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  • il y a 11 heures

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h, 21h, Stéphanie Demureux.
00:04Europe 1 Soir Week-end, deuxième heure, j'accueille mes débatteurs,
00:08Gilles Boutin, journaliste en politique économique au Figaro.
00:11Bonsoir Gilles.
00:12Bonsoir Stéphanie.
00:13Nous sommes quittés juste avant Noël, j'espère que vous avez passé un joyeux Noël.
00:17Un excellent Noël.
00:17Donc la viande était bonne.
00:20Les viandes étaient bonnes, la pintade, la canette.
00:23On a reçu un boucher avec Gilles Boutin des Boucherini-Iverness,
00:27c'était il y a quelques jours, d'où ma petite question indiscrète sur le menu de Gilles Boutin.
00:32Bonsoir Humbert Anglaise, journaliste au JDD.
00:36Je suis contente de vous voir ici, d'habitude je vous croise dans les couloirs au sixième étage.
00:40Et bien vous voilà en studio avec moi.
00:42Bonsoir.
00:43Merci beaucoup.
00:44J'espère que vous avez passé de joyeuses fêtes de Noël, vous aussi.
00:47Parfaite, merci.
00:48Bon, on va parler de Donald Trump, il est bien actif.
00:51J'espère qu'il a eu le temps de passer de bonnes fêtes lui aussi,
00:54puisqu'il est sur tous les fronts.
00:55Il va rencontrer Volodymyr Zelensky probablement dimanche.
01:00Il frappe aussi l'État islamique au Nigeria,
01:04qui menace eux, les chrétiens, et qui massacre surtout les chrétiens.
01:09Bonsoir Jean-Éric Brana.
01:12Bonsoir.
01:12Vous êtes maître de conférence à l'université Panthéon-Assas,
01:16chercheur au centre Thucydide,
01:19et auteur de textes fondateurs de la Révolution américaine aux éditions Ellipse.
01:23Ellipse, alors je disais, on a un Donald Trump hyperactif.
01:27Alors on va prendre les dossiers dans l'ordre.
01:30Tout d'abord l'Ukraine, puisque les pourparlers sur l'Ukraine avancent.
01:33Le président ukrainien aimerait bien un accord avant la fin de l'année.
01:37En tout cas, il essaie de s'en donner les moyens,
01:40puisque le président ukrainien lui a annoncé à des journalistes aujourd'hui
01:44qu'il rencontrerait Donald Trump dimanche en Floride.
01:48Ça veut dire qu'il y a des chances que Donald Trump réussisse à trouver un accord,
01:54un accord de paix sur ce conflit qui dure maintenant depuis le 2022 ?
01:59Jean-Éric Brana ?
02:00Écoutez, s'il y a des chances, c'est un petit peu difficile à dire.
02:04En réalité, ça dépendra de la position de Vladimir Poutine.
02:08Veut-il la paix ou ne la veut-il pas ?
02:10On a vu qu'à de nombreuses reprises, il y avait des chances qu'il y ait un plan de paix
02:15et que finalement, un des deux protagonistes va apporter de nouvelles raisons
02:19pour que cette paix n'arrive pas.
02:21Et cette fois-ci, Donald Trump aimerait bien que cela aboutisse.
02:25Alors ce n'est plus le plan de paix qu'il avait proposé au départ.
02:29Il faut quand même le préciser, c'est un nouveau plan de paix américain
02:32qui est cette fois-ci d'inspiration ukrainienne, non plus d'inspiration russe.
02:40Et c'est pour ça qu'il y a quand même beaucoup de raisons de penser que Poutine le refusera.
02:44Vous avez raison de le préciser, puisque la Russie, cet après-midi,
02:48a accusé justement l'Ukraine de vouloir torpiller les pourparlers sur le plan américain,
02:53constatant ce que vous dites, que c'est un texte radicalement différent
02:56de ce que Moscou avait négocié avec les Américains.
03:00Mais c'est vrai que moi, ce qui m'intéressait ici,
03:02c'était de voir avec quelle énergie Donald Trump faisait les choses.
03:07Ça nous amène aussi au Nigeria.
03:10Donald Trump qui poursuit ses représailles contre l'État islamique.
