Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 18 heures
Laurent Lafitte relève le défi d'incarner Zaza Napoli dans la comédie musicale « La Cage aux folles » au Théâtre du Châtelet mise en scène par Olivier Py du 5 décembre au 10 janvier. Dans cette version chantée et dansée, avec 32 interprètes et 155 costumes, le rôle de Zaza se réinvente. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-portrait/le-grand-portrait-du-mardi-02-decembre-2025-9933636

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00La cage au folle. Un vieux couple homosexuel tient un cabaret transformiste.
00:04L'un d'eux en est la vedette sous la forme de Zazana Polly, couverte de strass et de plumes sur scène.
00:10Mais voilà, Zazana Polly a un fils adoptif, le petit va se marier et on attend la visite de la future belle famille ultra conservatrice.
00:19Il va falloir faire semblant, comme les homosexuels l'ont fait pendant tant d'années.
00:24Faire oublier les outrances, apprendre à beurrer ses biscottes comme un homme.
00:28Le grand Michel Zéro a joué Zaza, folle incroyablement drôle et émouvante,
00:412000 fois d'affilée devant un parterre de spectateurs qui hurlaient de rire dans les années 70.
00:47Et puis, Zazana Polly est devenue une icône du cinéma.
00:50En France, l'homosexualité n'était même pas encore dépénalisée.
00:54Presque 50 ans après, Zazana Polly revient sur les planches à Paris.
00:58Cette fois, elle chante et elle danse, car entre-temps, Zazana est devenue une gloire à Broadway.
01:02Les Américains ont fait de notre cage au folle une comédie musicale.
01:06Mais quel acteur français pour s'emparer d'une telle gloire ?
01:10Qui a une Zazana Polly en lui ?
01:13Réponse Laurent Lafitte, il est face à moi.
01:16Et rien qu'à le regarder, quelque chose a changé.
01:19Portrait numéro 56.
01:21Vous étiez seul face à votre miroir quand vous vous êtes rasé la moustache ?
01:29Oui, j'ai retardé.
01:31Mais toute l'équipe, on a tous retardé le moment de devoir se raser.
01:34Vous vous êtes tous rasé la moustache ?
01:36Pas tous la moustache, mais on était tous quand même assez barbus.
01:38Et on a tous vraiment reculé.
01:40Vous savez, la barbe pour les hommes, c'est notre contouring.
01:44C'est notre maquillage.
01:44Racontez-nous ce que c'était que la moustache pour Laurent Lafitte.
01:47Ma moustache, c'est important.
01:49Ma moustache, ma barbe, j'ai un visage rond.
01:51Donc ça permet de créer un peu des ombres, la barbe.
01:53C'est tout.
01:53Comme on ne peut pas se maquiller.
01:55Oui, c'est tout.
01:56C'était l'attribut de la virilité.
01:58Oh non, elle va repousser.
02:02Non, c'est purement de la coquetterie.
02:03C'est de la coquetterie pure.
02:04Laurent Lafitte devient une folle tous les soirs sur la scène du Châtelet.
02:08Mais sans la barbe.
02:08Mais sa moustache va repousser.
02:11Bonjour Laurent Lafitte, bienvenue sur France Inter.
02:14Dans une version chantée et dansée.
02:40Donc, le public français ne connaît pas 32 interprètes sur scène, 155 costumes, des corsets, des boas, des chapeaux, 39 changements de décor.
02:48Ça commence vendredi au théâtre du Châtelet.
02:51Trac ou pas trac ?
02:53Oui, trac, comme d'hab.
02:55Comme d'hab ?
02:56Ah oui, j'ai toujours le trac de plus en plus et de plus en plus tôt.
02:5912 ans de comédie française à jouer jusqu'à 9 fois par semaine.
03:03Ça, c'est ce qu'on appelle du théâtre quasiment à la chaîne.
03:06Oui.
03:06Et le trac, ça ne va pas mieux ?
