00:00Suite à la fin de cette visite d'Emmanuel Macron au Gabon, ce lundi matin, on suivra cela sur France 24.
00:05Prends m'accompagner ce matin et comprends les tenants et les aboutissants de tout cela, le chercheur Paul Méli.
00:11Merci beaucoup d'être avec nous.
00:12Vous officiez notamment comme chercheur associé au programme Afrique du groupe de réflexion The Chatham House,
00:18le Royal Institute of International Affairs, avec un mauvais accent français, pardonnez-moi.
00:24D'abord, pour bien comprendre la situation et les rapports entre la France et le Gabon,
00:27il faut aussi comprendre les conditions dans lesquelles s'est déroulé ce coup d'État il y a deux ans.
00:30On l'a entendu dans le sujet précédent, ce n'est pas du tout la même situation qu'au Sahel.
00:35Des décennies de pouvoir bongo ont pris fin dans la foulée de la présidentielle, sans violence.
00:42Oui, le Gabon a offert, si vous voulez, à la France, l'opportunité de montrer que si, après un coup d'État,
00:51une transition vers la restauration de la démocratie, du système constitutionnel est poursuit,
01:02la France est disponible comme partenaire pour reconstruire ou refaçonner, si vous voulez,
01:10cette relation bilatérale en tant que partenaire économique, aussi sur les questions de l'écologie.
01:17On sait que, par exemple, le gouvernement français est très, très focalisé sur les questions de la protection de la forêt, du bassin, du Congo,
01:26mais aussi en tant que partenaire qui puisse soutenir cette transition,
01:34mais sans trop, trop, trop se mettre en avant sur le plan politique.
01:38Une des grandes difficultés avec ce qui s'est passé en Afrique de l'Ouest et surtout au Sahel ces dernières années,
01:49c'était que, très, très souvent, la France s'était perçue comme un acteur qui voulait commenter ou agir sur le plan politique,
02:01bien que, du point de vue français, l'action du gouvernement français s'était visée à soutenir les principes du bloc,
02:12la CDAO, le bloc ouest-africain qui a certaines règles constitutionnelles, démocratiques, etc.
02:20Mais, du point de vue africain, souvent, ça s'était perçu comme quelque chose, une certaine ingérence.
02:26Et on voit toujours les relations entre la France et les pays sahéliens bloquées.
02:33Et les relations entre la France et certains pays ouest-africains qui sont restés dans le bloc CDAO,
02:38toujours quand même en délicatesse.
02:41Par contraste, avec le Gabon, parce que le Gabon a poursuit une transition civile,
02:48pour restaurer le système constitutionnel, avec une élection seulement moins de deux ans après le coup d'État à l'origine,
02:58ça offre à la France la possibilité de montrer qu'un partenariat puisse continuer
03:03et sans que la France soit perçue comme quelqu'un, comme un acteur qui veut intervenir ou commenter l'évolution de la situation politique.
03:14C'est-à-dire que cette visite d'Emmanuel Macron, ce n'est pas seulement un message pour les Gabonais,
03:19mais aussi pour les autres pays européens, partenaires de la France, pour réinventer ce qu'il appelle de nouveaux modèles ?
03:25Oui, c'est un message aux pays africains en général pour dire que la France est disponible à être un partenaire,
03:36un acteur qui vraiment s'intéresse au thème que confronte l'Afrique sur le plan économique, sur le plan écologique,
03:45sur les questions du climat.
03:47Ça vient, par exemple, deux, trois jours après la visite du président Macron, aussi à l'île Maurice,
03:53juste avant le sommet du G20 à Johannesburg.
03:56Et à l'île Maurice, aussi, on parlait beaucoup des questions écologiques.
04:04Là, c'était plutôt focalisé sur la protection de l'océan.
04:09On parlait beaucoup de coopération régionale.
04:13Donc, la France comme un partenaire fiable, etc.
04:17La France, pardon, qui met l'accent sur l'aide au développement,
04:20mais il y a d'autres pays qui s'intéressent énormément aux continents africains.
04:25On pense évidemment à la Chine, qui est présente dans de nombreux pays depuis de nombreuses années maintenant,
04:30à l'appétit de la Turquie aussi.
04:32Et là, ce sont des régimes qui sont moins regardants,
04:34notamment sur la question du développement ou des droits de l'âme.
04:38Oui, pour la France, le développement reste un axe de la politique française qui reste assez important.
04:46On a vu, bien sûr, l'abolition de l'USAID, la grande agence de développement américain.
04:54On a vu les gouvernements britanniques et allemands aussi annoncer de grandes réductions dans leur budget d'aide au développement.
05:03La France aussi a réduit son aide au développement, mais d'une moindre mesure.
05:10Donc, l'AFD, l'Agence française de développement, reste un acteur qui puisse intervenir dans les domaines assez concrets,
05:19comme on voit avec le cas du transgabonais, par exemple.
05:23Mais aussi, ce n'est pas seulement une question d'aide au développement,
05:27c'est aussi une question d'adapter les partenariats traditionnels sur le plan économique ou militaire
05:35aux demandes de cette troisième décennie du XXe siècle.
05:40Par exemple, avec le cas de la manganèse au Gabon.
05:43Le manganèse, le Gabon est un des producteurs les plus importants du monde de ces minéraux très, très importants.
05:53L'entreprise française Eramet est l'entreprise principale au cœur du secteur gabonais.
05:59Alors, le gouvernement gabonais, le gouvernement d'Olivier Nguema, a demandé à Eramet de passer de la production du matériel brut à une phase de transformation.
06:14Ça va demander de grands investissements.
06:17Et on a vu, par les paroles de Macron dans son discours d'hier,
06:22qui signalait la volonté, si vous voulez, de l'État français à soutenir cette transition.
06:30Donc, on peut imaginer qu'il y aurait peut-être des garanties d'investissement
06:35ou peut-être d'autres garanties financières ou formes d'assurance pour aider Eramet à faire les investissements nécessaires.
06:46Et on verra la même chose dans les secteurs forestiers, où c'était avec le dernier président, Ali Bongo,
06:52celui qui a été renversé en 2023, qui déjà avait entamé une transformation du secteur du bois
07:01pour passer de l'exportation des grumes brutes à la production de produits, de valeurs, de valoriser les secteurs.
07:12Et donc, tout ça pour la France, ça offre une occasion, si vous voulez,
07:19de montrer qu'il y a une autre façade de son partenariat en Afrique.
07:25Ce n'est pas seulement la France qui intervenait au Sahel, à la demande, bien sûr, du Mali en 2013,
07:33mais aussi, c'est la France qui est là pour aider la transformation économique.
07:39Donc, c'est utile, si vous voulez, pour le président Macron,
07:43après deux, trois années très, très difficiles en Afrique de l'Ouest,
07:49d'avoir certains pays où la France peut se présenter en nouveaux partenaires.
07:56De même avec la base militaire qui a été réduite en taille pour se transformer en centre de formation.
08:02Merci, merci beaucoup.
08:04Sous le drapeau gabonais.
08:05Merci beaucoup, Paul Méli, de nous avoir éclairés ce matin.
08:08On va continuer à suivre, évidemment, la suite de la visite d'Emmanuel Macron au Gabon
08:13avant le sommet Union africaine, Union européenne.
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