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  • il y a 4 heures
L’affaire Jean Pormanove, Safine, Naruto et Coudoix ! Qui est responsable ?

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Quel monstrueux constat pouvons-nous faire dans l'affaire du local ?
00:02On a deux tortionnaires, Safine et Naruto, et on a deux souffres douleurs, J.P. et Kodou.
00:06Et on a des spectateurs qui, en ce moment, défendent les tortionnaires en clamant haut et fort que sans eux, les deux victimes seraient encore à la rue.
00:13Je pose donc la question à ces spectateurs.
00:16Et si Safine et Naruto avaient détecté et exploité délibérément la faiblesse psychologique et physique de leurs deux victimes,
00:22pour en faire leur marionnette et faire des profits d'argent ?
00:24Car oui, ça rentrait pas mal d'argent.
00:26On parle de, des fois, 13 000 euros par mois, ce qui est absolument énorme.
00:31La question qu'on peut se poser également, c'est jusqu'où peut aller la mise en scène de la souffrance et de l'humiliation au nom du divertissement en ligne ?
00:39Et quelles responsabilités doivent assumer les plateformes et surtout les spectateurs face à de tels contenus ?
00:46Pour rappel des faits, le streamer français Jean Pormanov, d'IJP de son vrai nom Raphaël Graven,
00:51est décédé à 46 ans en plein direct sur la plateforme Kik alors qu'il dormait au milieu de ses camarades du collectif local.
00:57Sa mort, survenue sous les yeux des internautes, a suscité une vive émotion car il était régulièrement la cible de violences, d'humiliation et de brimades
01:04de la part de ses « amis » menées en échange de dons financiers.
01:08On est en plein épisode de la saison 7 de Black Mirror sur Netflix, c'est l'épisode 1 qui s'appelle « Des gens ordinaires »
01:14où on a un homme qui se met en scène pour de l'argent car il est endetté et il fait des absurdités pour satisfaire des spectateurs
01:20toujours en manque justement de souffrance, d'humiliation, etc.
01:24On a notamment, il s'arrache une dent, il se met un truc dans les fesses, enfin tout y passe.
01:29Ce qu'il y a aussi de très inquiétant, c'est l'âge des spectateurs.
01:32Je l'ai vu dans un commentaire sur YouTube, ça m'a bien marqué.
01:35Et effectivement, on a un âge qui est très très bas, on a des spectateurs qui ont entre 12 et 16 ans, 18 ans.
01:41On a même des joueurs de foot qui ont participé à ces lives.
01:44Et en fait, c'est ça qui est inquiétant, c'est que ce public est jeune.
01:48Ça peut être nos enfants, nos petits-enfants et en fait, on ne se rend pas compte de ce qu'ils regardent en ce moment.
01:52Alors attention, je ne m'angle pas toute cette génération, mais une partie de cette génération se nourrit de ça et c'est vraiment très inquiétant.
01:59D'ailleurs, au moment où JP rendait son dernier souffle, JP a son âme,
02:02il y en avait certains qui mettaient cet émoticône.
02:07Ça fait froid dans le dos.
02:09Jean, lui, fragile physiquement et psychologiquement, semblait avoir trouvé dans ce groupe une nouvelle famille,
02:13mais apparaissait aussi sous son emprise.
02:15Plusieurs vidéos le montrent frappé, étranglé, privé de nourriture ou de sommeil et rabaissé par ses compagnons
02:18qui lui rappelaient sans cesse son isolement passé.
02:21Une vraie technique, en fait, de manipulation psychologique.
02:24Bien que certains assurent qu'il participait volontairement à tous ces actes,
02:27un message à sa mère révèle qu'il se sentait séquestré et cherchait donc à fuir.
02:31Il disait notamment ceci, ça va trop loin, j'ai l'impression d'être coincé avec leur concept de merde.
02:36Ses amis avaient eux-mêmes d'ailleurs plaisanté pendant un live sur son possible décès en plein direct,
02:43ce qui laisse quand même supposer une emprise psychologique et physique de la part de ce groupe.
