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  • il y a 21 heures
Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire. Elle assume de ne pas vouloir "être la ministre qui oppose les modes de production", en défendant y compris l'agriculture productiviste. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-20-novembre-2025-8176501

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Transcription
00:00France Inter, Benjamin Duhamel, Florence Paracuelos, la grande matinale.
00:05Et nous recevons donc ce matin la ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la souveraineté alimentaire.
00:13Appelez-nous pour lui parler au 01 45 24 7000 et sur l'appli Radio France.
00:18Bonjour Annie Gennevar.
00:19Bonjour.
00:19Bonjour.
00:20On est de nouveau dans un moment de grande tension du monde agricole.
00:24Les manifestations reprennent hier encore à Arras, en marge d'une visite d'Emmanuel Macron.
00:29Les agriculteurs refusent absolument l'accord que l'Europe veut conclure avec les pays d'Amérique latine du Mercosur.
00:37Vous, madame la ministre, continuez à dire que cet accord est inacceptable en l'état.
00:41Malgré ce qui ressemble à des hésitations du président de la République,
00:45et bien que la France n'ait pas les moyens de le bloquer cet accord face à une majorité d'états européens qui sont pour
00:50et à la commission de Bruxelles qui veut signer avant le 20 décembre.
00:55Alors la question est simple, madame la ministre, ils ont raison d'être inquiets les agriculteurs ?
01:00Bien sûr qu'ils ont raison d'être inquiets.
01:02Cet accord n'est pas acceptable, nous l'avons dit clairement,
01:05et la France parle d'une seule voie en la matière.
01:08En l'état, il n'est pas acceptable en raison des risques sanitaires,
01:12des risques économiques qu'il fait peser sur des filières qui sont pour nous stratégiques.
01:17Le bœuf, la volaille, le sucre, l'éthanol.
01:20Donc si effectivement cet accord devait être conclu en l'état,
01:25ce serait très mauvais, très préjudiciable à notre agriculture.
01:29On va détailler Annie Genevard ce qu'il y a dans ce Mercosur,
01:32ce que la France pousse aussi pour tenter d'amodier les effets négatifs.
01:36Simplement, je suis frappé par le début de votre réponse.
01:38Vous dites, on a toujours dit les choses de façon claire.
01:40Le 6 novembre dernier, Emmanuel Macron, en déplacement au Brésil,
01:44se dit plutôt positif quant à la ratification par la France de l'accord.
01:48En février 2024, donc il y a plus d'un an,
01:50il disait c'est un mauvais texte tel qu'il a été signé.
01:53Et donc on fera tout pour qu'il ne suive pas son chemin.
01:56Et à Toulouse, il y a une semaine, il promet un nom très ferme.
01:59Donc quelques jours après avoir dit que c'était plutôt positif.
02:01Moi, je ne trouve pas ça très clair comme position du gouvernement et de l'exécutif sur le Mercosur.
02:05J'étais présente à l'entretien qu'il a eu avec les agriculteurs à Toulouse
02:09et son propos a été extrêmement clair.
02:13La France n'accepte pas ce projet d'accord en l'État
02:16parce qu'il est très préjudiciable au monde agricole.
02:20Et pourquoi le 6 novembre, il se dit plutôt positif quant à la ratification du traité par la France ?
02:24Mais écoutez, je ne suis pas là pour faire l'exégèse des propos du président de la République.
02:29Donc vous n'avez pas compris quand il a dit ça ?
02:30Ce que j'entends, et constamment dans la voix de la France qu'elle s'exprime par le président de la République,
02:37le Premier ministre ou le gouvernement, c'est que ce projet en l'État n'est pas acceptable.
02:43Ursula von der Leyen l'a signé il y a un an.
02:45La présidente de la Comité européenne.
02:46Sur la forme et sur le fond, il n'est pas acceptable.
02:49Et nous avons depuis un an travaillé à constituer une minorité de blocage.
02:55Elle n'est pas certaine.
