00:00Je vous invite ce matin, c'est donc le préfet des Pyrénées-Orientales.
00:02Bonjour Pierre-Régnon de Lamotte.
00:04Bonjour, merci d'être en studio avec nous.
00:05D'abord la dermatose.
00:07Les agriculteurs mobilisés hier dans notre département,
00:09ils le seront de nouveau devant chez vous,
00:12monsieur le préfet, demain soir devant la préfecture à 18h.
00:14Ils dénoncent toujours la stratégie
00:16contre la dermatose. En clair, ils ne veulent plus
00:17des abattages systématiques,
00:19dès qu'une bête est malade. Chez nous, on connaît bien
00:21le problème, 497 vaches
00:24abattues dans les PO ces derniers mois, dans le cadre
00:25de ce protocole. D'abord la situation
00:27dans les Pyrénées-Orientales, est-ce qu'elle est stabilisée ?
00:29Est-ce qu'il y a eu de nouveaux cas de dermatose ces derniers jours ?
00:33Grâce
00:33aux efforts que tout le monde
00:36a réalisés, la vaccination d'abord
00:37qui a été réalisée très rapidement
00:39et puis aussi effectivement
00:41cette stratégie
00:43que je reconnais très dure
00:45d'abattage des unités
00:48épidémiologiques infectées,
00:49tout ça commence à produire des résultats puisqu'effectivement
00:52depuis au moins une dizaine
00:54de jours, je constate que les
00:55foyers de contamination se
00:57réduisent drastiquement.
00:59voire disparaissent complètement.
01:01Aucun cas ces derniers jours ?
01:03Il y a un cas, voilà. Il y a une vache
01:06isolée, une vache qui était restée en estive, que nous allons devoir malheureusement
01:10abattre dans les jours qui viennent, mais c'est une vache, voilà. Mais en dehors de ce cas, nous n'avons plus ces derniers jours de foyers de contamination.
01:18J'y vois probablement
01:20J'y vois probablement le résultat, voilà, de notre approche de vaccination, de restriction
01:25de la circulation des bovins. Et tout ça conduit à m'encourager et bien sûr à remercier tous les acteurs, éleveurs, vétérinaires, chambres d'agriculture pour leur travail et leur sens des responsabilités.
01:39Sauf que sur les blocages et notamment hier à Villefranche de Conflans, on accuse l'État et on vous accuse donc vous indirectement, monsieur le préfet, de mettre en péril l'élevage dans les Pyrénées-Orientales, mettre en péril la génétique qui a été développée depuis des années dans notre département. Qu'est-ce que vous répondez à ces éleveurs ?
01:53C'est évidemment un sujet compliqué, mais la difficulté de ce sujet, c'est que nous savons le prix que nous payons. Effectivement, 497 bovins qui ont été abattus et c'est très malheureux.
02:06Ce que nous ne saurons jamais vraiment chiffrer, c'est ce que nous avons gagné en appliquant cette stratégie qui effectivement est très dure.
02:14Combien de bovins nous avons sauvés ou préservés en évitant davantage de contamination ? Voilà, parce que c'est ça l'objectif de tout ce que nous faisons.
02:21C'est de non seulement limiter la propagation de l'épidémie, ce que nous commençons à réussir à faire ici, et même d'éradiquer la maladie.
02:29C'est ça qui est particulier avec la DNC, c'est que compte tenu de ses caractéristiques et de son mode de transmission, nous avons la possibilité de l'éradiquer, purement et simplement, et c'est bien ça que nous cherchons à faire.
02:40Les éleveurs mobilisés aussi hier pour dénoncer le flou autour des aides. Vous avez peut-être entendu tout à l'heure Sébastien Desmarécaux, il est éleveur à Castailles, il a perdu ses 16 vaches.
02:49L'ensemble de son troupeau a été abattu. Il dit avoir touché 2000 euros par vache. D'abord pour lui, il explique que c'est insuffisant, puis ensuite il explique qu'on ne sait pas comment sont calculées les aides,
02:58on ne sait pas s'il y aura davantage d'aides, on ne sait pas quand. Qu'est-ce que vous pouvez lui répondre là-dessus ? Est-ce qu'il a raison de se plaindre ?
03:04Il a effectivement raison d'être exigeant. Après, moi je crois que nous n'avons pas spécialement à rougir de la rapidité avec laquelle nous avons versé les avances d'indemnisation.
03:17Comme vous l'avez dit, tous les éleveurs malheureusement qui ont subi un abattage ont déjà reçu une avance, c'est une avance, de 2100 euros par bovin abattu.
03:27Voilà, ça c'est une somme forfaitaire. Et puis s'ajoutera à ça effectivement une indemnisation individualisée, qui est calculée en fonction de plusieurs paramètres,
03:37le nombre de bovins, leur génétique, leur poids, la valeur de remplacement.
03:42Ils pensaient quand ?
03:43Dans les prochaines semaines. Il y a un expert national qui passe cette semaine parce qu'il faut faire un travail d'harmonisation,
03:48puisque comme je l'ai dit, tout ça est individualisé.
03:51Et je donnerai toutes ces explications aux éleveurs concernés jeudi, puisque je les reçois à la préfecture pour leur présenter là où nous en sommes.
04:00Et j'ajoute qu'en plus de l'indemnisation des bovins abattus et de la valeur de remplacement des bêtes,
04:07il y aura aussi des aides au titre de la PAC, de la politique agricole commune, puisque, comme vous le savez peut-être,
04:14nous allons maintenir les aides de la PAC pour les bovins qui ont été abattus,
04:17c'est-à-dire que nous allons, l'année prochaine, verser les aides de la PAC en faisant comme si ces bêtes existaient toujours.
