00:00Des négociations qui se déroulent entre industriels et grandes distributions, c'est toujours tendu ces moments de négociations.
00:06Emmanuel, qui a vraiment le pouvoir d'imposer ces prix ?
00:09Alors, si on s'en tient au débat public, apparemment, il n'y a pas photo.
00:13Les grands patrons de la distribution ont gagné la bataille des médias.
00:17Vous les voyez tous jurer la main sur le cœur, qui font tout pour défendre notre pouvoir d'achat face à des industriels de l'accroalimentaire avides de profits.
00:27Industriels qui, eux, sont relativement absents.
00:30De la scène médiatique.
00:31Alors, il y a plusieurs commissions parlementaires qui ont essayé de démêler le vrai du faux, mais elles ont toutes buté sur les difficultés à retracer le parcours des hausses de prix.
00:41Alors, vous avez vu qu'il y a une charte qui a été signée, notamment avec les PME, pour essayer d'adoucir un petit peu ces négociations.
00:49Mais, quand on regarde quand même dans les détails, avec des critères d'économistes, il n'y a pas photo.
00:55C'est bien la grande distribution qui a quand même les moyens d'imposer ces prix.
00:59Alors, dites-nous justement, plusieurs indices pensent que c'est la grande distribution.
01:03Pourquoi ?
01:04Alors, d'abord, la discussion ne peut pas être équilibrée.
01:09Et ça, c'est quand même un des principaux critères.
01:12Elle ne peut pas être équilibrée, puisque d'un côté, vous avez 20 000 entreprises de l'agroalimentaire.
01:17Vous avez une centaine de grands groupes industriels agroalimentaires.
01:22Et face à ça, vous avez trois énormes centrales d'achat qui achètent pour cinq grandes marques qui représentent à elles seules 80% du marché.
01:31Vous n'avez aucun industriel qui a 20% du marché de la distribution quand Leclerc a plus de 20%.
01:38Carrefour à autant et Intermarché à bientôt autant.
01:41Et aucun industriel, même les grandes marques étrangères dont on nous disait que les multinationales de l'agroalimentaire étaient surpuissantes,
01:48aucune d'entre elles ne peut se permettre d'être déréférencée des rayons de nos grandes surfaces si jamais il y avait un désaccord sur les négociations.
01:56Et grâce à ce pouvoir de négociation, en plus, la distribution impose parfois des conditions abusives,
02:01en facturant par exemple aux entreprises des services surpayés et parfois factices.
02:06Et puis, quand même, l'indice qui ne trompe pas, c'est quand vous comparez la France avec l'étranger,
02:10c'est que les marges nettes de nos grandes enseignes sont plus importantes que les grandes enseignes étrangères
02:15et les marges des industriels en France sont plus faibles que les marges des industriels à l'étranger.
02:19Est-ce que ça veut dire que c'est le consommateur qui est gagnant dans tout ça ?
02:22Alors, le consommateur, il est gagnant là où il y a beaucoup de concurrence.
02:26C'est comme toujours la vérité absolue en économie, c'est la concurrence qui l'a fait.
02:31Donc, autour des grandes villes, oui, il y a de la concurrence, donc le consommateur est gagnant.
02:35Par contre, dans beaucoup de petites communes, la grande enseigne jouit d'une position dominante
02:40puisque les règles d'implantation des grandes surfaces limitent effectivement l'installation,
02:45ce que déplore d'ailleurs l'autorité de la concurrence, et gèle les positions acquises,
02:50avec des prix au final plus élevés de 10 à 15% que dans les zones urbaines.
02:56Ça, c'est UFC Que Choisir qui nous le dit.
02:57Et avec une inflation qui, par exemple, pendant le Covid, a été deux fois plus forte
03:01dans ces petites agglomérations que dans les grandes.
Écris le tout premier commentaire