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00:00Et on accueille tout de suite notre invitée, c'est vous, Claire Sainte-Philippo.
00:04Vous êtes responsable des opérations pour Médecins sans frontières en Palestine.
00:07Bonjour à vous et merci de prendre quelques instants pour répondre à nos questions.
00:11Claire Sainte-Philippo, le cessez-le-feu annoncé le 10 octobre dernier n'a manifestement rien soulagé la situation.
00:17On vient de le voir dans le sujet diffusé à l'instant.
00:20Bonjour, malheureusement, écoutez, non, le cessez-le-feu n'a pas mis un terme définitif à la violence
00:27et je pense que c'est très important de le rappeler.
00:29Le niveau de la violence a effectivement baissé, mais celle-ci continue presque au quotidien.
00:35Nos équipes continuent de soigner des palestiniennes et des palestiniens, y compris des enfants,
00:40grièvement blessés par des tirs, des frappes aériennes, des tirs de drones israéliens
00:47qui font des morts et continuent de faire des blessés.
00:50Depuis le cessez-le-feu, plus de 300 personnes sont mortes et plus de 800 personnes ont été blessées.
00:56Et ces morts, ces blessés viennent s'ajouter à un bilan humain qui est absolument effroyable
01:02puisque depuis le 7 octobre 2023, on parle de plus de 70 000 personnes qui ont été tuées
01:09et 170 000 personnes blessées, dont 20 000 enfants.
01:13Et ces personnes blessées et celles qui ne survivent pas, d'ailleurs, c'est plus de 300 personnes,
01:18345 d'ailleurs, il me semble, je crois, depuis le 10 octobre dernier,
01:21qui sont conduites vers les hôpitaux, qui sont peut-être entre les mains de vos bénévoles.
01:26Vous savez dans quelles circonstances ces personnes se retrouvent tuées, blessées,
01:31alors, encore une fois, qu'un cessez-le-feu avait été décrété ?
01:34Vous en savez plus là-dessus ?
01:36Alors, écoutez, je pense que ce qu'il est important de dire,
01:38c'est qu'aujourd'hui, la situation humanitaire à Gaza reste catastrophique.
01:42Vous parliez des blessés, plus de 170 000 aujourd'hui.
01:4645 000 d'entre eux, d'entre elles, ont des blessures qui vont changer leur vie.
01:50Plus de 5 000 personnes ont été amputées.
01:52Ce sont des chiffres absolument astronomiques, catastrophiques,
01:57qu'il est difficile de comprendre.
02:00Et je pense que ce qui est important de répéter, c'est que derrière chacun de ces chiffres,
02:04il y a des palestiniennes, des palestiniens, des vies qui sont détruites,
02:09des familles qui sont dévastées, un impact psychologique absolument dramatique
02:14et une population aujourd'hui qui est exsangue, profondément traumatisée,
02:21dénutrie et privée de tout.
02:23Et votre reportage montrait très bien, pendant cette famille,
02:27mais qui malheureusement n'est qu'une famille parmi tant d'autres,
02:30des centaines de milliers de palestiniens et palestiniennes
02:33qui n'ont pas accès à l'eau, à la nourriture,
02:36à un logement qui soit digne et salubre et aux soins de santé.
02:40Aujourd'hui, le système de santé est détruit.
02:44Donc, les structures sanitaires qui continuent de fonctionner
02:47sont absolument submergées par le nombre de patients
02:50et nous voyons des personnes qui continuent d'être blessées,
02:53des personnes brûlées, des polytraumatisées,
02:56des enfants, des femmes enceintes qui sont dénutrées.
03:00Et le résultat de la destruction systématique du système de santé,
03:05c'est qu'aujourd'hui, 16 500 patients critiques
03:08attendent désespérément et urgemment une évacuation médicale
03:12en dehors de la bande de Gaza.
03:14Donc, 4 000 enfants.
03:15Il y a donc ces évacuations médicales qui concernent aussi
03:18des enfants qui sont entravés.
03:19Vous parliez à l'instant de destruction systématique
03:21des systèmes et des infrastructures de santé,
03:23cette aide humanitaire qui n'est pas acheminée.
03:26Vous allez corriger si je me trompe,
03:27mais on espérait là encore depuis 10 octobre dernier
03:30voir affluer dans l'enclave au moins 600 camions d'aides humanitaires.
03:34Il n'y en a que 140 aujourd'hui.
03:35C'est ce que disent notamment médecins du monde.
03:37C'est aussi ce que vous constatez ?
03:40Alors, malheureusement, oui.
03:41Aujourd'hui, les besoins humanitaires continuent d'être énormes.
03:46Et ce que nous constatons, c'est que malheureusement,
03:48l'aide humanitaire autorisée par les autorités israéliennes
03:51à rentrer dans la bande de Gaza est largement insuffisante,
03:55largement compte tenu de la catastrophe humanitaire
03:58que nous constatons et qui, évidemment, ne fait que s'empirer
04:02car l'hiver est approche avec des conditions climatiques
04:06qui sont difficiles et votre reportage en parlait.
04:10Le nombre de camions qui rentrent effectivement dans la bande de Gaza
04:14pour acheminer de l'aide humanitaire est très en deçà des 600 camions.
04:18Et avec quelle cargaison, Claire Saint-Philippo,
04:21avec quelle cargaison, qu'est-ce qu'ils contiennent ?
04:23C'est 140 camions humanitaires, une goutte d'eau dans l'océan.
04:27D'autres ONG expliquent qu'il n'y a pas d'aliments
04:29avec une vraie valeur nutritionnelle
04:31au moment où il y a des gens qui meurent de phare à Gaza.
