00:00Président, les départements aujourd'hui sont en situation de faillite ou de pré-faillite ?
00:06Écoutez, je suis venu rencontrer les élus de Saône-et-Loire.
00:10C'est vrai qu'on est dans une situation particulièrement difficile
00:13et ça vaut pour tous les départements de France une explosion de la dépense sociale
00:17et en même temps une chute de nos recettes, notamment des DMTO.
00:21Et puis l'État qui veut nous demander participer au redressement des finances publiques
00:25alors que nous sommes en très grave difficulté.
00:26Le résultat, c'est qu'il y avait 17 départements qui étaient en situation extrêmement difficile il y a 3-4 ans.
00:34Aujourd'hui, on est maintenant à pratiquement une soixantaine de départements qui sont en grande difficulté.
00:39Donc ça ne peut pas durer comme ça. Il faut arrêter de charger la barque des départements.
00:43C'est ce que j'ai rappelé au Premier ministre.
00:45Avec une première, la Gironde qui a été placée sous tutelle ?
00:48Quasiment, vous savez, il y a 100 millions d'euros à trouver pour boucler le budget.
00:53On voit bien que c'est une situation inextricable et qu'il faut arrêter non seulement de charger la barque,
01:00mais il faut aussi que l'État compense les dépenses qu'il nous impose.
01:04On verse des allocations individuelles de solidarité, l'APA, on verse le RSA, on verse la PCH pour les personnes handicapées.
01:12Tout ça, on le fait avec engagement, mais en même temps, on en assume quasiment les deux tiers de la charge.
01:21La totalité des AIS, c'est de l'ordre de 32 milliards de la dépense sociale.
01:26Dans les départements, on est compensé à hauteur de 10 milliards.
01:29La solidarité nationale ne peut pas relever simplement de la solidarité départementale, naturellement.
01:35Qu'est-ce que vous demandez en priorité ?
01:37En priorité, d'abord, ce qu'on a demandé, c'est qu'on puisse avoir très rapidement le vote de ces 600 millions d'euros
01:44pour aider les départements à sortir la tête de l'eau et éviter la situation que nous connaissons en Gironde,
01:49c'est-à-dire que c'est la Chambre régionale des comptes qui gère aux côtés du président le budget du préfet.
01:54Donc ça, il faut l'éviter à toute fin, sortir la tête de l'eau.
01:58Ensuite, nous attendons à ce que des mesures d'urgence soient prises, c'est-à-dire 50-50,
02:04participer à autour de 50% sur la totalité de couverture des AIS.
02:09Il y a un amendement qui a été déposé là-dessus au Parlement.
02:11Et puis ce qu'on attend aussi, c'est que l'État renonce à nous demander de financer
02:16le redressement du déficit public sur des dépenses qu'il nous impose.
02:20On est dans un monde de fous.
02:21Tout le monde reconnaît nos difficultés.
02:23On vient en plus nous taxer, donc de l'ordre de 280 millions.
02:25Donc évidemment que c'est insoutenable comme effort.
02:29Avec dans la période actuelle une augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA.
02:35Oui, on a une augmentation du nombre de bénéficiaires, on a une augmentation du RSA.
02:39On a une augmentation dans l'extension du champ pour la prise en compte du handicap qui explose là aussi.
02:44Et puis le vieillissement de la population, vous voyez bien.
02:47L'aide à domicile, la situation de nos EHPAD qui est extrêmement compliquée.
02:50Et puis je n'oublie pas que nous ne sommes pas que les socials.
02:53Nous avons aussi la responsabilité de 380 000 kilomètres de route qui sont les axes les plus fréquentés de France.
03:00Nous avons 100 000 ponts à entretenir.
03:02Nous avons des services départementaux d'incendie et de secours.
03:05C'est André Akkari qui préside la commission SDIS de France.
03:11Et donc nous avons besoin de faire face au changement climatique, d'apporter des financements.
03:14Et là aussi, on attend à ce qu'on soit accompagné.
03:19Aujourd'hui, tout effort supplémentaire lié au changement climatique pour équiper nos SDIS, il est supporté par les départements.
03:24Ce n'est pas tenable dans le contexte actuel.
03:27Et puis je n'oublie pas l'accompagnement que nous avons également pour notre agriculture.
03:31On y est très attaché.
03:33Les accompagnements que nous aidons pour nos communes, pour rendre possible des projets sur les communes.
03:38Qu'est-ce qu'on va faire ? Avec 70% de dépenses sociales dans nos budgets, on va devoir renoncer à tout ça ?
03:45On va devoir renoncer à aider ?
03:47Vous imaginez les conséquences dans le monde rural ?
03:49Le sentiment d'abandon qui est déjà très marqué.
03:52Si on leur dit demain, on ne peut plus vous aider ?
03:54Enfin franchement, il y a une urgence.
03:56Je pense que quelque part en ce moment, je pense que c'est une partie du destin national qui est en train de se jouer.
04:02En tout cas, une vision de la France qui est en train de se jouer.
04:03Est-ce que vous avez le sentiment que les députés, dans leur majorité, en ont confiance ?
04:09Moi, j'ai d'abord apprécié à Albi, dans le Tarn, les assises, l'expression du Premier ministre.
04:17Il a d'abord reconnu notre rôle irremplaçable dans le travail de proximité, irremplaçable.
04:24Il a confirmé que nous étions aussi la collectivité des réseaux, la collectivité de l'aménagement du territoire, ce qu'on attendait.
04:30Il a commencé à jeter les premières pistes d'un financement.
04:33Et notamment les 600 millions pour venir en aide au département et les aider à sortir de la tête de l'eau.
