SIOUXSIE & THE BANSHEES - METAL POSTCARD

  • il y a 17 ans
« Reunion beginnt mit einem Glas Quecksilber. Fernsehen flimmert für noch eine Nachricht. Flinten beleuchten die Augen der sitzenden Familie. »

(Traduction libre : « La réunion débuta par un vers de mercure. La télévision crépitait d’un énième bulletin spécial et l’âtre illuminait les yeux de la famille attablée »).

C’est en ces termes que Siouxsie Sioux débute l’interprétation de « Metal Postcard » le 10 juillet 2002 au Shepherds Bush Empire de Londres. Citation qu’elle associe au nom de John Heartfield.

Ce dernier - dans une Allemagne d’entre-deux guerres confrontée à la monté du nazisme et à une anglophobie grandissante - décide par provocation d’angliciser son patronyme. Hertzfeld devient Heartfield.

Siouxsie & the Banshees emprunte le chemin inverse lorsqu’en 1978 ils décident de publier « Metal Postcard » d’abord en version anglaise puis en version allemande sous le titre « Mittageisen », en hommage au génial Heartfield.

Ce « mot-lécule » naît de la compression de 2 idées : « Mittagessen » (le repas de midi) et « Eisein » (le fer). Le tout renvoyant au plus célèbre collage de John Heartfield intitulé « Hurrah, die Butter ist alle ! » (Hourah, il n’y a plus de beurre !) dont voici une reproduction :

http://www.geh.org/fm/mismis/m197600760025.jpg

Ce collage (qui illustra d’ailleurs la pochette de « Mittageisen ») tourne en dérision les propos de Hermann Göring affirmant que « le fer a toujours rendue une nation forte tandis que le beurre et le lard ne font que la rendre obèse ». Heartfield conçoit donc un photomontage présentant une famille ingurgitant divers ustensiles et objets métaliques sous le regard bienveillant du Führer, dans la plus pure tradition Dada. Bref, l’essence même du « Mittageisen », ce « festin de fer ».

Pour plus d’infos concernant Heartfield consultez entre autres :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Heartfield

http://www.towson.edu/heartfield/

http://homepage.ntlworld.com/davepalmer/cutandpaste/heartfield.html

Je profite de l’occasion pour souligner à quel point la musique « pop » (dans son acception la plus vaste) a su diffuser pendant un temps une certaine culture, en ouvrant des perspectives et en créant des passerelles vers d’autres artistes, auteurs, penseurs, d’hier et d’aujourd’hui. Comblant ainsi les lacunes de mon éducation visiblement lacunaire.

La « pop culture » actuelle se distingue plutôt par l’abrutissement des masses, par sa dimension purement mercantile dénuée de toute perspective autre que le profit immédiat. Elle ne présente à mes yeux que guère d’intérêts. J’assume donc volontier mes goûts musicaux plutôt passéistes.

PS : les amateurs de Massive Attack reconnaîtront dans « Metal Postcard » l’ossature de « Superpredators », B-Side du single « Risingson » (1997).

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