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Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie et fondateur de la marque “Bleu Blanc Rouge”, répond aux animateurs Alain Marschall et Olivier Truchot dans l’émission Les Grandes Gueules.
Il explique comment son entreprise, la La Compagnie des Amandes, relance une filière d’amandes françaises face à l’importation massive d’amandes américaines, détaille les volumes de consommation, la stratégie de relocalisation, les partenariats avec des agriculteurs du Sud de la France, la mise en place d’une usine de transformation, et la volonté de créer de la richesse locale tout en respectant l’environnement.
Il évoque aussi le contexte économique global, le déficit commercial de la France, et critique le rôle de l’Union européenne dans la souveraineté nationale.

#montebourg #madeinFrance #agriculture #industrie #politique

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00C'est toujours pareil, on vous entend parler après, mais quand vous vous y êtes...
00:02Il faut reconnaître Arnaud Montebourg que là-dessus...
00:05Monsieur Condeborde, il a un petit problème de mémoire.
00:07Je vous envoyais, j'ai fait un livre qui s'appelle L'engagement.
00:11Je raconte mon engagement comme ministre de l'Economie et de l'Industrie.
00:14Et j'ai raconté comment... D'abord, je n'étais pas tout seul.
00:17Vous avez un chef président, vous avez un sous-chef, le Premier ministre, vous avez des collègues,
00:22vous avez l'administration, vous avez l'opinion, les réseaux sociaux, dadadadada.
00:25On fait et j'ai fait.
00:26Est-ce que c'est suffisant ? Non. Mais est-ce qu'on a marqué des points ? Oui.
00:30Donc, monsieur Condeborde, vous allez lire mon livre, puis après, vous allez changer de ton.
00:33Parce que vous comprendrez à quel point c'est difficile.
00:36C'est plus difficile que faire la cuisine.
00:38Non, c'est pas vrai.
00:45Comment va la compagnie des amendes ?
00:47Écoutez, nos ventes sont en décollage vertical.
00:50Nous prenons des parts de marché à l'amende américaine qui contrôle 80% du marché mondial.
00:56Les Français consomment l'année dernière 49 000 tonnes.
00:59C'est quand même un marché d'un demi milliard quand même en France.
01:02Donc, on consomme de l'amende.
01:04C'est de l'amende américaine achetée par les Espagnols, les Allemands, les Italiens, les Hollandais, réexportée en France.
01:11Nous avons décidé de replanter en France, recréer de la richesse en France et reprendre des parts de marché aux Américains.
01:17Et nous le faisons dans une stratégie collective de filière.
01:21Donc là, on est en train de monter notre usine de cases.
01:23D'ailleurs, elle a commencé à travailler ce matin pour casser les 250 premières tonnes d'amende.
01:29Et nous sommes maintenant en vente chez Carrefour, Grand Frais, Intermarché.
01:33Et les grands pâtissiers, les grands chocolatiers.
01:38Il y en a un certain nombre dont la durée est beaucoup d'autres.
01:41Et on peut être compétitif par rapport aux Américains ?
01:43On peut l'être. Pourquoi ? Parce que notre amende, elle a du goût.
01:47Elle a moins de rendement parce que nous, on économise.
01:50On est un peu, comment dire, respectueux de la biodiversité.
01:54On respecte l'eau.
01:55On évite les excès des Américains qui, eux, plantent avec des intrants chimiques des arbres dans le désert à 50 degrés au mois de juin-juillet.
02:05Et qui fabriquent du papier mâché, du carton pâte à manger.
02:09Est-ce qu'on est compétitif financièrement par l'amende ?
02:12Financièrement, tout le monde la veut parce qu'il n'y en a pas.
02:15Donc, pour l'instant, nous avons du mal à subvenir à la demande.
02:21Et sur la compétitivité, on est au même niveau, finalement, que les Espagnols, à peu près.
02:29Et même les Marocains.
02:30Pourquoi ? Parce que là où il n'y a plus d'eau, il y a encore moins de rendement.