03:14Il a annoncé ce jeudi, peu avant midi, minuit,
03:16que les États-Unis avaient frappé de façon meurtrière une partie du Nigeria.
03:20Alors les messages avec lui sont assez simplistes.
03:23Mais tout de même, le résultat compte.
03:25Il dit, j'avais précédemment prévenu ces terroristes que s'ils n'arrêtaient pas le massacre de chrétiens,
03:30ils allaient le payer cher.
03:32Et ce soir, ils ont payé joyeux Noël à tous, y compris aux terroristes morts,
03:35qui seront encore plus nombreux si le massacre des chrétiens se poursuit.
03:39Alors c'est vrai que c'est le style Trump.
03:41Il n'empêche, il ne s'embarrasse pas de trop de temps, il attaque.
03:47Oui, alors moi, je ne suis pas tout à fait sur la même dynamique,
03:52puisque je suis un observateur et pas un militant.
03:56Ce que je vois, c'est que Donald Trump s'adresse surtout à ses partisans.
04:00Cette attaque, en réalité, a un double but.
04:04D'abord de satisfaire une partie de son électorat, c'est-à-dire les évangéliques.
04:09On a vu d'ailleurs aujourd'hui les réactions.
04:11Que ce soit Randy Fine de Florie, de Riley Moore, de Virginie Occidentale,
04:16Ted Bud de North Carolina, de Tom Cotton de l'Arkansas,
04:20ou Laura Loomer, qui est si puissante sur les réseaux.
04:23Tous ceux-là, qui sont des évangéliques, se sont félicités en expliquant que c'était un cadeau de Noël.
04:29C'était aussi la grande promesse de l'America Fest la semaine dernière.
04:35Cette organisation qui a été montée par Turning Point et Charlie Kirk,
04:42dont on a parlé puisqu'il a été assassiné.
04:45Il y avait cette idée de frapper les Nigérians ou le Nigeria
04:50pour arrêter le massacre de chrétiens.
04:53Et je mets des guillemets un massacre de chrétiens,
04:55parce qu'en réalité, sur le terrain, c'est un peu plus compliqué, comme chacun le sait.
04:59Mais là-dessus, il y a une satisfaction.
05:02Maintenant, pour ceux qui ne sont pas de son camp,
05:05en réalité, c'est une opération à portée nulle.
05:10Je veux dire par là qu'elle n'aura pas d'effet négatif pour Donald Trump,
05:14parce que le Nigeria, c'est loin, c'est en Afrique, ça n'a pas beaucoup d'importance.
05:19Justement, Jean-Éric Branat, pardonnez-moi de vous couper,
05:21mais vous dites, à juste titre, certainement, c'est adressé à son électorat.
05:26Mais en effet, le Nigeria, c'est loin.
05:29On connaît parfois le peu d'appétence qu'ont les Américains sur la géographie un petit peu lointaine.
05:35Est-ce que vous êtes sûr qu'il peut en tirer ?
05:37Vous avez dit, ça sera au minimum à neutre.
05:39Mais pourquoi le faire ?
05:40Alors, c'est vrai que c'est une terre de pétrole aussi.
05:44On peut peut-être imaginer une seconde arrière-pensée de la part de Donald Trump,
05:48mais c'est vrai qu'on cherche peut-être la raison.
05:52Non, mais il le fait parce qu'en réalité, il faut recadrer ses trous pour plutôt les resserrer.
05:57Chacun a entendu parler du fait qu'il y avait une campagne présidentielle qui commence déjà.
06:03C'est classique aux États-Unis.
06:04Vous savez, trois ans avant l'élection, les grands leaders commencent à se mettre sur la piste,
06:09mais en se mettant sur la piste, ils se divisent.
06:11Et Donald Trump essaie justement de resserrer ses rangs.
06:15Vous savez, il y a une chose qui est très importante avec Donald Trump,
06:17c'est qu'il avait réuni les sept ou huit courants qui existaient au Parti républicain.
06:21Désormais, il n'y en a plus qu'un.
06:23Et il ne faut surtout pas que ça éclate à nouveau,
06:25parce qu'à ce moment-là, tout le trumpisme explose avec lui.
