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  • il y a 11 heures

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00:00Vous recevez ce matin la députée EPR de la Marne, Laure Miller.
00:03Ensemble pour la République, c'était Renaissance avant.
00:06Bonjour Laure Miller, on s'y perd un peu dans les labels.
00:08Bienvenue sur Europe 1, vous êtes la rapporteure de la commission d'enquête sur les effets de TikTok,
00:13le réseau social chinois sur la santé mentale des mineurs.
00:16Il y avait eu 4 mois de travaux, près de 200 auditions.
00:18Vous en aviez présenté les conclusions en septembre.
00:20Et il y a quelques jours de cela, il y a 2 semaines, 2-3 semaines,
00:23vous avez déposé une proposition de loi pour lutter contre les effets dévastateurs,
00:27ce sont vos mots, des écrans sur les plus jeunes.
00:30Alors il se trouve que l'Australie, à compter d'aujourd'hui,
00:33applique l'interdiction d'accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans.
00:37Donc c'est une première mondiale.
00:39Le monde entier va regarder si ça fonctionne.
00:42Comment d'abord vont-ils s'y prendre, les Australiens, Laure Miller,
00:44vous qui avez évidemment suivi ça avec intérêt, qui savez comment ça marche ?
00:47Oui, j'ai regardé ça avec intérêt.
00:48Déjà, ils ont mis un an pour mettre en œuvre la loi qu'ils ont votée en 2024.
00:52Donc je trouve ça déjà intéressant de prendre ce temps.
00:55On peut faire des choses à la va-vite.
00:56Là, ils ont pris un an, notamment pour regarder deux choses.
00:59Un, quels sont les réseaux sociaux qui seront concernés par l'interdiction ?
01:03Ça n'a pas été chose facile.
01:04La question en Australie, et la même question se posera chez nous,
01:09s'est posée de savoir si YouTube devait être considéré comme un réseau social ou pas.
01:12En ce cas, les Australiens ont considéré que oui.
01:15Exactement, ils l'ont inclus dans l'interdiction.
01:17WhatsApp, est-ce que c'est un réseau social ? Est-ce que ça ne l'est pas ?
01:19Donc on aura les mêmes questions qui vont être posées en France
01:22lorsqu'on examinera la proposition de loi.
01:24Et le deuxième élément, c'était comment on vérifie l'âge à l'inscription sur les réseaux sociaux,
01:28puisque c'est là le vrai sujet central.
01:30On peut poser une interdiction, mais encore faut-il vérifier que l'interdiction est bien respectée.
01:34Donc ils se sont donnés un an pour faire ça.
01:36C'est sans doute imparfait.
01:37J'entends déjà les commentaires, que ce soit en Australie ou même à travers le monde,
01:41sur cette loi-là.
01:42Elle est sans doute imparfaite, mais c'est une question de technique.
01:44Et la technique, elle évolue très vite.
01:46Donc moi, je suis assez optimiste quand même.
01:47Alors, vous dites, effectivement, l'idée, c'est que les Australiens confient la responsabilité de la sanction,
01:54enfin en tout cas de la vérification, aux plateformes,
01:56qui elles vous disent, bah oui, mais le problème, c'est que la vérification de l'âge, ça pose plein de problèmes.
02:00Et objectivement, c'est vrai qu'elles ont raison de le dire.
02:03C'est facile à frauder, d'abord.
02:04Il y a des tas d'exemples d'enfants qui ont mis la photo de leur maman.
02:07Évidemment, ça s'est passé.
02:09On a déjà essayé, nous en Europe aussi, de le faire.
02:12On a une loi Marc Angeli de 2023, mais qui est inapplicable dans l'état actuel du droit en Europe.
02:16Et puis, les plateformes, elles ne sont pas très pour aussi leur mille heures.
02:19Est-ce qu'elles ne sont pas le principal obstacle ?
02:21Ah bah bien sûr, aujourd'hui, c'est le principal obstacle.
02:23J'entends beaucoup, il faut mieux réguler, il ne faut pas interdire, il faut réguler.
02:26Je suis d'accord avec l'idée qu'il faille réguler les plateformes.
02:28Mais on voit bien le temps que ça prend, parce qu'on a en face de nous un mur et des puissances qui sont considérables.
02:34Les plateformes, c'est des Américains, c'est les Chinois.
02:36Donc, c'est économiquement des poids lourds.
02:39Et donc, on voit bien le temps que ça prend, cette régulation.
02:41On a mis déjà des années à faire le DSA.
02:43Vous savez, c'est le règlement européen piloté par Thierry Breton, qui est une formidable avancée.
02:48Mais ça a mis des années avant de voir le jour.
02:50Aujourd'hui, ça n'est toujours pas appliqué, honnêtement.
02:53L'article 28 du DSA, qui prévoit que les plateformes doivent protéger, finalement,
02:57et doivent bâtir un espace sécurisé pour les mineurs, ce n'est pas du tout le cas.
03:01Donc, ils n'appliquent pas le DSA.
03:02Ils ne sont pas sanctionnés.
03:03Elles s'en fichent.
03:04Je crois que les Australiens, ils prévoient une amende de 28 millions d'euros en cas de non-respect de la mesure.
03:1028 millions d'euros, c'est deux heures de revenus de Facebook.
03:13Bien sûr.
03:14Autant dire que c'est dérivoire.
03:14Bien sûr.
03:15Mais je pense qu'aujourd'hui, on avance à tâtons à l'échelle mondiale sur ce sujet-là.
03:21Donc, toute bonne solution, ou toute solution, même imparfaite, aussi imparfaite qu'elle soit,
03:25est bonne à prendre.
03:26Il faut qu'on avance, en fait.
