Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 11 minutes
Pierre de Villiers, ancien chef d'état-major des armées, était l'invité du Face à Face ce jeudi. Il s'est exprimé sur plusieurs thématiques liées à la défense de la France. 

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Bonjour Pierre Devilliers. Général d'armée, vous êtes l'ancien chef d'état-major des armées
00:07et vous publiez pour le succès des armes de la France.
00:10J'ai lu attentivement votre livre qui s'inscrit dans un moment d'inquiétude générale, de menace globale.
00:18Et ce qui m'a profondément inquiété à la lecture de votre livre, c'est qu'il aurait pu s'appeler une étrange défaite, Eshtore.
00:25– Oui, je fais référence d'ailleurs à ce livre. Et la question qu'il faut se poser, c'est sommes-nous prêts ?
00:34S'il advenait qu'il y a une situation un peu analogue à celle que connaissent les Ukrainiens.
00:40J'avais pressenti tout ça en 2017. Je voyais bien monter les États-puissances, le terrorisme islamiste radical.
00:47Je sentais le désengagement progressif américain de l'Europe.
00:51Et je voyais simultanément le réarmement de beaucoup d'États-puissances.
00:58Et nous, nous savourions les délices des dividendes de la paix.
01:02Haute pression, basse pression. L'effort attaque toujours les faibles.
01:07– L'effort attaque toujours les faibles. Et c'est véritablement le fil conducteur de votre livre.
01:11Vous commencez d'abord, effectivement, par raconter, re-raconter, ré-expliquer cet épisode,
01:17qui est l'épisode qui fait que vous, l'homme de réserve, qui n'allait pas à l'époque sur les plateaux,
01:26vous étiez devenu l'homme du grand public parce que vous étiez apparu comme l'homme qui avait dit non.
01:32Vous aviez quitté votre job de chef d'État-major des armées à l'arrivée d'Emmanuel Macron,
01:38après un différent que l'on avait cru à l'époque, un différent d'une sorte de vexation,
01:44cette fameuse phrase « Je suis votre chef » qu'il avait dit, qu'il vous avait adressé,
01:48mais devant tous les autres. Il y avait une question d'honneur, mais il y avait une question de fond, dites-vous.
01:53Vous aviez vu, avant les autres, les faits m'ont donné raison, vous parlez de lacunes,
01:58de manque d'effectifs, de logistique, de budget, de stratégie. Les choses ont-elles changé ?
02:04C'est-à-dire que nous avons une armée magnifique, avec des soldats marins, aviateurs,
02:10prêts au sacrifice suprême, je n'ai aucun doute là-dessus,
02:14mais nos armées ont été dimensionnées en une trentaine d'années,
02:19avant la chute du mur, nous faisions la préparation à la guerre,
02:22après la chute du mur, nous sommes capables de faire des opérations de guerre.
02:27Ce n'est pas la même chose. Il faut reprendre cette capacité à faire la guerre.
02:32Ça veut dire de l'épaisseur, ça veut dire des effectifs supplémentaires,
02:36des équipements supplémentaires, de la logistique.
02:39On parle beaucoup de munitions en ce moment, quand on voit les consommations en munitions de la guerre moderne.
02:44Ça veut dire les technologies modernes, par exemple la révolution des drones.
02:47Il y a beaucoup à faire et il y a urgence.
02:51Quand vous dites qu'au fond, en termes vraiment d'équipements importants,
02:56par exemple le nombre de chars, on en est toujours au même point.
02:58On a 200 chars. On n'en a pas un de plus qu'il y a 10 ans.
03:02Notre modèle, en termes de matériel majeur, n'a pas bougé depuis 2017.
03:06Nous avons 200 chars, dont 150 seraient bons de guerre, prêts à partir au combat.
03:11Nous avons 200 avions de combat et 15 frégates de Port-Miran pour la marine.
03:15Et nous avons, avec les crédits supplémentaires, je salue cet effort,
03:19mais il est finalement trop modeste par rapport à la dégradation de la situation internationale.