06:28Mais donc, ce qu'il fait actuellement, et pas uniquement dans cette affaire-là,
06:32c'est de resserrer les rangs et d'essayer de remobiliser les troupes
06:36avant le grand rendez-vous qui arrive, qui est 2026.
06:39Gilles Boutin.
06:40Oui, bonsoir Jean-Luc Buana.
06:42On aurait pu penser que Donald Trump, de par son discours assez isolationniste,
06:48professant un retrait des États-Unis des affaires, notamment européennes,
06:53on aurait pu donc penser que Donald Trump était adepte, finalement,
06:56d'un interventionnisme assez minimal et d'une moindre puissance.
07:00Il aurait pu, par exemple, raboter dans les budgets de l'armée.
07:02Or, on voit bien qu'en réalité, il adore cette puissance militaire américaine.
07:07Simplement, il ne veut pas en faire le même usage que ses prédécesseurs.
07:10C'est-à-dire, lui, il ne veut pas d'intervention au sol.
07:13Il veut zéro mort, en définitive.
07:15Mais il veut quand même profiter du show à l'américaine,
07:18c'est-à-dire envoyer les bombardiers B2, taper les Iraniens
07:21et mettre en scène, en quelque sorte, cet acte comme celui qui met fin à une guerre
07:27dont il donne lui-même le nom, d'ailleurs, la guerre des 12 jours.
07:31Il fait la même chose, là, au Nigeria, avec des frappes, notamment de missiles.
07:39Donc, on voit bien qu'il n'est pas du tout, finalement, en rupture avec ses prédécesseurs.
07:42Il bichonne son appareil militaro industriel.
07:45Il fait même plus d'interventionnisme, hein ?
07:47Et beaucoup d'interventionnisme, mais à moindre coût humain.
07:50Ce qui me fait penser à la politique de la canonnière,
07:53à la politique de Théodore Roosevelt,
07:55qui consistait à intervenir de manière massive pour tordre le bras.
07:58Et d'ailleurs, ce qu'il fait au Venezuela, actuellement, il ressemble fortement.
08:02C'est-à-dire, il fait un blocus, il veut tordre le bras pour obtenir des choses,
08:06mais à moindre coût.
08:07Est-ce que vous croyez à l'efficacité de cette utilisation de l'armée
08:13pour résoudre, soit des différents commerciaux,
08:18soit, tout simplement, des problèmes d'insécurité ou de terrorisme ?
08:21Jean-Éric Branard.
08:22Je crois que Donald Trump n'est pas en rupture avec ce qu'il a dit jusqu'à maintenant.
08:28C'est-à-dire que l'isolationnisme, oui, ça fait partie de son discours,
08:32mais la force aussi fait partie de son discours.
08:34Et en réalité, il a toujours expliqué qu'il serait impitoyable pour frapper là où il fallait frapper.
08:40Seulement, quand il frappe, il faut que ce soit court.
08:44Il faut qu'il n'y ait pas de conséquences, c'est-à-dire pas de guerre,
08:46puisqu'actuellement, vous l'avez bien compris, les Américains ne veulent pas de guerre.
08:50Ils ont rejeté George Bush et choisi Obama pour cette raison-là.
08:54Puis ensuite, ils ont choisi Trump et Biden avec la même idée.
08:58On ne va surtout plus dans les guerres.
09:00Ils rejettent tout ce qui peut ressembler à une guerre à l'extérieur.
09:04Et puisque vous mentionnez le Venezuela, vous voyez que l'opinion américaine
09:09est très, très, très défavorable à l'intervention au Venezuela.
09:14Maintenant, est-ce qu'il n'y aura pas d'intervention au sol au Venezuela ?
09:17Je n'en sais rien.
09:18C'est l'avenir qui nous le dira,
09:20puisque actuellement, il semblerait qu'on se dirige sur quelque chose d'important sur le Venezuela.
09:26Et puis, sur le Nigeria, il y a aussi la déclaration de Pitexed ce soir
09:31qui dit qu'il va y avoir de nouvelles frappes très bientôt.
09:33Mais elles seront brèves, encore une fois, histoire de montrer sa force et de repartir.
09:40Et surtout, Donald Trump, dans son message, a pris garde de mentionner
09:45que le gouvernement du Nigeria a non seulement été au courant,
09:48mais que c'était même lui qui les avait demandés.