02:34Nous, on a encore de l'eau en France.
02:35Et pourquoi ? Parce que Louis XIV et le général de Gaulle ont fabriqué tout le système d'irrigation sur lequel l'agriculture,
02:42du sud de la France, peut être prospère.
02:44Donc, je peux vous dire, nous avons reçu 7500 hectares de déclarations de candidature d'agriculteurs du Midi de la France
02:51pour venir travailler avec nous.
02:53On n'a pas pu tous les accueillir.
02:55Donc, c'est des partenariats d'agriculteurs, quoi.
02:57Nous sommes associés avec eux.
02:59C'est-à-dire qu'en fait, on monte une boîte pour planter l'arbre, le faire grandir, le tailler, l'élever et le faire fructifier
03:09sur la terre de l'agriculteur, chez l'agriculteur, mais sous son contrôle à lui, c'est lui le patron.
03:15Mais nous, on finance, on le dérisque financièrement, on le dérisque économiquement, on le dérisque techniquement et commercialement.
03:22Et il s'y retrouve, l'agriculteur, il gagne sa vie.
03:24Si vous voulez, oui, c'est le deal.
03:26L'idée, c'est que l'agriculteur...
03:28Écoutez, moi, au début, il y a 5 ans, quand on a monté la compagnie des amants, on avait juste des documents,
03:34ce qu'on dit, des diapositives, en français moderne, des slides.
03:37Et donc, on est allé voir les agriculteurs, ils nous ont dit, mais M. Montebourg, la mariée est trop belle, il y a un loup.
03:42Pourquoi vous nous avez dit ça ?
03:44Parce qu'on a dit, quand on monte une start-up dans la tech, on paye les gens avant même qu'on ait du chiffre d'affaires.
03:49Vous, vous acceptez de travailler gratuitement avant la récolte.
03:54Or, la récolte, c'est au bout de 5 ans.
03:56Donc, pendant 5 ans, si moi, je vais voir des agriculteurs, je leur dis, vous travaillez gratuitement pendant 5 ans, puis on verra après.
04:01Non ! Donc, on a décidé de payer les agriculteurs pour leur travail pendant toute la période d'élevage de l'arbre.
04:07Et c'est la raison pour laquelle cette compagnie est devenue dans le midi...
04:11Alors, elle est très appréciée de tout le monde, les élus, les chambres, les agriculteurs.
04:19Nous avons dans notre capitale la première coopérative du sud de la France, Arteris, 1 milliard de chiffre d'affaires, 25 000 agriculteurs.
04:26Donc, moi, j'ai dit souvent, je suis associé à 25 000 agriculteurs du midi de la France.
04:29Pourquoi ?
04:30Mais parce que c'est un modèle qui est en train de s'étendre et de faire florès.
04:34Parce que payer l'agriculteur, le payer pour son travail, et s'associer avec lui pour qu'il ne soit pas surendetté,
04:41parce que c'est nous qui portons la dette, parce qu'on est sur notre coup, et ça marche.
04:46Donc, on va faire 1 million 2 de chiffre d'affaires cette année.
04:49À vous écouter...
04:50Qu'est-ce qu'il y a ?
04:51J'ai l'impression que vous vous écratez plus en faisant cela qu'en politique.
04:54C'est concret, ça.
04:55Écoutez, la politique, bon, c'est difficile.
04:59À quoi la pistache ?
05:01La pistache, c'est un trop petit marché encore.
05:03Mais je veux saluer mon ami Damat qui plante des pistachés.
05:06Mais c'est long, la pistache.
05:07C'est un plus petit marché que l'amende.
05:09Mais alors, la question politique, la politique, c'est quoi ?
05:12C'est destructif et conflictuel.
05:14L'entreprise, c'est constructif et rassembleur.
05:17Je préfère...
05:18Attendez, je...
05:18C'est plus agréable.
05:19Qu'est-ce qu'il y a, M. Corleban ?