03:25Nous avons bouché les trous parce que pendant des décennies, nous avons laminé notre outil de défense.
03:31Vous parlez d'ailleurs de cet effort, vous le saluez.
03:34Hier soir, les députés qui ont été consultés sur le budget de la défense l'ont largement soutenu.
03:39C'est un vote plutôt symbolique.
03:41Mais ils ont, à 411 voix pour et seulement 88 voix contre, soutenu l'effort de 6,7 milliards d'euros supplémentaires.
03:50Il était temps.
03:50Oui, c'est un bon signe et j'ai écrit ce livre précisément pour cela.
03:56Pour que lors des prochaines élections, nous aurons les municipales, les législatives, les présidentielles.
04:01Nous puissions mettre au premier rang des préoccupations de nos futurs élus, la défense.
04:07Protéger la France et les Français.
04:09Ça vous rassure les 411 pour ?
04:11C'est-à-dire qu'au fond, ce que l'on entend aussi à demi-mot dans votre livre,
04:14c'est votre inquiétude sur l'unité ou non de la nation.
04:18C'est-à-dire que ce n'est pas seulement une question de munitions, ce n'est pas seulement une question de nombre de chars et ce n'est pas seulement une question de menaces.
04:23C'est aussi notre capacité, nous, à faire bloc.
04:25Oui, nous savons très bien, nous les militaires, que les guerres se gagnent par les forces morales.
04:30Nos 25 000 jeunes qui rentrent dans l'armée tous les ans, on leur apprend à ne pas reculer.
04:35Et ils vont jusqu'au sacrifice suprême si nécessaire.
04:38Eh bien, il faut retrouver cette unité nationale, cette cohésion nationale.
04:42Et de ce point de vue-là, le vote d'hier est un bon signe.
04:48Mais il faut aller beaucoup plus loin.
04:49Vous savez, la culture de défense, la culture de défense chez nos dirigeants a un peu disparu avec la suppression du service national.
04:57Alors, d'ailleurs, vous en parlez, vous dites que la suspension, je vous cite,
05:00« La suspension du service national par le président Chirac a été une faute politique majeure.
05:06Est-ce que vous êtes favorable au retour du service militaire, et d'ailleurs obligatoire ou volontaire ? »
05:10Alors, je suis favorable, et je l'écris dans mon livre, à ce qui a été proposé récemment par le président de la République.
05:17On va démarrer avec 3 000 volontaires et 50 000 en 2035.
05:21Je pense qu'on pourrait peut-être aller plus vite.
05:23Ça sera déjà un premier pas.
05:25Et ces soldats étant consacrés au théâtre national, ce qui va permettre de dégager des effectifs avec les engagés.
05:33Je suis favorable, surtout, à l'unité nationale.
05:37Il faut réapprendre à nos petits Français à aimer leur pays.
05:41Comment voulez-vous imaginer qu'ils se battent pour leur pays s'ils ne l'aiment pas ?
05:45Mais justement, vous consacrez aussi de manière, je dirais, on vous sent assez prudent.
05:51Vous êtes, général Pierre de Villiers, aussi le frère de Philippe de Villiers,
05:54qui, lui, s'exprime beaucoup sur les questions de la situation nationale.
05:58Et on sent bien, je crois pouvoir le dire, que dans votre livre, vous faites attention, justement,
06:02à ne pas tomber dans ce qui serait de l'ordre de la politique immédiate.
06:07Mais tout de même, vous vous inquiétez d'une crise, je cite, « civilisationnelle », c'est ce que vous dites.
06:13La dernière des crises, parce qu'il y a une juxtaposition de crises que vous listez, la crise économique,
06:19mais vous dites la dernière, mais sans doute la plus importante, c'est la crise civilisationnelle,
06:26une déshumanisation croissante, une perte de nos racines judéo-chrétiennes.
06:30Nous avons sacrifié notre identité en une soi-disant fraternité universelle.
06:36Ça veut dire quoi ?
