00:00Voici Ahmed Sparrow, notre critique gastronomique de la connerie française.
00:04Aujourd'hui, on reçoit Gilles Pudlowski, je le prononce bien ?
00:07Ou « gilou » comme il l'appelle dans le jargon des bistrots, critique gastronomique,
00:16écrivain et probablement le seul Français capable de reconnaître l'année du vin à
00:19ton haleine.
00:20Le mec tue rôte un bordeaux et te dit « 2015, rigouche, finale un peu boisé, une cirrhose
00:24il y a deux ans ».
00:26Alors, attention, là il vient de sortir son petit Pudlot des bistrots 2026, c'est
00:30le guide Michelin des bistrots, même s'il sait qu'il n'aime pas ça.
00:33Ou comme on dit dans le jargon, le livre préféré de Jean-Louis Borloo quand il est somme.
00:39Un petit lapsus rond à terre.
00:42200 adresses, 8 trophées, 0 légumes.
00:45Il y a le trophée Rungis du bistrot de l'année, le trophée Pernod Ricard de la convivialité,
00:50le trophée Trippier de France du bistrot canaille, on dirait les Jeux Olympiques du gras.
00:54T'as pas de podium, t'as juste une nappe à carreaux, une tache de vin et un client endormi dessus.
00:58Votre métier, c'est d'aller dans un bistrot, de manger et d'écrire après ce que vous en avez pensé.
01:02En fait, votre taf, c'est la post-déj des salariés français.
01:05Vous êtes le seul mec dont la fiche de paye sans la carbonade.
01:07Vous avez fait inscrire le bistrot au patrimoine culturel français.
01:11Et ça, c'est fort, c'est vrai.
01:12Ça veut dire que Jean-Mi qui te sert un oeuf maillot tiède, c'est désormais aussi important que le Mont-Saint-Michel.
01:17Et franchement, niveau odeur à 18h, y'a match.
01:21Vous aimez les bistrots et ça s'entend.
01:23Quand vous en parlez, on dirait Victor Hugo qui s'exprime.
01:25Vous avez dit, le bistrot c'est un lieu à hauteur d'homme, un refuge contre l'univers retort.
01:29Ouais.
01:30C'est le seul endroit où un mec en doudoune m'a déjà dit.
01:32Hugo Lloris, il est trop fort, il se couche et il se re-se lève.
01:35J'ai dit ok, d'accord.
01:36Il se re-se lève, on est loin de Victor Hugo là.
01:39Heureusement que vous avez commencé ce métier avant TikTok.
01:41Sinon, vous seriez un influenceur de plus avec une voix off.
01:44Tu connais les vidéos ?
01:45Tu veux un cassoulet dans un bar cosy et pas cher dans le 20ème ?
01:47Swipe pour découvrir la bonne adresse de Mamie Simon.
01:49Horrible.
01:50C'est insupportable.
01:51Vous avez dit ?
01:52Moi, je suis pas le guide Michelin.
01:53J'aime les plats simples, oeuf-maillot, blanquette, tartare, frites.
01:56Ça, j'aime ça.
01:57Ouais.
01:58En gros, tout ce que ton médecin te déconseille, lui, il te le conseille.
02:00Et c'est vrai, vous êtes pas le Michelin.
02:02Eux, ils mettent des étoiles, vous, des assiettes.
02:03Et même, les méthodes de notes, c'est pas les mêmes.
02:05C'est vrai, le Michelin, ils envoient trois inspecteurs incognitos qui payent le repas,
02:08prennent des notes, des photos.
02:09Poudelot, rien à voir.
02:10Gilou, il arrive chemise tachée.
02:12Il n'y a plus de moutarde.
02:13Et tout le monde est content.
02:15C'est vrai que c'est pas les mêmes lieux.
02:16Les restos du guide Michelin, c'est un peu pète cul.
02:18Entrée, 90 euros, silence religieux, service en gants blancs.
02:21Tu sais, les gens, ils vont pour fêter leurs 20 ans de mariage.
02:23Les bistrots du guide Pudelot, plat du jour, 12 euros.
02:25Pas trop, ils te tutoient, ils te grattent des clopes.
02:27Là-bas, tu vas pas fêter ton mariage, tu vas pour l'oublier.
02:30Vous faites 1200 restos par an.
02:34C'est énorme.
02:35Mais ça reste quand même moins que Gérard Depardieu qui, lui, en fait 1200 par mois.
02:38Et parfois, le même jour.
02:40Vous, vous goûtez des plats.
02:42Lui, il goûte les chefs.
02:44On est passé de 500 000 bistrots en 1900 à 38 000 aujourd'hui.
02:48C'est chaud, c'est vrai.
02:49La France a perdu plus de bistrots que de matchs de foot contre l'équipe d'Allemagne.
02:52À Paris, les bistrots, c'est vrai, ils disparaissent.
02:54Ils sont rachetés par des Chinois et tout, comme les boulangeries.
02:56Il n'y a plus de boulangerie française, française.
02:58Maintenant, c'est des Tunisiens.
02:59Moi, je vous le dis, j'ai rien contre eux.
03:01Mais l'autre fois, j'ai pris un flan, il était piquant à un moment donné.
03:06En plus, ils aiment trop faire comme si c'était pas des Arabes.
03:09Moi, je les remarque, ils sont là.
03:10Je peux vous proposer ce sablé aux mille grains de sable.
03:13Enfoiré, c'est un mackroot.
03:14Dis-le non !
03:15Et on ne peut pas dire que c'est un métier qui vous était destiné
03:18parce que vous êtes né à Metz, donc loin de la Bretagne.
03:20Et j'ai vu que vous étiez d'origine polonaise.
03:22Tu m'étonnes que tu veux goûter tous les plats de France quand tu viens de Pologne.
03:25La bouffe polonaise, c'est pas ouf.
03:27Et c'est pas moi qui le dis, c'est tout le monde.
03:29Regardez à Paris, il y a des restos de tous les pays.
03:32Mais on n'a pas de restos polonais.
03:33C'est vrai, on a tous entendu quelqu'un dire « je me ferais bien un petit italien ce soir ».
03:36Tu n'as jamais entendu quelqu'un dire « je me ferais bien un petit polonais ».
03:39Ou alors, s'il ne parle pas de gastronomie.
03:42Et c'est ça Gilles Poudlowski, le seul Français qui a fait plus pour la paix sociale
03:46que toutes les réformes réunies parce qu'en vérité,
03:48tant qu'il nous restera un comptoir, un verre de rouge et un œuf maillot,
03:51la France, elle tiendra debout.
03:52Pas droit, mais debout.
03:54Sortez Gilles.
03:55Merci beaucoup Ahmed Sparron, on vous retrouve la semaine prochaine dans Zoom Zoom.
