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00:00... de Savoie, 6h-9h, ici matin.
00:047h46, aujourd'hui c'est la journée mondiale de lutte contre le sida.
00:07Et notre invité est Olivier Rojo, infectiologue à l'hôpital de Chambéry-Anne.
00:11Bonjour Olivier Rojo.
00:12Alors pour commencer, on va faire un petit peu de pédagogie, parce que ça ne fait jamais de mal.
00:16Quels sont les trois modes de contamination au VIH ?
00:20Alors en effet, il y a trois modes.
00:22Le principal, et vraiment maintenant, ça reste le numéro un au niveau mondial et français,
00:26c'est la transmission sexuelle, qu'elle soit hétéro ou homosexuelle.
00:31Le deuxième mode de transmission qui continue à nous préoccuper, c'est la contamination mère-enfant.
00:36C'est-à-dire qu'une mère qui n'aurait pas été dépistée pendant sa grossesse, pas traitée,
00:40peut transmettre, soit au moment de l'accouchement, soit pendant l'allaitement maternel.
00:44Et puis le troisième mode de transmission, qui ne faut pas oublier, c'est le sang.
00:48Donc vous connaissez l'histoire du sang contaminé, des toxicomanes.
00:52Ça, c'est un problème qui est quasiment réglé maintenant pour la transfusion sanguine.
00:57Enfin, c'est réglé pour les toxicomanes maintenant, avec l'échange des seringues, les mesures de prévention.
01:02Là aussi, ça a beaucoup, beaucoup progressé.
01:04Alors on ne meurt plus du sida, car il existe désormais des traitements.
01:08Mais pour autant, on ne guérit pas du sida.
01:11Et ces traitements sont quand même contraignants.
01:14Et ça peut aussi avoir des effets secondaires, même si là, ça s'est aussi amélioré dans ce domaine.
01:18Alors on s'est amélioré au fil du temps.
01:19On est passé de traitements à l'époque qui étaient 20 comprimés par jour, avec beaucoup d'effets secondaires,
01:25à maintenant des traitements qui sont beaucoup plus simples,
01:27qui restent des trithérapies, majoritairement, parfois des bithérapies,
01:32et qu'on arrive maintenant à mettre dans un seul comprimé par jour.
01:35Ça ne veut pas dire qu'un ne donne pas d'effets secondaires, bien sûr.
01:38Donc on a maintenant la chance d'avoir le choix.
01:40Donc s'il y a des effets secondaires, à ce moment-là, on adapte.
01:43Puis le deuxième gros progrès de ces dernières années, c'est le traitement injectable.
01:47C'est-à-dire que maintenant, on peut donner une piqûre tous les deux mois,
01:51voire bientôt tous les six mois,
01:54et qui va, pour certains qui ont du mal à prendre les comprimés tous les jours,
01:58permettre une réelle amélioration.
02:00Est-ce que le fait qu'il y ait des traitements,
02:02certains maintenant se disent que finalement,
02:04le VIH est une infection comme les autres,
02:07et on est peut-être moins méfiant ?
02:10Alors, c'est important de poser cette question.
02:15C'est-à-dire qu'avant, la journée mondiale du sida,
02:16et c'est bien que vous m'invitiez,
02:18on en parlait beaucoup, beaucoup.
02:20On parlait des modes de transmission,
02:22on allait dans les lycées pour en parler, dans les facs, etc.
02:24Aujourd'hui, on a l'impression que c'est une maladie qui s'est un peu banalisée.
02:27Alors, banalisée, ça peut être bien pour les malades,
02:30c'est-à-dire que ça permettrait peut-être plus facilement d'en parler.
02:34Or, ça n'est pas encore le cas.
02:35Aujourd'hui, faire parler à visage ouvert des gens qui sont porteurs,
02:40ça reste difficile, parce que ça reste une maladie stigmatisante.
02:44Et deuxièmement, on est un peu dans une maladie en effet qui s'est banalisée,
02:47où on se dit qu'il y a un traitement.
02:48Or, ce traitement, un, il est quand même avec des effets secondaires,
02:52deux, il faut le prendre tous les jours,
02:53trois, il faut le prendre à vie,
02:55quatre, il y a quand même des reflets indirects par rapport à la sexualité, etc.
