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  • il y a 5 heures
Emission TV : L'invité sur TV5 Monde invité; Pierre PERRET « Les gens n’en peuvent plus d’être pris pour des cons »

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Transcription
00:00C'est une véritable merveille que de recevoir Pierre Perret.
00:09Pour moi, c'est les vacances, ce n'est pas les jolies qu'on en lit de vacances,
00:12mais c'est un artiste merveilleux que j'aime tant.
00:15Une vie d'humour et de tendresse, Pierre, avec une anthologie,
00:19avec des chansons qui ont été retravaillées, mais on retrouve tout ce qu'on aime,
00:22toutes ces pépites, on ouvre ses esgourdes.
00:26Retravailler au niveau du son.
00:28– Oui. – Parce que je n'ai pas changé un mot.
00:31– Non, mais il n'y a rien à changer.
00:3370 ans de carrière, Pierre.
00:35Quand on regarde ça en arrière…
00:37– Boum !
00:39– C'est pour quelqu'un qui n'a jamais voulu faire de carrière.
00:42– Oui, c'est vrai, moi, je n'étais pas parti pour une carrière, oui.
00:46– Tu ne veux pas ce que ça veut dire, une carrière ?
00:48– Non, non, ça va amuser chaque fois qu'on m'a demandé ça.
00:52Quel était votre plan de carrière ?
00:54– Parce que je ne pensais pas traverser le temps comme ça.
00:59– Oui.
00:59– Mais c'est la passion qui m'a guidé et la passion, ça vous amène très loin.
01:04– Oui. On va voir, Pierre, des images, regardez, écoutez cette carrière de ce monsieur que j'ai là.
01:09– Tout, tout, tout, on vous dit tout sur Pierre Perret.
01:13Bien sûr, on pense au Pierrot rigolo.
01:15– Les jolies colonies ne veulent pas pleurer.
01:19– Au Pierrot tendre.
01:20– T'en fais pas, mon petit loup, c'est la vie, ne pleure pas.
01:25– Mais aussi au Pierrot engagé.
01:27– Dans un bateau plein, qui crie, qui prenait tous que leur plaît, crie, vider les poubelles à Paris.
01:33– Pierre Perret est né en 1934 à Castel-Sarrasin.
01:37Sa famille tient le Café Dupont.
01:38Il ouvre grand ses oreilles et retient le langage très coloré des clients.
01:42À 14 ans, il entre au Conservatoire de musique de Toulouse.
01:45Le week-end, il joue dans les balles avec son orchestre.
01:48À 19 ans, il remporte le premier prix de saxophone et monte à Paris.
01:52Il fréquente les cabarets, rencontre Georges Brassens et devienne ami.
01:56Encouragé par Brassens et Boris Vian, il chante au cabaret La Colombe et se fait remarquer.
02:01– Le bonheur conjugal nous tendait les bras.
02:04– En 1957, il signe chez Barclay et sort son premier 45 tours.
02:08– Moi, j'attends à des l'heures.
02:11– En 1964, premier grand succès avec le Thor Boyau.
02:14– Oh, Thor Boyau, le patron s'appelle Bruno.
02:19– Il enchaîne les concerts et fait même la première partie des Rolling Stones à l'Olympia.
02:24Le succès ne va plus le lâcher.
02:26La France entière chante ses refrains.
02:28– Je t'entends, Christophe m'a l'air retenu.
02:31– Je suis le plombier, pied, pied, pied, pied.
02:35– Ah non, mais Pierre, on n'a pas envie de s'arrêter, on a envie de le chanter.
02:38Je suis le plombier, pied, pied, pied, pied.
02:42Et alors, toute la salle chante.
02:44– Mais moi, j'avais plus le mérite du temps où je chantais, c'est-à-dire jusqu'à il y a un an.
02:49– Non, parce que c'est la salle qui a toujours tout chanté.
02:53Dans mon récital, il chantait tout d'un bout à l'autre, c'est bien simple.
02:56– On a vu dans ce résumé, mais le jeune comme ça qui vient de Castel-Sarrasin,
03:01qui arrive avec son saxo, qui ne veut même pas chanter au départ, c'est ça Pierre ?
03:06– Ah non, non, moi, je n'étais pas chanteur.
03:08Puis je ne suis toujours pas chanteur, de toute façon.
03:11J'ai chanté parce que personne n'aurait jamais chanté mes chansons.
03:14Je les raconte.
03:16Comme je chantais juste, ça suffit.
03:19Bon, je n'aurais jamais été chanteur de Belcanton.
03:22– Oui, mais c'est vrai que c'est Pupchaine, la bien-aimée de Georges Brassens,
03:27qui te dit un jour, mais vas-y Pierre, chante.
03:29– Moi, j'écrivais des petites bleuettes pour les autres,
03:32à l'époque pour une fillette, là, qui avait chanté, ça ne marchait pas.
03:35Et Pupchaine m'a dit, mais pourquoi tu ne chantes pas, toi, Pierrot ?
03:40Et pourquoi tu ne t'écris pas des chansons pour toi ?
03:42J'ai dit, mais moi, je ne suis pas chanteur.
03:45Et c'est là qu'elle m'a dit, mais Georges non plus.
03:48Il a chanté parce que sinon, c'est pareil, lui.
03:51Personne n'aurait chanté le gorille s'il ne l'avait pas chanté, sûrement.
03:54– Oui, et alors maintenant, le nom de Pierre Perret est écrit au fronton des écoles.
03:59Et c'est vrai, ça, c'est une grande fierté, Pierre ?
04:02– Oui, ça, ça me touche, voilà.
04:05Ça me touche, toutes les écoles, j'ai inauguré la 40e, ces jours-ci, là.
04:14Et ça, ça me touche toujours.
04:15Il y a plein d'établissements de toutes sortes, des théâtres, des rues,
04:20tout ça qui porte mon nom, et ça m'épate à chaque fois.
04:23Et il y a une chanson parmi tant d'autres qui est restée, va restée, restera toujours écoutée, Pierre en public.
04:28– On la trouvait plutôt jolie, Lili.
04:35Elle arrivait au sommet, Lili.
04:39Dans un bateau plein d'émigrés, qui venaient tous de leur plein gré,
04:44vidaient les poubelles à Paris.
04:46Elle croyait qu'on était égaux, Lili.
