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Le troisième volet de “Sardaar Ji”, une comédie indienne à succès, a été interdit de sortie en salle en Inde. En cause : la présence au casting d’une actrice pakistanaise. Depuis la reprise, en avril, des tensions entre les deux pays, les artistes originaires du Pakistan sont effacés du paysage médiatique indien. Explications en vidéo.

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Transcription
00:00Ce film indien connaît un certain succès à l'étranger.
00:03Pourtant, sa sortie au cinéma a été interdite en Inde
00:06à cause de la présence d'une actrice pakistanaise au casting, on vous raconte.
00:12Sorti le 27 juin dernier, Sardar J3 est le troisième volet d'une comédie populaire indienne.
00:18Mais attention, ce n'est pas un film bollywoodien, mais polywoodien,
00:22c'est-à-dire issu de l'industrie cinématographique du Penjab,
00:26un état indien situé dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec le Pakistan.
00:29Selon The Guardian, au cours de sa première semaine de diffusion,
00:33le film a rapporté 336 millions de roupies, soit l'équivalent d'un peu plus de 3 millions d'euros,
00:38et est en passe de devenir l'un des films en langue panjabi les plus rentables de tous les temps.
00:42Il a même réalisé au Pakistan le meilleur démarrage jamais enregistré pour un film indien,
00:47ajoute le quotidien britannique.
00:48Mais en Inde, Sardar J3 n'a pas obtenu le visa de diffusion
00:52distribué par le Central Board of Film Certification, un organisme dépendant du gouvernement.
00:57Il ne peut donc pas sortir au cinéma, contrairement à Sardar J1 et Sardar J2.
01:03En cause, la présence au casting d'Anya Amir, une actrice pakistanaise.
01:07Depuis l'attaque terroriste survenue dans le Cachemire indien le 22 avril dernier,
01:11les tensions entre l'Inde et le Pakistan sont au plus haut,
01:14et le gouvernement indien a imposé des contraintes drastiques aux artistes pakistanais,
01:18explique le site indien The Wire.
01:20Il leur a notamment interdit toute participation numérique ou professionnelle à des projets indiens.
01:25Depuis mai, les artistes et médias pakistanais ont ainsi complètement disparu du paysage indien,
01:31y compris sur Internet, où des milliers de comptes Instagram et TikTok
01:35de journalistes et de célébrités pakistanaises ont été bloqués,
01:38dont celui d'Anya Amir, suivi par plus de 18 millions de personnes sur Instagram.
01:42Mais ce n'est pas tout.
01:43D'après Al Jazeera, l'actrice de 27 ans serait également effacée
01:47de la bande-annonce et des extraits du film qui circulent sur l'Internet indien.
01:50Alors ce n'est pas la première fois que le gouvernement indien censure des artistes pakistanais
01:55en raison de tensions diplomatiques, rappelle la chaîne turque TRT World.
01:59En 2016, déjà, les acteurs, chanteurs et techniciens pakistanais
02:02avaient été interdits de travailler sur des films indiens
02:05après un épisode de violence survenue au Cachemire.
02:08Même chose en 2019, suite au décès de 19 soldats indiens dans un attentat au Cachemire.
02:13Mais cette censure va encore plus loin.
02:15Selon The Guardian, depuis l'arrivée au pouvoir en 2014 du nationaliste hindou Narendra Modi,
02:21la frontière entre art et politique est devenue plus floue.
02:24Le cinéma indien, qui célébrait autrefois la diversité religieuse,
02:28est devenu le porte-voix du BJP, le parti au pouvoir,
02:31estimé en 2023 un journaliste pakistanais d'Al Jazeera.
02:34Ce dernier précisait par exemple qu'au fil du temps,
02:37les films indiens se sont mis à dépeindre une Inde hindoue
02:40où les personnages musulmans sont au mieux inexistants,
02:43au pire, présentés comme des méchants ou des soutiens cachés du Pakistan.
02:46Pour The Wire, la censure de Sardarji III s'inscrit aussi dans cette logique nationaliste hindoue.
02:52En cause, les appels au boycott lancé contre Diljit Dosange,
02:55l'acteur principal et producteur du film,
02:58considéré comme l'une des plus grandes stars asiatiques au monde,
03:01l'artiste Punjabi, qui revendique son identité Sikh,
03:03a en effet été qualifié de traître envers la nation
03:06par l'Association des travailleurs du cinéma indien,
03:08son tort avoir donné la réplique à Anya Amir.
03:11Et l'association a demandé aux producteurs de films et aux maisons de disques
03:15de ne plus collaborer avec lui.
03:17S'il n'existe aucun lien explicite entre les origines Sikh de Dosange
03:20et cette mise à l'écart,
03:22ignorer ce qui se cache en filigrane serait un peu naïf, estime The Wire.
03:26Un autre de ces films, qui devait sortir en mai dernier,
03:29fait aussi l'objet d'une censure de la part du gouvernement indien.

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