03:08Non, le trac, ça ne va pas mieux, non.
03:09Non, non, ça ne va pas mieux du tout.
03:11Et qu'est-ce qu'on éprouve alors ?
03:13C'est physique, c'est l'estomac qui se serre, qui remonte.
03:17C'est tout ce qu'il ne faut pas pour le chant, par exemple.
03:19Donc, il faut bien se détendre.
03:21C'est ce que vous allez chanter.
03:23C'était la comédie française que vous vouliez interpréter sur scène, au point de quitter le français ?
03:29Alors, ça a été une des raisons de mon départ, mais je ne suis pas parti uniquement pour ça.
03:33Mais c'est vrai que quand j'ai découvert la comédie musicale dans les années 2000 à New York,
03:37pour moi, le film de Molinaro avec Sérot Thomas...
03:40Vous l'aviez vu à Bredouet ?
03:41Oui, je l'ai vu à Bredouet déjà.
03:44Et pour moi, le film de Molinaro était totalement culte, notamment ce que fait Sérot dedans.
03:49J'étais trop jeune pour voir la pièce.
03:50Est-ce qu'on peut préciser qu'il n'existe pas de captation de cette pièce ?
03:54De la pièce ? Oui, il y a trois quarts d'heure, mais c'est tout.
03:57Il reste très peu de traces.
03:59Donc, c'est perdu pour l'histoire.
04:00Voilà, mais c'est la beauté du théâtre aussi.
04:02C'est rendre l'éphémère inoubliable.
04:05Mais le film, pour moi, était vraiment un chef-d'oeuvre de comédie absolue.
04:09Et pour moi, c'était réglé.
04:11Zaza, c'était Michel Sérot.
04:13Et puis, quand j'ai vu la comédie musicale, je me suis rendu compte qu'il y avait une autre manière de raconter cette histoire,
04:17une autre manière de s'emparer du rôle, presque comme un rôle classique,
04:20qui allait passer d'acteur en acteur.
04:22Et chacun pouvait faire sa version d'Albin, Aka, Zaza.
04:27Et là, en l'occurrence, dans la comédie musicale, ça offre une nouvelle façon de raconter cette histoire
04:34et donc d'interpréter Zaza.
04:36Et donc, c'était une occasion de sortir de la comédie française ?
04:41C'est-à-dire qu'en fait, je ne serais pas forcément parti,
04:44mais quand j'ai demandé si j'avais le droit de jouer au Châtelet,
04:47on m'a dit non.
04:48Parce que c'est un théâtre municipal, ce n'est pas un théâtre national.
04:50Non, mais c'est quand même un choix dans l'histoire d'un acteur.
04:53C'est quand même un choix.
04:54Les folles en liberté sur scène,
04:56plutôt que l'institution, la respectabilité, l'honorabilité.
05:00Tout ça, c'est tout ce que vous a apporté la comédie française.
05:02Oui, enfin...
05:03La salle Richelieu.
05:04Je le joue aux têtes du Châtelet, qui est quand même une grande institution du théâtre musical.
05:10Je ne suis pas non plus...
05:12Je ne suis pas passé...
05:15Je ne sais pas où.
05:15Donc, j'ai quand même une envie, une exigence de faire de grands spectacles.
05:23Là, on est mis en scène par Olivier Pic.
05:25Un immense metteur en scène, ancien directeur du Festival d'Avignon,
05:30qui a mis en scène le soulier de Satin, Wagner, Echille.
05:35Oui, oui, c'est vraiment...
05:36Je ne suis pas non plus...
05:37Je ne suis pas parti de la comédie française pour aller me compromettre dans je ne sais pas quoi.
05:41Mais si vous vous compromettez, évidemment vous vous compromettez.
05:44Il reste quelques places au théâtre du Châtelet.
06:10Je le dis, ce n'est pas encore complètement, complètement sold out.
06:12Donc, précipitez-vous.