09:50Donc, il vient en support.
09:54Et là, vous aviez raison tout à l'heure,
09:57quand vous disiez qu'il ne faisait pas autrement que ses prédécesseurs.
10:01C'est une continuité américaine qu'il nous faut constater.
10:06Peut-être même parfois, il fait plus.
10:08Mais alors, ce qui lui donne d'ailleurs l'occasion d'apparaître extrêmement fréquemment
10:12dans la presse française, Jean-Yves Bredin,
10:14il ne vous a pas échappé que Donald Trump est la personnalité
10:17dont les médias ont le plus parlé en France en 2025,
10:21alors que traditionnellement, cette première place échoua au chef de l'État français.
10:25C'est d'ailleurs la première fois depuis cette étude, depuis 2013,
10:28que ce n'est pas le président français en exercice qui est la personnalité la plus citée
10:32dans les médias du pays.
10:34Qu'est-ce que ça dit, ça ?
10:35Ça dit d'abord que Donald Trump est une personnalité médiatique hors pair.
10:41Ça, tout le monde l'a bien compris.
10:42Depuis 2015, moi, je me lève tous les matins
10:46en commençant par allumer l'ordinateur
10:48pour savoir ce que Donald Trump a dit pendant la nuit.
10:50C'est vrai que les tweets sont assez cocasses quand même.
10:53Oui, oui, mais je pense que vous le faites aussi
10:55et que ceux qui sont sur votre plateau le font également.
10:58En réalité, il a scénarisé sa présidence
11:02pour qu'il y ait un événement minimum par jour.
11:05Ensuite, il utilise la provocation,
11:08voire l'outrance, pour pouvoir intéresser,
11:10et ça intéresse.
11:11Ça intéresse bien sûr l'espace médiatique,
11:13les journalistes, les commentateurs.
11:15Nous sommes tous sur le pont pour qu'il y ait des débats.
11:18Ces débats sont fort nombreux.
11:20Ça intéresse le public
11:21parce que ça touche l'ensemble de la population
11:24non seulement américaine mais mondiale.
11:27Vous allez me dire maintenant,
11:27mais pourquoi est-ce qu'il était troisième avant
11:29et premier aujourd'hui ?
11:31Et c'est ça la vraie nouveauté dans ce sondage dont vous parlez.
11:34Après, c'est vrai qu'il ne fait pas que de la communication.
11:37On vient de le décrire, vous venez de le décrire vous-même.
11:39Mais il agit, parfois même, brutalement.
11:43C'est là-dessus que j'allais continuer.
11:44Oui, pardon.
11:45Il y a quand même des changements qui sont intervenus.
11:48Pourquoi est-ce qu'il est la personnalité médiatique
11:51la plus importante de France et même d'Europe ?
11:54Le journal l'a consacré là-dessus
11:56en expliquant qu'il était numéro un en Europe.
11:59Parce qu'en réalité,
12:01le cheminement trumpiste
12:04fait désormais partie de notre vie.
12:07Et Donald Trump parle également de nous.
12:10Non pas parce qu'il nous cite,
12:11mais parce que les thèmes qu'il a abordés
12:14sont également des thèmes que nous avons dans notre vie politique.
12:18Et alors qu'on se dirige sur 2027,
12:21c'est-à-dire une échéance très importante en France,
12:24eh bien, les questions d'immigration, de sécurité,
12:27de remise en cause des élites
12:29font partie désormais du discours politique habituel.
12:33Et donc, on regarde Trump
12:36comme un exemple, un prédécesseur
12:38en se demandant où ça va
12:40et est-ce que ça pourrait marcher ou ne pas marcher.
12:43Ceux qui l'aiment disent que
12:44« Regardez, ça marche très fort »
12:46et ceux qui ne l'aiment pas disent
12:47« Mais regardez, c'est une dérive extraordinaire. »
12:49Et tout ça fait qu'on parle beaucoup,
12:52beaucoup de Donald Trump,
12:54encore une fois, comme une référence.
12:55Merci beaucoup Jean-Éric Abranamette
12:57de conférence à l'Université Panthéon-Assas
12:59et auteur des textes fondateurs
13:00de la Révolution américaine aux éditions Ellipse.
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