00:04Notre invitée à cette heure-ci, Anne, c'est le président de l'université Savoie-Montblanc.
00:08Bonjour Philippe Briand.
00:10Bonjour à toutes et à tous.
00:11Alors président de l'université, mais aussi acteur à vos heures.
00:14Alors je dis ça parce que vous venez de publier une vidéo dans laquelle on vous voit fermer l'université.
00:20Alors tout ça est bien sûr symbolique, c'est pour alerter sur le manque de moyens, on va y revenir largement.
00:24Mais d'abord, comment vous est venue l'idée de cette vidéo et de cette mise en scène ?
00:29Oui, alors juste peut-être une précision que vous avez déjà rappelée, c'est effectivement l'université Savoie-Montblanc continue d'accueillir ses étudiantes et ses étudiants, maintient son activité de recherche, évidemment, et cette vidéo est une mise en scène.
00:42Donc l'idée nous est venue finalement en regardant certaines annonces qui sont faites, notamment autour de l'épuisement des ressources de la Terre,
00:51où on voit une communication à partir de la date depuis laquelle ces ressources sont épuisées,
00:57ou encore la différence de rémunération entre les femmes et les hommes,
01:00où à une certaine date, on entend dire que les femmes travaillent gratuitement, ce qui est une injustice par ailleurs.
01:06Et donc c'est comme ça qu'on a choisi la date du 21 novembre,
01:10puisque en fait le calcul que nous avons fait, c'est de ramener la dotation que nous percevons de l'État,
01:16ramener au nombre d'étudiants,
01:18et on s'est comparé aux universités qui nous sont similaires,
01:21c'est-à-dire les universités qui sont pluridisciplinaires sans le secteur santé,
01:25puisque c'est notre cas.
01:27Et lorsqu'on fait ce calcul-là, on s'aperçoit que la dotation perçue par l'université Savoie-Montblanc est en retrait de 10%,
01:34pour être tout à fait précis, c'est 9% par rapport à la moyenne des universités qui nous sont comparables.
01:41Et donc le 21 novembre correspond précisément à 91% de l'année.
01:46On va revenir sur ces problèmes budgétaires,
01:48mais cette vidéo, 750 000 vues déjà sur TikTok et Instagram,
01:53vous attendiez à ce succès ?
01:55Non, pas du tout.
01:57On ne cherchait absolument pas à faire le buzz.
02:00Lors d'une réunion où on essayait de discuter de la stratégie qu'on devait avoir sur la communication de l'université,
02:07et particulièrement par rapport à ces problèmes budgétaires,
02:10en complément des actions plus classiques qu'on a,
02:13c'est-à-dire envoyer des courriers aux parlementaires, rencontrer nos tutelles, le ministère, etc.
02:18On a pensé à cet épuisement des ressources,
02:21à cette différence salariale de rémunération plutôt entre les femmes et les hommes.
02:25Et puis à force de discuter, cette idée est venue de singer finalement ce type de communication.
02:32David Mélo, le vice-président en charge de la communication, a tout de suite dit
02:36qu'on pourrait mettre en scène la fermeture de l'établissement.
02:40Et donc la directrice de la communication a sauté sur cette occasion.
02:44Et puis voilà, une petite semaine après, on tournait la vidéo.
02:48Et on ne s'attendait pas à ce qu'effectivement elle connaisse un succès si massif.
02:53Ici Pays de Savoie, 7h51.
02:55Le président de l'université Savoie-Montblanc est notre invité ce matin
02:57pour parler des problèmes budgétaires de l'université.
03:00Alors vous disiez, votre université a à peu près 10% de moins de dotation
03:04par rapport à une université de taille équivalente.
03:06Comment ça s'explique ça déjà ?
03:08Alors principalement, je crois que c'est le poids de l'histoire.
03:12Puisque en fait les dotations sont plus ou moins reconduites d'une année sur l'autre.
03:17Et comme le budget total finalement du ministère reste constant,
03:22c'est difficile de faire des variations.
03:24Donc c'est essentiellement le poids de l'histoire.
03:26Alors évidemment, ce que je voudrais dire aussi,
03:28c'est que quand même toutes les universités connaissent à l'heure actuelle des difficultés.
03:32les budgets avec des budgets très contraints.
03:35Nous, on voulait avoir cette communication tout simplement parce qu'on trouve que cette dotation
03:42qui est effectivement un retrait de 10%,
03:45elle est surtout un retrait par rapport à l'activité que nous avons
03:48et aux résultats que nous obtenons.
03:51Donc je vais en citer quelques-uns si vous me permettez.
03:54Donc on a de très bons résultats au niveau de la réussite des étudiantes et des étudiants.
03:59Ça c'est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur.
04:01C'est-à-dire que les étudiantes et les étudiants qui rentrent à l'USMB
04:05obtiennent leur diplôme, s'insèrent professionnellement,
04:09trouvent un travail assez rapidement.
04:11Et ça c'est attesté par des chiffres.
04:13Pour la réussite en premier cycle, on est sixième au rang national parmi toutes les universités.
04:18Et pour la réussite en master, nous sommes en neuvième position.
04:21Et par ailleurs, pour la recherche, nous figurons dans tous les classements internationaux.
04:25Le plus célèbre d'entre eux étant le classement de Shanghai,
04:29où il y a seulement 28 universités qui y figurent.
04:32Et c'est ce qui fait que vous attirez peut-être aussi davantage d'étudiants.
04:35Actuellement, il y a 15 000 étudiants environ sur l'université.
04:38Ça veut dire qu'aujourd'hui, vous n'avez pas les moyens d'accueillir des étudiants supplémentaires ?
04:42Vous devez en refuser ?
04:43Oui, c'est précisément ça la situation dans laquelle on se trouve,
04:46qui est un peu peut-être paradoxale.
04:49C'est-à-dire qu'on a une très forte attractivité,
04:51une augmentation même de l'attractivité.
04:53Entre l'année dernière et cette année,
04:56on a connu une hausse des demandes très très forte.
04:59Donc en premier cycle, c'est plus 25%.
05:00Et pour l'entrée en master, donc en deuxième cycle,
05:04c'est plus 20%, 19%.
05:06Et comme faute de moyens,
05:08on ne peut pas accueillir davantage d'étudiants.
05:10Donc ce qui est un peu frustrant aussi pour nous,
05:14puisque toutes les équipes pédagogiques,
05:15toutes les équipes administratives,
05:16et toute l'université auraient à cœur d'accueillir davantage d'étudiants
05:22et plus généralement d'essayer de contribuer davantage
05:25au développement des territoires de Savoie et de Haute-Savoie.
05:29Juste d'un mot, on parle d'une enveloppe de 100 millions,
05:31globalement donnée par l'État.
05:33Aujourd'hui, il vous faudrait combien pour pouvoir fonctionner ?
05:36Ce que vous estimeriez normalement, combien en plus ?
05:39Alors, le retard à la moyenne que j'évoquais au début de l'interview,
05:44ça représente environ 9 millions d'euros.
05:46Simplement, je pense qu'on est conscient de la situation difficile
05:50que connaissent les finances publiques
05:53et ça ne nous semblerait pas raisonnable de demander ces 9 millions d'euros.
05:56Donc disons peut-être qu'entre 4 et 5 millions d'euros,
05:59ça nous donnerait une bouffée d'oxygène
06:01qui compenserait en particulier les charges additionnelles
06:05qui pèsent sur l'ensemble des universités à l'heure actuelle.
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