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  • il y a 4 heures
"C'est fabuleux", confie Annie Ernaux : dans un documentaire, des lycéens découvrent l'œuvre de l'écrivaine

La réalisatrice Claire Simon filme des lycéennes et des lycéens étudiant la Prix Nobel de littérature, pour le documentaire "Écrire la vie : Annie Ernaux en d’autres mots" diffusé le mercredi sur France 5. Un documentaire fascinant, qui montre l’impact et la force des mots de l'écrivaine.

Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

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Transcription
00:00Un grand entretien exceptionnel ce matin avec Marion Lourd.
00:03Nous avons le bonheur et l'honneur de recevoir deux artistes,
00:08deux femmes dont le regard est indispensable à la compréhension de notre époque, de notre société.
00:14L'une est prix Nobel de littérature 2022, auteur de La Place, de l'événement,
00:19des autobiographies impersonnelles, ce sont ces mots, et qui ont marqué des générations.
00:24L'autre est cinéaste, réalisatrice, elle s'est glissée pour un documentaire dans les salles de classe,
00:30dans les couloirs de nombreux lycées de France, de Franconville à Cayenne,
00:35pour capter les conversations d'élèves qui découvrent, s'emparent, étudient, débattent de livres d'Annie et Ernaud.
00:42« Écrire la vie », c'est le titre de ce film formidable qui sera diffusé mercredi prochain à 21h sur France 5.
00:50Annie et Ernaud, Claire Simon, bonjour à toutes les deux.
00:53Bonjour, bonjour, bonjour.
00:55Et merci infiniment d'être avec nous.
00:58« Écrire la vie », Claire Simon, c'est le titre de ce formidable documentaire.
01:02Après récréation, première solitude, apprendre, vous êtes retournée dans des salles de classe.
01:08Annie Ernaud, c'est fascinant de voir ces étudiants, ces écoliers, ces lycéens.
01:14C'est fascinant de voir ces élèves découvrir votre écriture crue, puissante, qui les bouscule parfois.
01:21C'est surtout très beau de les voir ce qui les fait parler d'eux, entre eux.
01:26Une écriture qui est lue à voix haute par les élèves, ça la fait vivre votre littérature.
01:33C'est fabuleux parce que pour la première fois, je vois vraiment hors de moi.
01:40C'est-à-dire, je ne suis pas là et je vois les livres qui s'incarnent, qui deviennent un questionnement pour les élèves,
01:50qui en débattent de façon, je veux dire, tellement personnelle.
01:55Parce qu'ils parlent d'eux, ils parlent d'eux.
01:57Et ça a quelque chose d'éblouissant pour moi.
02:01Parce que je me dis, si ce sont des élèves de 15 ans, 17 ans, qui s'emparent de ce que j'ai écrit,
02:12au fond, je ne suis pas venue au monde pour rien.
02:15Mais ce qui est génial, c'est qu'ils s'emparent de vos textes.
02:19Certains se retrouvent, retrouvent leurs parents à eux, leurs grands-parents dans ce que vous écrivez.
02:25D'autres comprennent pour la première fois ce qu'ils appellent la réalité d'avant, Claire Simon.
02:30Celle, par exemple, de l'avortement clandestin.
02:32Et on va en parler avec l'une des élèves au témoignage extrêmement fort.
02:36Mais la plupart des élèves vous appellent Annie, des textes d'Annie.
02:41Il y a une familiarité avec Madame le prix Nobel de littérature qui est formidable, Annie Arnaud.
02:47Attendez, qu'est-ce que ça représente le prix Nobel ?
02:50Au fond, c'est rire, c'est très creux, finalement.
02:53Mais pour eux, je veux dire, dans les textes, ils lisent une femme.
02:59Et c'est ça qui leur parle.
03:01C'est un témoignage, c'est une voix.
03:05C'est une voix.
03:06Et ils peuvent en discuter librement.
03:10Puisque l'auteur n'est pas là.
03:13Au fond, c'est normal qu'un auteur ne soit pas là quand on lit.
03:16Bien sûr, il n'est jamais là.
03:17Il n'est jamais là.
03:18Que ce soit Dumas ou que ce soit Hugo, ils ne sont pas là quand on les étudie en classe.