04:53Au pays de Voltaire et du Gaulle, Lili.
04:57Mais pour Debussy, en revanche, il faut de noir pour une blanche.
05:01Ça fait un sacré distinguo.
05:03– C'est vrai, Pierre, là, ce sont des très belles images.
05:06Je remercie à Adèle Production, de ces images à l'Olympia,
05:10que cette chanson-là, elle est devenue universelle, au fond.
05:14– Oui, je ne peux pas chanter une parole, toute la salle la chante d'un bout à l'autre, c'est vrai.
05:20– Oui, ça a été une sensibilité de se dire à un moment,
05:24voilà, c'est une manière de raconter le racisme, de raconter, de le dénoncer.
05:28– C'est tout sauf facile de parler d'un sujet pareil,
05:33parce qu'il faut peser chaque mot, et ça m'a pris, à l'époque, 3-4 ans
05:39pour arriver au bout de ma chanson que je voulais propre,
05:43en me disant tout ce que j'avais envie de dire.
05:46Et ça m'a pris, oui, 3-4 ans.
05:48– Et on se dit, Lili, il y a toujours des Lili dans les rues, là, aujourd'hui ?
05:53– Oui, oui, il y en a.
05:57Mais le racisme est déplacé aujourd'hui.
05:59Et le racisme s'est déplacé, regarde, tout l'antisémitisme qui se pointe aujourd'hui.
06:07Avant, on disait, c'est l'extrême droite, etc.
06:12Aujourd'hui, c'est plutôt l'inverse.
06:15– Oui, l'extrême gauche.
06:16– C'est incroyable de voir à quel point la société peut changer,
06:23même sans savoir trop quoi, ni pourquoi.
06:28C'est comme ça, voilà.
06:30Et les ségrégations sont éternelles.
06:34Et je pense qu'il faudra toujours se battre contre ça,
06:37parce que moi, dans mes chansons, je me suis toujours battu contre ça.
06:42J'ai écrit Lili, non seulement, mais La Femme grillagée,
06:47enfin, tous les ostracismes et toutes les contraintes,
06:52tous les dictats des hommes, surtout.
06:59On est loin d'être venus à bout.
07:02Et il y a encore un sacré boulot pour les jeunes qui arrivent derrière moi.
07:06– Oui.
07:07Et une manière de chanter aussi.
07:08Incroyable.
07:09Les femmes, écoute, cette chanson-là, c'est une des plus belles de Pierre Pérez.
07:13Écoutez.
07:13– Sous-titrage MFP.
07:43– C'est vrai, Pierre, ce petit loup-là, c'est toutes ces femmes,
07:58c'est tous ceux qui ne peuvent pas dire ce qu'ils ont vécu,
08:01les salauds qui t'ont fait ça.
08:02Tous les viols auxquels on se retrouve en face de l'horreur tous les jours.
08:15Et voilà, c'est une chanson de consolation pour tous ces pauvres êtres
08:21qui souvent mettront une vie à se remettre et peut-être se remettront jamais.
08:25Et donc, c'est une chanson de grande consolation que j'ai voulu écrire là.
08:31Et combien de fois on m'a demandé, mais qui c'est, mon petit loup ?
08:35Et justement, j'ai laissé le vague comme ça parce que ça concerne tellement de malheureux
08:40à qui est arrivé des saloperies comme ça, voilà.
08:43– Oui, c'est une chanson merveilleuse, merveilleusement écrite,
08:46qui raconte toute la vie, tout le bonheur, tout ce qu'on peut avoir.
08:49Et puis qui dit effectivement, il faut vivre malgré tout ça.
08:53– C'est le plus dur de retomber sur ses pattes.
08:56Après, il y en a qui ne les retombent jamais.
08:59Et ceux qui arrivent luttent parfois une vie entière pour sortir d'un cauchemar
09:05qu'ils ont vécu à cause d'un salopard, d'un connard, d'un…
09:10– Oui, Pierre.
09:13Quand je vois ce chanteur avec, comment dire, ses yeux qui chantent,
09:20ce petit nez retroussé, frisé, je pense, écoutez,
09:25à celui qui fait chanter les enfants partout, par exemple, celle-là.
09:29– Sous-titrage Société Radio-Canada
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09:52– Sous-titrage Société Radio-Canada
09:53– Sous-titrage Société Radio-Canada
09:54Quand on s'y prend, la toute première fois, on hésite un peu.
10:00Quand on a pris le coup, c'est marrant comme tout.
10:04On pose une assiette sur une autre assiette.
10:07Puis de plus en plus, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus.
10:11La piste sur la tête de haut, on enlève la main.
10:15Puis on lève un pied en chantant ce refrain.
10:18Attention !
10:20Vaissez le calcet.
10:22Vaissez la piste.
10:23Vaissez le calcet.
10:26Non mais là, les vieilles charrues, Pierre.
10:29La foule en plein air.
10:31Chante Vaissez le calcet, c'est la PC.
10:35C'est que du bonheur.
10:36Ça a toujours été que du bonheur de chanter mes chansons devant des tas de parterres différents.
10:42Mais il y a le même enthousiasme à chaque fois, la même connivence avec les spectateurs qui sont venus me voir.
10:52Parce qu'ils sont un peu comme vous, mon cher.
10:55Ils connaissent tout d'un bout à l'autre.
10:58Et ça, c'est que du bonheur.
11:00Ça me fait penser quand on voit Pierre qui chante devant cette foule, parce que les vieilles charrues, il y a des stars du rock qui passent, il y a les plus grandes stars du rock.
11:08Quand même, savoir que tu as fait la première partie des Rolling Stones, ça c'est quand même un truc qu'il fallait oser le faire.
11:16J'étais obligé, j'étais à l'Olympia, ils étaient là, je n'en savais rien moi, je ne savais même pas qui c'était.
11:24Et j'ai fait un tabac, c'est vrai, un tabac terrible.
11:26C'est le mec qui nous a dit, Pierre vas-y, tous les chanteurs avant toi se sont pris des canettes sur la tête, ils veulent les Rolling Stones.
11:33Oui, il paraît que les Stones qui étaient en coulisses, ils ont dit, mais qui c'est ce Marjot qui fait un tabac comme ça ?
11:40Et le succès était là avec le Torboyau, parce que c'est vrai que c'est une chanson qui a tout déclenché à un moment donné.
