00:00L'heure des signatures européens, avant de parler des anti-vaccins avec Emmanuel Macron, avant de retrouver Christophe Bordet pour sa revue de presse, Eugénie Bastier. Bonjour Eugénie.
00:09Bonjour à tous.
00:10Ce matin, vous voudriez revenir bien sûr sur la mort d'Aubrigide Bardot et sur les réactions qu'elle a suscitées, notamment dans la presse de gauche.
00:18Oui, il semble que la gauche n'éprouve aucune honte à cracher sur les tombes.
00:22On se souvient de Sartre se vantant d'avoir uriné sur celle de Châteaubriand.
00:25Et bien après la mort de la divine Bardot, on a eu droit de semblables hommages dans les médias progressistes.
00:31Le Monde consacre un article aux 30 ans de sympathie pour l'extrême droite de la chanteuse.
00:36Libération titre sur sa dérive vers la haine raciale.
00:39Tandis qu'un de ses journalistes, Sylvain Chazot, s'interroge.
00:42Faut-il séparer l'artiste de la raciste ?
00:45Quant à l'INA, le site d'archives publiques payé par l'argent du contribuable,
00:48Eh bien, il a sorti une vidéo trois heures après la mort de Bardot faisant une compilation de ses sorties prétendument xénophobes, racistes, islamophobes, homophobes.
00:59Parmi toutes les phobies dont on accable la pauvre Brigitte, l'une d'entre elles m'a particulièrement retenu mon attention, celle d'être anti-féministe.
01:06Mais alors est-il vrai que Bardot était opposé au féminisme génie ?
01:10Oui, c'est tout à fait vrai et c'est paradoxal pour une femme qu'on aime à dépeindre comme un modèle d'émancipation.
01:16Elle aurait fait preuve de transgression en affirmant sa liberté sexuelle dans la France conservatrice du général de Gaulle.
01:21Pourtant, Brigitte Bardot affirma très tôt ses distances vis-à-vis du féminisme.
01:26En 1973, au sommet de sa gloire, en plein mouvement féministe, elle dit à la télévision, face à Jean-Pierre Elkabach,
01:33« C'est très bien que les femmes se libèrent, mais elles ne doivent pas vivre comme des hommes.
01:36Moi, je suis l'image même d'une femme. Je ne suis pas une suffragette. Je suis faible, vulnérable. Je ne suis pas un homme. »
01:43Elle ajoute, « Je crois qu'à trop vouloir se libérer, les femmes vont devenir de plus en plus malheureuses. »
01:50L'icône sexuelle, elle est même jusqu'à plaider pour un mode de vie plus traditionnel.
01:54À la fin de sa vie, elle était très opposée au mouvement MeToo.
01:58Oui, tout à fait. Elle avait qualifié la vague de libération de la parole dans le milieu du cinéma de ridicule et hypocrite,
02:03avait pris la défense de Gérard Depardieu et de Nicolas Bedos, notamment.
02:07Elle disait « Le féminisme, c'est pas mon truc. Moi, j'aime bien les mecs. »
02:11L'inventrice du bikini ne plaidait pas pour l'intersectionnalité des luttes et le droit des femmes à porter le burkini.
02:17Mais elle restait lucide sur l'idéal de la libération sexuelle,
02:21qui avait davantage, selon elle, libéré l'homme que la femme.
02:24Sa maternité lui avait laissé des regrets, sans doute parce qu'elle n'avait pu la vivre pleinement,
02:28en raison d'une vie hachée par la célébrité et le scandale.
02:31Finalement, Bardot a toujours été une rebelle.
02:34Elle a été contre les conventions de l'époque toute sa vie,
02:36dans les années 60 en choquant la morale bourgeoise,
02:39aujourd'hui en choquant le puritanisme féministe.
02:42À l'opposé de la guerre des sexes proposée par les militantes misandres d'aujourd'hui,
02:46elle incarnait un féminisme de la différence, bienveillant envers la masculinité.
02:50Un féminisme sans slogan ni manifeste.
02:53En cela, Brigitte Bardot ressemble à la romancière Colette,
02:57qui critiquait elle aussi les suffragettes.
02:59D'ailleurs, Colette et Bardot ont en commun non seulement l'amour de Saint-Tropez et des animaux,
03:02mais aussi cette émancipation féminine, plus instinctive qu'idéologique.
03:07Une féminité sensuelle, libre, à la fois révolutionnaire et conservatrice.
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