06:13C'est bien, bien, bien rempli.
06:15Il y a un truc qui s'appelle la bourse des places,
06:16où les gens peuvent revendre leur place, si finalement ils ne peuvent plus venir.
06:19Donc, ça, c'est intéressant.
06:20Il y a, au-delà de la danse et du chant,
06:23que d'ailleurs vous avez choisi très jeune d'apprendre la danse et le chant.
06:27Vous êtes parti en Angleterre, apprendre la danse et le chant.
06:29Compléter votre formation d'acteur classique par la danse et le chant.
06:32Pourquoi ?
06:33Parce que je trouvais qu'au Conservatoire national, on n'en faisait pas assez.
06:36Et moi, j'avais envie quand même d'avoir une petite base.
06:39Donc, je suis parti.
06:39J'ai ma troisième année du conservatoire.
06:41Au lieu de la faire à Paris, je suis parti à Londres,
06:43dans une école de commune musicale,
06:44pour avoir une base de chant.
06:46Et pas devenir danseur, il était trop tard,
06:48mais au moins pour me sentir à l'aise dans mon corps et dans mon cœur.
06:51Et pas avoir peur, au moins, d'essayer.
06:54Et ça m'a donné une base.
06:56Franchement, chacun son lapsus.
06:58Moi, j'ai dit Michel Zéro.
07:00Oui, chacun son lapsus.
07:01Pourquoi ils sont tous révélateurs ?
07:03À l'aise dans votre cœur.
07:05Donc, justement, au-delà de chanter et de danser,
07:08ce qui est déjà une performance en soi,
07:11il y a faire surgir Zaza Napoli,
07:13splendide travesti, splendide drag queen,
07:16à sa manière.
07:17Qu'est-ce qu'elle représente, Zaza Napoli, pour Albin ?
07:20Pour le personnage d'Albin ?
07:22C'est ça qui est beau aussi dans la commune musicale,
07:26par rapport à la pièce,
07:27c'est que c'est un vrai sujet dans la commune musicale.
07:29Ce n'est pas juste un ressort comique.
07:31C'est un vrai sujet.
07:32Cette très belle chanson qui s'appelle Mascara,
07:34où on voit Albin se transformer en Zaza sur scène,
07:37et il raconte que c'est un refuge.
07:39Quand la vie est trop dure,
07:41il a ce refuge de devenir Zaza.
07:44Et c'est quelque chose qu'il va revendiquer aussi
07:46dans la chanson très connue
07:47« I am what I am »,
07:48dont on connaît uniquement la version disco
07:50de Gloria Gaynor en France,
07:51mais qui n'est pas du tout une chanson disco à la base,
07:54qui a été traduite par Olivier en
07:56« J'ai le droit d'être moi »,
07:57où là, on est vraiment dans une chanson de revendication.
07:59Est-ce qu'on entend de Gloria Gaynor ?
08:01Oh non !
08:02Pourquoi ?
08:02Parce que, voilà, voilà.
08:04Alors non, alors non.
08:05Oost, Gloria Gaynor.
08:06Oost, Gloria Gaynor.
08:07Pourquoi ?
08:08Non, mais ça fait son taf de chanson disco
08:09et c'est très sympa et tout.
08:11C'était plus qu'une chanson disco,
08:12c'est devenu un hymne gay.
08:13Absolument.
08:14Mais c'est tellement musicalement,
08:19elle ne raconte tellement pas le spectacle
08:21que les gens vont être déçus.
08:24Non, elle raconte que la cage aux folles
08:26est devenue une commune musicale à Broadway,
08:27que « I am what I am »
08:29est devenu le tube de cette comédie musicale,
08:31que Gloria Gaynor l'a repris
08:33et que c'est devenu un hymne gay.
08:34Ça raconte quand même une histoire.
08:35Oui, complètement.
08:36D'ailleurs, c'est la version de Gloria Gaynor
08:38qui est reprise dans toutes les prides du monde.