02:56Et dans l'hypothèse où nous ne l'atteindrions pas,
02:59il nous faut absolument corriger les effets négatifs de ce projet d'accord.
03:03Juste sur la minorité de blocage, vous maniez le féminisme quand vous dites qu'elle n'est pas certaine.
03:06Il n'y a pas de minorité de blocage aujourd'hui.
03:08Des pays dont vous espériez un changement de pied, notamment l'Italie,
03:13cette minorité de blocage n'existe pas.
03:14Ça veut donc dire pour ceux qui nous écoutent ce matin que,
03:16quand bien même à la fin vous voudriez vous opposer à la ratification de ce traité,
03:20vous n'en avez pas les moyens.
03:21D'une part, la France n'est pas isolée.
03:23La Pologne, la Hongrie, l'Autriche, la Belgique, probablement l'Irlande.
03:29Il y a un certain nombre de pays.
03:31Mais dans l'hypothèse où cet accord ne serait pas bloqué par une minorité,
03:37il nous faut absolument peser pour imposer les règles que nous voulons voir appliquées
03:44pour protéger les agriculteurs.
03:46Alors, on y vient.
03:46Hier, il y a une première série de mesures de sauvegarde
03:49qui ont été adoptées par les États membres pour tenter de séduire la France.
03:53C'est-à-dire que sur un certain nombre de filières sensibles,
03:57la viande bovine, la volaille, les œufs,
04:00on va pouvoir refermer les marchés s'il y a de trop grosses tensions.
04:04Ce n'est pas suffisant, ça, comme protection à Nijon.
04:08Nous, nous avons demandé à la Commission européenne des précisions
04:11sur les conditions d'application de cette clause de sauvegarde.
04:14C'est un avancée non négligeable, je tiens à le dire.
04:18Elle vise à protéger économiquement nos filières
04:22parce que si nous ne sommes pas hostiles par principe aux accords de libre-échange,
04:27le commerce est ouvert.
04:29On exporte, on importe.
04:31Même si on y reviendra peut-être au cours de l'entretien
04:34en matière d'excellents commerciaux,
04:36la France est dans une situation extrêmement périlleuse.
04:39Là, c'est l'alarme.
04:41Oui, oui, on va y venir.
04:43Il nous faut quand même pouvoir mettre des freins d'urgence
04:46si jamais il y a une déstabilisation trop forte.
04:49Et vous considérez que ça, c'est en bonne voie ?
04:51Est-ce que vous êtes relativement optimiste sur le fait d'obtenir ces freins-là,
04:56sur les mesures de sauvegarde, ce qu'on appelle des clauses miroirs ?
04:58Je pense, alors ce n'est pas la même chose,
05:00je pense que sur la clause de sauvegarde,
05:02elle semble être en bonne voie d'être adoptée,
05:05mais nous demandons encore des précisions sur les conditions de son application.
05:10Et ce n'est pas suffisant, on imagine ?
05:11Ah, ce n'est absolument pas suffisant.
05:13Et vous évoquez les mesures miroirs.
05:15Il y a une chose que les Français ne peuvent pas comprendre,
05:18ne peuvent pas admettre, et singulièrement les agriculteurs,
05:21c'est que les importations s'affranchissent des règles
05:25qu'on leur impose à eux-mêmes en matière d'utilisation de produits phytosanitaires,
05:31de médicaments, notamment d'antibiotiques de croissance.
05:37C'est interdit sur le solde de l'Union Européenne à juste titre.
05:41Comment admettre, comment l'agriculteur peut-il admettre,
05:45c'est injuste pour lui d'imaginer des règles différentes pour les importations,
05:49et c'est inacceptable pour le consommateur aussi.
05:51Si on reste sur ce point précis, Annie Gennevard,
05:54quand bien même vous réussiriez à obtenir ces mesures de sauvegarde,
05:58cette assurance qu'on ne peut pas utiliser dans ce qu'on importe des produits
06:02qui sont interdits sur le sol européen,
06:04vous faites confiance au contrôle ?
