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  • 11 hours ago
Transcript
00:00Avec moi pour en parler, Inès Bernard, déléguée générale d'Anticor.
00:03Bonjour. Anticor, c'est une ONG qui, comme son nom l'indique, lutte contre la corruption.
00:08La peine en appel de l'ancien chef de l'État avait permis l'aménagement de cette peine,
00:15notamment la partie ferme, par un bracelet électronique.
00:17C'est vraisemblablement ce vers quoi s'oriente Nicolas Sarkozy.
00:21Cela vous semble aujourd'hui une peine juste au regard des faits qui lui sont reprochés ?
00:26Écoutez, nous ce qu'on se dit à Anticor, c'est que c'est surtout qu'on est contents.
00:30Que la justice ait pu passer dans ce dossier, qu'il y ait une condamnation définitive
00:33à l'encontre d'un ancien président de la République pour des faits qui sont extrêmement graves.
00:37Donc en effet, il va très certainement devoir porter son bracelet,
00:42puisque maintenant la condamnation est définitive.
00:44Mais ce qui me semble le plus important, c'est aussi de dire que les faits
00:50de financement illégal de campagne électorale, en fait, ils consistent dans ce dossier-là
00:56en des dépassements qui sont extrêmement importants.
00:59Oui, c'est quasiment un doublement du plafond autorisé.
01:01Le plafond autorisé, c'était 22,5 millions d'euros.
01:04Or, il s'avère que via ce système de surfacturation,
01:07la campagne de Nicolas Sarkozy aura dépensé au final, au profit du candidat,
01:1143 millions d'euros.
01:13Pensez-vous que le processus électoral lui-même est biaisé ?
01:16Oui. En fait, ça pose des questions qui sont très profondes sur notre démocratie,
01:21parce que les règles de plafonnement du montant des campagnes électorales,
01:27elles existent pour deux raisons.
01:28Elles existent d'une part pour limiter la place de l'argent dans notre démocratie,
01:32et elles existent d'autre part pour assurer l'égalité de traitement entre les candidats.
01:36Donc quand il y a un dépassement qui est important,
01:38voilà, l'égalité de traitement entre les candidats n'est plus assurée.
01:40C'est pour ça qu'il y a cette infraction de financement illégal de campagne électorale
01:43qui est caractérisée.
01:45Et en fait, lĂ , on a quasiment un doublement, comme vous l'avez dit.
01:48Donc en fait, on a un piétinement de ces règles de financement de campagne électorale
01:52qui doivent, en effet, nous conduire Ă  un sursaut collectif
01:57sur les conséquences que ça a pu avoir sur notre démocratie.
02:00Déjà dans le cadre de la Libye, qui est l'autre affaire pour laquelle, d'ailleurs,
02:03Nicolas Sarkozy sera jugé en appel en début d'année prochaine,
02:07son opposante de l'époque, puisqu'il s'agissait là du financement de la campagne de 2007,
02:10la précédente, Ségolène Royal, estime qu'il faudrait presque rejouer l'élection
02:14puisqu'elle considère qu'elle s'est fait voler, tout simplement,
02:16par un financement prétendument libyen.
02:18Je dis bien prétendument libyen, car à l'heure qu'il est,
02:21Nicolas Sarkozy ayant fait appel et considéré comme innocent,
02:25est-ce que François Hollande serait là fondé en 2012 ?
02:27Lui a remporté l'élection, mais a considéré néanmoins que 51,5, 48,5,
02:33c'était à l'époque le score de François Hollande face à Nicolas Sarkozy.
02:37Et ça ne reflète pas la réalité du rapport de force politique.
02:40En tout cas, s'il le dit, on pourrait le comprendre,
02:43parce qu'en effet, ces règles, comme je vous le dis,
02:45elles sont là pour assurer l'égalité de traitement entre les candidats.
02:47Et quand il y a un thème piétidement de ces règles,
02:49on peut en effet s'interroger sur le point de savoir
02:51si ça n'invalide pas une élection, et même une élection présidentielle.
02:56Nous, en tout cas, c'est une question, un anticorps,
02:57qu'on vous invite Ă  vous poser collectivement,
03:00puisque c'est des choses qui peuvent exister dans d'autres démocraties.
03:02Oui, ou Ă  l'avenir.
03:03Est-ce que cette condamnation, d'après vous,
03:04elle est suffisamment dissuasive pour tout futur candidat ?
03:08En tout cas, je souhaite qu'elle soit dissuasive.
03:11Moi, je stime que toute sanction pénale,
03:13Ă  partir du moment oĂą la justice passe Ă  vocation,
03:15est quand mĂŞme relativement dissuasive.
03:16Après, il y a d'autres questions.
03:17Pour empĂŞcher que ces infractions soient commises pour l'avenir,
03:21il faut aussi réformer peut-être les pouvoirs
03:24de la Commission nationale des comptes de campagne.
03:26Parce qu'en fait, je ne sais pas si vous avez vu,
03:27mais dans ce dossier,
03:28ce qui nous semble extrêmement intéressant à l'anticorps,
03:30c'est qu'il y a eu un contrĂ´le de la Commission nationale
03:32des comptes de campagne qui nous a dit
03:33qu'il y a un dépassement.