04:22Demain, les agriculteurs du département vont manifester de nouveau.
04:25En tout cas, ils sont appelés à manifester, les éleveurs, sous vos fenêtres, devant la préfecture, demain soir à 18h.
04:32Le contexte est particulièrement tendu, avec aussi la possibilité que l'Europe ratifie cette semaine le Mercosur,
04:37le traité de libre-échange avec l'Amérique du Sud.
04:39Beaucoup d'agriculteurs y sont opposés.
04:41Est-ce que ça vous inquiète, vous, cette manifestation devant la préfecture, demain soir ?
04:45Ça ne m'inquiète pas, j'y suis évidemment très attentif,
04:51et si les manifestants demandent, par exemple, à être reçus, évidemment, je les rencontrerai.
04:58Le Mercosur, nous sommes contre en l'État, vous le savez,
05:01le gouvernement a dit que le projet d'accord tel qu'il était ficelé actuellement ne nous convenait pas,
05:05et le président de la République et le gouvernement l'ont redit ce week-end à la Commission européenne.
05:10Et l'Europe pourrait le ratifier quand même, puisque c'était à la majorité relative ?
05:13Nous verrons, et je crois que nous ne sommes pas seuls en Europe à nous poser plus que des questions sur l'état actuel de cette négociation.
05:21Mais oui, je comprends qu'il y a en ce moment un certain nombre de cumuls de facteurs,
05:26entre des facteurs locaux, j'allais dire, franco-français, la dermatose, la situation de la viticulture, la sécheresse,
05:35et puis un contexte européen, international, qui aussi apporte son lot d'inquiétudes.
05:40Mais vous n'êtes pas inquiet pour la manifestation de demain soir, en tout cas ?
05:42Je ne suis pas inquiet, parce qu'on l'a vu ce week-end, il y a eu des manifestations,
05:46elles se sont déroulées, je crois, dans un climat de responsabilité, d'ailleurs, que je salue,
05:51et donc je suis certain que ce sera la même chose demain.
05:53On voulait vous entendre aussi ce matin, M. le Préfet, sur ces nouvelles règles concernant le photovoltaïque,
05:57un tout autre sujet, les centrales solaires sur pied, n'importe où, c'est fini.
06:01La préfecture vient de publier une carte précise des endroits où les promoteurs pourront installer ces panneaux sur pied.
06:06Il était temps, vous diriez, c'était la jungle jusqu'à présent ?
06:10Je trouve qu'il n'y avait pas trop de règles, et que, oui, ça manquait un peu de cadrage.
06:15Les énergies renouvelables, il faut les développer, c'est un objectif gouvernemental que, bien sûr, je continuerai d'appliquer.
06:23Nous avons besoin d'énergie solaire, nous avons besoin du photovoltaïque,
06:27mais pas n'importe où et pas n'importe comment.
06:29Et donc, avec ce document cadre, nous avons identifié un certain nombre de surfaces,
06:35ça fait à peu près 200 hectares dans le département,
06:38sur lesquels il faut concentrer la mise en place de ce photovoltaïque au sol.
06:42La Chambre de Commerce réclamait jusqu'à 3500 hectares.
06:45Vous avez accordé 200 hectares, on voit bien la différence qui existe.
06:48Est-ce que les professionnels du solaire et des énergies renouvelables
06:52expliquent qu'on est en train de mettre des freins à une des rares industries
06:54qui fonctionnent chez nous dans les Pyrénées-Orientales ?
06:57Il faut trouver un équilibre.
07:00Il faut trouver un équilibre, c'est-à-dire, comme je l'ai dit plus tôt,
07:03ça ne peut pas être n'importe comment et n'importe où.
07:06Il ne s'agit pas non plus d'être exagérément restrictif.
07:09Si on prend les cinq dernières années, il y a eu l'équivalent à peu près
07:13d'une centaine d'hectares de photovoltaïque au sol.
07:16Je parle de photovoltaïque au sol qui ont été installés dans les Pyrénées-Orientales.
07:20Là, on dit qu'il y a 200 hectares qui sont ouverts.
07:23Ce n'est pas non plus gravé dans le marbre pour les 100 prochaines années.
07:27C'est révisable tous les cinq ans.
07:28Le jour où les 200 hectares que j'ai autorisés seront tous couverts de panneaux,
07:33on pourra réfléchir à la suite.
07:35Mais commençons déjà par prioriser ces zones-là
07:37plutôt que d'aller miter le paysage avec des panneaux n'importe où.
07:42J'ajoute que cette réglementation ne concerne pas l'agri-voltaïsme
07:46qui est quelque chose de différent.
07:47Ça ne concerne pas non plus le photovoltaïque sur les toits.
07:50Il y a quand même beaucoup de possibilités autrement pour faire du photovoltaïque.
07:54Merci beaucoup, M. le Préfet des Pyrénées-Orientales.
07:56Pierre Reynaud Delamotte, vous étiez l'invité d'Issi Roussillon ce matin.
08:00Bonne journée à vous.
08:00Merci.
08:05Vous écoutez Ici Roussillon, 5h, non, 7h53.
08:08Oui, on ne va pas inverser quand même les chiffres de l'horloge.
08:10Dwellipa et Pierre Demar, c'est Diswals maintenant.
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