06:06On pourrait aller regarder derrière chaque stock, chaque morceau de viande,
06:11qu'il n'y a pas d'utilisation d'hormones, qu'il n'y a pas d'utilisation d'antibiotiques.
06:15C'est vraiment possible ?
06:16C'est la troisième condition que nous mettons.
06:19Elle est fondamentale parce que vous pouvez édicter toutes les règles que vous voulez
06:23si leur application n'est pas contrôlée, c'est vain.
06:28Et donc la question du contrôle est fondamentale.
06:31Contrôle à la fois dans les pays d'émission, dans les pays d'importation,
06:35et puis également contrôle aux frontières de l'Union Européenne,
06:38et contrôle en France aussi.
06:40Et j'envisage de mettre en œuvre très rapidement des contrôles puissants,
06:46parce qu'il faut aussi fiabiliser et rassurer le consommateur.
06:50Juste Annie Gennevard, avant d'entendre un auditeur,
06:52quand on vous écoute ce matin, on a le sentiment qu'en fait vous êtes en train d'habiller
06:55un certain nombre de petites victoires que vous allez obtenir,
06:58parce qu'il faut s'y faire, le Mercosur va rentrer en vigueur.
07:01La question n'est pas tranchée à ce stade.
07:04Et la décision n'est pas prise.
07:05En tout cas, moi je continue à dire que si nous n'obtenons pas,
07:10alors vous dites des petites victoires, vous savez,
07:12si on impose les mesures miroir, la réciprocité des normes,
07:15c'est un des points majeurs pour les agriculteurs.
07:18Moi, à ce stade, je ne préjuge pas, je ne présume pas de ce que sera la position de la France.
07:24Moi, j'ai toujours été extrêmement claire,
07:27je suis la ministre de l'Agriculture et des agriculteurs,
07:30mon rôle est de les protéger.
07:31Alors pas de quoi les rassurer, cela dit pour l'instant.
07:33Nous avons Bernard en ligne.
07:35Bonjour, bienvenue Bernard.
07:37Vous êtes fils et frère d'agriculteurs, c'est ça ?
07:40C'est ça, en Savoie.
07:42En Savoie.
07:43Vous avez une question à poser, madame la ministre ?
07:45Voilà, oui, bonjour à tous.
07:47Merci de prendre ma question.
07:48Bonjour madame la ministre.
07:49Bonjour Bernard.
07:50Je voudrais vous dire que cet accord est parfaitement scandaleux.
07:56Pourquoi est-il scandaleux ?
07:58Parce qu'il s'inscrit tout à fait dans la mondialisation,
08:01qui continue à détruire nos fermes les unes après les autres.
08:06On ne cesse de prendre des terrains pour construire.
08:09Et moi, ma famille dans l'agriculture,
08:13et j'ai un copain qui est agriculteur qui a 70 vaches,
08:16on se rend compte que plus ils produisent, moins ils gagnent.
08:20Plus ils sont inservis par cette mondialisation.
08:23Et cette mondialisation, on la connaît dans l'industrie,
08:26on la connaît en Chine, vis-à-vis de la Chine, vis-à-vis de l'Inde.
08:30Dans notre magnifique pays pour lequel je suis si attaché,
08:34pour lequel je suis si fier,
08:36je me rends compte qu'on continue de tout détruire.
08:38Moi, j'ai le sentiment qu'il y aurait une volonté
08:42pour détruire encore un peu plus notre agriculture.
08:46Voilà mon interpellation. Je vous remercie.
08:48Merci, merci Bernard.
08:49On entend cette opposition et cette crainte
08:53quant à la mondialisation et à ce futur accord
08:56avec les pays d'Amérique latine, du Mercosur.
08:59Qu'est-ce que vous avez envie de lui dire à Bernard ?
09:00Je dis à Bernard que je comprends tout à fait
09:05l'interrogation qui est la sienne sur la place
09:07que nous voulons voir conserver à notre agriculture.