11:49Au départ, c'est parti par le Torboyau, parce que les gosses, ils se sont marrés avec ça.
11:54Il y avait une salle entière à l'Olympia, cette fois-là justement, des Stones, c'était des gamins, ils avaient entre 16 et 18 ans, toute la salle.
12:02Il y avait 2500 gamins, ils étaient, il y avait le feu et le Torboyau, ils étaient écroulés de rire.
12:10Alors que tout le reste du programme de la première partie, ça ne les intéressait pas, ils ont viré tout le monde.
12:18Non mais tu as même fait la première partie des plateurs à la grande époque, les tournées avec les plateurs.
12:24J'ai fait une tournée d'au moins 60 ou 70 villes, je crois, avec les plateurs.
12:29Ça en a fait cinq pays différents, la Belgique, la Suisse, l'Afrique, à l'époque on ne pourrait pas faire ça aujourd'hui.
12:36L'Algérie, la Tunisie, le Maroc, etc.
12:40Ah c'était joyeux et fabuleux à l'époque, oui, c'est vrai.
12:47Et une chanson récente qui est sur cette ontologie, qui s'appelle Une vie d'humour et de tendresse.
12:52Écoutez parce que ça s'appelle Mes adieux provisoires, elle raconte tout ça, écoutez Pierre.
12:56Je suis venu vous faire mes adieux provisoires, car c'est une longue histoire que celle de vous et moi.
13:09Moi je marchais sur l'eau, vingt ans le cœur en fête, des oiseaux plein la tête, de l'encre et un stylo.
13:21Quand le papa Maurice vient, et la pub chêne de Georges, mon dire échauffe ta gorge, chante ce que tu écris.
13:36Au début c'est un gras, parfois ma pauvre Adèle, elle est un coup dans l'aile, en pleine Bérésina.
13:48Ça c'est les tout débuts, Adèle, première chanson, moi j'attends Adèle, pour la bagatelle.
13:56Et c'était nouveau, personne n'avait entendu ça avant Pierre.
14:01C'était naïf, ça me ressemblait, mais c'était quelque chose qu'on n'avait pas l'habitude d'entendre.
14:10C'était pas un ton qu'on entendait dans les chansons.
14:13C'est pas ça qu'on entendait chez les nouveaux, les petits nouveaux.
14:16C'était brel, c'était brassin, c'était mais, c'était pas ça, ce ton-là.
14:23Et ce ton-là, ça pouvait aller n'importe où.
14:28Moi j'allais dans tous les sens, j'ai chanté tout ce que j'avais envie de chanter.
14:32J'ai été un auteur libre.
14:34Oui, ça c'est le mot.
14:35Je ne me suis jamais accordé de limites, ni imposé de limites.
14:43Alors que tant de mes collègues, entre guillemets, ont tellement fait attention
14:47de ne pas froisser un tel, une telle, machin.
14:51Moi, j'ai dit s'ils en veulent, ils le prennent, s'ils en veulent pas, ils le laissent, mais c'est pas grave.
14:57Tu es chez Eddie Barclay qui ne comprend rien à ce que tu fais, au début.
15:01Barclay, il ne comprend pas grand-chose de mes chansons.
15:05Non, c'est vrai.
15:06J'aurais dit que tu me racontes quand même qu'à un moment donné, tu dis, mais j'arrête.
15:11Tu te dis, ça ne marchera jamais.
15:14C'est-à-dire que Barclay, qui avait écouté dans son bureau le torboillot, m'a dit,
15:20mais mon petit vieux, ça ne marchera jamais.
15:24Il vaudrait mieux que tu travailles pour la maison, pour nous.
15:30On va lancer, je me souviens de ça, putain.
15:33On va lancer une chanson qui s'appelle Le Calypso.
15:37Et il m'a dit, tu vas m'écrire des paroles pour du calypso.
15:42Je l'ai regardé comme une poule qui a trouvé un couteau.
15:46Il est tombé sur la tête, ce mec.
15:48Et j'ai raconté ça à Lucien Maurice, qui était mon ami et qui était le patron d'Europe 1.
15:55Mais il m'a dit, je ne vais pas le répéter ici, mais il m'a dit, tu sais, Lucien, Eddy, il est…
16:05Il est con, on va dire.
16:08Je vous laisse seul.
16:09C'est dans le dictionnaire, Pierre.
16:11Voilà.
16:11Alors, bon, c'est vrai qu'il ne comprenait rien à mes chansons.
16:16Et j'ai enregistré quand même le torbriot.
16:20Et à peine enregistré, il y en avait 100 000 de vendus de l'an.
16:25C'est la première fois que je vendais un disque de ma vie.
16:28J'étais tellement… ça m'a fait tellement rigoler.
16:31– Et Barclay, à ce moment-là…
16:34– Et Barclay, lui, alors, qui est tellement au courant des affaires chez lui,
16:40il se pavanait en disant, vous voyez, notre petit père est, finalement,
16:43il a explosé.
16:45Et c'est sa créature qui l'a tiré par la manche et qui lui a dit,
16:48mais monsieur, il n'est plus chez nous depuis trois mois.
16:51Il ne le savait même pas.
16:53– Ah, il a dû être vert.
16:54– C'est trop beau.
16:55– Ah oui.
16:58Et alors, il y a un moment, il y a quelque chose qui se passe.
17:01Écoutez ça, ça, c'est éternel.
17:04Éternel.
17:04– Afin de nous ôter nos complexes au gué au gué,
17:10on nous donne des cours sur le sexe au gué au gué.
17:13On apprend la vie secrète des angoisses et de la bébête,
17:18ou de ceux qui trouvent des gourdis de montrer leurs bigoudis.
17:21Une institutrice très sympathique
17:24nous en explique toute la mécanique.
17:28Elle dit, nous allons planter le décor au gué au gué
17:32de l'appareil masculin d'abord au gué au gué.
17:37Elle s'approche du tableau noir,
17:39on va peut-être enfin savoir
17:40quel est ce monstre sacré qui a donc tant de pouvoir.
17:44Et sans hésiter, elle nous dessine
17:47le petit chos et les deux orphelines.
17:51Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le Gigi.
17:55Alors ça, Pierre, combien de fois tu as chanté cette chanson
18:00avec des foules qui la reprennent en chœur ?
18:02Mais combien de fois ?
18:04Incontournable, des milliers, des dizaines de milliers de fois,
18:07ça c'est sûr, parce que, bon,
18:10cette chanson a eu le succès qu'elle a eu,
18:13parce que c'est une chanson totalement surréaliste.
18:18Oui, le zizi du pape qui fait des bulles,
18:20moi je ne l'ai jamais vu.
18:21Oui, exactement, entre autres,
18:23mais c'est une chanson totalement surréaliste
18:25et qui a déstabilisé tout le monde,
18:28même les gens de ce métier-là,
18:30de la chanson, qui ont dit
18:31« Ce type, il est fou ! »
18:33Mais le public, lui, ça l'a fait éclater de rire.
18:39C'est le plus grand succès de très loin
18:42de tout ce que j'ai pu commettre dans ma vie,
18:47parce que je crois que dans l'année,
18:49ils ont sorti des disques d'or.
18:54À l'époque, c'était 100 000 albums,
18:56un disque d'or, il y en a eu 16 dans l'année.
19:00Celui du pape qui fait des bulles,
19:02ça fait grincer, j'allais dire, des dents,
19:04pour rester poli, quand même, Pierre.
19:07Ce n'était pas évident.
19:08Oui, mais ce n'était pas malveillant.
19:11Les gens, ça les fait éclater de rire, c'est tout.
19:14Oui, mais ça passait alors d'abord tard.
19:17Et là, le public, à la radio, il appelait,
19:19il disait « On l'en veut, on le veut encore,
19:21on le veut encore ».
19:22Puis après, du coup, il a fallu le passer plus tôt.
19:24La première fois qu'ils l'ont diffusé à Europe 1,
19:28c'était au journal de 13 heures.
19:31Moi, je venais d'avoir ce qu'on appelait un disque souple.
19:34Le disque n'était pas encore sorti.
19:37Et donc, j'ai amené comme une épreuve.
19:39Et ils l'ont passé au journal de 13 heures à Europe 1.
19:44Imaginez-vous ça, au journal de 13 heures.
19:46Et le standard a sauté.
19:49Et les gens appelaient de partout, par milliers,
19:52et ils disaient « Repassez-le, on n'a pas tout compris ».
19:54Moi, je me rappelle, une fois, c'est Guy Lux.
19:57Tu chantais cette chanson, il a dit « Oh ben, après ça,
20:00et le dernier tango à Paris, on aura tout vu ».
20:02C'est l'époque du dernier tango à Paris.
20:05Je ne me souviens pas de ça.
20:06Il y avait quelque chose, des gamins qui aimaient tant rigoler.
20:10Le zizi, c'était une chanson.
20:12Tous les enfants se sont dit « On s'empare de ça ».
20:14Oui, parce que c'est une provocation.
20:17Ça fait partie des mots interdits aux enfants.
20:20Et les enfants n'adorent rien de plus que d'aller braver les interdits.
20:26Quand le tonton Christophe est sorti, dans les récrés,
20:31j'avais des copains astites à l'époque qui me disaient
20:34« Les gosses, à la récré, ils chantent, il en a le cul cousu,
20:38il en a le cul cousu, parce qu'il y avait le mot défendu dedans ».
20:42Je sais, j'ai vécu.
20:46Moi, j'aime la langue verte.
20:48Écoutez cette chanson, tous les mots comme ça de Pierre.
20:52Magnifique image.
20:53Écoutez Olga.
20:53« Olga, ma petite belle femme, mon radada,
20:57mais t'es revenue du Nebraska.
21:00Youpi !
21:01Ma petite belle femme, je dois bien te dire
21:04que t'aurais jamais dû partir.
21:06Je sais que c'était important pour toi
21:07de revoir tes vieux au Nebraska.
21:09Mais quand j'ai vu se tailler l'avion,
21:11il m'est venu comme un coup de bourdon.
21:13Et moi qui supporte pas l'alcool,
21:15j'ai picolé un peu trop de gnôle.
21:16J'ai été voir Dédé la seringue,
21:18il est taulier dans un petit zinc.
21:20Et pour se revecter le moral,
21:22on a séché quelques gadales.
21:23Et comme il y avait deux, trois mouquers,
21:25on s'est farci un strip poker.
21:27Je me suis retrouvé nu comme un genou
21:29et je suis revenu un poil chez nous.
21:31Allô, Olga !
21:33Regardez ça, on a tous nos chansons de cœur, Pierre.
21:36Olga, c'est un des personnages féminins qu'on aime.
21:39Il y en a plein dans l'œuvre de Pierre Perret,
21:41des personnages de femmes comme ça.
21:44Vous vous en aimez beaucoup, des femmes.
21:46J'aime Estelle, j'aime...
21:49Tout à l'heure, on va entendre Lucette,
21:51mais sur un autre sujet.
21:53Le cul de Lucette, oui.
21:54On va pas trop effleurer le truc.
21:57Mais tiens, l'amour des femmes, quand même, Pierre.
22:00Écoutez cette chanson, c'était au début.
22:02Quand j'en trouve une comme ça, je la retiens tout de suite.
22:06Je lui achète des bonbons, je lui fais prendre une cuite.
22:09Je lui donne mes sous, je lui donne le bras.
22:13Je lui file même des tartes, si elle aime ça.
22:16Quand j'en trouve une comme ça, je deviens lâche et mesquin.
22:20Je renierai mes amis, je me ferai teindre en rouquin.
22:22Je me ferai casque bleu quand je suis amoureux.
22:26J'en avais une comme ça et c'était fabuleux.
22:29J'en avais des seins comme des violons.
22:33Et moi, j'en jouais comme du bistrot.
22:37Mes airs mélodieux faisaient jaillir de ses yeux ronds.
22:40Des gros sanglons sur ses violons.
22:41Vous devriez avoir peur d'écouter ce genre de chanson encore.
22:45Déjà, les seins.
22:48Avant le zizi, avant le zizi, il y avait les seins.
22:51Il fallait bien que je commence par quelque chose.
22:55J'ai commencé par le haut.
22:57Oui, mais c'est des chansons pleines d'amour au fond, pleines de tendresse.
23:03Bien sûr.
23:04Si on n'aime pas les femmes, on ne peut pas écrire toutes ces chansons-là.
23:08C'est vrai.
23:08Et en même temps, l'envie de rire, l'envie de s'amuser, l'envie d'utiliser les mots,
23:13de jongler comme ça avec les mots.
23:14Tout au long de mon parcours, qui est quand même fort long,
23:22le plus difficile, c'est le rire.
23:27Et la perle le plus rare, le diamant le plus rare, c'est un éclat de rire dans une salle.
23:33Ça n'a pas de prix.
23:34Parce que ça, on ne peut pas le commander, un éclat de rire.
23:39Et ça, ça m'a toujours touché encore plus que toutes les chansons graves qui ont pu toucher les gens.
23:47Comme Femme battue, Lily, etc.
23:50Il y a une émotion très épaisse dans la salle, vraiment.
23:57Mais un éclat de rire, c'est quelque chose de merveilleux.
24:01Tiens, on a Lucette.
24:04Écoutez, Lucette.
24:07Quelquefois, je me glace, j'aime bien remettre les choses en place.
24:10Et j'en veux à ces gens qui s'expriment comme des glands.
24:14Vous, messieurs, dans la rue, quand vous matez un beau cul,
24:18vous murmurez bon sang de voix, quel beau derrière est-là.
24:22Dieu, que ce langage-là me blesse.
24:26Parler ainsi d'une belle paire de fesses.
24:29Les cieux moins glorifiés sans façon.
24:33De nos dames, ce noble tronçon.
24:37Il y a d'abord le cul rond, le cul qui se fait pas de mouron.
24:40Très à l'aise dans la bouille.
24:42Il y en a plein d'écu derrière, hein ?
24:43Il y en a toute une liste, Pierre.
24:46Il faut de l'imagination, quand même, hein ?
24:48Oui, oui, ça, c'est sûr.
24:50Pour faire le parcours qui a été le mien,
24:55sans imagination, c'est difficilement envisageable.
24:58Oui.
24:58Mais il y en a que ça devait énerver, quand même,
25:00des chansons comme ça.
25:02Oui.
25:02Il est sûr que ça n'a pas toujours été un tapis de rose, hein ?
25:07Ça a surtout énervé ceux qui ne savaient pas le faire.
25:13Parce que c'est vrai que ça énerve.
25:16Mais bon, moi, je n'en suis pas fier pour autant,
25:18mais ça ne me dérange pas qu'ils aient été énervés.
25:21Oui.
25:21Ce n'était pas interdit à la radio, mais quand même, c'est pas...
25:25Ah, le cul de Lucette, si, c'était interdit.
25:27Ah, il y en a eu beaucoup qui ont été interdites, oui.
25:31Ah oui, oui, oui, ça, c'est sûr.
25:33Oui, interdisait le cul de Lucette.
25:35On n'a pas interdit celui d'Alice.
25:38Si, c'était interdit aussi.
25:40Ah oui ?
25:40Oui, celui d'Alice est une chanson qui a été interdite aussi.
25:44Mais qui est une chanson d'une tendresse, d'une pudeur, d'une beauté,
25:48d'un amour du corps féminin des femmes.
25:51Oui.
25:51Et puis de mots de la langue française.
25:53C'est ce sale mot con.
25:56Et on se dit, c'est pas possible, Pierre.
25:59Mais là, on a envie d'écrire.
26:02Faut pas vous retenir, mangez-vous.
26:06Écoutez cette chanson de Pierre Pérez qui s'appelle « Celui d'Alice ».
26:09Ce lieu de délice n'a pas de notice, mais même un novice en aurait la clé.
26:20Il y a sous sa pelisse le climat de Nice, entre deux éclisses tendrement musclé.
26:26Moi, mon seul complice, c'est celui d'Alice.
26:30C'est de la réglisse du petit sucrin.
26:34La frêle couture qui pourtant l'obture me lit l'aventure au creux de la main.
26:40Pierre, ça c'est des merveilles, c'est des pépites.
26:46Toutes ces chansons, voilà celui d'Alice qui est aujourd'hui un classique, tant, tant de classiques.
26:51Puis on pense au tout début, où la première fois, tu chantes une chanson qui s'appelle « Blanche ».
26:57Ça, c'est un moment très important.
26:59Ah oui, oui, oui, ça c'est vrai.
27:01Voici exactement, voici messieurs les arts.
27:03Ah oui, ça c'est sûr.
27:05Oui, parce que ce n'était pas ce qu'on attendait de toi.
27:08Et on te disait « Non, il ne faut pas faire ça. Il ne faut pas chanter comme ça. »
27:13C'est moi qui me disais ça.
27:16Mais oserais-je un jour chanter ce refrain-là ?
27:19Blanche.
27:21En entendant le lit, je l'ai senti nerveuse.
27:23Sur le drap de couleur, sa chair est de vin rosé.
27:30Sa peau me criait « Viens, et sa bouche fiévreuse ».
27:35Murmurait pas encore, refusant mes baisers.
27:43Blanche, oh, ma blanche, sauvage rouge cœur, la courbe de tes hanches.
27:52Je m'en souviens par cœur.
27:55Et au fond, Pierre, pourquoi tu disais « Je ne peux pas chanter cette chanson » ?
28:00Tu l'avais écrite !
28:01On avait tellement l'habitude de m'entendre chanter des choses improbables,
28:09complètement folles, etc.
28:10que c'est la première chanson sur ce mode-là que j'ai...
28:16J'ai écrit cette chanson pendant une tournée, à une époque que j'ai faite avec Charles, avec Aznabour.
28:23Et on écrivait chacun dans nos chambres d'hôtel,
28:26nos chansons, toujours à pousser devant, les nouvelles.
28:31Et on s'était dit, on se chante chacun ce qu'on a le plus avancé.
28:37Et lui, à l'époque, m'a chanté « Emmenez-moi au bout de la terre », etc.
28:42Ce qui est une très jolie chanson de Charles.
28:46Et il m'a dit « Qu'est-ce que tu as fait ? »
28:47Et je lui ai chanté « Blanche ».
28:49Et je lui ai dit « Mais n'aie pas peur, je ne la chanterai jamais ».
28:52Il m'a dit « Mais tu es fou ! Pourquoi tu ne vas pas chanter ça ? »
28:56Mais j'ai dit « Parce que les gens vont s'esclaver dans la salle et ils n'ont pas l'habitude d'entendre ça de moi.
29:02Jamais je pourrais chanter cette chanson. »
29:04Il m'a dit « Mais si, mon petit vieux, tu vas la chanter. »
29:07Et ça va être une chanson importante au milieu d'Étienne.
29:12Et j'ai osé le faire trois ou quatre mois après à l'Olympia où je passais.
29:21Et au premier rang, il y avait deux filles.
29:24Et il y en a une qui a émis un petit gloussement à un moment donné.
29:30Et ça m'a glacé.
29:33J'ai cru que j'avais raison.
29:37Et puis après, il y a eu un tel accueil dans la salle qui a croulé d'applaudissements.
29:44J'ai oublié ces andouilles qui ont gloussées.
29:47Et j'ai continué à chanter ma chanson.
29:49Mais j'ai vraiment eu très peur et j'avais vraiment très peur de jamais pouvoir la chanter.
29:55Et puis dans tous les personnages, Pierre, Mimi la Douce.
29:58Pourquoi j'aime cette chanson ?
30:00Et pourquoi tant de gens aiment cette chanson qu'on retrouve comme ça sur cette anthologie ?
30:03Elle n'est pas très connue, Mimi la Douce.
30:05Mais c'est une histoire, c'est comme un film.
30:08On peut penser à un film d'Odiard.
30:10Il y a beaucoup de mes chansons qui sont des petits films, c'est vrai.
30:15Écoutez Mimi la Douce.
30:18Ses vingt berges, elle ne les faisait même pas.
30:20Elle avait qu'à siffler comme ça.
30:22Vingt types s'écroulaient dans ses bras.
30:25Moi, je lui brodais trois fois par jour.
30:28De délire en billets d'amour.
30:30De la même encre que ses yeux doux.
30:33Ses grands yeux tiraient sur le violet.
30:35Sa peau était un bol de lait.
30:37Que je lapais comme un matou.
30:39C'est magnifique.
30:40C'est vrai que c'est un type qui va faire un casque, quelque chose qui a mal tourné.
30:45Il va se retrouver en tol.
30:47Et Mimi qui l'attend.
30:50Et c'est vrai qu'il y a tellement de poésie.
30:53Il y a tellement de choses qu'on peut dire dans des chansons, Pierre Perret.
30:57Je vous laisse seul juge.
30:59Ce n'est pas moi qui vais vous parler de poésie.
31:02Mais c'est quoi la poésie, Pierre ?
31:04Il faut être profondément, avoir ça ancré en soi.
31:13C'est difficile de devenir un poète.
31:16Si on ne l'est pas un peu quelque part naturellement.
31:18Si on n'a pas une vision double des choses de la vie.
31:22Pour voir les choses différemment que le vulgum Pécuse qui voit une chose et qui ne voit qu'une chose.
31:33Si on voit deux choses en en voyant une, c'est déjà le début de la poésie.
31:39Oui.
31:39La poésie, c'est à la fois d'avoir lu les grands auteurs.
31:42Il y a eu les autos.
31:43Il y en a eu d'autres.
31:43Et puis d'avoir écouté au café les conversations des clients.
31:48Ah, c'est ça qui m'a beaucoup enrichi, oui, ça c'est sûr.
31:52Oui, d'avoir eu les oreilles grandes ouvertes au folklore linguistique qui était celui du café de mes parents.
32:04Qui m'a tant enrichi parce que ça venait de cultures extrêmement diverses qui jaillissaient de partout.
32:13Il y avait des clients qui venaient des Ch'timis du Nord, des Bordelais, des Toulousains, des Lyonnais, etc.
32:20Et chacun venait avec son bagage culturel.
32:26On peut dire ça comme ça.
32:29Et ça, c'est très enrichissant.
32:31Et pour le gamin que j'étais, moi à l'époque, j'avais 7, 8, 9 ans, 10 ans.
32:37Et j'emmagasinais, j'étais une véritable éponge.
32:43Toutes les émotions, tous les vocables m'intéressaient.
32:47Oui, avoir appris le saxo.
32:49Et puis après, jouer du saxo dans la chanson « Je suis de Castel-Sarrasin ».
32:54Je jouais du saxo, on mangeait des brugnons avec le petit frère qui les piquait.
32:59Et puis les vacances au bord de la mer avec les parents.
33:02Oui.
33:03C'est des souvenirs qui marquent toute une vie.
33:05Ah oui, chez moi, ça a été très important.
33:07C'est une espèce de nostalgie qui a toujours fait pisser mon stylo.
33:14Parce que j'ai eu envie de faire ça.
33:17C'était un besoin chez moi de raconter ça.
33:19Et l'amour des portraits des personnages.
33:23Je pense à Marcel.
33:24Je pense à des gens qui font des chansons.
33:28J'ai beaucoup aimé.
33:32Et je continue, d'ailleurs.
33:35Pour le prochain album, il y a des portraits qui ne sont pas piqués d'un temps aussi.
33:41Mais j'ai toujours, moi...
33:44J'ai fait Picasso avec mes chansons.
33:52Voilà.
33:52Tous mes portraits, ils sont dans mes chansons.
33:55Je pense à Picasso parce que pour moi, c'est un artiste merveilleux qui avait une imagination en sans borne et un talent.
34:04Et voilà, en chansons, j'ai toujours pensé qu'il fallait être capable d'aborder tous les sujets qui n'avaient rien de tabou.
34:13Et que c'est ce que j'ai fait.
34:16J'ai faussé, malgré les butoirs qu'on peut mettre à chaque sujet.
34:27Ça, on n'en parle pas, ça, on n'en parle pas, ça, on n'en parle pas.
34:31Moi, je m'en fous.
34:33Chaque fois que j'ai eu envie de parler de quelque chose, je l'ai fait.
34:37On n'a pas été obligés d'aimer, mais moi, je l'ai fait.
34:40– Artiste inclassable selon la radio.
34:42– À l'époque, à Radio France, tout au début.
34:46– Et Pierre Perret, on le met où ?
34:48– Oui, je crois que c'est à Radio France qu'ils ont fait ça.
34:52Ils avaient fait des classifications aux chanteurs de charme, chanteurs réalistes,
34:57chanteurs engagés, chanteurs machin, chanteurs…
35:01Bon, et moi, au milieu de centaines d'hommes et filles qui étaient là
35:08et qui ont été, eux, classés, il restait un nom en dehors.