05:20Je reviens sur l'amende, là.
05:21Il y a un truc qui me perturbe.
05:22Vous avez parlé qu'il n'y avait pas de problème par rapport au réchauffement climatique avec l'eau.
05:27Pourtant, en Provence, aujourd'hui, je vis en Provence.
05:30Je vis dans le pays de l'amende.
05:32C'est très compliqué, quand même, la sécheresse.
05:34Non, mais je vais vous dire, on met moins d'eau sur un amandier que sur un pêcher, un abricotier, un pêcher, un pommier.
05:42Pourquoi ? Parce que c'est du fruit sec, c'est pas du fruit frais.
05:44Donc, évidemment, il y a moins d'eau.
05:45Donc, on a une méthodologie d'économie de l'eau.
05:49D'ailleurs, on travaille avec des Israéliens qui nous font le compte-gouttes.
05:53Je peux vous dire que c'est les meilleurs du monde.
05:54Alors, à vous écouter, vous êtes toujours aussi motivé pour défendre le Made in France.
05:59En ce moment, il y a un grand débat autour de Chine, ce géant asiatique.
06:04Est-ce qu'on a raison de lancer cette bataille et d'essayer d'imposer à Chine
06:10que ce géant asiatique respecte un peu plus nos normes, nos règlements, avec cette menace de suspension ?
06:17Mais qu'est-ce que font les Chinois quand on veut importer chez eux et nous impose leurs lois ?
06:21Qu'est-ce que doivent faire les Chinois quand ils viennent chez nous ?
06:24On leur impose nos lois.
06:25Et nos lois, elles peuvent être très désagréables.
06:27Car les lois chinoises sont très désagréables avec nous.
06:30Les Américains, qu'est-ce qu'ils font ?
06:32Eux, ils font mieux.
06:33Ils disent, je vais appliquer mon droit à vous, même si vous ne venez pas chez nous,
06:37même si vous n'utilisez pas le dollar.
06:39Donc, ça suffit.
06:41Mais on est trop faible ?
06:42Les empires qui exportent leurs lois, nous, on n'en est pas là.
06:45On en a essayé de faire appliquer les noms de chez nous.
06:47Donc, on est trop faible ?
06:48Bien sûr.
06:49Et pourquoi ?
06:50Parce qu'on est...
06:51Vous savez, il y avait un théoricien du parti républicain américain,
06:56bien avant Trump, il y a 25 ans, il s'appelait Cagan.
06:58Il avait dit, nous, nous sommes gouvernés, les Américains, par Mars, le dieu de la guerre.
07:03Mais alors, les Européens, ils sont gouvernés par Vénus, la déesse de l'amour.
07:06Nous, on aime tout le monde, mais on se fait prendre, j'ose dire.
07:10Excusez-moi, vous avez quand même été à la tête de l'État ?
07:14À la tête, non.
07:15J'aurais bien voulu, je veux dire.
07:16Dans les équipes, je veux dire.
07:19Et pourquoi vous ne l'avez pas fait, quoi ?
07:20C'est toujours pareil, on vous entend parler après, mais quand vous vous y êtes...
07:23Pour reconnaître à Arnaud Montebourg que là-dessus...
07:25Monsieur Condeborde, il a un petit problème de mémoire.
07:28Je vous envoyais, j'ai fait un livre qui s'appelle L'engagement.
07:31Je raconte mon engagement comme ministre de l'économie et de l'industrie.
07:34Et j'ai raconté comment...
07:36D'abord, je n'étais pas tout seul.
07:38Vous avez un chef président, vous avez un sous-chef, le Premier ministre,
07:41vous avez des collègues, vous avez l'administration, vous avez l'opinion,
07:44les réseaux sociaux, da, da, da, da, da.
07:46On fait, et j'ai fait.
07:48Est-ce que c'est suffisant ? Non.
07:49Mais est-ce qu'on a marqué des points ? Oui.