09:11C'est un des fondamentaux de notre nation.
09:14L'agriculture, c'est l'activité immémoriale des hommes.
09:18Moi, tout mon combat est de faire en sorte
09:21que nos agriculteurs soient mieux respectés.
09:24Ils travaillent dur, ils gagnent parfois peu
09:26et ils ont pourtant un rôle absolument fondamental
09:29qui est de nourrir les Français.
09:30Et je dis à Bernard que la mondialisation,
09:33mal comprise, elle est effectivement dangereuse.
09:36Elle est nocive à notre agriculture.
09:37Mais nous commerçons avec le monde aussi.
09:40Juste, vous prenez acte que vous ne réussissez pas
09:43à les convaincre.
09:44Florence parlait en début d'entretien
09:46de la protestation des syndicats agricoles
09:47qui menacent de se mobiliser encore davantage.
09:50Vous venez d'entendre Bernard aussi son émotion.
09:52Vous ne réussissez pas à les convaincre.
09:54Alors, sur la question des accords de libre-échange,
09:58ça devrait être une source de prospérité
10:02pour notre agriculture et notre pays.
10:05Pourquoi ça ne l'est pas ?
10:07Parce que ces accords de libre-échange
10:08qui peuvent être bons pour notre agriculture,
10:13nous exportons beaucoup.
10:14Et qui le sont pour un certain nombre de filières.
10:16Et qui le sont pour un certain nombre de filières,
10:18doivent obéir à des critères.
10:20Le problème du Mercosur,
10:22c'est que c'est un accord qui est mal né.
10:25C'est un accord des années 90,
10:27à un moment où les conditions étaient totalement différentes.
10:30Aujourd'hui, le consommateur veut une alimentation saine,
10:33sûre.
10:34Et de ce point de vue,
10:35l'agriculture française est la plus vertueuse du monde.
10:37Et puis, les agriculteurs veulent des accords équilibrés.
10:42Quand il n'y a pas de réciprocité
10:43dans les exigences que l'on a
10:46pour nos agriculteurs français
10:48par rapport aux agriculteurs des pays tiers,
10:52c'est une injustice profonde.
10:53Et moi, je comprends la colère que Bernard exprime.
10:56Vous savez, il n'y a pas un sujet aujourd'hui
10:58autre que le Mercosur
10:59qui suscite un tel rejet.
11:02Il y a la protestation des syndicats agricoles.
11:04On a vu hier un certain nombre de tracteurs,
11:07d'agriculteurs qui étaient là
11:09pour accueillir le président de la République à Arras
11:11et qui espéraient pouvoir échanger avec lui.
11:15Est-ce que vous craignez une nouvelle mobilisation d'ampleur
11:17comme celle que l'on a vécue en janvier 2024
11:19où des axes routiers étaient bloqués ?
11:22On sait que c'est une crainte de tout gouvernement
11:25de voir une mobilisation des agriculteurs d'ampleur.
11:28Est-ce que c'est ce que vous craignez
11:29dans les jours et dans les semaines qui viennent ?
11:31Moi, je crois qu'il faut bien comprendre
11:32les ressorts de cette colère.
11:34Vous voyez, à Béziers, la semaine dernière,
11:367000 viticulteurs se sont réunis paisiblement
11:38pour dire leur détresse
11:40parce qu'ils n'arrivent plus à vivre de leur métier.
11:44Donc, il faut les entendre.
11:45Je les reçois d'ailleurs régulièrement.
11:47Mais surtout, il faut apporter des réponses.
11:49Et les réponses, ce sont des allégements de charges,
11:53ce sont des aides.
11:54C'est ce que vous avez proposé aux viticulteurs ?
11:56La solidarité nationale doit absolument s'exercer à leur endroit.
12:00C'est de la simplification aussi.
12:03Il faut bien comprendre la difficulté,
12:05les multiples difficultés
12:07dans lesquelles, aujourd'hui, sont nos producteurs.
