Parlons Vrai chez Bourdin avec Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des Inégalités.
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00:00 patrimoine des français. L'INSEE publie sa grande enquête sur le patrimoine des français et je suis en direct avec Louis Morin qui est
00:07 directeur de l'Observatoire des inégalités.
00:09 Louis Morin bonjour. - Bonjour. - Merci d'être avec nous. Je regarde et regardons cette enquête de l'INSEE, on l'attendait depuis trois ans cette enquête.
00:18 Le patrimoine brut des français augmente mais reste toujours très inégalement réparti.
00:26 Inégalement réparti, ça ne vous surprend pas Louis Morin ?
00:30 Non, non, il n'y a pas de surprise, c'est constante. Le patrimoine pour nos auditeurs c'est du revenu accumulé dans le temps.
00:39 Plus on a de revenus, plus on accumule, ce qui fait que les inégalités de revenus sont moins grandes que les inégalités de patrimoine qui sont astronomiques.
00:48 Voilà, alors je regarde en détail, enfin un peu plus en entrant dans le détail. Bon, c'est vrai que le patrimoine globalement progresse, bien.
00:57 Mais un ménage qui détient 170 000 euros de patrimoine brut fait partie des 50% des français les plus dotés.
01:08 Voilà, c'est ce qu'on appelle le patrimoine médian, la moitié au-dessus, la moitié tout dessous.
01:13 Donc, quand on est à 170 000 euros, on est dans la médiane des patrimoines.
01:20 Voilà, on pourrait dire que c'est un peu le patrimoine des classes moyennes aujourd'hui en France, 170 000 euros pour un ménage.
01:27 Alors, les 1% les plus riches détiennent 15% du patrimoine ?
01:33 Alors, c'est astronomique, la moitié détient 92% et effectivement les 1% les plus riches détiennent 15%.
01:44 Pour nos auditeurs, c'est dire que 15 fois plus que ce qu'ils devraient avoir si le patrimoine était réparti de manière équitable.
01:51 C'est ce que je commençais de dire en début de discussion, c'est-à-dire que plus on est riche, plus on épargne et plus on accumule.
01:58 Vous voyez, pour toute une partie des classes aisées aujourd'hui, dont on a déjà discuté sur votre antenne,
02:04 la crise Covid, l'inflation, etc., ça leur passe complètement en dessous de la table,
02:10 parce qu'eux, ils ont tellement d'épargne que la question du pouvoir d'achat ne s'oppose pas, ils continuent à épargner.
02:16 Je crois que c'est une des grandes fractures françaises, ceux qui épargnent et ceux qui ne peuvent pas épargner.
02:20 Alors comment faire ? Avant de voir comment faire pour rééquilibrer, je constate quand même toujours,
02:30 ça c'est une vraie passion française pour l'immobilier.
02:34 - Alors bien sûr, l'immobilier c'est le patrimoine des Français, de la masse plus...
02:40 Il y a un effet de cycle de vie. Il faut dire une chose à vos auditeurs, c'est que quand on dit que 50% possèdent 92%,
02:47 par définition, une partie des ménages, des jeunes ménages, ne possèdent rien.
02:52 Donc pour être plus correct, disons, il faudrait que l'INSEE nous diffuse la distribution du patrimoine à l'âge de 50 ans ou de 60 ans,
03:00 où là, ça serait quand même... Donc il faut un peu nuancer juste à travers ça.
03:04 Et puis on a un cycle de vie, on commence avec rien, l'immense majorité des jeunes ménages n'ont absolument rien,
03:11 et puis on s'endette pour acheter, et plus on va s'enrichir, plus on va aller dans la hiérarchie des revenus,
03:17 moins le patrimoine immobilier va représenter une part importante, et plus on va être dans des stratégies financières,
03:24 un patrimoine de rapport financier.
03:26 - Voilà. Alors comment faire pour un peu équilibrer les choses ? Parce qu'il y a...
03:30 Pardon, mais le jeune couple qui s'endette effectivement pour acheter un appartement ou pour acheter une maison,
03:37 eh ben, brut, dès qu'il a acheté, il est à la tête d'un patrimoine. C'est évident.
03:45 Alors certains peuvent t'emprunter, d'autres ne peuvent pas emprunter. Aussi.
03:50 - Oui, et c'est une nuance qu'il faut apporter pour les auditeurs aussi. On parle de patrimoine brut,
03:56 il faudrait prendre en compte les dettes qui représentent en moyenne 15%, mais pour les jeunes,
04:02 pour les jeunes, la dette, elle peut être de 100%. C'est-à-dire qu'il peut avoir acheté son pavillon, mettons, 200 000 euros,
04:07 et puis avoir, remettons, un apport, allez, 50 000, c'est déjà beaucoup, et 150 000 euros de dette.
04:12 Donc en fait, en net, on a 50 000 euros, quoi. Donc il faut prendre en compte ça.
04:16 Et puis alors ça, c'est une première question très bonne, c'est-à-dire comment on fait en sorte que ces jeunes,
04:22 les jeunes couples, les jeunes ménages qui souhaitent devenir propriétaires,
04:25 puissent devenir propriétaires aux endroits où ils le souhaitent.
04:28 Il va forcément aller 50 km de leur emploi pour eux, quel accès au crédit, quelles sont les conditions du crédit.
04:35 Alors on a eu des conditions très favorables ces dernières années, mais c'est de moins en moins le cas.
04:41 Et puis enfin, dans le que faire, à l'évidence, aujourd'hui, il faut remettre à plat toute la fiscalité du patrimoine
04:49 et des revenus du patrimoine.
04:51 - Oui mais, alors, est-ce qu'il faut mettre à plat la fiscalité de l'héritage, de la succession ?
04:58 - Il faut commencer par la question de l'héritage.
05:01 Là, je vous rappelle qu'il y a quand même une dissonance dans les discours.
05:06 Le discours libéral de l'égalité des chances, il est contre l'héritage,
05:11 puisque on ne mérite rien quand on mérite.
05:15 Donc on devrait faire en sorte que ce soit les méritants qui puissent accéder au patrimoine.
05:20 Et de l'autre côté, depuis des années, on permet de défiscaliser toujours plus,
05:27 je vous rappelle, un couple avec deux enfants, dans une situation à peu près normale,
05:32 peut transmettre à peu près un million d'euros sans payer aucun frais de succession, compte tenu des abattements.
05:37 Mais de l'autre côté, il est clair que si on souhaite transmettre sa fortune à une personne, par exemple,
05:44 avec laquelle on a terminé sa vie, on n'est pas marié, ou hors de la famille en général,
05:50 là, on peut être très fortement taxé.
05:52 Donc je pense qu'il faut remettre à plat complètement toute cette partie de la fiscalité du patrimoine.
05:57 Et puis, je vous rappelle quand même qu'on a réduit il y a quelques années l'impôt sur la fortune.
06:02 - Donc taxer plus la succession ?
06:04 - Taxer davantage les successions.
06:06 - À partir de combien ? À partir de quel patrimoine ?
06:09 - Là, il faut qu'on ait un débat.
06:11 Un million d'euros, c'est colossal.
06:14 On est très au-delà du pavillon dans le cercle familial.
06:19 Si on souhaite prendre le prix d'un pavillon, on a 400 000 euros dans une famille,
06:26 ça serait déjà considérable si on pouvait transmettre la maison de famille moyenne en France.
06:35 On est très au-delà.
06:37 Il y a une très grande hypocrisie entre l'affichage de taux élevé et ce que payent réellement.
06:43 L'immense majorité des successions ne sont pas imposées.
06:46 Donc il faut tout remettre à plat, dire les choses qui posent problème,
06:52 et puis mettre en place une véritable fiscalité.
06:54 Pas seulement sur les successions, mais sur le patrimoine lui-même qu'on a réduit.
06:58 Alors qu'on est pour l'égalité des chances,
07:00 on facilite les inégalités de patrimoine qui sont ce qui permet aux dynasties de se transmettre.
07:08 Il y a des grandes dynasties, mais il y a aussi des petites dynasties.
07:10 Des gens qui ne sont pas forcément Bernard Arnault, les ultra-riches,
07:15 mais qui, en épargnant, font en sorte que leurs enfants soient riches dès leur naissance
07:19 et transmettent du patrimoine dans le temps.