02:59Donc, ça reste une maladie qui n'est pas facile à vivre.
03:02Ici Pays de Savoie, il est 7h49,
03:04Olivier Rojo, infectiologue à l'hôpital de Chambéry, est notre invité.
03:07Aujourd'hui, quel est le profil des personnes contaminées ?
03:10Est-ce que ça a beaucoup évolué ?
03:12Alors, il y a 20 ou 30 ans,
03:15il y avait beaucoup de personnes qui se contaminaient via la toxicomanie.
03:18Aujourd'hui, ça devient pratiquement zéro.
03:21Beaucoup de personnes qui se contaminaient par les relations homosexuelles,
03:24maintenant, ça a beaucoup diminué,
03:26en particulier grâce à ce qu'on appelle la PrEP,
03:27qui est le traitement pré-exposition
03:29et qui permet aux gens qui prennent des risques d'éviter de l'attraper.
03:33Et du coup, vu cette banalisation,
03:35aujourd'hui, on a vraiment un rebond de la contamination hétérosexuelle.
03:39Parce que les gens se disent, c'est une maladie du passé,
03:41je n'ai pas besoin de mettre le préservatif,
03:43je n'ai pas besoin de me protéger.
03:44Or, aujourd'hui, en France,
03:47si tout le monde était traité et tout le monde dépistait,
03:50c'est une maladie pour avoir zéro contamination.
03:53Aujourd'hui, on a encore 3400 nouvelles contaminations par an.
03:56En Savoie, ces dernières années, 20 à 25 nouvelles contaminations.
04:01Pourquoi on est contaminé ?
04:03Parce que tout le monde n'est pas dépisté.
04:04Parce que j'allais dire, d'où l'importance du dépistage.
04:07Exactement.
04:07Le dépistage, aujourd'hui, on ne peut pas dire que c'est compliqué.
04:10Le dépistage, on peut le faire dans n'importe quel laboratoire,
04:14gratuitement, quel que soit son âge.
04:16Et même sans ordonnance.
04:17On peut se présenter comme ça dans un laboratoire
04:19et on vous fait le dépistage.
04:20Aujourd'hui, c'est gratuit.
04:21On a des centres de dépistage animés gratuits,
04:23on peut en parler à son médecin.
04:24Or, aujourd'hui, si on est dépisté, on est traité.
04:28En Savoie, 97-98% des gens dépistés sont traités.
04:34Enfin, pratiquement tout le monde.
04:35Et tout le monde est indétectable.
04:37Et quand on est indétectable, on ne transmet plus.
04:39Voilà.
04:39Et plus on est dépisté tôt, donc pris en charge tôt,
04:43plus là aussi le traitement est efficace, j'imagine.
04:45Bien sûr, c'est-à-dire que si on dépiste très tôt,
04:47on dépiste avant le stade sida, on n'a pas de complications,
04:51on remonte facilement ses défenses immunitaires
04:53et on remène une vie comme les autres.
04:55Et le message clé aujourd'hui, c'est un, on peut rester en bonne santé,
04:59avec le VIH en prenant le traitement,
05:01et deux, surtout, on ne transmet plus.
05:03Et ce dogme de dire maintenant, je suis traité de façon efficace,
05:07je ne transmet plus, je peux y compris avoir une sexualité non protégée,
05:11c'est quelque chose que les gens ne savent pas encore.
05:13Et aujourd'hui, pour conclure, je donne ce chiffre,
05:15on estime qu'il y a à peu près 10 000 personnes en France
05:17qui ont le VIH et qui ne le savent pas,
05:19et qui donc peuvent contaminer sans le savoir.
05:22S'il y a des nouvelles contaminations en France et en Savoie,
05:24c'est parce qu'il y a des gens non dépistés, non traités.
05:27Merci beaucoup Olivier Rojo, infectiologue à l'hôpital de Chambéry,
05:30d'avoir été notre invité ce matin à l'occasion de la journée mondiale
05:33de lutte contre le sida.
05:34Bonne journée à vous.
05:35Merci beaucoup.
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