04:35Alors, effectivement.
04:36Donc, si vous voulez, il y a deux types de camions
04:37qui rentrent dans la bande de Gaza,
04:39des camions avec de l'aide humanitaire
04:42et des camions commerciaux.
04:43Pour les camions commerciaux qui acheminent de la nourriture,
04:46les autorités israéliennes ne laissent pas rentrer,
04:49laissent en fait rentrer des aliments
04:51qu'on considérait comme de la junk food.
04:52Donc, aujourd'hui, à Gaza, vous avez accès à du chocolat,
04:55mais il est très difficile d'avoir accès à des protéines,
04:58de la viande et des aliments qui sont absolument indispensables
05:02pour une population qui, je le rappelle,
05:04était en état de famine qui a été déclarée fin août de cette année
05:09et pour une population qui compte un très grand nombre de blessés.
05:13Or, pour guérir, il est indispensable d'avoir des nutriments,
05:17y compris des protéines.
05:18Donc, c'est un énorme problème.
05:20Et au niveau de l'aide humanitaire,
05:21on ne réussit pas à faire rentrer non plus
05:24tout ce dont nous avons besoin,
05:26puisque certains produits qui sont considérés
05:29par les autorités israéliennes comme à double usage
05:32ne rentrent toujours pas.
05:33Et ce sont des produits critiques pour nos opérations médicales,
05:36comme par exemple des pièces détachées
05:38nécessaires à la maintenance des générateurs dans les hôpitaux
05:41ou des articles en lien avec le traitement de l'eau.
05:44Et votre reportage rappelait que toutes les familles aujourd'hui à Gaza
05:47n'ont pas accès à l'eau.
05:49Donc, la situation reste catastrophique
05:52et il est indispensable que les autorités israéliennes
05:55laissent rentrer l'aide humanitaire
05:58de manière immédiate et massive
06:00pour que nous puissions répondre à ces besoins
06:04qui ne font encore une fois qu'augmenter
06:05puisque l'hiver approche.
06:07Et Amnesty International,
06:09qui fait aussi, dont la mission est celle que vous partagez,
06:13explique que le génocide se poursuit sans relâche
06:16et qu'il y a un abandon total de cette population palestinienne.
06:19C'est quelque chose que vous reprendriez aussi ?
06:21Vous partagez ce point de vue ?
06:23Alors, écoutez, la violence, comme je vous le disais, continue.
06:26L'aide humanitaire ne rentre pas,
06:29ne rentre pas assez pour répondre aux besoins humanitaires.
06:31Donc, effectivement, les Palestiniens et les Palestiniennes
06:34continuent de mourir, continuent d'être blessés
06:37et continuent d'être dans une situation absolument catastrophique.
06:43Les conditions de vie sont désastreuses
06:45avec une situation où nous voyons de la malnutrition,
06:50un manque absolu d'hygiène
06:51compte tenu d'un accès à l'eau
06:53et à l'assainissement extrêmement limité.
06:56Donc, aujourd'hui, 70%...
06:58Claire Saint-Philippo, pourquoi,
07:00puisqu'encore une fois, un cessez-le-feu a été décrété,
07:02d'après ce que vous, vous constatez,
07:04ce que vous font remonter vos équipes,
07:05pourquoi cette aide, elle est entravée,
07:08elle est empêchée
07:08et c'est l'argument sécuritaire
07:11qui est invoqué souvent par les autorités israéliennes
07:13pour contrôler ces marchandises.
07:14Pourquoi est-ce que ça prend autant de temps ?
07:16Quel est l'objectif derrière ?
07:18Écoutez, nous, ce que nous...
07:19Je ne peux pas parler, évidemment,
07:21au nom des autorités israéliennes,
07:22mais ce que nous constatons,
07:23c'est que les autorités israéliennes
07:25ne nous permettent pas, aux organisations humanitaires,
07:28de faire rentrer l'aide humanitaire
07:30à une échelle qui soit nécessaire
07:34pour répondre aux besoins humanitaires
07:36et qu'en conséquence de quoi ?
07:37Ce que nous voyons au quotidien,
07:39ce sont des personnes malades qui viennent,
07:42des personnes blessées
07:43qui souffrent d'infections et de surinfections
07:47parce qu'elles n'ont pas accès aux soins,
07:50elles n'ont pas accès à l'hygiène,
07:51des enfants, des femmes enceintes
07:53et qui, à l'aide,
07:54qui n'ont pas accès à la nourriture
07:56de manière suffisante
07:57et qui, du coup,
07:58continuent d'être malnutris,
08:01qui viennent donc avoir accès aux soins.
08:03Et aujourd'hui, je le disais,
08:0470% des patients et des patientes
08:07qui viennent nous voir
08:08le font à cause de conditions médicales
08:12qui sont liées aux conditions de vie
08:14absolument désastreuses.
08:16Et donc, on constate une augmentation
08:18des maladies diarrhéiques,
08:19une augmentation des maladies respiratoires.
08:22Et malheureusement,
08:22avec l'hiver qui approche,
08:24on sait que le nombre de patients
08:27qui vont venir pour ces consultations
08:28ne va pas faire qu'augmenter,
08:30notamment parce qu'on le voyait très bien
08:31dans notre reportage,
08:32les gens vivent dans des conditions désastreuses,
08:34y compris des tentes
08:35et que la pluie et les inondations arrivent.
08:38Merci Claire Sanfilippo,
08:39responsable des opérations
08:40pour Médecins sans frontières en Palestine.
08:42Merci d'avoir pris le temps
08:43de répondre à nos questions.
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