08:41Et donc, vous, vous en avez fait,
08:43enfin, Olivier Pille vous en fait faire,
08:46non pas « Je suis ce que je suis »,
08:48mais « J'ai le droit d'être moi ».
08:51Ce qui est en effet beaucoup plus politique.
08:55Beaucoup plus politique ?
08:56Oui, il y a la notion du droit.
08:57Et c'est vrai qu'en ce moment,
08:59c'est ça qui est remis en question
09:00dans pas mal de pays.
09:05Et le beau-père ultra-conservateur
09:07qui vient en visite,
09:08il est le président du FAF.
09:10Qu'est-ce que c'est que le FAF ?
09:11Alors le FAF, je ne me souviens plus
09:13de l'acronyme exact,
09:14c'est le parti des familles autoritaires françaises.
09:19Je ne sais plus, enfin...
09:19Un truc bien réacupé, bien frontal.
09:23C'est ça.
09:24Mais il y a tous ces sujets-là dans la pièce
09:26et ils sont encore plus exploités dans la comédie musicale.
09:29Et puis l'homoparentalité aussi, qui est un vrai sujet.
09:31Puisque Albin et Georges ont cet enfant en commun.
09:35C'est le fils naturel de Georges, mais pas d'Albin.
09:37Mais Albin l'a élevé comme s'il était sa mère.
09:39Guillaume Gallienne, qui était aussi à la comédie française...
09:42Il y est toujours.
09:43Oui, mais quand vous, vous y étiez.
09:44...avait expliqué que jouer Lucrez Borgia,
09:47c'est-à-dire se mettre dans la peau d'une femme
09:49pendant des mois et des mois,
09:51ça avait eu un coût énorme pour lui.
09:54Mais presque sur sa santé mentale.
09:56C'est-à-dire que ça avait remué des choses très profondes.
09:59Ça l'avait obligé à l'époque à s'allonger sur un divan.
10:03Vous comprenez ?
10:05Oui, je comprends.
10:06Je comprends.
10:07En tout cas, pour un homme, ce n'est pas anodin.
10:10C'est sûr.
10:10Moi, je ne joue pas une femme.
10:12Je joue Albin, qui se transforme en une espèce de créature,
10:16de presque une caricature de la féminité,
10:19qui raconte aussi, en grossissant le trait,
10:23ce que c'est que de devoir mettre en place
10:25toute cette injonction à l'artifice féminin.
10:28C'est aussi le sujet de Zaza.
10:31Ça raconte tout ce qu'il faut mettre en place
10:33pour devenir une femme, c'est-à-dire...
10:35En plus, on est dans les années 70 à l'époque,
10:36où ça a été écrit au début des années 80,
10:39quand le musical naît à Broadway.
10:41Donc, ça signifie tout ce qu'il y a de coiffure,
10:45de tenue, de décolleté, de talons.
10:48Oui, bien sûr.
10:49Mais c'est pour ça que les drag queens parlent autant des femmes
10:52que de la communauté gay.
10:56Voilà, c'est vraiment très large.
10:58Que des hommes, en réalité.
10:59Et que des hommes, bien sûr.
11:00Parce que tout ce que vous faites là...
11:01Bien sûr.
11:02C'est-à-dire que vous déconstruisez Albin pour reconstruire Zaza.
11:05Oui.
11:06Ça veut dire forcément qu'il faut se raser la moustache
11:08et réfléchir à ce qu'il y a fait de voir mec.
11:10Moi aussi, c'est un rôle qui me déplace,
11:12mais c'est ça qui m'intéresse.
11:13Si je m'attaque à ce personnage-là,
11:16je ne peux pas y aller en me disant
11:17« Oh là là, il faut que je préserve ma virilité.
11:19Où est-ce qu'elle va passer ?
11:20Qu'est-ce qu'on va penser ? »
11:21Si je pars dans cet esprit-là, c'est foutu.
11:24Je reste chez moi.
11:25Donc, évidemment, je vais sur un terrain qui m'intéresse.
11:28Justement parce qu'il provoque des contradictions.
11:31Il va dans des interdits pour moi,
11:33par rapport à mon éducation.
11:36C'est un rôle qui me déplace.
11:38Et moi, c'est ça que j'adore dans mon personnage.
11:40Mais pareil, quand je fais Bernard Tapie,
11:41qui pour le coup est ultra virile,
11:44voire viriliste dans sa manière
11:45de vouloir prendre le pouvoir sur les gens.
11:46Dans la série Tristan, c'est qu'il y a là.
11:48Moi, ça m'intéresse aussi d'explorer ça
11:50et d'aller au contraire au bout de ma virilité
11:53et de ce qu'elle peut représenter
11:54quand elle est utilisée comme une arme.
11:57Et là, c'est pareil avec Albin,
11:58mais dans sa féminité.
11:59Avec 40 ans de recul, Laurent Lafitte,
12:02vous sauriez dire ce qui vous a rendu aussi malheureux
12:04quand vous étiez gamin à l'école, au lycée ?
12:08Malheureux ?
12:09Je n'étais pas malheureux à l'école.
12:10Quand même, vous vous êtes barré.
12:11Ah oui, j'ai arrêté.
12:12Mais ça, c'est parce que j'avais tourné
12:14un téléfilm pour France 3
12:16et que j'avais tellement adoré ça
12:20que pour moi, c'était impossible
12:21de retourner au collège.
12:24Il fallait que j'aille en cours de théâtre tout de suite.
12:27Donc, vous n'avez rien fui.
12:28Vous n'avez jamais voulu échapper au collège.
12:31Vous n'avez rien détesté, rien fui.
12:32C'était que l'envie d'être acteur
12:34et l'envie d'y aller le plus vite possible.
12:36Oui, je m'embêtais un peu au collège,
12:37mais j'aurais pu continuer jusqu'au bac.
12:39J'avais plein de copains.
12:40Ça allait, mais à partir du moment
12:43où je savais que c'était ce que je voulais faire,
12:45je ne pouvais pas faire autre chose.
12:47Alors, on l'écoute, Michel Zéro,
12:49il ne reste que quelques...
12:51Donc, dans les acteurs,
12:52pas Michel Zéro,
12:53mais dans les très, très grands acteurs,
12:56il ne reste que quelques minutes
12:57de captation de cette pièce.
12:59Je ne dis que quelques minutes
13:00parce qu'en réalité,
13:02cette pièce, ça a été des milliers d'heures
13:03aussi d'improvisation.
13:05Et je pense que tous les gens
13:06qui étaient dans la salle
13:08s'en souviennent.
13:09Les éventuels beaux-parents
13:10viennent ici en repérage
13:12à la fin de la semaine.
13:13Et comme ils n'ont pas,
13:14paraît-il,
13:14une largeur de vue panoramique,
13:16il importe que ces gens
13:17aient de cette maison
13:18une impression irréprochable.
13:20Nous ferons tout pour.
13:23C'est pour ça que je dis
13:24qu'il serait peut-être préférable
13:25que tu t'accentes pour le week-end.
13:28Tu m'exiles comme un lépreux
13:30quand notre fils se marie.
13:31Oh, notre fils n'exagère rien.
13:33Tu me répudies, moi,
13:34qui ai passé des nuits entières
13:35avec lui sur sa variole.
13:37C'était une varicelle, d'abord.
13:38Et alors ?
13:39Oh, la scène !
13:41Il va faire une scène encore.
13:45Je suis donc un monstre
13:46qu'on ne puisse pas m'encher.
13:47Mais c'est pas ça,
13:48ne dramatise pas,
13:49tu n'es pas un monstre.
13:50Avec quoi, avec quoi, avec quoi ?
13:52Tu n'es pas un monstre,
13:53mais tu as des manières.
