Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 11 décembre 2025, l'actrice Diane Rouxel. Elle joue dans le film "Louise" de Nicolas Keitel.
00:00Bonjour Diane Roxelle, vous êtes cette actrice propulsée devant les caméras sans que vous ne l'ayez imaginé ni réellement souhaité au départ.
00:07C'est votre maîtrise du skate, votre moyen de locomotion pour vous rendre en cours d'art plastique qui a d'ailleurs été à l'origine de cette entrée en matière réussie
00:14sous la direction compliquée du réalisateur américain Larry Clark pour le film The Smell of Us.
00:20L'expérience du tournage difficile de ce film vous a servi d'armure pour la suite de votre carrière.
00:24C'est le film La tête haute d'Emmanuel Berco qui vous a révélé, c'est volontaire d'Hélène Filière qui vous a valu de décrocher le prix Romy Schneider et donc d'être confirmé et salué par le métier.
00:34Vous avez ainsi intégré sans faire de bruit le cœur du cinéma français.
00:37Aujourd'hui vous êtes à l'affiche du film Louise de Nicolas Quetel aux côtés de Cécile de France
00:41où l'histoire de Marion qui décide un beau jour à la suite d'une dispute entre sa mère et son compagnon de commettre l'irréparable en voulant défendre sa mère.
00:49Ce qui la pousse à retourner chez son père, ce qui la pousse également à faire une fugue et à quitter le domicile familial pour démarrer une nouvelle vie sous une autre identité, donc Louise.
00:59Et puis un jour, au bout de quelques années, elle retrouve la trace de sa mère et de sa petite sœur et renoue sans leur dire qui elle est, ce qui va engendrer un dilemme, rester Louise ou redevenir Marion.
01:09Ce film montre avant tout à quel point les histoires d'adultes ne devraient pas et ne doivent pas d'ailleurs impacter une vie d'enfant, à quel point l'enfance doit être protégée.
01:17Est-ce que c'est ça le message principal ?
01:19Oui, c'est surtout un film sur la famille, mais c'est vrai que c'est un film qui traite des violences conjugales, mais qui parle surtout des victimes collatérales qui sont les enfants.
01:28Et donc, c'est ce qui m'a aussi vachement très touchée dans le scénario, qui m'a fait beaucoup pleurer quand je l'ai lu.
01:39Et ensuite, j'ai rencontré Nicolas qui m'a proposé le rôle de Louise en me disant « je te propose ce rôle-là, mais Louise est aux antipodes de qui tu es ».
01:48Donc, voilà, il fallait que je trouve quelque chose avec ce personnage de beaucoup plus sombre, en tension, comme ça tout le temps.
01:55Donc, on a travaillé ma diction et j'ai essayé de parler plus lentement, de trouver une voix un peu plus grave et une posture un peu différente.
02:05Parce que j'aime bien appréhender mes rôles avec le corps. J'ai toujours besoin de leur trouver une posture.
02:10Dans les éléments de langage, il y a le silence, par exemple. C'est difficile au cinéma de mettre en exergue les silences.
02:16Là, les silences sont rois et ils marquent finalement effectivement des émotions à fleur de peau.
02:22Je vais vous faire une confidence. J'ai pleuré à la fin du film tellement ce film est beau.
02:26Vous êtes à la seule.
02:27Voilà, et je voudrais qu'on parle justement de ce phrasé que vous avez dû modifier, changer, où finalement la seule place possible était celle de l'émotion.
02:37C'est ça, c'est un personnage qui parle peu. Et je crois que Nicolas, c'est ce que Nicolas dit, mais il m'a choisi parce qu'il aimait mon regard.
02:44Il trouvait que j'arrivais à faire passer beaucoup d'émotions à travers mon regard. Je le cite.
02:52Et oui, en fait, c'est ça. C'est un personnage qui parle peu, mais qui a vécu un tel drame qu'en fait, elle est toujours sur la limite d'exploser.
03:01En fait, on voit tout sur son visage. On traverse tout avec elle. Et d'ailleurs, le film est un peu agencé comme un puzzle.
03:08En fait, on découvre toutes les pièces du puzzle avec elle. Et d'ailleurs, j'ai été filmée très proche.
03:14Donc en fait, on traverse tout avec elle. On voit toutes ses émotions.
03:21C'était un peu perturbant pour moi d'avoir un personnage qui a du mal à cacher ce qu'elle ressent.
03:27Là où j'avais déjà eu des rôles de femme qui avaient des secrets, mais qui arrivaient à bien les cacher.
03:33Et là, c'était toujours... C'était un peu perturbant. Nicolas me dirigeait souvent en me disant, mais n'aie pas peur.
03:39Vas-y encore plus. Je ne veux pas te sourire.
03:42C'est-à-dire un personnage qui a une forte couleur comme ça, très sombre et qui a du mal à cacher ses émotions.
03:52On se rend compte aussi de la puissance et de l'importance de l'image.