04:39Mais maintenant, la balle est dans le camp des députés notamment.
04:43Il nous faut un budget pour la France.
04:46Sans quoi, tout ce que nous avons obtenu comme avancé, comme reconnaissance pour nous permettre d'agir au service de nos compatriotes,
04:53ça va sauter.
04:54On va repartir avec 5 milliards de dépenses que nous allons devoir assurer pour soutenir l'État, etc.
05:00Enfin, c'est insoutenable.
05:02Moi, je les appelle vraiment à la responsabilité.
05:04Mais personne ne pourra dire, on ne savait pas la situation que connaissent aujourd'hui les départements, les conséquences pour nos compatriotes.
05:11Personne ne pourra le dire.
05:12J'ai écrit à chaque sénateur, je les remercie de leur soutien.
05:16J'ai écrit à tous les députés.
05:17Personne ne pourra dire, on ne s'arrête pas.
05:20Mais demain, quand on ne pourra plus entretenir une route, qu'on sera obligé de fermer les routes à cause de ponts qu'on ne réparera pas
05:25ou qu'on ne pourra plus équiper nos services d'incendie et de secours, qu'on rediffèrera nos investissements, qu'on arrêtera les aides aux communes,
05:33vous allez voir, déjà l'an dernier, en France, les départements ont investi 10% de moins parce qu'ils ne peuvent plus faire face.
05:41Est-ce que vous demandez un levier fiscal ?
05:44Bien sûr, il nous faut de l'autonomie.
05:46Moi, je n'ai jamais demandé la suppression de la taxe d'habitation pour les communes.
05:49Et du coup, maintenant, on n'a plus que des dotations d'État.
05:54TVA, pour l'essentiel, par le TVA qu'on touche à la place de Foncier-Bâti.
05:58On touche des GF, on touche de la taxe sur les compétences d'assurance.
06:04Mais on n'a aucun pouvoir de taux.
06:05On a obtenu quand même de relever un peu le taux des DMTO, hors primo-accédant.
06:12Enfin, ça n'a pas à l'auteur du sujet.
06:14Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est qu'on puisse rendre soutenable le service à la population,
06:21tout ce qui est de l'action sociale.
06:24Il faut la rendre soutenable.
06:26Aujourd'hui, j'entends des parlementaires, certains d'entre eux, qui nous disaient,
06:29vous savez, on ne peut pas vous aider, département de France, parce qu'on a déjà la sécu dans le rouge.
06:36Mais ça veut dire que le système va s'effondrer.
06:39On n'est pas en situation, en France, d'assurer le système de solidarité.
06:43Donc, il faut revoir le périmètre et il faut revoir le financement.
06:46En tout cas, j'étais très heureux d'être en Saône-Éloire pour échanger avec les élus,
06:51ce qui montre que malgré les difficultés, il y avait des jeunes apprentis qui viennent ici,
06:55et un motif d'espérance, c'est qu'on se voit enfin reconnaître le travail,
06:59qu'on décentralise, qu'on rapproche les centres de décision.
07:02Les conseillers et conseillers départementaux, qui sont là, sont au contact des gens au plus près.
07:07C'est ça qu'il faut redonner.
07:08Pour redonner de la confiance, il faut redonner de la responsabilité
07:12et du pouvoir de décentraliser à nos élus.
07:16Justement, le président Akari avait demandé une gestion unique pour les EHPAD
07:22et qu'elles soient confiées au département.
07:24Il avait demandé une expérimentation en Saône-Éloire.
07:27Vous pensez que ce sont des décisions comme celles-ci qui peuvent aller dans le bon sens ?
07:33Bien sûr.
07:34Regardez, vous voyez la situation des déserts médicaux.
07:36Je veux vraiment saluer le travail qui a été fait en Saône-Éloire,
07:39qui est unique en France, sur lequel il y a maintenant la population,
07:43des pontiers de population qui peuvent avoir accès à des médecins,
07:45parce qu'il a pris de manches.
07:46D'ailleurs, j'ai été très content que le Premier ministre annonce la réforme,
07:52une réforme de rupture sur le fonctionnement des ARS
07:56et qu'ils veuillent confier tout ce qui est médecine de proximité,
08:00tout ce qui est organisation des hôpitaux locaux de proximité,
08:03de nos EHPAD, qu'ils veuillent en confier la gestion.
08:06Il faudra qu'on ait les financements en face.
08:08Mais qu'ils en confient la gestion, c'est une bonne nouvelle.
08:10Si on continue comme on a fait, qu'on allait confier tous nos EHPAD
08:13à la gestion des ARS, on a aimé ce qui s'est passé dans les déserts médicaux,
08:19on va adorer ce qui va se passer dans les déserts médicaux sociaux.
08:22Donc il fallait réformer.
08:24C'était la mort annoncée de tous les EHPAD qui ont moins de 60 lits.
08:28Regardez ce qui se passe en Saône-Éloire, en Côte d'Or,
08:30c'est 40% des EHPAD qui allaient fermer.
08:32Donc on veut réorganiser les mouvoirs d'antan.
08:34Donc redonner la main au département sur tout l'aspect médecine de proximité,
08:40et sur l'aspect médico-social, c'est une chance de donner à la France.
08:43D'ailleurs, j'observe que toute l'organisation de notre système,
08:47il est départemental.
08:48Les caisses primaires d'assurance maladie sont départementales.
08:51Donc tout est départemental.
08:53L'Ordre national des médecins, il est organisé départementalement.
08:56On a d'ailleurs signé une convention avec eux pour agir de concert.
09:00Merci.
09:01Merci.
09:02Merci.
09:03Merci.
09:04Merci.