12:10D'abord, on leur conteste le fait de produire,
12:12la légitimité de produire.
12:14Vous voyez, je vais vous donner un exemple.
12:16Un poulet consommé sur deux en France n'y est pas produit.
12:20Et en même temps, quand un producteur,
12:22quand un éleveur veut installer un bâtiment d'élevage,
12:24on le lui refuse parce qu'on ne veut pas voir
12:27de bâtiments d'élevage.
12:29Et tout est comme ça.
12:31Ça n'est plus possible.
12:32Il y a une loi.
12:32Une loi a été votée pour l'autoriser,
12:34c'est la loi Duplon.
12:35Pour faciliter, effectivement, l'installation.
12:38On n'arrête pas de dire
12:39l'élevage, c'est mauvais pour l'environnement,
12:41la consommation de viande, c'est mauvais pour la santé.
12:44Enfin, arrêtons ce délire.
12:46Tout le monde ne dit pas ça, Annie Gennevar.
12:48Il y a des débats sur la consommation de la viande
12:51et les effets sur la santé.
12:52Je peux vous dire que les agriculteurs le vivent très douloureusement.
12:55ils se sentent remis en cause en permanence.
12:57Annie Gennevar, un mot sur vos interlocuteurs syndicaux.
13:01On parlait de la FNSEA.
13:03Il y a aussi la coordination rurale,
13:05ce syndicat qui vient d'élire un nouveau président,
13:07Bertrand Vanto.
13:09Petit florilège de ses propos pour les auditeurs
13:11qui ne le connaîtraient pas.
13:12Les écologistes qui sont qualifiés de terroristes.
13:15Ouvrez les guillemets.
13:15Les écolos, la décroissance, veulent nous crever.
13:17Nous devons leur faire la peau.
13:18Il parle des écologistes.
13:21Est-ce que vous condamnez ces propos ?
13:22Est-ce que c'est possible d'avoir un interlocuteur comme celui-là
13:25quand on est ministre de l'Agriculture ?
13:26Je condamne la violence de ses propos.
13:29Elle est profondément choquante et inacceptable.
13:32Et moi, je dis au nouveau président de la coordination rurale
13:35qu'il faut prendre la mesure de son rôle.
13:38Un syndicat, c'est un interlocuteur
13:41avec lequel il faut pouvoir travailler
13:43à résoudre les problèmes.
13:46Ce dont souffre l'agriculture aujourd'hui
13:51et de ce dont souffrent les agriculteurs,
13:54c'est de se sentir en permanence remis en cause.
13:58Et il faut bien comprendre qu'il y a une idéologie...
14:00Ce qui ne justifie pas ce genre de propos.
14:02Pardon ?
14:03Ce qui ne justifie pas ce genre de propos.
14:04Aucunement.
14:05Aucunement.
14:06Mais voilà, il faut que les agriculteurs
14:09puissent être confortés dans leur rôle
14:11qui est éminemment utile.
14:12Mais vous la constatez, cette radicalisation
14:14d'une partie de l'agriculture ?
14:16Bien sûr.
14:17Cette radicalisation, elle est à l'œuvre
14:19parce qu'il y a une colère profonde,
14:22une incompréhension chez les agriculteurs
14:25de ce qu'on attend d'eux.
14:27On leur donne des injonctions contradictoires.
14:30On leur dit qu'il faut produire,
14:31mais la production est mauvaise pour l'environnement.
14:34Moi, je pense qu'il faut revenir à la raison.
14:36Parce que vous arrêtez depuis quelques minutes.
14:38Vous dites qu'on leur dit
14:39que l'avion est mauvaise pour la santé.
14:41C'est qui, il ?
14:42Il y a un certain nombre d'ONG,
14:45il y a certains mouvements d'opinion.
14:49On voit bien que...
14:49Mais c'est-à-dire ?
14:50Vous voyez bien quels sont les débats aujourd'hui
14:54qui sont à l'œuvre sur...
