être encarté chez les Républicains qu'à la CGT ?
03:56 - Je ne pense pas, parce que le gouvernement...
03:58 - Je ne vais pas vous demander si vous allez prendre votre carte chez les Républicains.
04:00 - Non, mais vous faites bien.
04:01 Mais on voit bien que les Républicains ne sont pas là pour faire plier le gouvernement,
04:05 ils sont là pour pousser au contraire le feu dans le long.
04:07 - Sur les carrières longues, Aurélien Pradié a obtenu plus que vous, par exemple ?
04:10 - Ça, ça se discuterait dans le détail, parce que je ne pense pas.
04:13 Mais en tout cas, on voit que les Républicains au Sénat,
04:16 ils se préparent à pousser le feu, au contraire, à aggraver encore la réforme,
04:19 à mettre encore plus de recul sociaux pour les salariés, notamment sur les éducations.
04:24 - La surcote pour les mères de famille, par exemple ?
04:26 - La surcote pour les mères de famille, oui, d'accord, ok.
04:28 D'abord, on va voir ce qu'il en restera, et s'ils vont la défendre,
04:31 y compris dans la commission paritaire avec l'Assemblée,
04:34 parce que les Républicains ont quand même une spécialité
04:37 de valider des réformes de LREM en échange d'autres garanties dans d'autres lois.
04:44 Donc, très clairement, les petits arrangements des Républicains au Sénat, on les connaît.
04:49 Nous, ils avaient tracté leur soutien à la réforme ferroviaire
04:53 contre des postes de sénateurs supplémentaires dans la réforme constitutionnelle.
04:58 Donc, on connaît un peu les affaires.
05:00 Ce n'est pas vraiment la représentation de l'intérêt de la population.
05:02 - Laurent Vrain, secrétaire général de la Fédération CGT-Cheminots,
05:05 invité d'Actu de France Info, merci. - Merci.
05:07 - Et bonne journée à vous.

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