06:37On a commencé cet entretien par l'étrange défaite.
06:39Et quand je regarde l'histoire de France, en 1870, en 1914, en 1939, trois cas complètement différents,
06:48il y a un point commun, c'est que nous étions à l'époque en crise économique, en crise politique, en crise sociale et en crise financière.
06:55Et l'enchaînement a été immédiat, incapacité de réarmer, défaite.
07:00Et je ne voudrais pas que ce scénario se reproduise, tout simplement.
07:03Mais vous ajoutez à ces crises-là cette toute nouvelle, qui est cette crise civilisationnelle.
07:07Vous avez dit, il faudrait que nos petits Français, je vous cite, réapprennent aussi, en quelque sorte, l'amour de la patrie.
07:15Je ne sais pas si vous aviez entendu, mais Louis Sarkozy, qui est chroniqueur chez moi sur RMC,
07:19a défendu la semaine dernière l'idée d'une sorte de loterie pour les migrants qui arriveraient en France,
07:26que 10% d'entre eux, chaque année, soient tirés au sort pour participer à ce service national volontaire,
07:34mais qui, dans l'espèce, serait obligatoire.
07:36Une sorte, en quelque sorte, de légion étrangère, mais de l'armée quotidienne.
07:42Est-ce que vous estimez que ça pourrait être une bonne idée ?
07:45Est-ce qu'il faut faire un creuset de patriotisme ?
07:46Mais bien sûr, il faut retrouver notre creuset national.
07:49L'amour du pays, l'amour du drapeau, la terre des pères, la patrie, c'est ça qu'il faut retrouver.
07:55Nous l'avons perdu avec ce mythe de la mondialisation, ce mythe de l'armée européenne.
08:01Nous l'avons perdu.
08:02Il faut retrouver la proximité, l'attachement à notre pays.
08:06Vous savez, nos jeunes, quand ils arrivent, au bout d'un mois de formation, ils ont la présentation au drapeau.
08:12Le drapeau français, bleu, blanc, rouge, passe avec honneur et patrie.
08:16C'est la nuée de tous ceux qui sont morts pour nous, qui passent devant eux.
08:21Et ils le sentent, ils le sentent, ils retrouvent leurs racines.
08:25Je suis frappée, et je crois qu'on peut se le dire ici, désormais il y a prescription en quelque sorte.
08:30Quelques semaines avant que vous ne quittiez votre poste de chef d'état-major des armées,
08:34vous m'aviez reçu à déjeuner à l'école militaire pour me parler de ce dont vous étiez, je crois même, le plus fier à l'époque,
08:42qui étaient ces jeunes qui intégraient pour quelques semaines, quelques mois l'armée.
08:48Et vous disiez que c'était la meilleure manière précisément de devenir français.
08:52Je me souviens à l'époque de votre passion pour ce modèle.
08:57Ça veut dire que vous n'êtes pas contre l'immigration, vous êtes contre le fait qu'il n'y ait pas d'intégration ?
09:02Mais moi je suis toujours passionné par ce modèle, ce creuset français.
09:06Et j'ai vécu des situations avec des jeunes issus de l'immigration qui se sont comportés comme des héros, évidemment.
09:16Mais il y a une différence, c'est qu'ils aimaient la France.
09:19Ils étaient prêts à se sacrifier pour elle, pour rendre finalement à la France ce qu'elle avait fait,
09:25l'accueil de leur grand-père, de leur arrière-grand-père.
09:28Et c'est cet amour de la France qu'il faut retrouver.
09:31Ce n'est plus le cas.
09:31Écoutez, ce n'est plus toujours le cas et il faut le retrouver dans l'éducation nationale, dans les familles, dans notre société.
09:40Il faut qu'il y ait une nouvelle dynamique pour ce réarmement des forces morales.
09:44C'est le dernier chapitre de mon livre sur lequel j'insiste parce que c'est le cœur du sujet.
09:49Un dernier chapitre qui se veut d'ailleurs plein d'espoir.
