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00:00 Avec moi pour nous éclairer sur les conséquences de ces annonces,
00:02 le politologue Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po,
00:06 spécialiste des questions stratégiques et internationales
00:08 et directeur de la publication Desk Russie.
00:11 Bonjour à vous.
00:12 Alors, on a vu que la réaction russe avait été très vive
00:17 à ces annonces de livraison de chars.
00:19 Est-ce qu'il y a un risque d'un étalement du conflit ?
00:22 Quelle peut être la réaction russe ?
00:25 Écoutez, je pense qu'il faut vraiment arrêter
00:28 de faire attention aux réactions russes.
00:30 Les réactions russes, c'est leur arme de dissuasion.
00:33 C'est-à-dire que depuis le début,
00:35 ils cherchent à dissuader les Occidentaux d'intervenir
00:39 pour tout simplement libérer l'Ukraine
00:42 et sauver la vie des Ukrainiens.
00:44 Donc, chaque fois, ils sont dans la menace
00:46 et on voit un certain nombre de propagandistes, en Europe,
00:48 d'ailleurs, relayer ce discours.
00:50 Il ne faut pas fournir d'armes à kiff.
00:52 Il faut faire attention, justement, au risque d'escalade,
00:55 ce qui est un discours de propagande.
00:57 Il y a des lignes rouges qu'il ne faut pas franchir.
00:59 Je dirais cette rhétorique, on la connaît depuis le début.
01:02 Et je pense que les Alliés, d'une certaine manière,
01:05 ont certainement été trop attentifs
01:07 à ces éléments de langage depuis le début.
01:10 En fait, ces livraisons d'armes dont on parle aujourd'hui,
01:14 cela fait très longtemps qu'elles auraient dû intervenir.
01:16 On sait qu'en particulier, en ce qui concerne les Léopard 2,
01:19 le président Zelensky l'avait demandé à Berlin
01:22 dès le mois de mars 2022.
01:24 Et enfin, on les a.
01:25 Mais si ces armes avaient été livrées plus tôt,
01:28 combien de vies ukrainiennes,
01:29 sans doute des dizaines de milliers,
01:31 auraient pu être sauvées ?
01:32 Selon le président Biden, justement,
01:35 le déploiement de ces chars pourrait prendre des mois.
01:38 Est-ce qu'il est déjà trop tard
01:40 pour que cette aide aide vraiment l'Ukraine
01:43 à résister à l'offensive russe ?
01:45 Écoutez, je trouve que cette aide vient bien tard.
01:49 Elle n'est pas trop tard, parce qu'elle n'est jamais trop tard,
01:51 puisqu'il faut évidemment non seulement défendre l'Ukraine
01:54 jusqu'au bout, mais l'aider à gagner,
01:55 c'est-à-dire à reprendre l'intégralité de son territoire.
01:58 Mais c'est vrai qu'on peut craindre
02:01 qu'il y ait une sorte de trou de vide
02:03 pendant les deux mois, trois mois qui viennent,
02:06 où l'Ukraine risque de ne pas avoir les armements suffisants,
02:10 que ce soit évidemment ses chars lourds,
02:12 que ce soit des missiles extrêmement performants.
02:15 Et ça va être extrêmement difficile.
02:17 On peut également craindre que Poutine, le 24 février,
02:21 donc pour l'anniversaire de la première année de conflit,
02:23 lance également une offensive massive.
02:26 Donc effectivement, je trouve que nous sommes
02:29 vraiment un peu trop lents à réagir,
02:30 que nous avons une certaine responsabilité,
02:32 voire une culpabilité dans cette lenteur.
02:35 Maintenant, il va falloir évidemment essayer
02:37 vraiment que ces chars et des autres équipements
02:40 puissent être livrés le plus vite possible.
02:42 Si la Russie a réagi si vivement
02:44 en parlant d'un acte dangereux de la part des Occidentaux,
02:48 est-ce que ces chars vont avoir un réel impact
02:51 tout de même sur la poursuite du conflit ?
02:53 C'est, comme le dit le président ukrainien,
02:55 un premier pas vers la victoire ?