02:49La diffusion continue de ces contenus extrêmes sur Kik, une plateforme donc plus permissive que Twitch,
02:54pose de graves questions sur la responsabilité des plateformes,
02:57mais aussi sur la désensibilisation du public à la violence.
03:00Malgré une enquête journalistique de Mediapart l'an passé et une garde à vue des deux membres du groupe,
03:03l'activité du local avait continué sans entrave.
03:06La réaction des autorités, notamment de la ministre du numérique Clara Chappaz,
03:10n'est intervenue donc du coup qu'après le drame,
03:12suscitant des critiques sur une réaction trop tardive.
03:15Et au-delà de la mort de Raphaël Graven,
03:17l'affaire révèle la dérive d'un système où la souffrance devient spectacle
03:21et où des individus vulnérables peuvent être repoussés à leur limite au nom de l'argent et de l'audience.
03:26Pour résumer, on a donc trois axes qui sont impérativement urgents de débattre au niveau sociétal.
03:33La première chose, c'est la mise en scène de la souffrance comme spectacle.
03:36Les plateformes de streaming et de réseaux sociaux ont permis à chacun de créer du contenu en direct et d'attirer une audience.
03:41Mais cette liberté a aussi encouragé une course à l'extrême.
03:44Plus en fait un contenu choc, plus il attire des vues et plus il fait de l'argent.
03:48Dans le cas de JP, la souffrance physique et psychologique était transformée en divertissement.
03:51Et cela rejoint donc une forme moderne de télé-réalité radicale où l'intimité et la vulnérabilité deviennent des marchandises.
03:58Et donc ça nous rappelle brutalement les limites de ce genre de divertissement.
04:02Jusqu'où peut-on aller avant que le drame ne survienne ?
04:05Et le problème est bien là, il faut que le drame arrive pour que les gens réagissent.
04:10Deuxièmement, on a la responsabilité des plateformes.
04:12Kik, en accueillant ce type de contenu, porte une responsabilité structurelle.
04:16Contrairement à Twitch, elle applique des règles plus permissives, ce qui attire certains créateurs cherchant à échapper aux interdictions.
04:22Et les plateformes bénéficient financièrement de ces diffusions, avec de la publicité, des dons, de la visibilité, etc.
04:28Ce qui pose donc la question de leur rôle réel.
04:31Doivent-elles rester de simples hébergeurs neutres de contenu ?
04:34Ou ont-elles une obligation morale et légale ?
04:37Notamment quand des humiliations et des violences apparaissent.
04:40Est-ce que l'inaction de Kik a favorisé justement, a engendré justement cette violence, cette augmentation de la violence ?
04:47C'est vraiment une responsabilité à discuter, mais je pense que Kik n'est pas neutre dans cette affaire.
04:52Il doit absolument être sanctionné pour son inaction, parce que c'est pas possible.
04:57Les autres plateformes ont mis en place une sorte de régulation, de censure parfois.
05:02Mais si Kik ne le fait pas, ça pose une question d'équilibre.
05:06Et nul ne peut échapper à la loi.
05:08Enfin, la troisième chose, et pour moi c'est la pire, c'est la responsabilité des spectateurs.
05:12Un autre aspect troublant, c'est vraiment la complicité passive ou active du public.
05:17Les internautes ne se sont pas contentés de regarder.
05:20Il y en a beaucoup qui ont payé pour encourager l'acte, les humiliations et les défis.
05:25Et donc ça rend ces violences rentables.
05:27Donc cela soulève une question cruciale, et bien sûr sociale,
05:31jusqu'à quel point sommes-nous responsables, en tant que spectateurs, de ce que nous finançons ou applaudissons ?
05:37Comme dans les jeux du cirque de la Rome antique, le public devient acteur du drame,
05:41en soutenant un système qui transforme une personne fragile en objet de divertissement.
05:45Et pour finir, si on parle du deuxième souffre-douleur, qui s'appelle Kudu,
05:49actuellement, on ne sait pas où il se trouve et comment il va,
05:53et on espère avoir des nouvelles de lui très rapidement,
05:56pour savoir s'il n'est pas en danger.
05:58Sous-titrage Société Radio-Canada
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