Les Banques alimentaires organisent leur collecte annuelle, en ce dernier week-end de novembre. Jean-Louis Duprez, président de la Fédération française des banques alimentaires.
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00:00France Inter, Alibadou, Marion Lourdes, le 6h20 et votre invité Marion est président de la Fédération Française des Banques Alimentaires.
00:13Qui organise ce week-end sa collecte annuelle, 116 000 bénévoles dans vos magasins et supermarchés pour récolter en 3 jours 10% des approvisionnements nécessaires à ces distributions.
00:25Bonjour Jean-Louis Dupré.
00:26Bonjour France Inter.
00:27Qu'est-ce que vous attendez de cette collecte cette année ?
00:31Comme vous venez de le dire, nous attendons de la part de l'ensemble des citoyens, cette solidarité citoyenne qui est la nôtre et qui permet de rapporter des marchandises, des produits alimentaires et non alimentaires pour toutes ces personnes qui sont en difficulté.
00:50Et nous sommes passés de 1,9 million personnes en difficulté alimentaire à 2,4 millions en 5 ans.
00:55Et en termes de quantité, ça veut dire quoi ?
00:59Ça représente à peu près 10 000 tonnes qui sont récoltées en 3 jours.
01:05Mais après les 3 jours, il y a un mois, deux mois de travail pour tous nos bénévoles qui vont trier, répertorier, enregistrer.
01:14Et nous sommes dans une économie de l'aide alimentaire.
01:18Mais nous sommes aussi soumis aux règles de l'hygiène alimentaire.
01:21Et tout est contrôlé, vérifié.
01:24Et tous les produits qui sont donnés par l'aide alimentaire sont conformes aux règles d'hygiène alimentaire.
01:29Alors, je suis client, cliente.
01:32Comment ça se passe pour moi ?
01:34Comment ça va se passer ce week-end ?
01:35Pendant le week-end, vous allez avoir à peu près 110 000 bénévoles qui vont vous accueillir dans les 8 000 petites et moyennes et grandes surfaces en France.
01:43Et là, vous avez un geste citoyen.
01:46Vous allez dans les rayons, vous achetez les produits qui sont principalement les produits de base, les produits secs, l'huile, conserve, plats cuisinés.
01:59Mais aussi les produits d'hygiène.
02:01Hygiène pour les enfants, hygiène pour les dames.
02:05Hygiène aussi pour laver son linge, pour se brosser des dents.
02:08Et là, à la sortie du magasin, vous allez avoir un caddie et vous mettez vos produits dans le caddie.
02:13Et vous avez une autre méthode aussi qui s'appelle « Mon panier solidaire ».
02:17Et là, vous allez sur Internet et vous cliquez sur « Mon panier solidaire ».
02:20Vous choisissez la valeur de votre don et vous choisissez la banque alimentaire de votre choix.
02:26Et l'argent que vous allez donner à la banque alimentaire va aller directement à la banque alimentaire pour faire des achats de nourriture.
02:33Et vous recevrez en contrepartie un avoir fiscal qui vous permettra de déduire une partie de votre don des impôts.
02:40Donc, même pas besoin d'aller en magasin.
02:42On a entendu parler ici à France Inter, en Haute-Vienne, de cartes dont repas.
02:47Est-ce que c'est quelque chose qui est généralisé sur l'ensemble de la France ?
02:51Des cartes que peuvent acheter les clients des magasins et qui permettent aussi aux banques alimentaires de ne pas se retrouver tout le temps avec le même paquet de pâtes ?
02:59Il y a des initiatives diverses et variées.
03:02Je peux vous assurer que les 79 banques alimentaires ne manquent pas d'imagination.
03:06Donc ça, c'est une des choses qui peuvent se mettre en place de manière locale.
03:09Et il y a des besoins particulièrement urgents cette année ? Vous nous avez donné les produits dont vous avez besoin en général.
03:15Mais il y en a qui sont plus prononcés cette année que d'autres années peut-être ?
03:17Alors, il y a des produits où vraiment l'huile, il n'y a plus d'huile, le café, les plats cuisinés.
03:24Il n'y a rien de pire pour un président de banque alimentaire.
03:26Et moi, j'étais président de la banque alimentaire du Jura que d'aller dans votre hall de stockage et de voir des rayons vides.
03:33Et j'y suis passé la semaine dernière.
03:34Les rayons sont vraiment vides.
03:35Et comment ça se fait ?
03:36Parce que la demande augmente et que les produits diminuent.
03:39C'est simple, vous savez, de plus en plus de personnes et de moins en moins de produits.
03:44Donc les banques alimentaires donnent ce qu'elles ont, donnent ce qu'elles peuvent donner.
03:48Mais il arrive un moment où nous ne refusons personne, nous ne diminuons pas les quantités.
03:53Nous essayons de servir toutes nos 6000 associations partenaires sans qui rien ne se ferait.
03:58Et c'est vrai que c'est ça la difficulté, ce sont ces dons qui sont stables par rapport à la demande qui explose.
04:04L'INSEE disait qu'il y avait plus de 15% de la population sous le seuil de pauvreté.
04:11Vous disiez 500 000 bénéficiaires en plus depuis 2019.