13:56Ça, c'était donc le duo.
13:58Ça vous fait encore rire ?
14:00Vous l'avez vu combien de fois ?
14:01Le film, je l'ai vu
14:03une dizaine de fois.
14:06Enfin, une quinzaine de fois,
14:07je pense.
14:08Mais la pièce...
14:08Et le film a valu un César
14:10à Michel Séo.
14:11Ce qui est très rare
14:12pour une comédie.
14:13Il y a 8 millions d'entrées,
14:14un succès mondial,
14:15le Golden Globe.
14:16Qu'est-ce qui vous fait rire
14:17au cinéma, Laurent Lafitte ?
14:18Ce qui me fait rire ?
14:19Oui.
14:22Les situations,
14:23déjà,
14:24le comique de situation
14:25et puis les situations
14:26et puis les personnages
14:28et la manière
14:29dont un acteur
14:30va s'emparer d'un personnage
14:31avec sincérité.
14:32Quand les choses sont sincères,
14:33ça me fait rire.
14:34Dès que je sens que...
14:35Dès que je sens que l'acteur
14:38prend un peu trop en charge
14:39la comédie,
14:40parce que la Séo,
14:41même s'il va très, très, très,
14:42très loin dans la caractérisation,
14:43il n'est pas caricatural.
14:45Parce qu'il est vraiment sincère,
14:47il est vraiment totalement offusqué
14:48qu'on lui demande de partir
14:50et a raison d'ailleurs.
14:52Donc c'est ça,
14:52un grand acteur comique ?
14:53Oui.
14:54C'est un acteur qui fait rire
14:55avec sérieux ?
14:56Oui, complètement.
14:57C'est-à-dire que le rire
14:59est une affaire très sérieuse
15:00et à l'écran et sur scène.
15:02Très précise, très sérieuse,
15:04bien sûr.
15:04Et même si ça provoque
15:06une expressivité très outrancière
15:09de funès quand il se tire sur son nez
15:11pour jouer du violon,
15:12il devient vraiment fou.
15:14Sinon, ce n'est pas drôle.
15:16Donc, ça signifie souffrir
15:19pour faire rire,
15:20devenir fou pour faire rire,
15:23tomber, se faire mal pour faire rire.
15:24Enfin, je veux dire, ça signifie
15:26mettre plein de choses
15:27tristes, profondes, tragiques,
15:30négatives pour faire rire ?
15:32Oui, mais sans se faire mal.
15:34Je ne pense pas qu'il faille
15:36se faire mal pour faire rire,
15:37mais je pense qu'il faut
15:38y mettre du sien
15:40et il faut renoncer
15:41à la figure héroïque de l'acteur.
15:43Il faut accepter de sacrifier ça.
15:45Ça veut dire quoi,
15:46renoncer à la figure héroïque
15:47de l'acteur ?
15:48Parce que la comédie,
15:49quand on fait de la comédie,
15:51c'est toujours un peu
15:54moins respectée
15:55ou un peu moins considérée.
15:57On voit moins le travail.
15:58On dit, oui, c'est drôle.
16:00Mais voilà,
16:02c'est pour ça aussi
16:04qu'on voit souvent
16:05que les comédies
16:07ne sont pas toujours
16:07estimées comme elles le devraient.
16:10Alors que vous,
16:11en faisant une comédie musicale,
16:12vous allez sortir de là
16:13comme un héros.
16:14Je ne sais pas.
16:15Bah si.
16:16J'en sais rien.
16:16Vous aurez joué
16:17avec un truc en plume
16:18dans le dos.
16:18Et le châtelet va être debout
16:22et ça va être
16:23standing ovation.
16:24Vous avez travaillé
16:25une seule fois
16:26avec Olivier Pys,
16:26c'était au cinéma.
16:27Vous avez joué
16:28un Molière imaginaire.
16:31Et ce film raconte
16:32les dernières heures
16:33de Molière,
16:34si je me souviens bien.