09:51Je vais dire même vos tout derniers mots.
09:53Les derniers mots de votre livre, c'est « Espérance » rime avec France.
09:56Vous voulez encore y croire, mais vous qualifiez notre époque d'ambiguë, je vous cite,
10:03avec ces justapositions de crise et ces démocraties qui sont faibles.
10:07Nos démocraties, l'Union européenne, l'OTAN, l'alliance qui est en train de disparaître avec les États-Unis,
10:14est-ce que tout cela nous affaiblit ?
10:16Oui, mais l'ambiguïté, c'est un poison quand on gouverne.
10:20J'ai une expérience du commandement quand même en 43 ans.
10:23Il faut de la clarté.
10:25D'ailleurs, moi, les gens me disent, avec vous, c'est clair.
10:28Quand vous faites une interview, c'est clair.
10:31Vous répondez de manière claire.
10:33Je crois qu'on manque de clarté aujourd'hui.
10:35On ne peut pas faire le lundi quelque chose, le samedi l'inverse,
10:39en disant que tout va bien, Madame la Marquise.
10:41Ce n'est plus possible.
10:42En fait, vous ne supportez pas le « et » en même temps.
10:44Je ne supporte pas l'ambiguïté parce que le stratège, il a besoin de clarté.
10:50Et la profondeur de temps que je donne à mon livre dans le modèle d'armée que je propose,
10:54c'est 2035 et il y a de la clarté.
10:57On peut emmener les gens vite, fort, loin,
11:00à la condition qu'ils sachent où l'on va de manière claire.
11:02Qui est l'ennemi ?
11:04C'est le nom de votre chapitre 2.
11:05Qui est l'ennemi ?
11:07L'ennemi, aujourd'hui, il est de deux natures qui sont distinctes mais pas disjointes.
11:13D'abord, le terrorisme islamiste radical,
11:15cette idéologie qui vise à éradiquer l'organisation de nos sociétés
11:18et qui progresse grandement dans notre monde, singulièrement en Afrique en ce moment,
11:23en descendant du nord vers le sud.
11:25Et simultanément, le retour des États-puissances,
11:28ces pays qui ont des stratégies de long terme,
11:30quand eux, ils visent génération au pluriel,
11:33nous, nous visons la prochaine élection au singulier.
11:36Vous êtes effrayé, et vous le dites, par l'incapacité de nos politiques
11:40à reprendre de la hauteur, à regarder loin devant la monture
11:43et à être obsédé par la prochaine dépêche.
11:47Mais il y a aussi ce qu'il se passe du côté des États-Unis.
11:50D'ailleurs, vous racontez l'une de vos dernières journées,
11:52alors que vous étiez chef d'État-major des armées,
11:54où, en gros, le matin, il y avait une réunion avec Angela Merkel,
11:56l'après-midi avec Donald Trump,
11:57qui était venu pour le dernier 14 juillet que vous aviez vécu sur les champs,
12:02et vous aviez face à vous, au fond, la fin,
12:06ou en tout cas une alliance de raison avec les Allemands, dites-vous,
12:08et de l'autre côté, un personnage hiératique,
12:11difficilement compréhensible sur le long terme,
12:14pas franchement méchant, mais difficile à suivre.
12:16Aujourd'hui, quand vous entendez les mots de Donald Trump,
12:19il a parlé ce week-end, à propos de la France,
12:21d'un effacement civilisationnel qu'il anticipe de l'Europe,
12:25de l'effondrement du taux de natalité,
12:27des pertes des identités nationales,
12:29de la perte de la confiance en soi.
12:31Il émet le vœu, je cite, que l'Europe reste européenne,
12:34retrouve sa confiance en elle-même sur le plan civilisationnel,
12:36abandonne son obsession infructueuse pour l'asphyxie réglementaire.
12:41Est-ce que vous partagez, de ce point de vue-là,
12:43l'inquiétude de Donald Trump ?