03:55Je voudrais que vous m'en parliez, Diane, parce que vous êtes très attirée par l'image.
03:59Mais à travers l'image, finalement, on crée des clichés.
04:03On les fuit également, mais on marque d'une forme d'empreinte finalement des souvenirs.
04:09Est-ce que c'est ça qui vous intéresse dans l'image ?
04:12Oui, il y a sûrement un peu de ça.
04:16Travaille de mémoire, en quelque sorte.
04:17Oui, c'est un truc assez naturel chez moi, parce que je suis entourée de gens qui aiment l'image aussi.
04:23Mes frères faisaient de la photo.
04:26Donc, je ne sais pas. J'ai toujours été attirée par ça.
04:28J'ai commencé en faisant des études d'art plastique.
04:34Et je ne sais pas pourquoi.
04:36Depuis petite, j'ai toujours aimé la photo, la caméra, être autant devant que derrière.
04:41Je me posais la question de savoir aussi à quel moment vous êtes sentie actrice, finalement.
04:45À quel moment vous avez, entre guillemets, épousé ce métier ?
04:48En vous disant, oui, je veux faire ça quand je serai plus grande et maintenant, à partir de maintenant ?
04:52En fait, j'en ai toujours eu un peu envie.
04:54Mais en me disant que c'était impossible.
04:56Parce que comme j'ai grandi en Haute-Savoie jusqu'à mes 17 ans,
04:59je n'entendais pas du tout parler de casting.
05:01Ça me paraissait être impossible.
05:04C'était trop loin de moi et de ce que je connaissais.
05:08Et en arrivant à Paris, j'ai eu cette opportunité de jouer dans le film de Larry Clark
05:11parce que je faisais du skate.
05:12D'ailleurs, mon personnage ne fait pas du tout de skate dans le film.
05:15Et j'ai adoré jouer.
05:19J'ai vraiment aimé ça et retrouver un peu les sensations que j'avais quand j'étais petite
05:23et que je faisais ces films avec mes frères.
05:24Mais voilà, ça aurait pu être one shot et j'aurais pu ne pas avoir d'autres films après.
05:31Et c'est vraiment, je pense, quand j'ai été prise avec un casting,
05:35parce que j'ai passé trois tours de casting, je crois, pour le film d'Emmanuel Berco.
05:39Là, je me souviens, j'étais dans le métro et j'ai reçu l'appel de la directrice de casting
05:42qui m'a dit que j'étais prise.
05:44Donc là, j'avais vraiment l'impression d'avoir travaillé pour avoir le rôle
05:48et de l'avoir décroché parce que j'avais été bonne en casting.
05:51Là où, pour le film de Larry Clark, c'était un casting sauvage.
05:54Et je me souviens, le premier jour de tournage du film de Larry Clark,
05:57je me disais, oh là là, j'espère qu'il ne s'est pas planté
05:59et qu'il va me trouver bien parce qu'on n'avait jamais vraiment fait de casting
06:03et très peu d'essais et de répétitions.
06:06Donc non, c'était vraiment, je pense, avec le film d'Emmanuel Berco.
06:09Et ensuite, peut-être volontaire, où Hélène Filière m'a offert mon premier grand rôle,
06:20mon premier premier rôle.
06:21Il y a une femme qui est très importante dans votre vie, c'est votre grand-mère.
06:24Oui.
06:25Son élégance vous a toujours fascinée.
06:27Elle vous a appris à ne jamais être dans le jugement,
06:30à toujours vous mettre à la place des autres.
06:32C'est votre boussole de vie ?
06:34Oui, je pense très souvent à elle.
06:35Enfin, je suis très proche de mes deux grands-mères,
06:38mais là, on parle de Mame qui est décédée il y a quelques années.
06:42Et qui, effectivement, m'a toujours...
06:46Enfin, je pense...
06:48Elle a toujours fait très attention aux autres.
06:50Quand elle rencontrait quelqu'un, la première question qu'elle avait,
06:53c'était de lui demander ce qui...
06:56Qu'est-ce qui l'animait dans la vie ?
06:59Qu'est-ce qui la rendait heureuse ?
07:00Enfin, elle était très...
07:02Parfois, elle déstabilisait un peu les gens
07:04parce qu'elle rentrait tout de suite dans quelque chose de très deep.
07:08Voilà, je crois qu'elle m'a appris aussi à savoir
07:11ce qui était vraiment important dans la vie,
07:13que c'était vraiment les relations entre les gens, l'amour et tout ça.
07:16Ce qui est fort, c'est que quand on regarde ce film,
07:19on a l'impression de la voir apparaître sur votre visage.
07:22Peut-être.
07:23Non, mais c'est ça aussi, la transmission.
07:25C'est vrai qu'en tout cas, Louise, c'est un personnage
07:26qui pense plus aux autres qu'à elle.
07:28Toutes ses décisions, elle les prend pour le bien-être de ses...
07:34Le fait de ne pas forcément dévoiler son identité.
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