16:35Et c'était donc
16:36pendant la représentation
16:37du malade imaginaire.
16:38C'est évidemment
16:39une méditation
16:40sur la mort de Molière
16:41parce que
16:42Molière va mourir
16:44et d'une certaine manière,
16:45c'est presque
16:46une version ultra radicale
16:49de exactement
16:50ce que vous venez de dire.
16:51C'est-à-dire que
16:51Molière meurt
16:52et tout autour de lui
16:54c'est un gigantesque
16:55éclat de rire
16:55parce que c'est une comédie
16:56extraordinaire
16:57le malade imaginaire.
16:58Ah oui.
16:59Et puis c'est complètement méta.
17:01Il dit
17:01y a-t-il quelques dangers
17:03à contrefaire le mort ?
17:04Il dit ça quand même
17:05pendant la pièce
17:06ce qui est complètement fou.
17:07Il a passé sa vie
17:08à faire semblant
17:09dans cette pièce-là
17:10il fait semblant de mourir
17:11et puis il va mourir.
17:12C'est complètement dingue.
17:13Et il y a cette dimension
17:14aussi un peu méta
17:15dans La Cage aux Foles
17:17puisqu'on est quand même
17:18on raconte autant
17:20le théâtre
17:21le cabaret
17:21et ce que c'est
17:22que d'être acteur.
17:24Parce qu'Albin
17:24quand il se transforme
17:25en Zaza
17:26c'est la même démarche
17:27la même dynamique
17:28que ce qui donne
17:30que ce besoin
17:32qu'ont les acteurs
17:33de devenir quelqu'un d'autre.
17:35Quant à Olivier Pie
17:36on l'a dit
17:36grand metteur en scène
17:38d'Echille
17:38de Wagner
17:39de Paul Claudel
17:41etc.
17:41Il a un personnage
17:42qui s'appelle Miss Knife
17:43donc c'est une vieille chanteuse
17:45Miss Knife
17:46mais il y a 30 ans
17:46c'était déjà
17:47une vieille chanteuse.
17:48Il était là
17:49tout grimé de blanc
17:49avec ses boucles d'oreilles
17:50en strass
17:51et il chante.
17:52Donc il a un personnage
17:53de drag queen
17:53d'une certaine manière
17:54Olivier Pie.
17:55Complètement.
17:56Et lui comment il vous a guidé
17:57alors vers Zaza ?
17:58ça sera ma dernière question.
18:01Il m'a guidé
18:02avec de la bienveillance.
18:04Parfois
18:04c'est ce qu'il y a
18:05de plus important
18:06dans la direction d'acteur
18:07c'est de sentir
18:08un regard bienveillant
18:09un regard client
18:10un regard qui adhère
18:11aux propositions
18:11qui sait ce qu'il veut
18:13évidemment
18:13il fait le tri
18:14mais il sait
18:15vous mettre en confiance
18:16pour que vous soyez
18:17totalement libre
18:18et c'est ça
18:18la direction d'acteur
18:20finalement.
18:20Ça c'est Olivier Pie
18:21ça c'est donc
18:23le retour de la cage au folle
18:24version comédie musicale
18:25et ça commence
18:26vendredi
18:27au Châtelet.
18:28On est très nombreux
18:29Damien Bigourdan
18:30qui joue Georges
18:30Aron Simon
18:32qui joue Jean-Michel
18:33Notre Fils
18:34c'est tellement brûlant
18:36je peux pas citer tout le monde
18:39Gilles Vajou
18:40on est 32
18:41Ils se sont tous rasés
18:43la barbe et l'amoussage
18:44et on sera tous bien rasés
18:45de près.
18:46Voilà
18:46la leçon de ce matin
18:47c'est que ça repousse.
18:49Merci Laurent Laffitte
18:50J'aime ce soir au Châtelet
18:51C'est pas fou
18:52J'aime ce soir au Châtelet
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations