00:00Alors est-ce que l'homme du jour d'aujourd'hui va devenir connu ?
00:02Il l'est déjà, je crois qu'on peut dire que oui, il est un petit peu connu, Jean-Charles de Castelbajac, quand même, il a fait 2-3 trucs assez sympas.
00:10A partir d'aujourd'hui, il y a une grande rétrospective qui est consacrée aux couturiers, aux abattoirs de Toulouse, pris 60 ans de création avec des influences de dingue.
00:19Jean-Charles de Castelbajac, c'est une sorte d'antidote à l'amorosité, il y a des couleurs éclatantes, de la joie, de la profusion, un remède à l'ennui.
00:27C'est d'ailleurs exactement ce qu'il cherchait à l'entrée dans la vie d'adulte.
00:31Enfant, il a passé 11 ans dans des pensions strictes, notamment à Bétarame.
00:36Il en est ressorti avec une soif immense de liberté, il voulait vivre.
00:40Ce n'est pas pour rien que sa première création, ce soit un manteau qui a été confectionné à partir de la couverture de son lit de pension.
00:46Jean-Charles de Castelbajac appelle ça son autodafé.
00:49Il a utilisé ce qui l'a entravé pour laisser libre cours à son imagination, à sa volonté créatrice.
00:54C'est aussi un couturier qui revendique, artiste, son droit à la provocation.
00:58Ah c'est même son ADN.
01:00A 18 ans, dans les années 60, il avait fait scandale en déposant le nom de Jésus.
01:04Jean-Charles de Castelbajac avait d'ailleurs créé une collection de jeans qui s'appelait Jésus.
01:09Il avait organisé une campagne d'affichage devant le Vatican à Rome.
01:13Des photos gigantesques de mannequins en jean avec le slogan « Qui m'aime me suive ? » Jésus.
01:18Ça le fait encore rire aujourd'hui.
01:23Mais surtout que les catholiques lui ont pardonné ou ont oublié parce que quelques années plus tard,
01:27le Vatican lui a demandé d'habiller le pape Jean-Paul II.
01:29Et puis l'an dernier, pour la réouverture de Notre-Dame de Paris,
01:32c'est encore lui qui a dessiné des vêtements et des ornements liturgiques, 700 en tout quand même.
01:37Alors il est éclectique, il a habillé Jean-Paul II, mais aussi Lady Gaga !
01:40Décidément, cette matinale...
01:46Ah oui, là on danse.
01:48Il n'aime pas les casques, Jean-Charles de Castelbajac.
01:50Aujourd'hui, encore à 76 ans, il cherche toujours à se libérer de ses traumatismes de l'enfance.
01:54Alors l'éclétisme est une seconde nature pour lui.
01:57Ce qui montre qu'il peut tout faire, des vêtements, oui, des dessins à la craie, du mobilier, ça foisonne.
02:02Mais s'il y a une ligne directrice dans tout son travail, c'est de se mettre au service de la société.
02:07Dans les années 70, il a décidé de rallonger les vestes de ski, pas pour changer de mode,
02:13mais pour en faire des manteaux et arrêter la fourrure.
02:15C'est son ami Malcolm McLaren qui lui a dit que tout ce qu'il faisait était politique.
02:20Malcolm McLaren, c'est ce producteur de musique anglaise un peu déjanté
02:24qui a été le manager, par exemple, des Sex Pistols.
02:27Nous aussi, on est éclectiques.
02:36Il y a du punk chez Jean-Charles de Castelbajac et pourtant, il y a aussi un future.
02:40Alors, il s'est assagi depuis ?
02:42Il reste ouvert à tous les styles et c'est ce que l'exposition toulousaine va montrer.
02:46Mais aujourd'hui, oui, il est plus calme.
02:47Il raconte que pendant des années, il avait une trentaine d'assistants, 80 licences partout dans le monde.
02:52Il travaillait du Japon aux Etats-Unis, toujours loin de sa famille.
02:54Maintenant, il veut voir grandir sa dernière fille, passer du temps dans son atelier.
02:59Mais ce n'est pas un repli sur soi.
03:00Loin de là, Jean-Charles de Castelbajac continue à dire que la mode, c'est un langage universel,
03:04ce qui permet de communiquer même quand on ne parle pas la même langue.
03:08Magnifique. C'est beau ce que vous dites, Virginie.
03:10Enfin, ce qu'il dit lui.
03:11Parce que moi, je ne fais que le répéter.
03:12Mais vous le dites bien, vous le répétez bien.
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