14:57On veut opposer environnement et agriculture.
15:00Moi, je pense que c'est une impasse.
15:01Alors, certains agriculteurs eux-mêmes
15:04s'opposent à une partie de la politique
15:08du gouvernement sur l'agriculture.
15:10Les agriculteurs ne sont pas tous faits du même bois
15:13et pas tous du même avis.
15:14Nous avons Florent en ligne,
15:16qui est agriculteur dans l'Essonne.
15:18C'est ça, Florent ?
15:18Bonjour.
15:20Oui, bonjour.
15:20Bienvenue.
15:22Oui, merci de prendre mon appel.
15:24Je voulais déjà remercier la ministre
15:26qui disait que, justement,
15:28c'était une menace pour nous
15:29de voir ce traité du Mercosur
15:31avec la libéralisation de l'agriculture
15:33qui poussait vers moins de normes.
15:35Je trouvais que c'était bien qu'elle reconnaisse ça.
15:37Moi, ce qui menace mon métier,
15:39c'est justement cette libéralisation
15:41et le fait d'avoir moins de normes.
15:42Et la loi qu'a portée la ministre l'année dernière,
15:44la loi Duplomb,
15:45qui poussait pour moins de normes,
15:47qui poussait pour des élevages industriels,
15:49pour le gaspillage de l'eau,
15:51l'autorisation de certains pesticides interdits.
15:54Cette libéralisation,
15:55c'est une vraie menace pour moi.
15:56Ça va vraiment ajouter des contraintes à mon métier
15:58parce que je vais être mis en concurrence
16:00avec une agriculture beaucoup plus industrielle.
16:03Et ce n'est pas du tout ce que veulent
16:04les citoyennes et les citoyens de ce pays.
16:06Il y en a 2 millions qui se sont mobilisés
16:08pour faire une pétition contre cette loi.
16:10Donc moi, je voulais demander à la ministre
16:12qu'est-ce qu'elle fait de ces 2 millions de citoyens
16:14qui se sont mobilisés
16:14et qu'est-ce qu'elle fait des agriculteurs comme moi
16:16qui vont être mis en concurrence
16:18avec une agriculture beaucoup moins propre.
16:20Vous produisez quoi, Florent ?
16:21Moi, je produis des légumes, des fruits
16:24et des plantes aromatiques.
16:25D'accord.
16:25Et vous êtes en bio, en traditionnel ?
16:28En agriculture biologique.
16:29En agriculture biologique.
16:30Merci, Florent.
16:32Madame la ministre ?
16:33Je ne serai pas la ministre
16:34qui oppose les modes d'agriculture entre eux.
16:37Je pense que chaque type de production agricole
16:40a sa place.
16:40Il y a de l'agriculture conventionnelle,
16:43raisonnée, biologique.
16:45Et tous ces modes de culture
16:48sont absolument respectables.
16:51Et vous voyez, j'évoquais les débats
16:55qui courent dans le monde agricole.
16:58Ce que vient d'exprimer Florent
17:00en est l'expression.
17:02Et je le regrette parce qu'il y a
17:04de la caricature des deux côtés.
17:05Et il y a effectivement,
17:07en tout cas, des propos divers
17:07qui sont exprimés,
17:09juste avant de parler
17:09de souveraineté alimentaire,
17:11un mot sur la loi Duplomb
17:12puisque, rappelons-le,
17:12cette loi a été votée.
17:14Il y a eu une pétition
17:15qui, effectivement,
17:17a été signée par plus de 2 millions de personnes
17:18pour protester contre cette loi Duplomb
17:19et notamment pour la réintroduction partielle
17:22de ce qu'on appelle l'acétamipride,
17:24c'est-à-dire un pesticide néonicotinoïde.
17:26Cette réintroduction partielle
17:27a été censurée par le Conseil constitutionnel.