03:34Oui, mais qu'il n'a pas baissé la surfacturation.
03:37Il y a un dépassement de 300 000 euros.
03:39Et pourquoi la Commission nationale des comptes de campagne
03:41a vu seulement un dépassement de 360 000 euros
03:44et pas un dépassement de 200 000 euros ?
03:44Parce que les meetings étaient facturés au parti.
03:46C'est tout le système, en fait, de Big Malian.
03:48Absolument.
03:48Et ce système, elle n'a pas pu...
03:49Au parti, les Républicains ou l'UMP à l'époque.
03:51Vous avez entièrement raison.
03:52Et ce système, pourquoi est-ce qu'elle n'a pas pu le voir,
03:54en fait, la Commission nationale de campagne ?
04:00Elles sont données par les candidats.
04:01Et nous, ce qu'on dit aussi Ă  Anticor,
04:03c'est que peut-ĂŞtre qu'on pourrait confier Ă  cette Commission
04:05des pouvoirs d'enquête pour qu'elle puisse vérifier les factures,
04:08pour qu'elle puisse vérifier les comptes des parties.
04:09Ça veut dire les moyens financiers ?
04:11Et puis aussi, oui, et des moyens d'enquĂŞte.
04:12Pour lui donner le droit d'enquĂŞter.
04:13Et ensuite, évidemment, les moyens pour mener ces enquêtes.
04:16Alors, cette condamnation, elle est définitive
04:17puisque c'est le dernier degré de juridiction à la Cour de cassation.
04:20Autrement dit, Nicolas Sarkozy est coupable, d'ailleurs.
04:22L'ancien président a pris acte de sa condamnation sans commentaire.
04:25Contrairement à ses coprévenus, Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause
04:29lui-même pour ce système de fausses factures.
04:31En tout cas, pas pour l'avoir imaginé ou l'avoir commandité,
04:34mais comme bénéficiaire presque de manière passive.
04:38Ça vous semble plausible ?
04:40Alors, ce qu'a confirmé la Cour de cassation
04:44et ce que dit la Cour d'appel,
04:45c'est que Nicolas Sarkozy, il avait l'information de ses surfacturations
04:50et qu'il n'a pas fait en sorte qu'elles n'interviennent pas.
04:52Et en plus de ça, il en a bénéficié,
04:55ce qui permet de caractériser à son encontre
04:57l'infraction de financement illégal de campagne électorale,
05:01qui est une infraction qui permet de caractériser
05:03que par exemple, là dans un dossier comme ça,
05:05on a un plafond qui n'a absolument pas été respecté.
05:08Et donc le candidat Nicolas Sarkozy
05:10avait connaissance de ce dépassement de plafond
05:11puisqu'il avait été alerté, ça c'est ce que dit la Cour d'appel,
05:14et qu'il a laissé continuer ce système.
05:17Comme dans l'affaire Libyen,
05:18où il a été condamné pour association de malfaiteurs
05:20et non pas pour avoir été le commanditaire du système,
05:23pour en avoir même pas bénéficié d'ailleurs en l'occurrence,
05:25puisqu'on n'a pas retrouvé la trace de ces fonds libyens
05:28dans ses dépenses, dans son budget de campagne.
05:32Est-ce que vous pensez que la décision de la Cour de cassation
05:34aujourd'hui va influencer la Cour d'appel ?
05:36C'est une très bonne question sur la caractérisation dans le procès libyen
05:40de l'éventuelle infraction de financement illégal de campagne électorale
05:44parce que dans le délibéré libyen,
05:47le juge n'a pas caractérisé cette infraction-là
05:50parce qu'il y avait une question d'éléments intentionnels
05:52qui étaient manquants à l'égard de Nicolas Sarkozy
05:54et dans le dossier Big Magnon,
05:56ce n'est absolument pas le cas.
05:57Mais j'ai envie de vous dire,
05:59ce qu'il faut retenir,
06:00c'est surtout que dans l'affaire du financement libyen,
06:02non seulement il y a eu du potentiel argent libyen
06:05qui a été retrouvé dans la campagne,
06:06mais en fait ce qu'ont dit les juges,
06:08c'est qu'il y avait une association de malfaiteurs
06:10qui aurait été commise,
06:12parce qu'il est encore présumé innocent par Nicolas Sarkozy,
06:14en vue de commettre un pacte de corruption avec un régime libyen
06:18et pourquoi ?
06:19Pour obtenir de l'argent d'une dictature dans sa campagne.
06:22Donc on voit encore que l'argent de la campagne
06:24était aussi bien sûr au cœur de ce dossier-là.
06:27Merci Nes Bernard d'avoir été avec nous,
06:29déléguée générale d'Anticor,
06:31pour revenir sur cet arrĂŞt de la Cour de cassation
06:34qui condamne donc définitivement Nicolas Sarkozy
06:37dans l'affaire dite à l'époque,
06:42c'était l'affaire de 2012,
06:44l'affaire Big Malion,
06:44on s'y perd entre les différents comptes de campagne.
06:47Merci d'avoir été avec nous.
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