03:27Parce que sinon, on peut rester des années comme un lapin devant les phares d'une voiture,
03:30à se dire, qu'est-ce qu'on fait ? On voit bien qu'il y a un sujet, on voit bien que nos jeunes ont des comportements différents.
03:35Tous les profs interpellent sur la question de la concentration, de l'attention,
03:39mais aussi sur toutes les vidéos inappropriées que nos jeunes voient sur les réseaux sociaux.
03:43Tout ça, on l'a, ce constat.
03:45Donc, il y a une espèce de prise de conscience qui est là.
03:47Mais on n'a pas encore fait le pas en avant qui nous permet de corriger cela.
03:50Et donc, moi, je suis favorable à l'interdiction, parce que je pense qu'il n'y a pas aujourd'hui d'autres solutions
03:55pour protéger immédiatement nos enfants.
03:57Alors, on va entrer dans le dur, parce que vous voulez, vous, des sanctions
04:00à l'égard des réseaux sociaux qui ne respecteraient pas les mesures si on la traduisait en France.
04:05Mais alors, vous visez aussi les parents, parce que vous êtes favorable à la création d'un délit de négligence numérique
04:11pour les parents qui abandonneraient leurs enfants devant les écrans ou les réseaux sociaux.
04:16Alors, il faut dédramatiser cette...
04:18Non, non, non, ne dédramatisons pas.
04:21Défendez votre idée, parce que c'est extrêmement culpabilisant d'une part.
04:24Et on a très hâte de vous entendre.
04:25Laurent Miller, comment vous faites, vous, pour réguler vos enfants ?
04:27Oui, oui, bien sûr.
04:28Alors, moi, ils sont jeunes, donc ils n'ont pas les écrans de façon inappropriée.
04:31Vous avez vu les chiffres.
04:33Vous l'avez dit, ces deux tiers des moins de dix ans ont accès à Internet et aux réseaux sociaux.
04:36Bien sûr, et on le voit tous au quotidien.
04:39J'ai encore vu, moi, cette semaine, un enfant qui était dans une poussette,
04:42donc qui avait de toute évidence moins de trois ans,
04:43et qui était collé à un smartphone dans sa poussette.
04:46Et ça, on le voit tous, même les jeunes eux-mêmes que je vais voir dans des collèges, des lycées, chez moi,
04:50me disent que ça les choque, et le voient dans le métro, dans le tramway, dans le bus.
04:54Donc, c'est quand même une réalité, ça.
04:56Et d'ailleurs, les parents ne sont pas forcément conscients que c'est mauvais pour leur enfant.
05:00Donc, il y a un vrai sujet.
05:01Et moi, cette proposition de loi, il existe déjà un délit de maltraitance,
05:04de négligence parentale dans le code pénal.
05:06Il a été mis en place par la gauche en 92, entre parenthèses.
05:09Donc, il n'y a pas de sujet là-dessus.
05:11C'est un délit qui est très difficile à caractériser,
05:13parce qu'en effet, on n'est pas dans la famille.
05:14Aujourd'hui, quelqu'un qui est mal alimenté ou qui n'est pas mis en sécurité par ses parents,
05:19c'est très difficile de le percevoir.
05:20Donc, c'est un outil...
05:21Le spectacle aussi quotidien de la justice dépassée, des sanctions inappliquées, etc.
05:26Je n'ignore pas tout ça.
05:27Mais simplement, ça pose le sujet sur la table,
05:30et ça permet à tout le moins de sensibiliser le grand public.
05:33C'est-à-dire, vous voyez, on en parle, et donc ça permet peut-être aussi...
05:36Culpabiliser, c'est sensibiliser, vous pensez ?
05:38Ce n'est pas culpabiliser, c'est informer.
05:39C'est-à-dire, aujourd'hui, les neurologues nous le disent, les pédopsychiatres nous le disent,
05:43mettre un enfant devant des écrans avant 3 ans, c'est fondamentalement mauvais,
05:47parce que le cerveau des enfants est en pleine construction,
05:50et donc ça a des impacts sur le langage, sur la capacité de langage,
05:53sur les apprentissages cognitifs de l'enfant qui sont altérés.
05:57Donc, ce délit de négligence, vous le visez pour les très jeunes enfants ?
06:01Bien sûr, ça vise en effet les très jeunes, c'est précisé dans la proposition de loi,
06:05ça vise les très jeunes, ça ne vise pas forcément les réseaux sociaux,
06:07mais les écrans de manière générale,
06:08parce qu'aujourd'hui, il est avéré que c'est très mauvais pour les enfants
06:11et que ça a un impact sur leur cerveau.
06:13Et donc, l'idée, c'est vraiment de faire passer ce message le plus possible
06:16pour que les parents au moins soient au courant.
06:19Ce délit, je le prévois, en tout cas la proposition de loi,
06:21le prévois dans 3 ans, c'est-à-dire après une information,
06:24une sensibilisation massive, que je souhaite en tout cas massive,
06:26ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.
06:28On a eu un rapport qui a été rendu au Président de la République l'année dernière
06:31de Mme Servane Mouton, de M. Amine Benyamina,
06:33sur les écrans, qui alertaient sur le fait qu'avant 3 ans,
06:36c'était extrêmement problématique.
06:38Aujourd'hui, ils devraient irriguer tous les pans de notre administration,
06:40partout, ça n'est pas du tout le cas,
06:42ni dans l'éducation nationale, ni dans la santé.
06:45Donc moi, je pense qu'il faut une sensibilisation massive sur le sujet.
06:48En tout cas, c'est un sujet de préoccupation de tous les parents
06:50qui nous écoutent ce matin sur Europe 1.
06:52Merci d'être venu nous en parler, Laure Miller.
06:53On m'en a vu votre proposition de loi, on va en reparler.
06:56Bonne journée à vous.
06:57Merci beaucoup.
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