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00:00En Ukraine, les jours se suivent et se ressemblent.
00:03Une attaque de drone la nuit dernière près de Kiev a coûté la vie à une personne.
00:06On en a blessé 11 autres, dont un enfant, alors que cette guerre se poursuit.
00:11Les efforts pour y mettre un terme se poursuivent en Floride, aux Etats-Unis.
00:15Bonjour à vous, David Delos. Merci d'être là, David.
00:18On va s'arrêter un instant sur les enjeux autour de ces négociations.
00:21C'est que l'homme de confiance du président Zelensky, Andriy Yermak,
00:24qui menait les négociations jusqu'à présent, était poussé à la démission.
00:27Il est remplacé. En quoi ce changement, ça peut porter un coup aux négociations en cours
00:33et fragiliser aussi la délégation ukrainienne ?
00:35Ce qui est certain, c'est que la délégation envoyée par Kiev va avoir une tâche qui va être un peu plus compliquée.
00:40Il va falloir faire oublier ce fameux scandale de corruption qui éclabousse le chef de l'Etat en personne.
00:47Et ce n'est pas faire offense à Rustom Umerov et Sergi Kislytia.
00:51Le premier, c'est le secrétaire au Conseil ukrainien de sécurité nationale et à la défense.
00:57Le second, c'est le premier vice-ministre des Affaires étrangères.
01:01Ce sont des poids lourds de l'exécutif ukrainien.
01:05Mais ils héritent d'un dossier qui est loin d'être simple.
01:08Pas sûr qu'ils fassent le poids devant Marco Rubio, le secrétaire d'Etat américain,
01:11et Steve Whitcoff, l'émissaire de la Maison Blanche.
01:14Je pense surtout à Steve Whitcoff, homme d'affaires comme Trump, milliardaire comme Trump,
01:19qui a négocié directement avec Moscou les termes de ce plan présenté par le président américain.
01:26Mais le casting de la délégation ukrainienne en dit aussi beaucoup sur le regard que porte peut-être Volodymyr Zelensky sur ses pourparlers.
01:32Le chef d'Etat ukrainien a renoncé alors qu'il y a encore quelques jours,
01:37il insistait pour venir en personne à New York pour discuter directement avec Donald Trump.
01:42On peut y voir une forme de réalisme, de renoncement devant l'attitude de Donald Trump
01:47qui, lui, s'est mis en retrait du dossier.
01:50De toute évidence, le patron de la Maison Blanche ne croit pas une seule seconde
01:54que Moscou va accepter les corrections apportées à son plan en 28 points
01:59et qui ont été corrigées le week-end dernier.
02:03C'est pourtant sur la base même de ce texte corrigé, amendé,
02:06que les négociations devraient porter en ce moment.
02:10Et le président Zelensky, qui se dit lui-même certain,
02:12qu'il y a possibilité de mettre fin à ce conflit dans les jours à venir.
02:16Oui, alors il y a un peu de méthode couée chez le chef de l'Etat ukrainien,
02:20mais il n'est pas naïf, Volodymyr Zelensky.
02:23Il s'appuie sur l'ouverture relative des négociateurs américains,
02:26mais il sait également que son ennemi, Vladimir Poutine,
02:29n'imagine pas autre chose que la guerre.
02:32Vous l'avez rappelé, une attaque de drones a encore fait un mort
02:35et une dizaine de blessés s'est tenue à Vichorod, près de Kiev.
02:38Et l'armée russe pousse son avantage dans l'est du pays
02:42pour maintenir la pression militaire.
02:44Pour Vladimir Poutine, la priorité, c'est de continuer à avancer,
02:47de conquérir des kilomètres carrés,
02:50à repousser les frontières de la Russie.
02:53Il n'a aucun intérêt à signer un accord qui, justement,
02:56exige le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
03:00Pour qu'il y ait accord, il faudrait donc que Kiev fasse d'importantes concessions.
03:05Et Volodymyr Zelensky a utilisé, souvenez-vous, le terme de dignité
03:09dans une de ses dernières adresses à ses concitoyens,
03:12peut-être pour les préparer, si ce n'est à une capitulation stricto sensu,
03:17en tout cas à une petite humiliation.