03:23Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de cette démarche-là, Claire Simon ?
03:27Eh bien, parce qu'il y avait un film très beau de Michel Porte sur Annie Arnaud,
03:35qui s'appelle Annie Arnaud, des mots comme des pierres.
03:39Annie Arnaud écrivain, voilà.
03:41Et moi, je me suis dit, je n'arriverai jamais à faire aussi bien qu'elle.
03:46De toute façon, ce n'est pas trop mon genre.
03:49Et puis, je me disais, je vais demander à Annie Arnaud de retourner dans son enfance,
03:53à Yvto, à Lillebonne, à Sergile.
03:55Mais je trouvais ça un peu...
03:58Et puis, j'ai pensé, mais oui, elle est au programme.
04:03Et si j'allais dans les classes, ça serait sympa, quoi.
04:06Voilà.
04:07Et puis, comme vous l'avez dit au début, moi, j'aime beaucoup filmer les jeunes.
04:11Et les enfants et les jeunes, je ne sais pas pourquoi,
04:14parce que je pense qu'ils en savent plus que moi.
04:16Je pense que leurs visages sont magnifiques, qu'ils ne trichent pas.
04:22Voilà, c'est ça que j'aime chez eux.
04:24Annie Arnaud, la réception de vos textes, c'est étonnant,
04:27parce qu'elle a l'air moins différente selon les lieux et les quartiers,
04:30parce que, clairement, vous avez filmé énormément de lycées différents,
04:34qu'entre les filles et les garçons.
04:35On a l'impression que certains garçons sont beaucoup plus hermétiques,
04:38qu'ils ont plus de mal à se laisser toucher.
04:40Il y a celui qui préfère les envolées lyriques à Alexandre Dumas,
04:43celui qui confie, par exemple, à sa camarade qui ne se sent pas trop concernée
04:47par l'événement qui raconte l'histoire d'un avortement.
04:50Ça vous a surpris, cette différence entre les genres dans la réception de votre œuvre ?
04:53Non, pas trop.
04:54Je reconnais que ça ne m'a pas trop surpris.
04:57D'abord, parce que j'ai enseigné,
05:00et je sais que les garçons se livrent beaucoup moins que les filles.
05:06Moi, je trouve que c'est là le drame, d'ailleurs.
05:08parce qu'ils ont une sorte de retenue qui leur a été, au fond, transmise, imposée, je pense,
05:16et qui n'est pas du tout, ce n'est pas naturel.
05:19Voilà.
05:20Et donc, effectivement, j'ai pensé cela,
05:24et que, évidemment, plus les filles s'expriment,
05:29et du coup, moins ils ont envie de le faire.
05:34Et c'est une question aussi par rapport à leur père,
05:38P-A-I-R,
05:39les copains, etc.
05:42Donc, effectivement,
05:43mais je pense que c'est important,
05:45ils écoutent, ils écoutent, ils retiennent.
05:49C'est quelque chose d'important.
05:51Claire Simon, vous l'avez expérimenté,
05:53cette différence, justement, entre les genres,
05:54entre les garçons qui sont peut-être plus difficiles à filmer,
05:56qui ont plus de mal à se confier.
05:57D'ailleurs, vous avez filmé plusieurs fois des groupes de filles,
06:00et très peu de groupes de garçons,
06:01sauf un qui joue au football à un moment.
06:03Parce qu'il se trouve que, aussi,
06:07ce sont des classes où des élèves ont choisi la littérature.
06:13Donc, il est connu que les filles préfèrent la littérature.
06:19Il y en a des garçons, quand même.
06:21Oui, oui, il y en a.
06:22Mais ils semblent plus réservés.
06:23Oui, oui.
06:24Après, si vous voulez,
06:26ils oublient que nous, pendant des siècles,
06:28on a lu, que ce soit Stendhal, machin, tout ça.
06:32Il fallait tout le temps qu'on s'identifie à un homme.
06:35C'est vrai.
06:36En tant que femme.
06:37Et eux, ils ont un peu...
06:40Là, ils sont en train de se dire,
06:42ah oui, alors imaginons que je sois une femme.
06:45Et c'est un peu plus difficile pour eux.
06:48Et c'est assez formidable, éclairciment,
06:50parce que quand on se demande si on a besoin des livres d'Annie et Arnaud,
06:55c'est une question qui est posée par une prof dans le documentaire.
