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  • il y a 11 heures
Dans son édito du 24/11/2025, Paul Sugy revient sur la première interview accordée par Boualem Sansal depuis sa libération.

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Transcription
00:00Oui, dès les premiers mots de cet entretien exceptionnel de retenue et de dignité
00:04adressé par Bohème Sansal au Figaro, il nous adresse une leçon de courage.
00:07« Je m'y attendais », dit-il.
00:09Bohème Sansal savait le risque qu'il prenait à chaque voyage en Algérie.
00:11Il aurait pu être en France un réfugié politique,
00:14ne plus courir le risque de revenir vers son pays natal,
00:16dans lequel il se savait un paria, mais il aimait trop profondément l'Algérie.
00:20Quoi qu'en disent ses détracteurs ou ses opposants là-bas,
00:23ses attaches familiales y étaient et pour rien au monde, il n'aurait su y renoncer.
00:27Alors sur son arrestation, on a la confirmation de ce que nous pressentions depuis le début.
00:31Rien, ni dans les circonstances, dans la façon dont il a été arrêté,
00:34ni dans les jours qui ont suivi, n'était conforme au droit ou à la justice.
00:37On l'a cueilli à l'aéroport, on l'a enfermé, ne lui a rien dit, on l'a menotté.
00:41Les menottes, dit-il, sur le coup, ça ne m'a rien fait et c'est très beau, regardez après.
00:45Il dit « En y repensant, je me suis senti humilié. »
00:47On a voulu casser un homme, on l'a emmené ligoté, cagoulé.
00:50Il raconte encore « On me fait entrer dans un bureau, on me met à poil,
00:53on me saisit mon sac, mon téléphone et on m'enferme dans une pièce vide. »
00:56Pas une fenêtre, pas un matelas et ça a duré six jours.
01:00Rien, ni personne n'est venu expliquer à Boilem Sansal pourquoi est-ce qu'il était enfermé.
01:04Six jours interminables au cours desquels on l'a seulement questionné.
01:06Est-ce qu'il connaît Nicolas Sarkozy ? Est-ce que ? Est-ce que ?
01:09Et il ne répondait rien pendant des heures d'interrogatoire.
01:11On imagine l'épreuve que ça a dû être pendant cette première semaine.
01:14Ce qu'il raconte ensuite, c'est qu'au bout d'une semaine,
01:17ses conditions de détention se sont améliorées grâce au soutien
01:20dont il faisait l'objet dans les médias et l'opinion en France.
01:23En mesure aujourd'hui à quel point ce soutien était précieux pour lui.
01:26Donc une semaine plus tard, Boilem Sansal sera présenté à un procureur.
01:29Et même si la justice algérienne n'en devient pas équitable pour autant,
01:32du moins prend-elle à ce moment-là un visage plus conforme à la règle de droit.
01:35Et surtout, Boilem Sansal dit qu'il a été bien traité
01:37car effectivement la mobilisation nationale, internationale même autour de sa cause
01:41a sans doute porté ses fruits.
01:43Les autorités françaises, soupçonnent-ils, seraient intervenues pour faire pression.
01:47C'est aussi ça donc l'intérêt de cette mobilisation dès le premier jour.
01:50Opéré par ses soutiens, à qui on a sans cesse reproché d'être trop dur avec l'Algérie
01:53ou de ne pas suffisamment croire à la diplomatie.
01:55Mais c'est parfois aussi en haussant le ton qu'on protège les siens.
01:58Boilem Sansal ensuite raconte avec courage l'épreuve de la prison.
02:01Il se décrit lui-même comme un otage.
02:03Le mot est de lui.
02:04Et on sait que ses mots sont pesés au trébuchet.
02:06Sa parole n'est pas tout à fait libre.
02:07Il le disait lui-même hier soir dans l'interview qu'il a donné à France 2
02:10car on lui demande de ne pas notamment compromettre le sort de Christophe Glez
02:13qui est toujours retenu en Algérie.
02:15Et donc, des otages, dit-il, il y en avait beaucoup dans cette prison.
02:18Il le raconte, il y avait 4 anciens chefs de gouvernement, une trentaine de ministres, 60 PDG.
02:23C'est dire si les geôles d'Alger sont pleines de personnes qui n'auraient rien à faire là.
02:28Il a cherché lui en prison le compagnonnage des livres découverts avec effroi
02:31qu'il n'y avait pratiquement plus que des courants ou des livres de religion dans la bibliothèque.
02:35Il s'est réfugié chez ceux qui faisaient exception à la règle.
02:38Victor Hugo, Maupassant, Monterland étaient ses compagnons de cellules.
02:42La France a vécu avec lui au fond d'un cachot en Algérie.
02:44Au fond, on se rend compte qu'on n'enferme jamais un écrivain totalement,
02:48car pour peu qu'on lui tende un livre ou une feuille de papier,
02:50le voici plus libre que n'importe lequel de ses geôliers.
02:53Ce qui frappe, c'est qu'il ne s'apitoie même pas sur son sort, c'est vrai.
02:57Il y a une vraie abnégation dans ses propos.
03:00Oui, à un moment, Figaro lui demande si notamment il a voulu raconter sa captivité.
03:05Il a une phrase qui est assez amusante.
03:06Il dit, je voulais faire un journal, évidemment, un peu comme a fait Nicolas Sarkozy,
03:09mais je craignais de m'apitoyer sur moi-même à cause du froid et de l'ennui,
03:14donc je n'y suis pas parvenu.
03:15Bohème sans ça, il est incapable d'écrire sur lui-même.
03:17Au fond, c'est la vraie leçon de dignité qu'il nous adresse,
03:20qu'il nous adresse cet amoureux de la France et de l'Algérie,
03:22qui n'a jamais eu de cesse que de dire son amour pour son pays
03:24et sa tristesse de le voir sombrer dans la situation qu'on connaît.
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