12:44Alors, Donald Trump, il est très imprévisible dans son comportement,
12:48je l'ai vécu, et je l'ai vu lors de réunions,
12:51mais il est très prévisible dans ce qu'il dit,
12:54ce qu'il dit là, il le dit depuis longtemps.
12:57Alors, ses propos sont très forts, voire très agressifs,
13:01mais en l'occurrence, ce n'est pas une surprise
13:03que les Américains, petit à petit, basculent vers le Pacifique.
13:07Mais quand il dit ça, vous pensez qu'il le souhaite ?
13:09Il parle d'ailleurs de nos pays comme des pays en état de décrépitude.
13:14Pensez-vous qu'il le souhaite ou pensez-vous qu'il veut nous réveiller ?
13:17Moi, je pense qu'il veut nous réveiller parce qu'il a besoin,
13:21je ne pense pas qu'il ait besoin d'une Europe faible.
13:25Au contraire, il veut se désengager de l'Europe
13:27parce qu'il veut basculer vers ce qu'il considère être son futur adversaire
13:31ou son adversaire actuel, la Chine.
13:34Et ce n'est pas nouveau.
13:36Depuis Brzezinski et America First, ce n'est pas une surprise,
13:39je le sentais, dès 2017.
13:41Quant à notre pays, la description qu'il fait de notre pays,
13:45je crois qu'il faut que nous en tirions des leçons.
13:48Oui, nous avons perdu notre fierté.
13:52Oui, les fractures sociales, intergénérationnelles, géographiques
13:56dans notre pays, l'archipel français, c'était déjà il y a plusieurs années.
14:00Les fractures sont très profondes, je les décris dans mon livre.
14:03Est-ce qu'au fond, ce qui vous inquiète le plus à court terme,
14:06c'est la guerre que des ennemis pourraient nous déclarer
14:08ou c'est la guerre qui s'installe en France dans cette archipélisation,
14:12comme vous dites ?
14:13Est-ce que vous craignez carrément une guerre civile ?
14:16Ce sont les deux situations qui sont inquiétantes,
14:19de l'extérieur et à l'intérieur.
14:21J'ai connu avant la chute du mur l'espèce naze parachutée
14:24qui venait pour préparer le terrain avec les Russes qui arrivaient.
14:29Nous n'en sommes pas là.
14:30Mais nous avons des islamistes radicaux sur notre théâtre,
14:34sur notre territoire.
14:36Nous avons le cartel de la drogue qui s'installe
14:39et eux, ce ne sont pas des simples dealers, ils tirent.
14:43Il y a un niveau de violence dans notre pays extrêmement inquiétant.
14:47La délinquance progresse, ce n'est pas un sentiment,
14:49c'est une réalité, tous les Français le savent.
14:51Il est temps de restaurer l'autorité à l'intérieur de notre pays.
14:54Et simultanément, à l'extérieur, effectivement,
14:57il y a des pays de plus en plus forts.
15:00Il y a l'islam radical qui fait pression.
15:02Donc la situation est grave.
15:04C'est pour ça que j'ai repris ma plume.
15:06Ce n'était pas mon intention initiale.
15:08Il faut réarmer la France pour que nous puissions préserver la paix,
15:12car seule la force fait reculer la violence.
15:14Vous ne vouliez pas reprendre la plume, vous l'avez fait.
15:17Vous dites régulièrement que vous ne souhaitez pas avoir à nouveau
15:21des responsabilités d'une manière ou d'une autre.
15:23Mais est-ce que, comme pour le fait d'écrire,
15:25vous pourriez vous dire à un moment,
15:27il faut quand même que j'y aille ?
15:28Mon but unique, c'est au travers de ce livre,
15:32de sensibiliser, d'informer, de mettre sur la table
15:37ce sujet de la protection de la France et des Français
15:40avant les futures échéances électorales.
15:43Vous n'y prendrez pas part ?
15:44Pour que ce n'est pas du tout mon intention.
