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  • il y a 8 heures
Depuis son lancement en 2021 à Lille, le Centre d'accompagnement et de prévention (CAP) a pris en charge, dans le cadre de leur contrôle judiciaire, 1 500 conjoints accusés de violences. Caroline Alirol, directrice du SCJE qui gère ce centre, en explique le fonctionnement.

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Transcription
00:00Bonjour Carolina Lirol, vous êtes la directrice de ce service qui est habilité par la justice,
00:06car c'est la justice finalement qui vous envoie, ces conjoints violents sont des gens placés sous contrôle judiciaire,
00:11donc qui ont déjà commis des violences, c'est ce type de personnes que vous recevez ?
00:15Tout à fait.
00:16Cap qui a été créé en 2021, on le disait, combien de personnes vous avez reçu depuis sa création ?
00:20Depuis sa création, nous avons reçu 1500 auteurs, 1500 prévenus, on a franchi le cap il n'y a pas très longtemps.
00:28Et alors qu'est-ce que vous faites avec ces auteurs de violences ?
00:32Quand on pense violences conjugales d'instincts, on se dit c'est la victime qu'il faut prendre en charge,
00:35vous vous occupez de l'auteur, pourquoi avoir inversé cette démarche ?
00:39Parce que s'occuper de l'auteur, travailler sur sa responsabilisation,
00:46l'aider à gérer ses émotions, sa frustration,
00:50déconstruire les idées reçues qu'il peut avoir sur la représentation de la femme par exemple,
00:55est très important pour lutter contre les violences conjugales.
01:00Si un auteur ne travaille pas sur tout ça, l'histoire se répète
01:06quand la procédure judiciaire est terminée et qu'il rentre chez lui.
01:12C'est-à-dire qu'au sein de ce cap où il y a des psychologues, des juristes, des assistantes sociales,
01:17vous utilisez ce temps du contrôle judiciaire pour que l'auteur de violences réfléchisse à ce qu'il a fait ?
01:22Tout à fait. Mais pas que, parce qu'on vient aussi s'assurer,
01:26comme on est dans le cadre d'un placement sous contrôle judiciaire,
01:28on vient s'assurer qu'il respecte bien toutes les obligations et les interdictions
01:32que le magistrat lui a demandé.
01:35Donc on a d'abord une mission de...
01:37On pose le cadre et à travers le suivi,
01:42nous allons l'aider aussi à sortir de ces différentes problématiques
01:47parce qu'il peut avoir une problématique addictologique, une problématique sociale,
01:52une problématique professionnelle.
01:54Donc on va l'aider également à sortir de ces différentes difficultés.
01:59Et en parallèle de ça, on mène des entretiens individuels et collectifs
02:03dans lesquels des psychologues formés aux violences conjugales
02:07vont les aider à avoir une forme d'introspection, en tout cas,
02:12sur leur mode de fonctionnement, notamment dans le couple.
02:157h48 ici, nous sommes en direct avec Caroline Allirol,
02:18directrice d'une structure qui prend en charge les auteurs de violences conjugales.
02:22Caroline Allirol, les auteurs de violences qui arrivent au Cap,
02:26où en sont-ils dans leur réflexion lors de ces fameux entretiens,
02:30dans leur réflexion sur ce qu'ils ont fait, est-ce qu'ils se l'expliquent ?
02:32Est-ce qu'il se trouve des excuses ? Où est-ce qu'ils en sont quand ils arrivent chez vous ?
02:36Quand ils arrivent chez nous, en général, ils sont plutôt dans le déni.
02:39Ils ne comprennent pas pourquoi ils ont été placés.
02:42Certains reconnaissent les faits.
02:45Maintenant, on est dans le cadre du contrôle judiciaire.
02:49On garantit la présomption d'innocence.
02:51Ils ne sont pas encore jugés.
02:54Il n'empêche que ça ne nous empêche pas, en tout cas,
02:56de travailler avec eux sur les différentes formes de violences conjugales,
03:00leur mode de fonctionnement dans le couple.
03:03Et c'est aussi pour ça qu'on vient travailler dans les ateliers,
03:06à libérer la parole dans un cadre sécurisant,
03:08pour qu'ils puissent s'exprimer et qu'on puisse les reprendre aussi
03:11sur les préjugés, parfois, qu'ils peuvent avoir.
03:15Et vous, votre objectif, c'est donc de retourner ces préjugés,
03:18d'atténuer cette notion de déni.
