Saliha/Ki dar kass el hob/

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Saliha : l'immortelle

Tahar MELLIGI Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 07 - 2010

Jamais chanteuse tunisienne n'a pu accéder à une telle plénitude et caresser de sa voix le ciel. De «Win frag ghzali» à «Oum El Hassen Ghannet», de «Bakhnoug» à «Ya khil Salem met», c'est l'art national pur, authentique, ensorceleur et d'une rare qualité que Saliha a fait connaître et aimer à des générations entières.
Le grand journaliste disparu Hédi Laabidi a écrit un jour : «Si l'Orient peut s'enorgueillir d'Oum Kalthoum, le Maghreb, lui aussi, peut se sentir fier de sa diva à lui, Saliha».
Qui est Saliha ?
C'est dans un milieu modeste, d'une mère de la tribu des Drid, M'barka Ben Amara Ben Mahmoud Rezgui que Saliha vit le jour. Celle-ci s'était mariée très jeune comme le voulait la tradition, à seulement quinze ans, d'un citoyen de Souk Ahras, Brahim Ben Abdelhafidh.
En 1915, au mois de Ramadan de cette année marquant la Première Guerre mondiale, Salouha ouvrit les yeux  dans les champs du Kef où elle joua avec ses amis et respira l'air pur de la campagne.
Car c'est là que son père était venu un jour accompagné du paternel de Souk Ahras, sur la frontière tuniso-algérienne, pour s'installer.
Dix ans plus tard, Salouha son vrai nom, dut émigrer à  Tunis avec ses parents pour s'installer à «Zanket el ghoul», numéro 2, rue Sidi Khémaïes au quartier el Hfir.
L'atmosphère était tout à fait différente de celle dont elle bénéficia durant son enfance.
Premier mariage
Quelques années plus tard, ses parents allaient la marier à Ali Ben Abbès, de Ras Jebel. Cette union donne naissance à une fille décédée à l'âge de trois mois, puis à Aroussia, alors que cette dernière n'avait que huit ans, son père quittait ce monde.
La mère de Salouha a raconté un jour que sa fille apprenait très vite tout ce qu'elle écoutait, le chantant par la suite malgré ses réprimandes. La jeune fille faisait fi des conseils de sa mère et même des coups qu'elle lui donnait, se remettant vite, de façon spontanée et instinctive, à fredonner des chants célèbres.
Découverte par Béji Sardahi
Sa première apparition dans les milieux artistiques date de 1939, un an après l'ouverture de la Radio nationale.
Tous les artistes en herbe jouaient des coudes pour passer à la radio, car cela était garant d'une carrière à succès et de la possibilité de se faire un nom pour être convié à se produire dans les galas, les concerts publics et fêtes de mariage.
En ce temps-là, Béji Sardahi, joueur de luth et compositeur,  s'est présenté à la Radio pour présenter quelques morceaux musicaux et chansons. Ce qu'il obtient au bout du compte. Le même Béji Sardahi entendit un soir une voix venue de nulle part chanter la nuit et la nature. Il fit sa connaissance. Et c'était Saliha qu'il présentera après avoir obtenu sa confiance. Elle fut présentée pour la première fois sous le nom de Soukéïna Hanem.

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