15:46Mon intention, c'est de mettre ce sujet sur la table
15:49pour qu'enfin, dans une élection présidentielle,
15:52on puisse parler de la protection de la France et des Français.
15:55Votre successeur, le chef d'état-major Mondon,
15:59qui parle de la question...
16:01Au fond, on a surtout gardé la phrase sur
16:03« il faut être prêt à perdre nos enfants ».
16:05Mais il dit surtout qu'il faut être prêt,
16:08effectivement, moralement,
16:09parce que si les autres savent
16:11que nous ne sommes pas prêts à perdre nos enfants,
16:14alors nous serons attaqués.
16:15De ce point de vue-là, partagez-vous le diagnostic ?
16:17C'est la question centrale, évidemment.
16:20La première qualité d'un peuple,
16:22c'est sa capacité à se défendre.
16:23Le général de Gaulle le disait,
16:25son concept d'autonomie stratégique,
16:29c'est le cœur de notre système encore actuel
16:31avec la dissuasion nucléaire et la force conventionnelle.
16:34Nous avons la dissuasion nucléaire,
16:36nous n'avons plus la force conventionnelle suffisante
16:39pour faire la guerre.
16:39C'est précisément ce que j'allais vous demander.
16:41On a, pendant des années, pensé que, de toute façon,
16:43avec la bombe atomique, nous n'étions plus menacés.
16:45Et quand on voit, la Russie a la bombe atomique,
16:47mais en réalité, la guerre qu'elle a déclarée à l'Ukraine,
16:50c'est une guerre conventionnelle.
16:51Est-ce que nous avons la force conventionnelle ?
16:55Est-ce que c'est cette guerre-là qui nous serait menée ?
16:56La dissuasion nucléaire a gagné la guerre froide.
16:59Mais pour une raison majeure,
17:01c'est qu'elle était couplée avec le même niveau de seuil de suffisance
17:05avec l'armée conventionnelle.
17:07Et c'est ce qu'il faut retrouver en urgence,
17:09par un réarmement massif.
17:10L'armée conventionnelle, c'est-à-dire, comme vous dites,
17:13les munitions, au sens propre du terme.
17:16La logistique, la capacité à durer,
17:19les effectifs supplémentaires,
17:21les effectifs, ça veut dire qu'il faut que nous retrouvions
17:23une croissance démographique.
17:28Et puis, les équipements majeurs.
17:28Vous auriez dit le réarmement démographique ?
17:31Bien sûr.
17:32Je pense qu'une des raisons pour lesquelles
17:35la Russie continue à progresser militairement,
17:38ce sont ses effectifs,
17:39qui sont quatre fois supérieurs à sa population aux Ukrainiens.
17:42Donc, il faut être prêt à perdre ses enfants ?
17:44Il faut accepter que la situation de paix
17:47que nous vivons depuis 80 ans
17:49est en train de changer
17:50et que la menace est grandissante.
17:53Et plus nous le ferons vite,
17:54plus nous redeviendrons forts,
17:56plus nous protégerons la paix.
17:58Si vis pacem, parabellum,
17:59si tu veux la paix, prépare la guerre.
18:01Général d'armée, Pierre Devilliers,
18:03pour le succès des armes de la France,
18:05c'est aux éditions Fayard.
18:06Je profite d'ailleurs quand même de l'occasion
18:07pour m'adresser aussi à votre frère,
18:08qui nous regarde peut-être,
18:09parce que sachez,
18:10et je trouve que c'est important
18:11que tout le monde l'entende,
18:13que j'ai régulièrement également invité
18:15votre frère Philippe Devilliers,
18:16qui a écrit aussi chez Fayard.
18:18Mais il refuse,
18:19alors que je l'invitais
18:20et qu'il répondait à mes questions avant.
18:22Désormais, il semble préférer
18:23une sorte de huis clos
18:24où il y a les journaux,
18:25la maison d'édition,
18:26les émissions télé.
18:27Je crois, pour ma part, au débat.
18:30Il est donc le bienvenu.
18:30N'hésitez pas.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations