'L'expression T'as pas changé a mille sens" pour Jérôme Commandeur

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Transcript

00:00C'était quand la dernière fois qu'on vous a dit « t'as pas changé » ?

00:03Oui, c'est le titre du film.

00:05Bah oui.

00:07Excusez-moi de bosser.

00:09Vous avez vu, ça va vite chez moi.

00:11Bien sûr.

00:12Tenez-vous au bastingage, comme on dit sur les bateaux.

00:15Je ne sais pas si on me l'a dit.

00:17Si, peut-être réunion d'anciens élèves.

00:20Ah oui, en rapport avec la thématique du film.

00:22Vous en faites beaucoup, des réunions d'anciens élèves ?

00:24J'ai fait les 30 ans du bac.

00:26Ah, sympa.

00:27C'est amusant parce qu'en fait, on arrive un peu tendu, un peu angoissé.

00:32Parce qu'on se dit « ça va, on va être... »

00:35Je ne sais pas comment dire.

00:36Il va falloir que je leur donne quelque chose à manger, en fait.

00:38C'est marrant parce qu'on s'en est parlé.

00:40Après, on a débriefé entre certains.

00:42Et ça dure 4 minutes 12, en fait.

00:45On est tellement heureux.

00:46On est tellement heureux de se prendre dans les bras.

00:49On fait des trucs même de vieux.

00:51On se prend les mains.

00:53C'est comme les tatis.

00:55Oui.

00:55On se prend les mains.

00:56Mais c'est génial.

00:56Parce qu'on a 50 ans, je veux dire.

00:57Oui, oui.

00:58Moi, je n'ai pas vu ça avec mes anciens camarades d'école.

01:01Ça s'est passé comment ?

01:02Ça ne s'est pas passé.

01:03On n'a pas fait de réunion d'anciens élèves.

01:05Mais parce que vous n'y êtes pas encore.

01:06Oui, j'y approche.

01:07Je m'en approche quand même.

01:09Je me faisais la réflexion.

01:10Le titre du film est quand même extrêmement bien trouvé.

01:14Ce n'est pas évident de trouver un titre de film finalement.

01:16Ça paraît simple pour les spectateurs.

01:18Je vous remercie.

01:19J'imagine la prise de tête derrière.

01:20C'était mon idée.

01:21Donc, voilà.

01:22Je ne suis pas là pour parler de moi.

01:23Je prends le compliment.

01:24Blague à part, j'adore cette expression.

01:28Parce qu'en fait, selon comment on l'a dit,

01:31en général, elle concerne les réunions d'anciens.

01:34Elle a mille tons, mille sens.

01:36Ça peut être, je veux combler le vide.

01:39Donc, ça ne t'a pas changé alors qu'on s'en fout.

01:42Tu es toujours aussi con.

01:44C'est une vacherie.

01:45C'est sentimental, amical.

01:48C'est-à-dire que ça peut être dit avec presque les larmes aux yeux.

01:51Parce que je suis vraiment, vraiment, sincèrement heureux de te retrouver.

01:56Ça peut être un amour de jeunesse.

01:57Enfin, on peut la décliner.

01:59Et petit hommage à la place des grands hommes.

02:01C'est ce que j'allais dire.

02:02Est-ce que vous avez été inspiré par Patrick Bruel ?

02:05Un petit peu, oui, oui, oui.

02:06Tu as changé.

02:06Qu'est-ce que tu deviens ?

02:07Tu t'es marie avec un trois gamins.

02:08Ma préférée, dans la chanson, c'est

02:11« Et toi, Pascal, tu te marres toujours pour rien ».

02:13Bon, mais est-ce que vous avez changé, alors, d'après vous ?

02:15C'est quoi votre regard, quand vous voyez vos photos de classe ?

02:18Physiquement, vous voulez dire ?

02:19Oui.

02:20Oh, ben, je vous remercie de poser la question, mais oui, oui.

02:23Si vous voyez cette vidéo, c'est que vous étiez en terminale en 93, au lycée Clémenceau.

02:28Et on vous a retrouvé, monde de petits bénards.

02:31Vous faites un pas de plus, j'appelle Vérissure.

02:34Je dirais qu'on était un peu les influenceurs stars du BAU.

02:38Vous êtes des balais à chiottes.

02:40Et tout le monde le pense ici.

02:41Vous aurez des vies de merde.

02:42Le karma, ça s'appelle.

02:43Alors, pour ce film, vous avez réuni votre bande.

02:45Est-ce que c'est votre bande idéale, d'ailleurs, à la base ?

02:47Laurent Lafitte, François Damien, pour jouer ce trio de copains ?

02:51Ah oui.

02:52Oui, on se connaît bien dans la vie, tous les trois.

02:54C'est juste un bonheur de se lever le matin et de retrouver des gens qu'on aime.

02:58Voilà, c'est ça.