06:58Tous les élèves répondent oui.
07:00Mais un oui franc est massif.
07:02Et l'un d'eux, l'un des élèves, dit
07:03pour les hommes, ça permet de se mettre dans la peau d'Annie et Arnaud.
07:08Ça, c'est le pouvoir de la littérature ?
07:11Oui, bien sûr.
07:12Ça, c'est de transgresser les conditions physiques,
07:16les séparations des sexes, les séparations sociales.
07:19C'est sûr que la littérature, c'est ce moyen-là,
07:24et que je crois que c'est le plus grand, effectivement.
07:27Et je pense que le film de Claire est extraordinaire,
07:32parce qu'il montre à quel point on a besoin justement de la littérature.
07:36C'est la preuve, quoi.
07:38C'est la preuve par corps, dirais-je.
07:41Par corps ?
07:42Oui.
07:43Et le corps, d'ailleurs, est très présent.
07:44Le corps est essentiel.
07:46C'était d'ailleurs le titre d'un de vos documentaires, Claire.
07:50Mais il y a un moment où vous filmez un moment de gêne,
07:54lorsqu'une élève prend la parole et elle lit un extrait de l'événement,
07:59ce livre puissant, bouleversant que vous avez écrit, Annie et Arnaud.
08:03Elle dit que ça va être dur.
08:05Et elle parle donc de ce livre sur l'avortement.
08:10Et vous avez déjà réalisé plusieurs documentaires sur l'école,
08:13mais qu'est-ce qui se passe à ce moment-là, Claire Simon,
08:16c'est absolument sidérant.
08:17Elle s'empare de cette écriture plate,
08:20comme on qualifie votre écriture, Annie Arnaud.
08:22C'est vous qui la qualifiez comme ça ?
08:24Non, mais je l'ai qualifié une fois.
08:27Et c'est resté.
08:28Mais en tout cas, disons, une écriture volontairement neutre,
08:31et tout à coup, il se produit quelque chose d'invraisemblable,
08:35de très puissant.
08:35Oui, parce qu'elle rit, les autres rient, elle dit le texte,
08:41et c'est bouleversant, et plus personne, tout d'un coup,
08:47les garçons qui riaient, qui ne pouvaient pas s'en empêcher,
08:50parce qu'ils sont à côté d'elle, parce qu'ils sont extrêmement gênés,
08:54et elle aussi, et elle va jusqu'au bout de la description de l'expulsion.
08:57De cette femme, ça commence par une femme qui court vers les toilettes,
09:01qui court avec un besoin urgent.
09:03Oui, de l'expulsion de l'embryon.
09:07Et c'est magnifique.
09:09Et cette fille, qui avait l'air comme ça, d'un peu légère et tout,
09:14elle dit des choses très très profondes.
09:16Parce qu'elle dit, si elle ne l'avait pas écrit, elle aurait pu l'oublier.
09:20Et ce qui est repris par une autre qui vous cite,
09:25et qui dit, les choses me sont arrivées pour que j'en rende compte.
09:30Ce qui est tellement puissant, quoi.
09:32L'Annie Arnaud.
09:33Oui, je veux dire que moi-même, j'ai été très troublée, effectivement,
09:37parce que c'est une scène extrêmement forte.
09:39Il y a ce garçon qui se tord les mains en écoutant...
09:42L'un des élèves.
09:44L'élève qui lit.
09:46Et ensuite, ce silence, et puis cette parole.
09:50Cette parole que vous venez de citer.
09:53Et on sent qu'il s'est passé quelque chose.
09:57Et donc ça, c'est quand même des expériences très très fortes
10:01de vie et de littérature ensemble.
10:04Bien sûr.
10:04Mais parce que vous écrivez, vous écrivez « je ».
10:07Et il faut que le « je » d'Annie Arnaud,
10:10le « je » du livre devienne transparent,
10:12que le lecteur, que la lectrice vienne l'occuper.
10:16Ça, c'est des mots que vous avez prononcés
10:18en recevant le prix Nobel de littérature.
10:21Dire « je », c'est votre voie d'accès à l'universel.
10:24C'est absolument ça que je le ressens.