02:57 Écoutez, c'est en tout cas quelque chose de tout à fait essentiel.
03:01 Ces chars lourds, ils sont indispensables
03:04 pour une opération de reconquête des territoires.
03:06 Maintenant, tout va dépendre de leur nombre.
03:08 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si on aligne
03:10 les quantités qui ont été promises,
03:12 que ce soit par les Allemands, les autres partenaires européens
03:15 ou les Etats-Unis avec les M1 Abrams,
03:17 ce n'est pas assez.
03:19 C'est vrai que quand le président Zelensky,
03:22 depuis le début, où son ministre de la Défense
03:24 demandait au moins 300 chars lourds,
03:27 il était dans le vrai.
03:28 Enfin, il faut rappeler que pour reconquérir le territoire
03:31 sur le plan strictement militaire,
03:33 on a besoin de trois éléments,
03:34 ce qui a été rappelé par votre correspondance.
03:37 C'est-à-dire qu'il faudrait à la fois,
03:39 et c'est ce que demande encore aujourd'hui
03:40 le président Zelensky,
03:42 à la fois des missiles de longue portée,
03:44 du type ATAC-MS américain,
03:46 qui sont capables de frapper à 300 km
03:47 pour frapper dans la profondeur,
03:49 et frapper sur le territoire russe des cibles militaires,
03:52 je dis bien militaires,
03:53 et également des avions de chasse.
03:55 Donc il faut vraiment espérer que dans les prochaines semaines,
03:58 dans les prochains mois, les pays occidentaux,
04:00 les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, les autres,
04:03 en tout cas qui ont ces armes,
04:06 pour en tout cas les chasseurs, la France et les Etats-Unis,
04:09 un peu l'Allemagne quand même aussi,
04:10 avec des avions qu'elle a achetés,
04:12 d'autres pays, eh bien, s'exécutent
04:15 et aillent vraiment jusqu'au bout.
04:16 C'est-à-dire qu'on ne peut pas...
04:18 Vous savez, chaque jour de guerre qui passe,
04:20 ça veut dire plus de vies ukrainiennes sacrifiées.
04:23 Donc on ne peut pas différer trop longtemps,
04:25 et aujourd'hui, il faut être sérieux
04:27 dans ce que nous considérons comme un objectif légitime,
04:30 c'est-à-dire la reconquête du territoire par l'Ukraine.
04:33 Mais est-ce que ces livraisons de missiles longue portée
04:36 et d'avions de chasse, c'est réaliste ?
04:38 Est-ce que c'est quelque chose
04:39 auquel pourraient consentir les pays alliés de l'Ukraine ?
04:42 Je crois que votre correspondant à Washington
04:45 a dit très justement les choses.
04:47 On n'imaginait pas, il y a six mois ou neuf mois,
04:50 que les Américains finiraient par céder.
04:52 On n'imaginait pas que les Allemands, finalement,
04:54 libèreraient, selon la formule, les Léopard 2.
04:59 On n'imaginait même pas que la France,
05:00 à un certain moment, s'interroge sérieusement,
05:04 même si ce sera peut-être finalement plus compliqué
05:06 pour des tas de raisons tactiques,
05:08 à livrer sans doute des Charles-Clairs.
05:11 Je pense que les choses ont évolué quand même positivement.
05:14 On n'est pas encore jusqu'au bout,
05:16 mais je pense qu'à un certain moment,
05:18 plutôt que de faire durer la guerre,
05:20 ce qui est un risque majeur, d'abord pour les Ukrainiens,
05:22 mais aussi pour notre propre sécurité,
05:24 ça renforce M. Poutine,
05:25 eh bien, il va falloir prendre des mesures chirurgicales.
05:28 Je veux dire, à un certain moment,
05:30 quand vous avez une tumeur qui grossit,
05:32 vous n'enlevez pas un petit bout,
05:33 mais vous enlevez la tumeur dans son ensemble.
05:35 Merci beaucoup, Nicolas Tenzer,
05:37 d'avoir été l'invité de France 24 ce soir.