17:29Est-ce que, comme ministre de l'Agriculture,
17:32vous allez remettre à l'agenda
17:33cette réintroduction partielle
17:36puisque, là encore,
17:37la censure du Conseil constitutionnel
17:38laisse vraisemblablement
17:41une porte ouverte
17:42à la possibilité de le faire
17:43s'il y a une volonté politique.
17:45Est-ce que vous allez le faire
17:46dans les mois qui viennent ?
17:47Bon, chacun connaît mon opinion.
17:50J'ai défendu cette loi
17:52qui vise à lever des entraves
17:54qui pèsent sur l'agriculture.
17:56Je dis une chose,
17:57dans le même espace de production
17:59qui est l'Union européenne,
18:01il faut que les règles
18:02soient les mêmes pour tous.
18:04Voilà.
18:04Et aujourd'hui,
18:06et donc,
18:07j'ai confié à l'INRAE,
18:09qui est un institut scientifique,
18:11la mission de me dire
18:12quelles sont les filières
18:14qui sont en impasse de production.
18:16On ne peut pas à la fois
18:17condamner l'importation
18:19de noisettes turques
18:20et puis empêcher
18:21la production de noisettes françaises.
18:23Donc, vous allez redéposer
18:25un texte de loi
18:25pour réintroduire
18:26l'acétamipri.
18:27Il faudra un moment
18:28résoudre cette contradiction
18:30et mettre les agriculteurs
18:31à égalité de contraintes
18:33et de normes
18:34par rapport à leur concurrence européenne.
18:37On verra
18:37la suite de cela.
18:41Je ne peux pas,
18:41à ce stade,
18:42vous le dire.
18:43Mais en tout cas,
18:43il y a une chose
18:44qui est certaine,
18:44c'est qu'on ne peut pas
18:45laisser des filières entières
18:47en impasse de production.
18:49Annie Genevard,
18:50vous êtes ministre
18:50de la souveraineté alimentaire.
18:52Qu'est-ce que vous dites
18:53quand vous voyez
18:54que la France,
18:54pour la première fois
18:55depuis 50 ans,
18:56se retrouve en déficit commercial ?
18:58On a importé plus
19:00de produits agricoles
19:01et de denrées alimentaires
19:02cette année
19:03qu'on en a vendu
19:04à l'étranger.
19:05La France est en train
19:06de devenir dépendante
19:07là aussi.
19:07On a perdu notre souveraineté ?
19:09Pour la première fois
19:10depuis 40 ans,
19:10notre excédent commercial
19:11sera probablement à zéro.
19:13Oui, 50 même.
19:15Donc,
19:17c'est un signal
19:19d'alarme majeur.
19:20Et ça signe
19:21la perte
19:22de puissance
19:24de notre agriculture.
19:25Je rappelle quand même
19:26que la France
19:27est le premier pays agricole
19:28de l'Union européenne.
19:30Et nous étions...
19:32Les exportations agricoles
19:34étaient le troisième poste
19:36des exportations
19:36après l'aéronautique
19:37et les parcours.
19:38Mais donc,
19:38même ça,
19:38on n'y arrive plus.
19:39Et donc,
19:40on voit bien
19:40qu'à force...
19:41Alors,
19:42il y a des raisons
19:42conjoncturelles.
19:44Les taxes
19:45qui pèsent,
19:46vous savez,
19:47du côté de la Chine,
19:48du côté des Etats-Unis.
19:49Mais il y a aussi
19:51tout ce qui pèse
19:52en contraintes particulières
19:54sur le monde agricole.
19:55On exporte moins
19:56de produits laitiers
19:57parce qu'on a moins
19:58de vaches
19:59et moins de cheptels.
20:01Il y a une décapitalisation
20:02du cheptel
20:02parce qu'on ne cesse
20:03de mettre en cause
20:04l'élevage.
20:05Donc,
20:06vous voyez bien
20:06que là,
20:07on perd
20:08un outil
20:09de puissance économique
20:10et c'est extrêmement grave
20:13et donc,
20:14il faut véritablement
20:15lutter contre
20:16cet effondrement
20:17de la puissance
20:19économique
20:20agricole française.