35:12C'est moi, j'étais inclassable.
35:15Ça m'a fait plaisir.
35:18– Tiens, si je tire la case, Pierre Perret, engagé, tiens.
35:22Écoutez celle-là, ça, c'est très, très fort.
35:25Écoutez ma chanson bien douce
35:30Que Verlaine aurait su mieux faire
35:33Elle se veut discrète et légère
35:35Un frisson douce sur de la mousse
35:38C'est la complète de l'épouse
35:41De la femme derrière son grillage
35:44Ils la font vivre au Moyen-Âge
35:47Que la honte les éclapousse
35:50Quand la femme est grillagée
35:52Toutes les femmes sont outragées
35:55Les hommes les ont rejetées
35:58Dans l'obscurité
36:01Ces femmes grillagées, Pierre
36:03Ça ne plaît pas à tout le monde
36:05C'est vrai ?
36:06Ben oui
36:07Elle est craintive, elle est soumise
36:09À leur mari d'abord
36:10Oui
36:12Comment on peut obliger une femme
36:16À s'accoutrer comme ça
36:18Chacun a ses coutumes
36:20Chacun, mais bon
36:21Il y a des femmes qui ont une vie
36:25Pourrie sous un
36:27À part les trous des yeux
36:31Je veux dire
36:33C'est quand même un esclavage moderne
36:36On est à trois siècles en arrière
36:41Mille ans en arrière
36:43On est toujours
36:43Elles en sont toujours là
36:45J'ai reçu des lettres anonymes
36:48Merci
36:50Pierre Perret
36:52C'est vrai ?
36:53D'avoir pensé à nous
36:54Oui
36:55Mais ça ne pouvait être qu'anonyme
36:59Une autre chanson, Pierre
37:01Celle-là aussi
37:03Elle est engagée
37:04Mais elle était presque nécessaire
37:06Écoutez ça
37:07Elle survole un nid de scorpion
37:10Pour lesquels rien n'est pire certes
37:12Que la liberté d'expression
37:14Ces petits camps voilà débiles
37:17On courageusement fait la preuve
37:19Qu'égorger est aussi facile
37:22Que de filer une trempe à sa meuf
37:25C'est vrai que c'est la tuerie de Charlie Hebdo
37:38C'est vrai que c'est la tuerie de Charlie Hebdo
37:50Et Charlie
37:54C'était tous mes copains
37:57Qui se sont retrouvés le nez dans la ciure
38:01Les malheureux
38:02Cabu, Wolinsky
38:04Enfin bon c'était des copains de 30-40 ans
38:07Et l'horreur que ça a représenté
38:11Et on voit
38:13On voit quelles en sont les séquelles aujourd'hui
38:18De ce genre de personnages
38:21Qui pourrissent la vie de tant d'autres
38:26Et qui continuent à menacer la terre entière
38:31Pour qu'on épouse leurs théories
38:33Leurs religions, tout ce qu'on voudra
38:35Et ben moi je me battrai toujours contre ça
38:39Je pense que c'est nécessaire
38:42C'est vital de ne pas se laisser faire
38:47La chanson elle dit
38:48Humour, liberté, il faut s'en servir
38:51La liberté, il faut s'en servir
38:53Et oui
38:54Oui
38:55C'est pas pour rien qu'elle a été
38:58En 1789
39:01Qu'on a gagné une liberté
39:03Qu'on est en train de perdre aujourd'hui
39:04Et ça il ne faut pas
39:06Oui, il ne faut pas
39:08La démocratie c'est mal vue
39:11La laïcité c'est mal vue
39:13Il y a des tas de choses qui sont très mal vues aujourd'hui
39:16Et je m'y suis employé beaucoup
39:20Dans l'écriture du prochain album qui sortira dans 5 ou 6 mois ou 7 mois, je ne sais plus
39:27Mais je vais enregistrer le disque dans les mois qui viennent
39:30Et je donne une grande place à toutes ces choses qu'on est en train de se faire becquer aujourd'hui
39:36Oui, il y a un personnage qui est dans l'amitié là
39:41Et évidemment quelque part sur une île, sa nouvelle adresse c'est chanter celui avec qui tu as débuté dans les cabarets
39:48Avec mon copain Jacques
39:50Oui
39:52Et cette chanson là elle disait
39:53Bah mon copain Jacques a mis les bouts
39:55Oui
39:56Et c'était une chanson à distance
39:57Une chanson d'affection, d'amitié
39:59Oui
40:00Qu'est-ce que d'amour
40:01Oui
40:02Et c'est ailleurs
40:03A l'époque où il était à Ivaoa là-bas
40:06J'avais écrit cette chanson au moins
40:08Le disque est sorti et ça passait tous les jours
40:11Sur Radio Tahiti
40:13Oui
40:14A l'époque
40:15Et Jacques m'a envoyé une bafouille à l'époque
40:17Il m'a dit salaud tu ne m'as même pas envoyé le disque
40:20Alors j'étais
40:22J'ai dit
40:24J'ai dit pardon mon grand je lui ai envoyé le disque dans la foulée
40:27Mais bon
40:29Il était très heureux de cette chanson
40:32Oui
40:33Et c'était les souvenirs des je disais des cabarets
40:35Oui
40:36Vous faisiez tous les mêmes cabarets
40:37Vous couriez dans les rues de Paris
40:39On se tamponnait à l'entrée à la sortie des cabarets
40:44Moi je passais à Montmartre dans un cabaret
40:48Qui s'appelait chez ma cousine
40:50Et lui il était en face au tire-bouchon
40:53On se croisait avec les guitares à la main en courant
40:56Chacun il disait où tu vas moi je vais à l'échelle de Jacob
40:59Moi je vais à la colombe
41:01En avant
41:02C'était poilard
41:04C'était un type formidable Jacques
41:07Oui
41:08L'affection
41:10L'amour
41:11Et l'amour
41:12Alors je reviens là-dessus
41:13Parce que l'amour des enfants
41:15De chanter, de faire chanter des foules d'enfants
41:17Avec cette chanson-là
41:18Qui est une des plus grandes chansons du répertoire de Pierre
41:21Qui a créé des scandales dans les familles évidemment
41:24Écoutez
41:25Les gosses qui ouvraient les cages
