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L'ascenseur social est-il en panne? Les professions les plus prestigieuses deviennent de plus en plus inaccessibles aux catégories sociales les plus modestes. Seulement 1,1% des enfants de parents occupant un emploi peu ou pas qualifié exercent un métier prestigieux. 

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Transcription
00:00L'ascenseur social en panne, Emmanuel, la preuve, vous nous dites que les professions les plus prestigieuses
00:06deviennent de plus en plus inaccessibles aux catégories sociales les plus modestes.
00:09Effectivement, c'est ce que les sociologues et les économistes appellent la reproduction sociale.
00:15En gros, les enfants restent dans le même milieu social que leurs parents,
00:19mêmes études, même métier, même niveau de revenu, même mode de vie.
00:23Il y a deux chercheurs de l'INED et des Arts et Métiers qui se sont penchés sur les 3% de professions
00:29les mieux rémunérées en France et ont regardé d'où venaient ceux qui exercent ces professions de l'élite, en quelque sorte.
00:36Par exemple, si on s'intéresse au groupe qui gagne le mieux sa vie,
00:40c'est le groupe des professions libérales, les top médecins, les avocats.
00:45On est à plus de 7800 euros net par mois de revenus.
00:50Il faut savoir que parmi les enfants de parents qui occupent un emploi peu ou pas qualifié,
00:54donc prenez les familles modestes, il n'y a que 1% seulement des enfants qui exercent aujourd'hui une de ces professions de haut niveau.
01:02Mais parce que ça demande des études aussi très longues que vous allez financer derrière.
01:06Ça veut dire qu'on est quoi ? Qu'on est finalement condamnés à rester dans sa catégorie sociale ?
01:11Alors, c'est vrai. Au total, les Français qui ne sont pas nés dans les milieux les plus favorisés
01:16et qui parviennent à se hisser au sommet de la pyramide sociale,
01:21au total, ça n'est que 7% de ce qu'on pourrait appeler cette élite.
01:25Alors, faire partie du gratin, on l'a vu, c'est extrêmement difficile dans les professions libérales.
01:31Il y a un peu plus d'opportunités, par exemple, pour intégrer ce qu'on pourrait appeler l'élite économique,
01:35c'est-à-dire les chefs d'entreprise, les hauts cadres dans les grandes sociétés.
01:41Dans un cas sur deux, d'ailleurs, la réussite sociale aujourd'hui en France, c'est la réussite économique.
01:46Vous avez réussi à monter un business, vous avez réussi à atteindre un poste à très haute responsabilité
01:50dans une multinationale, avec souvent comme origine sociale, pour ceux qui ont réussi cette ascension,
01:55plutôt des familles de petits indépendants, d'exploitants agricoles, des artisans ou des commerçants,
02:00assez peu de salariés. Et à l'inverse, pour vous montrer que l'ascenseur social, c'est dans les deux sens,
02:06le déclassement est également très rare. Il n'y a que 7% des personnes qui occupent un emploi peu qualifié aujourd'hui
02:12qui sont issues de familles aisées au départ.
02:15Donc, au loto de la vie, c'est votre naissance qui joue quand même beaucoup.
02:18Oui, c'est ça qui détermine votre parcours.
02:22Ensuite, comment on explique cette inertie sociale ?
02:25En fait, par des divergences de trajectoires d'éducation dès la petite enfance, avec des stratégies d'orientation scolaire
02:32et d'insertion professionnelle ciblée, avec des alliances conjugales sélectives.
02:36C'est-à-dire qu'en gros, aujourd'hui, vous épousez souvent quelqu'un que vous avez rencontré pendant vos études.
02:41Ça n'existe plus, ce qu'on appelait l'effet cendrillon, c'est-à-dire quelqu'un d'une catégorie modeste
02:45qui épouse quelqu'un d'une catégorie plus élevée.
02:48Il y a des moyens financiers plus importants pour financer les études qui coûtent de plus en plus cher.
02:53Or, le périmètre des études, c'est-à-dire payer le logement de votre étudiant, etc., ça coûte plus cher.
02:59Il y a l'entre-soi résidentiel, il y a de moins en moins de mixité sociale aujourd'hui, et ça joue.
03:04Et puis, il y a les réseaux, les fameux réseaux, le piston, ça marche encore.
03:07Bref, la France, c'est le pays.
03:08Et Dredon, c'est quand on tombe, on se fait moins mal avec nos systèmes de protection sociale.
03:14Mais une fois qu'on est dedans, c'est très compliqué d'en sortir.
03:16L'effet cendrillon, on n'a pas tous la chance de rencontrer le prince charmant pour sortir de la misère.
03:20Effectivement, mais c'était un puissant moteur de l'ascension sociale dans les générations présentes.
03:24Je ne sais pas si vous vous rappelez nos grands-mères, quand elles parlaient de leurs copines, etc.
03:27Elle disait qu'elle a épousé quelqu'un qui a une belle situation.
03:30Un bon parti.
03:31Un bon parti.
03:32Mais c'est parce que c'était aussi l'avenir qui se dessinait pour les femmes.
03:35C'était uniquement la perspective d'épouser un bon parti.
03:38Exactement.
03:39Et donc, il y avait comme ça des gens de catégorie modeste.
03:42Maintenant, l'essentiel des mariages, c'est des couples.
03:45C'est beaucoup des gens que vous avez rencontrés dans vos études.
03:47Au même niveau intellectuel que vous.
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