10:29Moi-même, je ne me sens que comme un lieu
10:31par où passent des émotions, des expériences.
10:34Et donc l'écriture va être justement
10:36de restituer ces choses-là
10:39sans les incarner par une sorte de personnage.
10:44Par un personnage.
10:45Et là, on voit bien que les élèves, tous,
10:48je ne vais pas dire élèves, c'est les jeunes.
10:51Les jeunes réfléchissent avec « je ».
10:55Ils se disent « je ».
10:57Voilà.
10:58Mais Annie Arnaud, cette scène, comme d'autres,
11:00dans les livres que lisent ces lycéens,
11:03elle est très crue, elle peut être un peu dure.
11:05Et d'ailleurs, les professeurs
11:06prennent parfois des précautions.
11:08Ils disent « attention, ce n'est pas une lecture facile ».
11:10Est-ce que vous, qui avez été prof,
11:12vous auriez réussi à faire lire
11:14Annie Arnaud à votre classe ?
11:16Je ne pense pas.
11:19Non.
11:20C'est irréel, pour moi.
11:23Ça, c'est irréel.
11:24Mais j'ai quand même fait lire
11:27Christiane Rochefort, moi,
11:28quand j'étais professeure.
11:29Et Christiane Rochefort,
11:30ce n'est pas de l'eau de rose.
11:33On peut tout faire lire ?
11:34Oui.
11:35Oui.
11:35Absolument.
11:37Et d'ailleurs, vous avez fait lire Proust,
11:40vous avez fait lire Virginia Woolf,
11:41vous les avez même cités dans votre discours du Nobel.
11:44Mais ce qui est assez étonnant,
11:45c'est que là, on s'aperçoit que dans une classe,
11:47des élèves peuvent être libres.
11:49Et vous, quand vous avez écrit sur l'école,
11:52vous l'avez souvent décrite, l'école,
11:54comme un espace de contrainte,
11:56comme un espace quasiment d'asservissement,
11:58Annie Arnaud,
11:59si on doit dire les choses de manière crue.
12:02Absolument.
12:03C'est une question d'époque aussi,
12:04mais aussi du discours scolaire qui existe toujours quand même
12:10et qui est prescriptif.
12:13Voilà.
12:14Mais effectivement...
12:15La baguette qui n'existe plus.
12:19Oui.
12:20Enfin, ça n'existait pas non plus de mon temps.
12:23Mais il y a quand même cette chose qui est merveilleuse.
12:28là, quand même, c'est de voir des professeurs
12:30qui vraiment ont envie,
12:33je veux dire,
12:34de transmettre,
12:36mais non pas de transmettre de haut en bas.
12:39Vous voyez ?
12:41Avec...
12:42De partager.
12:43Voilà.
12:43C'est de partager,
12:45de faire réfléchir.
12:46Là, maintenant,
12:48au moment où on est.
12:48Et ça,
12:50c'est tellement fort,
12:51tellement sensible
12:52dans le film
12:53que je trouve ça
12:54extraordinaire
12:55que vous ayez fait ce film.
12:57Claire Simon,
12:59en fait,
13:00vos parcours étaient presque voués
13:01à se rencontrer
13:03avec Annie Arnaud.
13:04Parce que même si vous n'aviez
13:04jamais travaillé ensemble,
13:06finalement,
13:06vous avez
13:07cette proximité
13:08avec le corps des femmes.
13:10Il y a la question
13:11de l'enseignement.
13:12Vous avez filmé
13:12des profs,
13:13des élèves déjà.
13:14Annie Arnaud,
13:14vous avez enseigné.
13:16Mais dans quelles conditions
13:18vous avez pu filmer
13:19ces profs,
13:20ces élèves ?
13:20Est-ce que vous aviez
13:21toute liberté,
13:23Claire Simon ?
13:23Ah oui, complètement.
13:24Et est-ce qu'Annie Arnaud
13:25avait un final cut à la fin ?
13:27Est-ce qu'elle avait le droit
13:27de le dire ?
13:28Je l'ai tenue au courant
13:29de ce que je faisais
13:31la première fois.
13:33Et puis,
13:33j'ai plus rien...
13:34Vous avez dit oui ?
13:34Plus rien, ensuite.
13:36Je n'ai plus rien dit
13:37jusqu'à ce que j'ai écrit
13:39à Annie.
13:40en lui disant
13:40« Voilà, le film est terminé.
13:42Est-ce que vous voulez le voir ? »
13:44Et elle m'a dit
13:44« Je n'osais pas vous écrire. »
13:47Je me demandais
13:47ce qu'il en était.
13:48Et qu'est-ce que vous avez ressenti
13:49en le voyant,
13:50Annie Arnaud ?
13:50Ah mais écoutez,
13:51d'abord,
13:52j'ai demandé à le voir
13:52toute seule.
13:55Et puis,
13:56je veux dire
13:58que j'étais suspendue
14:00d'un bout à l'autre.
14:02Je veux dire
14:03que j'étais heureuse.
14:04Voilà.
14:05C'est un film
14:05qui rend tellement heureux.
14:06Il faut imaginer
14:07Annie Arnaud heureuse.
14:08Oui.
14:10Non, pardon pour le mauvais esprit.
14:14« Écrire la vie »
14:16Annie Arnaud,
14:17c'est donc le titre
14:17de ce documentaire.
14:18Mais c'est également
14:19le titre du volume
14:20qui réunit vos textes
14:22dans cette prestigieuse collection
14:24Quarto
14:24chez Gallimard.
14:26Et vous avez
14:26cette phrase
14:27« Écrire la vie »
14:29« Non pas ma vie
14:30Ni sa vie
14:31Ni même une vie
14:33La vie
14:35Je n'ai pas cherché
14:36à m'écrire
14:37À faire œuvre de ma vie
14:39Je me suis servi d'elle
14:40pour saisir quelque chose
14:41de l'ordre
14:41d'une vérité sensible
14:43Je ferme les guillemets
14:45Qu'est-ce que ça veut dire
14:47raconter la vie ? »
14:49Annie Arnaud ?
14:50Eh bien justement
14:50c'est saisir
14:52je veux dire
14:53saisir
14:54ces choses
14:56qui nous bouleversent
14:58souvent
14:58ou qui nous rendent
15:00justement heureux
15:01et essayer
15:03de
15:04non pas
15:05de les transfigurer
15:06mais de
15:07rechercher
15:08de creuser
15:09ces bons travails
15:11Voilà
15:12Et il y a des choses
15:13qui résonnent énormément
15:14avec des débats
15:15d'aujourd'hui
15:16alors que ce sont
15:16des livres parfois anciens
15:17Je pense justement
15:18à « Mémoire de fille »
15:20et à cette question
15:21de la relation sexuelle
15:22entre une femme et H
15:23donc cet homme
15:24qui va lui prendre
15:25sa virginité
15:26et dont on comprend
15:27qu'elle n'a pas
15:28clairement forcément
15:29consenti
15:30à cette relation
15:31et ça a créé
15:31tout un débat
15:32dans la classe
15:32autour du consentement
15:34C'est incroyable
15:34que ça soit encore
15:35aujourd'hui
15:36aussi prégnant
15:37cette question
15:38parmi les lycéens
15:39Annie Arnaud ?
15:40Oui mais non
15:42je crois
15:42je crois qu'elle est venue
15:43au jour
15:44assez récemment
15:45cette question
15:46c'est que
15:47on l'avait
15:47toutes les filles
15:48qui ont connu ça
15:50l'ont enfouie
15:51moi j'ai mis
15:53j'ai mis plus de
15:54plus de 40 ans
15:55à l'enfouir
15:56Et elle
15:56elle dit tout de suite
15:57c'est un viol
15:57les élèves
15:58Oui mais ensuite
15:59il y a une discussion
16:01et je la trouve
16:01totalement légitime
16:03La professeure dit
16:04c'est pas aussi clair
16:05que ça Claire
16:06Cémont
16:06elle nuance
16:07Voilà
16:07Je pense que
16:09c'est justement
16:09pas clair
16:10c'est bien pour ça
16:11Oui parce qu'il y a
16:11de la violence
16:12et du désir
16:13Voilà
16:13C'est ça qui est
16:14assez stupéfiant
16:15dans ce moment
16:16aussi qui est très intense
16:18dans le film
16:19Aujourd'hui
16:20si vous deviez reprendre
16:22le chemin d'une classe
16:24sur quoi est-ce que
16:25vous feriez cours
16:26Annie Arnaud ?
16:27Qu'est-ce que vous enseigneriez ?
16:29Est-ce que vous enseigneriez
16:30la littérature ?
16:31Bien sûr
16:31Ou est-ce que vous
16:32enseigneriez
16:34aux lycéens
16:36à s'engager
16:37à devenir des citoyens ?
16:39Mais c'est à travers
16:39la littérature
16:40que je le ferai
16:41Oui ?
16:42Bien oui
16:42bien sûr
16:43à travers des livres
16:45et non pas
16:46un discours
16:47comme ça
16:48Ce sont les livres
16:50qui vous mènent
16:50à prendre
16:51fait et cause
16:52dans des sujets
16:52très politiques
16:53Oui
16:54Oui
16:54Vraiment
16:55D'actualité ?
16:57Parce que
16:58parce qu'il me semble
16:59qu'il y a beaucoup plus
17:01dans un livre
17:01que dans une parole
17:03verbale
17:04Je crois que
17:07quand on écrit
17:08on essaye de voir
17:10tous les tenants
17:11et les aboutissants
17:12de ce que l'on est
17:14en train de poser
17:14sur la feuille
17:15enfin du moins
17:16c'est mon cas
17:17Et donc
17:18voilà
17:20je pense qu'il faut
17:21partir
17:21de textes
17:24Et puis
17:25c'est très important
17:26dans une
17:27notre période
17:28où justement
17:30on dit tout
17:31et n'importe quoi
17:32et où un discours
17:33je veux dire
17:34un discours
17:35je veux dire
17:36vraiment à la serpe
17:39quoi
17:40est en train
17:41de monopoliser
17:44des médias
17:46voilà
17:47donc c'est important
17:49Annie Arnaud
17:49on comprend
17:50dans le dernier témoignage
17:50filmé par Claire Simon
17:52il y a une lycéenne
17:53qui dit qu'elle admire
17:53beaucoup vos mots
17:54vos phrases
17:55qui pourraient tous
17:55donner lieu à des livres
17:57qu'elle pourrait tous
17:58donner lieu à des livres
17:58à des titres de films
18:00etc
18:00et puis on comprend
18:01dans ces mots
18:02qu'en fait
18:02elle elle écrit
18:02et que
18:03vous lire
18:04ça débloquait quelque chose
18:06et qu'avant
18:06elle pensait
18:07qu'il fallait être reconnue
18:08pour écrire
18:09et que maintenant
18:09ça a changé
18:10est-ce que ça vous touche
18:11ce témoignage ?
18:12Oui
18:12ça m'a beaucoup touchée
18:14parce que
18:15c'est quelque chose
18:18qui m'a beaucoup touchée
18:19elle dit
18:19qu'elle voudrait
18:20d'abord
18:21voilà
18:22elle pense
18:23que ça demande
18:24du travail
18:25etc
18:25elle dit
18:26je voudrais innover
18:27et je me dis
18:29c'est formidable
18:31je veux dire
18:32c'est
18:33voilà
18:34c'est orgueilleux
18:34en apparence
18:35mais je me dis
18:36que moi aussi
18:37je veux dire
18:38moi c'est un peu plus tard
18:39je tiens 22 ans
18:40mais je voulais innover aussi
18:43et vous avez innové ?
18:45j'en sais rien
18:45mais j'ai essayé toujours
18:46je veux dire
18:47ça s'est fait
18:49sans que je me rende
18:50vraiment compte aussi
18:51on le comprend
18:52en entendant
18:53et en regardant
18:54ces élèves
18:55lire vos textes
18:56et en discuter
18:58écrire la vie
18:59c'est le titre
19:00de ce formidable film
19:01qui sera donc diffusé
19:02mercredi 3 décembre
19:03à 21h
19:04sur France 5
19:05c'est également
19:06ce recueil de textes
19:08qui est publié
19:08dans cette belle collection
19:09Quarto
19:10on peut vous appeler Annie ?
19:12oui
19:13comme les élèves
19:14comme les élèves
19:15et bien alors
19:16salut Claire
19:16et salut Annie
19:17merci
19:18je vous souhaite
19:19une excellente journée
19:20vous aussi
19:21merci

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