41:27Oui c'est vrai
41:28C'est vrai
41:34Il en a tu fais un tour complet
41:40Et ça c'est vrai que Pierre cette chanson elle est venue en pleine nuit
41:43Tu es tombé du lit
41:45Et tu es dit j'ai une idée
41:47Je vais l'écrire tout de suite
41:49C'est une idée qui m'a été déclenchée par
41:54On était en voiture avec mon épouse
41:57Et j'allais chanter vers Toulouse
42:00Je m'étais arrêté chez mes parents
42:02Et à la radio dans la voiture
42:04On a entendu l'histoire d'un détenu américain
42:10Qui sortait de prison
42:12Il avait passé 10 ans à Sing Sing
42:15Il est sorti
42:17Et il est passé devant un magasin
42:21Qui vendait des oiseaux dans des cages
42:23Il y en avait plein le trottoir devant et tout
42:25Et il a ouvert toutes les cages
42:27En sortant de prison
42:29Il a ouvert toutes les cages
42:30J'avais trouvé ça génial
42:32Et ça m'a travaillé le citron
42:35Et dans la nuit
42:36L'idée de la cage aux oiseaux m'est venue
42:39C'est une des chansons que j'ai faites
42:42Peut-être le plus rapidement
42:44Non, je crois que j'ai dû la boucler en 2-3 jours
42:47Ce qui est très rare chez moi
42:48Parce que c'est 3 mois ou 3 ans
42:50Oui
42:52Plus souvent
42:53Écoutez ça
42:54Et c'est bengali
42:57À votre tour
42:58Faites leur guili-guili
43:00Sournoisement
43:03Exclamez-vous
43:04Dieu
43:05Quelle plumage
43:06Alors
43:07C'est vrai
43:08C'est vrai que cette chanson
43:09C'est un hymne à la liberté
43:11On pense à la prison
43:12Et ça va au-delà
43:13Oui
43:14C'est un symbole de la liberté
43:16Absolument
43:17Ouvrir les cages aux oiseaux
43:18Oui
43:19C'est une manière poétique
43:22De dire
43:24La liberté ne se monnaie pas
43:26Ah ben non
43:27C'est
43:28Non
43:29C'est sûrement
43:31C'est sûrement
43:32La valeur la plus rare
43:33Et la plus précieuse
43:36Chez un être humain
43:39D'avoir déjà au départ sa liberté
43:42Oui
43:43Il en fait ce qu'il veut
43:45Mais au moins d'avoir sa propre liberté
43:48C'est de l'abaisser de l'humanité
43:52Et te dire
43:53Tu es optimiste sur l'humanité
43:55Moi toujours oui
43:57Sinon j'écrirai plus depuis longtemps
43:59J'ai toujours foi en l'homme
44:03Même si ça peut être
44:06Il peut s'avérer le pire des salauds
44:08Mais moi j'ai jamais regardé dans le rétro
44:14Moi j'ai toujours regardé devant
44:16Et je me dis toujours qu'il y a un moyen
44:19Voilà
44:20Oui
44:21Et la vie de Pierre
44:22C'est la nature
44:23C'est la bonne bouffe
44:25Ah c'est aussi la nature
44:26C'est les écritures
44:27C'est les livres
44:28C'est les mots
44:29Finalement
44:30C'est ça le bonheur
44:31Il y a une idée de ce qu'est le bonheur
44:34C'est beaucoup dans ce que vous venez de citer mon cher
44:37Parce que
44:38Le choix des mets
44:40C'est important pour la santé
44:42Si on choisit ses légumes
44:44Son poisson
44:45Ce qu'on peut encore choisir
44:47Choisir qui n'est pas trop dégueulasse
44:49Et pas trop pourri
44:50Et pas trop pollué
44:51C'est déjà une bonne chose
44:54Et bon
44:55En parallèle avec ça
44:56Pour moi
44:57C'est le choix des mots
44:58Que j'ai passé ma vie à faire
45:00Au quotidien
45:01Tous les jours
45:02J'ai choisi
45:03Trier mes mots
45:04Changer
45:05Interchanger
45:06Remis en question
45:08J'ai fait que ça toute ma vie
45:10J'ai l'impression que c'est pas encore trop fini
45:12Mais ça va pas durer autant que ça a duré, c'est sûr
45:18Mais oui
45:19Et c'est une idée d'avoir aussi donné du bonheur aux gens
45:23C'est ça aussi au fond
45:24De donner quelque chose
45:25Mais ça me déplaît pas
45:26De savoir que des gens ont été heureux grâce à moi
45:28Dans des salles pendant des années
45:30Ou chez eux en écoutant mes chansons
45:35Oui, tout ça, ça m'a touché infiniment toujours
45:39Et surtout la fidélité des gens
45:43Parce que si je mets un petit message aujourd'hui
45:46Gentil à mes petits loulous
45:49Qui m'écrivent
45:52Qui me racontent souvent leur malheur, etc.
45:57J'ai des petits messages
45:59J'avais près de 2 millions de messages
46:04Le jour de mon dernier anniversaire au mois de juillet
46:07J'ai reçu 2 millions de messages
46:10J'avais rien dit, j'avais même pas annoncé
46:14Et je trouve ça merveilleux, c'est formidable
46:20Merci Pierre
46:22Je dis pas ça souvent, on t'aime Pierre
46:25Ah, regardez ça, c'est une vie d'humour et de tendresse
46:30Il y a un triple CD, il y a un vinyle
46:33Et puis, il faut se quitter avec une des parmi les plus belles chansons de Pierre
46:39Justement qui parle de bonheur
46:41Fillette, le bonheur Pierre, c'est toujours pour demain
46:44Oui
46:45C'est vrai ?
46:46Oui
46:47C'est ça l'optimisme ?
46:48Oui
46:49Pierre Perret, écoutez toujours
46:53Éternel Pierre, merci Pierre
46:55Merci de m'avoir fait un tel accueil
46:57Parce que c'est vrai que je m'y ferai jamais
47:02Que de parler d'amour encore je n'ose
47:09Où sont mes amis qui seront fidèles
47:15Et ces pays pleins d'odeurs de cannelle
47:20Et toi mon bel amour, ma tristesse nouvelle
47:25As-tu un cœur de fer sous ton corsage de velours ?
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