Paul Chopelin, Antoine Chevrier et la commune de 1870-1280
  • il y a 8 ans
Antoine Chevrier et la Commune de 1870
Avec Paul Chopelin,
Maître de conférences en histoire moderne, Lyon III

Avec quelle vigueur Notre Seigneur chasse les vendeurs du temple ; c'est un péché qui afflige grandement son cœur.
Comme l'argent tente ! comme il fait envie généralement et qu'il est difficile de ne pas faire quelque faute de ce genre, de ne pas imiter Judas : "combien me donnerez-vous et je vous le livrerai" (Mt 26,15)…
Avec quelle vigueur Notre Seigneur chasse les vendeurs du temple ; c'est un péché qui afflige grandement son cœur, il faut retrancher des choses saintes tout ce qui sent l'argent, le commerce, le trafic.
N'est-ce pas souvent pour punir notre avarice et notre attachement aux biens de la terre que Dieu envoie des révolutions et nous fait dépouiller par les fidèles eux-mêmes de tout ce que nous possédons ? C'est la première chose que font les révolutionnaires : nous dépouiller, nous rendre pauvres.
Né le 16 avril 1826 à Lyon (Rhône), mort le 2 octobre 1879 à Lyon (Rhône) ; prêtre du diocèse de Lyon ; fondateur de l’œuvre du Prado en faveur des enfants pauvres et de l’Association des Prêtres du Prado.
Issu d’une famille de condition modeste (son père était employé de l’octroi et sa mère tissait la soie à domicile), ordonné prêtre en 1850 après un parcours classique au Petit Séminaire de l’Argentière, puis au Grand Séminaire Saint-Irénée de Lyon, Antoine Chevrier fut envoyé dans une paroisse nouvellement créée de la banlieue lyonnaise sur la rive gauche du Rhône, Saint-André de la Guillotière. Comme la Croix-Rousse et Vaise, La Guillotière était alors une commune indépendante, peuplée essentiellement d’ouvriers, réputée turbulente, dirigée par une municipalité de gauche, qui allait être, pour des raisons d’ordre public, annexée à la ville de Lyon par le décret impérial du 24 mars 1852.
Antoine Chevrier y découvrit la misère ouvrière sous toutes ses formes. Dans un sermon sur l’amour des pauvres, il n’hésitait pas à parler du "spectacle toujours de plus en plus effrayant de la misère humaine qui croit. On dirait, à mesure que les grands de la terre s’enrichissent, à mesure que les richesses se renferment dans quelques mains avides qui les recherchent, [que] la pauvreté croît, le travail diminue, les salaires ne sont pas payés. On voit de pauvres ouvriers travailler depuis l’aube du jour jusqu’à la profonde nuit et gagner à peine leur pain et celui de leurs enfants. Cependant, le travail n’est-il pas pour tous le moyen d’acheter du pain ?" (Ms IV,57,1) Le vicaire de Saint-André dénonçait les conditions inhumaines et dégradantes, dans les ateliers et les fabriques, du travail des enfants, dont on faisait "des machines à travail pour enrichir leurs maîtres" (Ms III,2,2).
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