03:21Comment réagissent, finalement, encore une fois les auteurs qui sont présumés auteurs de violences ?
03:25Est-ce qu'ils comprennent, une fois qu'ils sortent de ces entretiens ?
03:28Qu'est-ce qu'ils en ressortent ?
03:29Je ne sais pas si vous savez le mesurer.
03:31Alors, ils comprennent, puisqu'on a fait une étude sociologique,
03:35et dans 75% des cas, ils souhaitent absolument poursuivre les ateliers.
03:40Et dans 60% des cas, également, ils souhaitent poursuivre l'entretien individuel avec un psychologue,
03:49même en dehors de toute période contrainte.
03:51Donc, on sent qu'on sème des petites graines et qu'ils finissent par prendre conscience.
04:00Alors, ça ne marche pas pour tout le monde.
04:01Et quand ça ne marche pas pour tout le monde, on dresse un rapport aussi au magistrat
04:05qui sera amené à le juger à l'audience, puisque le contrôle judiciaire dure 6 mois.
04:11Et à l'issue des 6 mois, dans le cadre du rapport que l'on transmet,
04:15on donne des éléments objectifs au magistrat pour qu'il puisse se prononcer
04:18sur une réponse pénale qui sera adaptée.
04:20Au sein de cette structure, au sein de ce centre, vous avez aussi des logements
04:24pour héberger ces conjoints violents.
04:26Pourquoi ? C'est pour que l'interdiction d'approcher la victime soit respectée.
04:30Là aussi, il y a une inversion de logique.
04:31À une époque, c'était la victime qui devait quitter son logement.
04:34Là, c'est l'inverse.
04:35On permet à la victime de rester chez elle et à l'auteur présumé d'aller ailleurs
04:39pour pouvoir respecter, encore une fois, le contrôle judiciaire.
04:41C'est ça.
04:42Ça a été inversé depuis le Grenelle.
04:44Clairement, avant, c'était la victime qui prenait ses valises et qui quittait le logement.
04:50Aujourd'hui, on a inversé la tendance, effectivement.
04:52Et quand un auteur est évincé du domicile, on peut lui proposer un hébergement au Cap.
04:58Et ça lui permet aussi d'avoir un accompagnement renforcé.
05:01En général, les personnes qu'on a en hébergement au Cap,
05:04ce sont des personnes qui sont complètement démunies
05:07et qui n'ont pas beaucoup de liens sociaux.
05:10Et donc, on va les aider à trouver un toit, à se réinsérer,
05:14pour qu'ensuite, ils puissent être un peu plus libres
05:17et faire tout ce travail d'introspection qu'on mène au Cap.
05:22Vous avez 25 logements au sein de ce centre.
05:25Caroline Ayrolles, le travail que vous menez,
05:27est-ce que cela veut dire finalement que le processus classique,
05:29plainte, contrôle judiciaire, procès, n'est pas suffisant
05:32pour traiter le sujet des violences conjugales ?
05:34Si vous devez intervenir pour mener tout ce travail de réflexion,
05:37est-ce que cela veut dire que c'était un travail qui n'était pas mené avant
05:39et qu'il a fallu faire parce que ça n'existait pas ?
05:41Ou alors, est-ce que finalement, c'était mené de manière plus disparate
05:45et que vous avez centralisé tout ça ?
05:47Alors, c'est délicat de répondre à cette question
05:50puisque le contrôle judiciaire est une des réponses pénales
05:52que l'on peut apporter en fonction de la gravité des faits.
05:55On a plein d'autres mesures à côté
05:58qui peuvent être prononcées avant même le contrôle judiciaire
06:02et des mesures qui fonctionnent très bien
06:03comme les stages de responsabilisation,
06:05comme les mesures d'alternative aux poursuites
06:09où on est sur des faits de faible gravité.
06:12Donc, je dirais que la réponse pénale
06:15et notamment le contrôle judiciaire
06:16intervient dans la procédure
06:20par rapport à la gravité,
06:22par rapport à plein d'éléments
06:24que le magistrat prend en considération
06:26pour choisir cette réponse pénale.
06:29Encore une fois, c'est un magistrat qui décide
06:30de ce contrôle judiciaire en amont d'un procès.
06:33Caroline Allirol, directrice du service de contrôle judiciaire
06:36et d'enquête de Lille
06:36qui gère ce fameux CAP, ce centre à Lille.
06:39Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation,
06:40de nous avoir présenté vos actions ce matin.
06:42Bonne journée.
06:42Merci.
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