07:21 Il faut s'attaquer au cœur.
07:23 C'est pas d'avoir une fiscalité confiscatoire, de supprimer l'héritage, etc.
07:28 Mais d'avoir des règles justes.
07:30 - Merci Louis Morin. Merci à vous.
07:32 - Merci à vous.
07:34 - C'est un vrai débat. La fiscalité du patrimoine, la fiscalité de la succession, de l'héritage,
07:39 on l'ouvrira entre 11h et 12h prochainement.
07:43 Christina, très vite, vous êtes à Montblanc, Jean-Moselle.
07:46 Merci beaucoup d'être avec nous.
07:48 - Oui, bonjour. Oui, je vous en prie.
07:50 - Je suis toujours contente de vous écouter.
07:52 Depuis l'histoire du Covid, j'ai connu Sud Radio et maintenant, je ne vous quitte plus.
07:58 - Merci Christina.
08:00 Vous êtes enseignante.
08:02 - Oui.
08:04 - Vous dites que les services publics ne répondent pas.
08:06 - Oui, alors je témoigne.
08:08 Je vous explique.
08:10 Mes parents sont d'origine étrangère. Ils sont portugais.
08:12 Ils sont arrivés dans les années 60, comme la grande partie des portugais.
08:14 Et ils ont toujours travaillé toute leur vie.
08:17 Mon père, il a été chirurgien. Ma mère, elle est ménage.
08:20 Et ils ont toujours bien sûr payé des impôts, cotisé à la sécu, etc.
08:24 Et depuis quelques temps, depuis l'été dernier, la sécurité sociale n'arrête pas de nous envoyer sur Amélie.
08:32 Parce que mes parents ne maîtrisent absolument pas Internet.
08:34 Ils ne savent pas allumer un ordinateur.
08:36 Heureusement que ma soeur et moi sommes derrière pour faire tout ça, tout ce qui doit être fait.
08:42 Mais écoutez, on doit sans cesse justifier le fait que ma mère vive en France.
08:48 Ça devient infernal.
08:50 On a dû demander un document, une attestation de notre médecin.
08:52 On a dû envoyer des attestations sur l'honneur, comme quoi ma mère ne vit pas au Portugal.
08:58 Elle va au Portugal deux fois par an.
09:00 Quinze jours en avril, un mois en été.
09:02 Et maintenant, là, j'avais tout réglé.
09:04 La carte vitale, elle l'avait perdue, je ne vous le dis pas, on a mis trois ans à la récupérer.
09:10 Trois ans.
09:12 Alors après, les portugais, c'est vrai que c'est compliqué les noms.
09:14 Avec les deux noms, etc. c'est compliqué, je peux le concevoir.
09:18 Mais si vous saviez la bataille que ma soeur et moi avons dû mener pour récupérer la carte vitale,
09:26 de maintenant, alors là je suis retournée sur Amélie, qu'est-ce que je vois ?
09:30 Maintenant, il faut qu'elle justifie qu'elle touche une retraite.
09:33 Il faut qu'elle justifie qu'elle est propriétaire de sa maison et qu'elle vit en France.
09:37 C'est une histoire de fou.
09:39 Moi, je deviens folle.
09:40 - Mais oui, mais c'est pour lutter contre la fraude, ça, Christina.
09:43 Le problème, c'est qu'on n'arrive pas à les avoir et à expliquer clairement et facilement.
09:47 C'est ça, le problème.
09:49 Bon, merci Christina.
09:51 On m'en a été un peu coupé, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je comprends très bien.
09:55 J'imagine, j'imagine, la maman de Christina et j'imagine les deux soeurs en train d'aider leur mère pour remplir tous ses papiers.
10:03 Il est 10h58, Jordan Bardella est avec nous dans un instant, le président du Rassemblement National.
10:09 C'est une émission exceptionnelle.
10:11 De temps en temps, je reçois comme ça des politiques très importantes aujourd'hui dans la vie politique française, dans le paysage politique française.
10:20 Je les reçois pour une interview en face à face et aussi pour qu'ils viennent répondre à vos questions.
10:27 0826-300-300, Jordan Bardella avec nous juste après les infos de 11h.