04:15Est-ce que vous ne risquez pas, vous les banques alimentaires, de vous retrouver en difficulté comme ça est arrivé au Resto du Coeur en 2023 ?
04:23Quand on a entendu 2023, les restos ont eu quelques difficultés, donc toutes les personnes qui n'ont pas pu aller au Resto du Coeur sont arrivées chez nous.
04:31Et nous avons accueilli tout le monde et nous avons distribué à tout le monde.
04:35Donc oui, c'est un vrai problème, mais nous comptons sur la solidarité citoyenne qui nous est chère pour permettre...
04:43J'ai en souvenir cette dame l'année passée dans le magasin où j'étais à Champagnole dans le Jura et qui est venu me voir en me disant
04:50« Monsieur, voilà, cette année je ne peux vous donner que ça ».
04:53Elle n'a donné que ça.
04:54Et c'est souvent les gens qui n'ont pas beaucoup qui donnent.
04:57Donc merci à eux et je salue toutes ces personnes.
05:00Puis je salue aussi tous les bénévoles qui ce matin, comme moi, se sont levés tôt et qui dans une heure ou une demi-heure vont se mettre dans les grandes et moyennes surfaces avec leur gilet orange.
05:12C'est toute une organisation, c'est trois mois de préparation.
05:14Et derrière, nous avons deux mois, au moins deux mois pour trier l'ensemble, toutes les 10 000 tonnes qui arrivent d'un seul coup.
05:24Il faut tout trier, il faut tout répertorier, il faut tout enregistrer.
05:27C'est un vrai travail.
05:29Mais vous ne risquez pas, je reprends l'exemple des Restos du Coeur, mais qui ont dû limiter leur nombre de bénéficiaires,
05:34qui ont dû se séparer de certaines personnes qui étaient salariées.
05:37Ça, aujourd'hui, ce n'est pas d'actualité pour vous ?
05:39Pas du tout, ça n'a jamais été.
05:40Bon, par contre, nous sommes tributaires, bien évidemment, des financements publics et des financements privés.
05:46Nous suivons avec intérêt les débats budgétaires.
05:50Pour l'instant, les lignes qui nous concernent, la ligne 304...
05:56C'est un peu technique.
05:57C'est un peu technique, mais quand vous suivez les débats de l'Assemblée nationale, il faut être un peu technique.
06:01Et nous avons à peu près l'assurance que la partie soutien aux associations ne sera pas touchée.
06:07Qu'elle va rester la même ? Parce qu'on cherche des économies partout pour les trouver les 30 milliards nécessaires pour l'an prochain.
06:13Oui, mais madame, n'oubliez jamais que nos associations sont là aussi pour apporter un petit peu de lien au niveau social,
06:20et sont là aussi pour éviter que les choses empirent.
06:25Pas lier les manques de l'État ?
06:27Non, madame. L'État nous a délégué cette mission de service public d'aide alimentaire.
06:31L'État ne peut pas nous laisser tomber, c'est impossible.
06:35Qu'est-ce qui se passerait si nous n'étions pas là ?
06:37Qu'est-ce qui se passerait dans la rue si nous n'étions pas là ?
06:39Les émeux de la faim, on a connu ça en 1789.
06:43Vous avez un message pour les députés, pour le gouvernement aujourd'hui ?
06:46Nous leur faisons une totale confiance, nous travaillons avec eux régulièrement.
06:50Ils nous entendent, ils nous écoutent, et nous avons confiance dans leur vote.
06:54Nous sommes un des éléments importants de la régulation sociale sur notre territoire.
06:58Donc, prenez-nous en compte, protégez-nous.
07:00Écoutez-nous. Non, non, on n'a pas besoin de protection.
07:03On a simplement besoin qu'ils nous aident et qu'ils comprennent.
07:06Mais ils le savent parfaitement, vous savez.
07:07Ils savent très bien ce que nous faisons.
07:09Ils sont présents sur nos territoires.
07:11Ce soir, je serai avec la présidente de l'Assemblée nationale,
07:14donc dans un magasin où nous allons...
07:16Elle vous accompagne ?
07:17Elle vient faire la collecte avec nous, oui, bien sûr.
07:19Yael Brunpivet ?
07:20Oui, tout à fait, oui.
07:21Et donc, non, non, ils sont parfaitement conscients de ce que nous apportons.
07:24Et 110 000 bénévoles tous les ans.
07:28Les banques alimentaires, c'est 22 millions d'heures de bénévolat.
07:32Et nos bénévoles, c'est principalement, vous voyez, ces fameux boomers qui ruinent la société.
07:37Ça, c'était les propos de François Bayrou auquel vous faites améliorer.
07:40Et la moyenne d'âge chez les bénévoles est largement au-dessus de 65 ans.
07:46C'est tous ceux qui ont fait beaucoup d'heures de travail, qui ont beaucoup travaillé.
07:49Et qui continuent maintenant à être solidaires.
07:52Gratuitement.
07:52Jean-Louis Dupré, président des banques alimentaires.
07:55Je rappelle que cette collecte a lieu tout ce week-end, à partir d'aujourd'hui,
07:57dans la plupart des grandes et moyennes surfaces.
08:00Merci d'être venu sur France Inter.
08:01Merci à France Inter.
08:02Bonne collecte et bon courage.
08:04Merci à France Inter pour son soutien solidaire.
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