Le duo de la série Merteuil, Anamaria Vartolomei et Lucas Bravo

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Transcript

00:00Anna Maria, vous êtes donc Isabelle de Merteuil, intrigante et libertine,

00:04et vous mon cher Lucas, vous êtes l'infâme comte de Gercourt.

00:09Alors c'est une libre adaptation évidemment, j'insiste là-dessus,

00:11c'est vraiment une libre adaptation et non pas une lecture au texte près

00:15du texte de Chauderlo de Laclos, Les Lésions dangereuses.

00:19Vous êtes sentie obligée de le relire avant de vous attaquer au tournage ou pas ?

00:23Non, parce que c'est vraiment pour le coup une relecture

00:25qui n'a pas grand-chose à voir avec le livre.

00:28Donc c'est vrai que moi je plongeais un peu des fois dans certaines lettres

00:32pour m'imprégner un peu plus de l'atmosphère, de la fréquence du récit,

00:39mais c'était vraiment très occasionnel.

00:42Le seul support que j'ai eu ça a été le scénario.

00:45Séduction, trahison, vengeance, en fait c'est tous les ingrédients d'un scénario idéal, non ?

00:51Ou d'un dimanche après-midi vous mentez, ça dépend de là où on est.

00:54Oui, c'est vraiment une invitation à la fantaisie,

00:57surtout qu'on a rarement je pense l'occasion de faire ça au cinéma,

01:01du moins dans des films indépendants assez naturalistes.

01:04Là c'était vraiment l'idée de s'amuser et d'aller au bout,

01:08et même de pousser un peu les curseurs dans le jeu,

01:10de voir comment on peut s'amuser davantage.

01:12Je pense, moi je me suis vachement amusée sur le projet.

01:15Ce qui m'intéresse c'est que quelque part ce Merteuil,

01:17on en parlait en début d'émission, c'est un peu notre week-end à nous.

01:20Parce que dans Week-end on raconte une autre histoire d'une figure qu'on connaît,

01:24une figure féminine, cette fois-ci Merteuil a enfin la parole.

01:27Et donc il y a vraiment un courant aujourd'hui dans la pop culture

01:29de raconter à nouveau les histoires qu'on connaît

01:31en prenant un angle un peu à part et en disant

01:33en fait si on lui donne la parole, peut-être que l'histoire n'est pas la même.

01:36Est-ce que c'est ça aussi qui est intéressant ?

01:39Vous êtes un peu notre sorcière de l'Ouest à nous, Merteuil ?

01:43Non mais oui, c'est encore une fois un point de vue éminemment féminin

01:48et ça rejoint un peu ce truc de...

01:51Parce qu'elle est très méchante dans la longue merveille.

01:52C'est her story quoi, c'est plus history, c'est ce qu'on a vraiment essayé.

01:56Et tous d'ailleurs, je pense que chacun, on essaye un peu de plonger

01:59dans l'intime et la vulnérabilité de chacun des personnages

02:03et on voit que la manière dont ils agissent

02:06c'est cet excès de violence et peut-être cette carapace

02:10un peu très froide et perverse et vénéneuse

02:13est aussi liée à une non-expression, je pense,

02:17de certaines blessures qui sont enfouies

02:19et c'est intéressant de voir à quel point ça peut être toxique.

02:23On cherche toujours la vulnérabilité de Gercourt.

02:25Oui, vous allez vous le dire.

02:27Ah bon, si c'est vrai.

02:28On va trouver celle-là.

02:30Le compte de Gercourt qui n'était que cité

02:32dans les liaisons de Laclos,

02:34là devient un personnage moteur de l'histoire.

02:37Comme je le disais, il est un femme,

02:39c'est un suborneur, comme on disait à une certaine époque.

02:43Ça a été jouissif à jouer ce type de personnage ?

02:46Ce qui a été jouissif, vraiment, c'est comme vous l'avez évoqué,

02:49n'étant pas très présent dans ce roman épistolaire de l'époque,

02:53étant ramené au premier plan en tant que personnage,

02:55un des personnages principaux de la série,

02:57c'était comme si on me donnait un stylo

02:59pour écrire un passage d'une œuvre qui existe

03:01depuis tant d'années.

03:03Et je me suis senti investi vraiment d'une mission.

03:06Donc, j'ai plongé dedans, j'ai essayé des choses

03:09et Jessica a vraiment créé un espace sain

03:12et sécurisant pour que j'aille un peu loin.

03:15Parfois, je me suis ridiculisé,

03:17elle m'a dit, bon, on ne va pas garder ça,

03:19on va partir sur autre chose.

03:20Mais au final, on a trouvé un groove,

03:21un rythme, un peu serpent, un peu…

03:23C'est vrai que les premières années de ma courte carrière,

03:27j'arrivais sur un plateau en m'excusant un peu de demander pardon

03:29et j'avais envie de faire le strict nécessaire

03:32et de ne pas prendre de risques pour faire ce pour quoi j'ai été là

03:37et pour ne pas faire d'erreurs.

