Ces mesures doivent notamment être approuvées par le Parlement européen. Les Vingt-Sept se sont également accordés ce lundi 8 décembre sur un nouveau système de répartition des demandeurs d'asile.
00:00Avec vous François, à présent ce tour de vice migratoire, les 27 ministres de l'intérieur de l'Union Européenne se sont mis d'accord hier pour durcir leur politique en la matière avec des mécanismes controversés d'expulsion.
00:11Vous estimez François que c'est une bonne chose pour l'Europe d'avoir une politique plus solidaire, mais vous doutez ce matin de son efficacité.
00:19Oui, c'est toujours une bonne chose lorsque l'Union Européenne prend en charge des problèmes qui sont fondamentalement de sa dimension.
00:26L'immigration, typiquement, est un phénomène européen. Aucun pays parmi les 27 n'échappe aux vagues migratoires qui ont commencé notamment dans les années 2014-2015.
00:35Le problème, c'est la décision. Combien de temps faut-il pour qu'à 27, on parvienne à mettre en place une réforme ?
00:44Sur l'immigration, vous vous souvenez, les vagues de migration de 2014-2015, si considérables qu'Angela Merkel avait fini par dire « il faut ouvrir ses bras ».
00:53Eh bien, il avait fallu attendre 2019 pour qu'une ébauche de réforme migratoire soit adoptée par la Commission Européenne, 2021 pour qu'elle soit prise en charge par les chefs d'État de l'Union Européenne,
01:062023 pour que le fameux pacte Asile et Immigration soit enfin adopté au Parlement. Autrement dit, quasiment 10 ans pour mettre en place une réforme de l'immigration.
01:17Or, pendant ces 10 années-là, le phénomène n'a pas disparu. Au contraire, il n'a fait que s'accentuer dans un certain nombre de pays.
01:26Et donc, Ursula von der Leyen a raison de dire que les peuples européens sont généreux de vouloir accueillir tous les persécutés, ceux qui fuient les misères et la guerre,
01:37mais qu'en même temps, ils ont raison d'être en colère lorsque nos lois ne sont pas appliquées ou ne sont pas efficaces.
01:42Et donc, c'est exactement ce qui se passe avec cette réforme adoptée hier par les ministres de l'Intérieur.
01:47Regardez de quoi il s'agit. On va renforcer la pénalisation avec des amendes plus dures, des peines de prison plus longues pour les clandestins
01:56qui se font prendre sur les territoires de l'Union Européenne. Il va y avoir une européanisation des mesures d'expulsion.
02:03C'est excellent. Ça veut dire que quelqu'un qui est sous OQTF en France, s'il part en Allemagne, il sera expulsé par l'Allemagne.
02:09Et puis, il y a naturellement la solidarité européenne qui doit jouer. C'est-à-dire que si un pays ne veut pas prendre en charge de migrants
02:16répartis par quotas entre les pays volontaires, il devra payer pour que les autres le prennent en charge.
02:22Et c'est cette disposition pour les pays tiers qui vous fait douter ?
02:26Celle sur les pays tiers, c'est encore autre chose. C'est cette idée absolument incroyable qui consisterait à ce que, puisqu'on ne peut pas expulser des migrants
02:34vers leur pays de départ, on les envoie vers un centre, un hub dans un autre pays qui serait d'accord pour les prendre en charge
02:41et pour refaire à zéro leur procédure d'immigration. Ça ne marche pas. Regardez les pays qui ont essayé.
02:47Et pourtant, ce ne sont pas des moindres. Les États-Unis qui ont essayé d'abord Guantanamo, puis ensuite le Honduras, le Salvador,
02:54l'Australie qui avait essayé d'envoyer ses migrants vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée et maintenant vers Nauru,
03:00Madame Meloni vers l'Albanie, le Danemark, vers le Rwanda.
03:04Ça ne marche pas. Soit parce que les pays en question ne respectent pas le droit international
03:08et les droits de l'homme, j'allais dire, élémentaires. Soit parce que nos législations ne sont pas appropriées.
03:15La Cour européenne des droits de l'homme sanctionne cette disposition.
03:19Et donc, théoriquement, ça doit rentrer en vigueur à l'été 2026.
03:23Je ne suis pas sûr que sur ce point-là en particulier, ça puisse fonctionner.
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