20:21Et croyez bien
20:22que c'est un sujet
20:24de préoccupation
20:25majeur pour moi.
20:26Annie Gennevard,
20:26il nous reste
20:27quelques minutes.
20:28Une question politique
20:29sur votre position singulière.
20:31On ne sait pas exactement
20:31comment vous vous situez.
20:33Vous êtes
20:33ministre
20:34d'un gouvernement
20:36qui a été quitté
20:38par le président
20:39de votre famille politique,
20:40Bruno Retailleau,
20:40qui a souhaité
20:41vous exclure.
20:42En fait,
20:42vous avez été
20:43suspendue.
20:45Vous êtes
20:46dans un gouvernement
20:46qui défend un budget,
20:47ce budget-là
20:48qui est pour partie
20:49convaincu
20:49par le président
20:50des Républicains.
20:51Vous êtes où,
20:51en fait,
20:52Annie Gennevard ?
20:52D'abord,
20:54je reste profondément
20:55attachée
20:56à ma famille politique
20:57et si j'en ai été
20:59suspendue,
21:00je n'en suis pas exclue
21:01et je considère
21:01que j'en suis toujours
21:02membre.
21:04Je crois
21:04lui avoir donné
21:06suffisamment
21:06de gages
21:07de fidélité
21:09pour ne pas
21:10être soupçonné
21:11de déloyauté.
21:13Quand les députés
21:13républicains
21:14et sénateurs
21:14se mettent d'accord
21:15sur une ligne commune
21:16sur la question
21:16du budget,
21:17ils ne veulent
21:17aucune augmentation
21:18d'impôts,
21:19aucune augmentation
21:19de taxes
21:19et des économies
21:20sur la dépense.
21:21Est-ce que vous êtes
21:21d'accord avec ça ?
21:22Je suis absolument
21:23d'accord avec ça.
21:25Donc,
21:25c'est-à-dire
21:26à peu près l'inverse
21:26de ce qui a été fait
21:27à l'Assemblée ?
21:28Il ne vous a pas
21:29échappé,
21:29Benjamin Duhamel,
21:30que la réalité
21:32parlementaire
21:33fait que nous n'avons
21:35pas de majorité
21:35ni absolue
21:37ni même relative.
21:38Et donc,
21:39c'est le Parlement
21:40qui est à la manœuvre.
21:41On ne jugera
21:42de ce budget
21:43qu'au terme
21:44de son examen...
21:45Juste,
21:45Annie Genevard,
21:45vous siégez
21:46au Conseil des ministres
21:47avec un ministre
21:47de l'économie,
21:48Roland Lescure,
21:48qui lui,
21:49a défendu
21:49un certain nombre
21:50de doses
21:50d'augmentation d'impôts,
21:51augmentation d'impôts
21:52que vous refusez.
21:54La position de la droite
21:56est très claire.
21:57Avant d'augmenter
21:58les impôts,
21:59il faut diminuer
22:00les dépenses.
22:00Et je crois
22:01que le Premier ministre
22:02n'est pas
22:04orthogonalement hostile
22:06à ce positionnement.
22:07Mais nous avons
22:08une Assemblée nationale
22:09à qui il a donné
22:10la responsabilité
22:11de voter un budget.
22:13Et vous en jugerez
22:14in fine
22:15lorsque le budget
22:17aura achevé
22:18son examen.
22:19En tout état de cause,
22:21je fais confiance
22:22au Parlement
22:23et au Sénat
22:24pour arriver
22:25à un aboutissement
22:27qui soit conforme
22:29à ce que porte
22:30ma famille politique.
22:31Bien, merci
22:32Annie Gennevard,
22:33merci à madame
22:34la ministre de l'Agriculture
22:35d'avoir été
22:36sur l'antenne
22:36de France Inter
22:37ce matin.
22:38La revue de presse
22:39à suivre.
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