07:51Donc, monsieur Condeborde, vous allez lire mon livre,
07:52puis après, vous allez changer de ton.
07:54Parce que vous comprendrez à quel point c'est difficile.
07:57C'est plus difficile que faire la cuisine.
07:58Non, c'est pas vrai.
07:59Non, non, c'est pas vrai.
08:00Je ne suis pas d'accord avec vous.
08:01C'est une volonté.
08:02C'est une volonté.
08:03C'est un engagement.
08:04Non, parce que vous, quand vous êtes au fourneau, c'est vous.
08:06C'est moi qui décide.
08:07Mais moi, quand je suis au fourneau, c'est pas moi qui décide.
08:09Il y a l'Europe, le président, Bruxelles, ma belle-sœur, le chien du président.
08:15Oui, mais Arnaud, justement, les Français, on a l'impression que le politique à plein de volonté s'engage,
08:22mais qu'il y a derrière, ça ne peut pas suivre, parce qu'il y a effectivement l'Europe, les fonctionnaires, l'administration.
08:28Les fonctionnaires, ils sont faits pour être commandés.
08:32Mais ils ne le sont pas toujours.
08:33Mais ça, je l'ai fait.
08:34C'est intéressant à faire.
08:36C'est difficile.
08:36Que ça suppose d'en virer de temps en temps et d'en remercier et d'honorer ceux qui font bien leur travail.
08:43Et d'ailleurs, ils aiment être commandés.
08:45Le problème, c'est qu'ils n'ont pas de chef.
08:46Quand ils n'ont pas de chef, ils font ce qu'ils veulent.
08:48Sauf qu'aujourd'hui, les ministres valent.
08:49Alors, après, il n'est pas fini.
08:50Voilà, il n'y a pas de ministre.
08:51Les gouvernements sont trop faibles.
08:53Mais, je vais vous dire, on a un sujet sérieux, institutionnel, avec la répartition des compétences avec l'Europe.
08:58L'Europe, c'est un système invasif.
09:00C'est-à-dire qu'ils s'occupent de tout et ils bloquent les nations.
09:03Or, les nations pourraient faire des choses beaucoup mieux que ce que fait l'Europe.
09:06L'Europe nous paralyse.
09:07Aujourd'hui, on nous avait dit, on nous a vendu, déjà, le traité constitutionnel européen.
09:11Moi, j'ai voté non en 2005.
09:13J'avais fait campagne à l'époque.
09:14Les Français aussi avaient voté non.
09:17Et les Français aussi.
09:18D'ailleurs, on les a un petit peu empapaoutés derrière.
09:20C'est ce que je veux dire.
09:21Et donc, le problème, c'est que l'Union européenne a décidé de prendre de plus en plus de poids et de pouvoir.
09:30Or, elle est hors traité.
09:31Donc, il y a un moment, il faut faire comme les Allemands.
09:33Ils ont une cour constitutionnelle qui s'appelle Karlsruhe, qui bloque toutes les décisions européennes qui sont hors traitées.
09:40Nous, on a des juges qui ne font pas ce travail.
09:43Conseil constitutionnel ne le fait pas, le Conseil d'État ne le fait pas, le contre-cassation ne le fait pas.
09:46Donc, déjà, on pourrait dire...
09:48Mais pourquoi ils ne le font pas ?
09:49Parce qu'ils ont la bruxellose.
09:51Vous savez, ma grand-mère, elle me disait, mes lapins, ils ont les yeux rouges, ils ont la mixomatose.
09:57Moi, je dois les fonctionnaires, ils ont les yeux rouges, ils ont la bruxellose.
09:59C'est-à-dire qu'ils sont colonisés par l'idée que si on n'est pas très européen, on est forcément nationaliste, on est le pénis, c'est pas bien.
10:07Moi, je suis désolé, la nation, elle appartient à tous les Français.
10:11Et donc, la question du poids que nous pouvons exercer dans l'action publique, comme France, comme nation France, doit être renforcée.
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