03:20N'oublions pas que si l'Ukraine a le soutien de l'Europe
03:22et de plusieurs autres nations qui s'inquiètent des appétits de la Russie,
03:26la délégation qui est reçue à Miami sera seule face aux Américains,
03:33notamment face à Steve Witkoff, je le répète, l'émissaire de la Maison Blanche,
03:36qui ne s'intéresse pas vraiment, on va le dire comme ça,
03:39aux aspects politiques, géopolitiques et encore moins moraux de ce conflit.
03:43Alors s'il n'est pas question de diplomatie,
03:45quelles sont les réelles motivations de Steve Witkoff ?
03:47Le business, les affaires, l'administration.
03:51Trump estime qu'un accord de cessez-le-feu, un traité de paix,
03:54c'est pareil qu'un contrat.
03:56Il ne faut pas oublier qu'avant d'intégrer l'administration Trump,
03:59Steve Witkoff a fait fortune en devenant un mania de l'immobilier
04:03après avoir été avocat d'affaires
04:04et son interlocuteur privilégié dans le dossier du conflit ukrainien,
04:09c'est un certain Kirill Dmitrieff,
04:11directeur du fonds souverain russe, ancien de Goldman Sachs.
04:15Il a fait lui aussi ses études à Stanford et à Harvard
04:18sur le modèle d'un Donald Trump.
04:20Les deux hommes estiment que les frontières sont moins importantes
04:23que les affaires, d'après le Wall Street Journal.
04:26Les deux hommes se sont retrouvés le mois dernier
04:28dans la résidence de Steve Witkoff à Miami Beach
04:31pour élaborer ce fameux plan présenté il y a dix jours.
04:36L'occasion pour Dmitrieff de mettre en avant l'idée
04:38de permettre aux entreprises américaines
04:40d'exploiter les 210 milliards d'euros d'avoir russes gelés en Europe
04:46pour des projets d'investissement américano-russes
04:48et une reconstruction de l'Ukraine forcément pilotée par Washington
04:53et aussi de faire miroiter à son interlocuteur
04:55des milliards de dollars de contrats
04:58dans les domaines des terres rares, de l'énergie.
05:01D'ailleurs, toujours d'après le Wall Street Journal,
05:03des oligarques russes auraient envoyé des représentants
05:05chargés de rencontrer discrètement
05:07des représentants, des dirigeants d'entreprises américaines
05:11afin d'étudier d'éventuels accords
05:13dans les domaines de l'exploitation minière,
05:15dans le domaine des hydrocarbures.
05:17Rien ne dit que la Maison-Blanche a eu effectivement connaissance
05:19de ces tractations, mais la coïncidence interpelle
05:23tout comme le fait que Steve Witkoff ne s'est pas rendu
05:25une seule fois en Ukraine depuis le début de l'année
05:27alors qu'il est attendu au Kremlin la semaine prochaine
05:30pour la sixième fois depuis le mois de janvier.
05:34Autre fait révélateur, l'ancien lieutenant général Keith Kellogg
05:36envoyé spécial de Donald Trump pour l'Ukraine,
05:39grand défenseur de Kiev,
05:40eh bien il a été tenu à l'écart des dernières tractations.
05:43Il a d'ailleurs annoncé son intention de quitter le gouvernement
05:46en janvier prochain.
05:47Marco Rubio a affirmé que les discussions visent
05:50à ouvrir la voie à une Ukraine souveraine.
05:54C'est difficile de croire le secrétaire d'Etat américain
05:56dans ces conditions.
05:57Il est illusoire de s'attendre à un règlement
05:58qui s'inscrive dans les limites traditionnelles
06:01de la diplomatie dans ce dossier.
06:02Certainement de cette impasse apparente
06:05qu'il sera question demain à l'Elysée
06:07où Emmanuel Macron va recevoir le président Zelensky.
06:10Merci beaucoup David.
06:11Merci pour ces éléments de compréhension.
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