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  • il y a 3 semaines

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00:00Bonjour Vincent Herbouette.
00:02Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Vincent, vous revenez ce matin sur la condamnation de Christophe Gleize à 7 ans de prison.
00:08Le tribunal de Tiziouzou l'a donc confirmé hier en appel.
00:11Oui, il y a de quoi être en colère.
00:12Personne ne croit à l'indépendance de la justice en Algérie,
00:16mais on vous dit de faire semblant.
00:18Les magistrats algériens sont couchés,
00:20et en plus, ils sont susceptibles.
00:22Ils seraient donc habiles de les flatter,
00:24de louer leur justice souveraine quand ils condamnent un innocent,
00:27plutôt que de dénoncer une machine de répression au service d'un régime tyrannique.
00:33Les incurables optimistes qu'on croise ici dans les allées du pouvoir et dans les rédactions
00:37ne sont pas à une contradiction près,
00:39puisqu'ils parlaient ces jours-ci,
00:41ils pariaient sur l'apaisement du climat entre Algérie et Paris,
00:45autrement dit, sur l'effacement de Bruno Retailleau
00:48et sur les courbettes de son successeur
00:50pour obtenir la libération de Christophe Gleize.
00:54Patatra, la sentence, 7 ans de malheur,
00:57font l'effet d'une douche froide.
00:59Alors évidemment, on plaint le confrère dans sa cellule,
01:01on plaint sa famille qui imaginait passer Noël avec lui,
01:05et tout leur espoir repose désormais sur le droit de grâce
01:08d'Adel Majid Tebboune,
01:10auquel il faut susurrer des mots doux,
01:13et si possible en allemand,
01:15mais qui est lui aussi très, très susceptible.
01:17La vérité crue, c'est qu'il déteste les Français,
01:20c'est sa ligne politique depuis toujours.
01:22L'humilité ne va pas désarmer son adversité,
01:26et depuis l'arrestation du journaliste,
01:28il y a un an et demi,
01:29on se berce en France d'illusions.
01:30Et vous en voulez un reporter sans frontières, pourquoi ?
01:33Parce que un reporter sans frontières laisse croire
01:34qu'il n'y a pas de frontières pour les journalistes,
01:36qu'ils sont des professionnels hors sol,
01:39voltigeants d'une capitale à l'autre,
01:41investis d'une mission qui les affranchit des règles
01:43qui s'imposent au commun des mortels.
01:45La faute, la seule, de Christophe Glaze
01:48est d'avoir cru à ses fadaises
01:50de n'avoir pas réalisé que l'Algérie est dotée d'un appareil policier
01:53qui a surveillé de près le petit Français
01:55qui se croyait au-dessus des lois.
01:58Un régime qui s'invente des ennemis à démasquer et à battre,
02:02et qui l'accueillit le moment venu sans lui laisser,
02:04sans lui accorder aucun privilège.
02:07Ensuite, la Kabylie est un pays rebelle
02:10que le régime traite comme un ennemi intérieur,
02:13avec une législation d'exception
02:14qui accuse de terrorisme
02:16ceux qui défendent pacifiquement l'identité kabyle
02:19et d'apologie du terrorisme.
02:22Tous ceux qui les écoutent enquêter
02:23sur le club de fou de Tiziouzou,
02:26le JCK qui est le cœur battant de l'identité kabyle,
02:30s'était à coup sûr excité la paranoïa d'Alger.
02:33Alors, reporter sans frontières,
02:35Vincent, je vous laisse tousser,
02:36a choisi la discrétion pour ne pas politiser l'affaire.
02:39Ça, c'est la stratégie du Quai d'Orsay.
02:41Les diplomates, soucieux d'efficacité
02:43et de ménager leur confort,
02:44ont caché l'arrestation du confrère.
02:46Les fonctionnaires se l'offent toujours
02:48dans le molleton du secret.
02:50Ça leur évite de rendre des comptes,
02:51en plus d'avoir des familles sur le dos.
02:53Et cette stratégie du silence se comprend
02:55quand les preneurs d'otages sont des coupeurs de route.
02:58Elle n'a aucun sens
02:59quand il s'agit d'États voyous.
03:02Les diplomates détestent les vagues,
03:04la pression de l'opinion publique,
03:05la raison d'État et l'ordre moral.
03:08Mais qu'une organisation professionnelle comme RSF,
03:11qui prétend défendre les journalistes,
03:12n'ait pas sonné le toxin
03:13qu'elle ait fait silence pendant des mois
03:15sur la situation de Christophe Gley,
03:18c'était au minimum une erreur de stratégie.
03:21Avec des raisonnements pareils,
03:22Jean-Paul Kaufmann serait toujours aux oubliettes au Liban.
03:25Il a été libéré parce que le décompte quotidien
03:28au journal de 20 heures de sa détention
03:29a fait peser une telle pression sur le gouvernement
03:32qu'il l'a obligé à trouver les moyens de sa libération,
03:36c'est-à-dire l'argent, les intermédiaires, l'opportunité.
03:39L'ambassade d'Alger n'a pas cherché à exfiltrer
03:42Christophe Gley, pendant l'année qu'il a passé,
03:45assigné à résidence.
03:46Elle lui a dit de se tenir un carreau
03:48à la disposition de la justice algérienne.
03:51Il y a quelques années,
03:52le directeur d'un institut culturel
03:55accusé d'un crime imaginaire en Russie
03:57s'était vu ainsi conseillé par l'ambassade de Moscou
04:00de se rendre aux autorités.
04:03S'il avait suivi ce conseil,
04:04le Breton aurait passé 15 ans
04:06dans une colonie pénitentiaire
04:08qui n'a rien à voir avec le club méditerranée.
04:10Il a préféré fuir par ses propres moyens
04:12et il a ainsi sauvé sa peau.
04:15La faiblesse et la naïveté de la France
04:17dans cette affaire sont accablants.
04:20Cet homme dont vous parlez, c'est Johan Barbero
04:22qui avait raconté son histoire
04:24dans un livre très bon dans les geôles de Sibérie.
04:26Ça avait donné un film avec Gilles Lelouch aussi,
04:27Compromat.
04:29Exactement, c'est une histoire qui a 10 ans à peine
04:31mais qu'on a totalement oublié.
04:33Grâce à vous, on s'en rappelle.
04:34Merci beaucoup.
04:35Signature européenne.
04:36Sous-titrage Société Radio-Canada
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