03:38Et là, j'ai un peu shifté sur quelque chose de nouveau,

03:41c'est-à-dire que je pars grand et je réduis à partir de là.

03:44Je ne sais pas si ça fait sens.

03:45Pour qu'on comprenne bien la nature de votre relation,

03:49regardons la scène de rencontre entre Isabelle d'Assonville,

03:52pas encore Merteuil, et le comte de Gercourt.

03:58Cette gracieuse enfant est-elle la cause de vos troubles ?

04:01Mon cher comte, Isabelle d'Assonville est une jeune parente.

04:08Quelle chance de vous retrouver ici ce soir en si délicate compagnie.

04:13Vous ne veniez plus malgré mon insistance

04:16et je n'étais pas loin de penser que vous me teniez quelques rancœurs.

04:19Mais vous me comprenez si bien.

04:21Je ne veux plus avoir un passé de fou, ma chère amie.

04:29Allons, reprenons les festivités là où nous les avons laissées.

04:32Quant à vous, mademoiselle.

04:36Maintenant que j'ai croisé vos grands yeux,

04:39je veux tout connaître de vous.

04:43Et plaisant, quoi.

04:49Ça passe beaucoup par les regards, cette histoire, non ?

04:52Ce regard moderne, c'était important pour vous qu'il soit aussi central ?

04:58Oui, c'était une idée de Jessica de redorer l'image de Merteuil.

05:06On avait aussi envie de montrer une femme qui,

05:09dans un système patriarcal à l'époque,

05:11essaie de se relever, qui a été humiliée,

05:13mais qui va essayer de se reconstruire.

05:17Et forcément, elle doit s'armer de certaines choses

05:22qui peuvent paraître un peu impénétrables

05:24et s'armer un peu de perversion.

05:27Mais au fond, c'est quand même une femme qui...

05:29C'est un récit initiatique.

05:30Et c'est une femme qui est aussi portée par Rosemonde,

05:33qui est jouée par Diane Kruger,

05:35et qui a pour objectif ultime d'être libre.

05:39Et c'est ce vers quoi elle tend.

05:41En fait, votre personnage, Anna Maria,

05:43elle vit dans un monde fait pour et par les hommes.

05:46Malheureusement, elle rencontre Madame de Rosemonde,

05:49qui est sa précieuse alliée et son initiatrice.

05:52Comment vous avez travaillé à la dynamique de ce duo avec Diane Kruger ?

05:58Je pense que ce que mon personnage ressent pour Rosemonde,

06:01au début de la série, je le ressentais vachement pour elle,

06:03parce qu'elle est magnétique,

06:06elle a quand même une aura de dingue.

06:09Et c'est vrai que quand je l'ai rencontrée sur le plateau la première fois,

06:11j'ai été assez intimidée.

06:12Et je pense que cette admiration est née assez naturellement.

06:18Et puis ensuite, au fil des échanges,

06:19on a passé quand même quatre mois de tournages ensemble.

06:24Forcément, ça crée des liens.

06:26Et puis voilà, il y avait un truc de transmission

06:29qui était aussi présent dans la vie.

06:30Donc c'est vrai que ça a été assez sympathique.

06:33Il y a une forme de solidarité féminine

06:35entre les personnages féminins de l'histoire,

06:37mais alors moins entre les personnages masculins.

06:39Ça se provoque, ça se bastonne.

06:42Il y a eu une petite prépa Escrime, par exemple ?

06:45Oui, oui.

06:47C'est marrant parce que c'était juste après les Jeux Olympiques.

06:50Du coup, il y avait une recrudescence de...

06:53De licenciés.

06:54Oui, de licenciés.

06:55Voilà, merci.

06:56Et donc on s'entraînait dans ce petit gymnase avec Vincent.

07:01On est un peu arrivés comme des enfants.

07:03Eh, Star Wars !

07:04Et puis il nous a vraiment calmés tout de suite,

07:05Michel, notre coach.

07:07Et on a fait ça pendant deux mois.

07:08Et pour avoir une telle structure et une telle aisance

07:11qu'après, on pouvait rajouter vraiment

07:13nos petites signatures de personnages de physicalité.

07:16C'est vrai qu'après tout cet entraînement,

07:18le jour du tournage,

07:19on a eu un peu envie de se...

07:20Excusez-moi du terme,

07:21de se mettre sur la gueule avec Vincent.

07:22Donc quand ils ont appelé Action,

07:24c'est un petit peu enflammé.

07:25Et c'est Michel qui nous a dit

07:26« Calmez-vous, on va faire plan par plan. »

07:29Et c'était même un peu décevant.

07:30C'était même un peu décevant.

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