02:58Et d'être avec eux, parce qu'on sait que ça va être bienveillant, pro.

03:02Et puis surtout, c'est un plaisir un peu égoïste de réalisateur,

03:05mais de voir qu'ils incarnaient ce que je leur demande.

03:07Non, mais ils sont quand même à mourir de rire dans le film.

03:09Laurent Lafitte, qui joue cette espèce de Ricky Martin de supermarché,

03:12il a la tête parfaite pour ça.

03:14Ah, parfait.

03:15Ah, franchement.

03:16Parfait.

03:16Et puis, il fait partie de ces comédiens qui n'ont, j'allais dire,

03:20pas besoin d'essayer le texte.

03:21Ah oui.

03:21C'est-à-dire que vraiment, on lui a mis le postiche, les bracelets de force,

03:25le petit jean un peu, je ne sais pas comment dire, un peu déchiré,

03:29mais pour un quinquat, c'est un peu lourdingue aujourd'hui.

03:32Et lui, il continue, colis en cuir, enfin...

03:35Il est magnifique.

03:36François Damien, l'avocat à succès.

03:38Celui qui n'est pas très épanoui.

03:40Pas très épanoui, parce qu'il se fait doubler par sa femme.

03:43Il s'encroute, il piétine.

03:45Et il est frustré.

03:46Il est frustré et il ne supporte pas.

03:48Ça, ça va parler à beaucoup de quinquats mecs.

03:51Il ne supporte pas d'avoir appris des choses à son fils.

03:55Il lui a retiré les roulettes au vélo, machin.

03:57Et le gamin a 15 ans et maintenant, il lui met des tartes au paddle.

03:59Oui, c'est ça.

04:00Et ça, c'est terrifiant.

04:00Et vous, vous êtes le gentil.

04:02Celui qui accepte d'être quitté et que son ex-femme vive sous le même toit

04:06avec son nouveau compagnon, avec la belle-mère qui est jouée par Catherine Yégelle.

04:10Fantastique.

04:11Elle veut me quitter.

04:12Je lui dis, mais reste.

04:14Mais je suis un nouveau mec.

04:15Reste avec ton nouveau mec.

04:16Mais il y a sa mère.

04:17Je vous loge tous les trois.

04:19Et en fait, je pense que c'est le plus dingue.

04:20Parce que personne ne fait ça, je pense.

04:23C'est un film sur des quinquats qui ont du mal à...

04:27J'aime bien l'image, moi, de la petite souris qui fait des tours dans une pièce

04:29et qui ne trouve pas la porte.

04:31On a beau leur dire, ils ne comprennent pas.

04:32Ils ne savent pas comment faire avec la vie.

04:34Et je pense qu'on est des millions comme ça, à se sentir un peu démunis.

04:39Un peu savon sous la douche avec la vie.

04:40Je ne sais pas comment le prendre.

04:41Je ne sais pas comment faire.

04:42Ça glisse.

04:43Et à 50, ça devient vraiment emmerdant.

04:45À 30, bon.

04:46Oui, la fameuse crise identitaire.

04:48Mais c'est vrai que c'est aussi cette expression, quand on dit que c'est le karma,

04:51en fait, on les découvre vraiment pas sympas au collège.

04:55C'est un peu ceux qui embêtaient tout le monde, qui ne se met pas à la terreur.

05:00Mais bon, qui n'étaient pas cool avec les autres, notamment avec le personnage qui est joué par Vanessa Paradis.

05:04On va y venir.

05:05Et au final, ils se retrouvent à 50 ans.

05:07Ils ne sont pas épanouis.

05:08C'est comme s'il fallait qu'ils réparent quelque chose du passé aussi.

05:10Oui, c'est marrant ce que vous dites.

05:11Oui, oui, oui.

05:12C'est-à-dire que quand ça démarre mal, ça continue mal.

05:14C'est un peu l'idée...

05:15C'est assez vrai.

05:17J'aimais bien l'idée.

05:18Alors aujourd'hui, on est des harceleurs.

05:19Et ça tombe bien qu'on ait mis un mot là-dessus.

05:21Parce que ce mot, il y a 10 ans, on ne l'employait pas.

05:24Et ce n'est pas un film là-dessus.

05:25Mais c'est vrai que je ne pouvais pas faire un carnet des lourdingues

05:28qui avaient un humour vraiment gros sabot débile des années 90.

05:33Moi, j'ai bien connu ça dans les cours de récré.

05:34et ne pas les faire évoluer aujourd'hui.

05:37Donc on en parle un petit peu dans le film.

05:39Oui, c'est ça.

05:42Moi, Jérémie, c'est un sanguin.

05:44Il va les monter au platard, tes garçons !

05:47Il a 10 ans de MMA au cul !

05:51Je suis Jérémie, le mari de Marion.

05:55Alors, je le disais, Vanessa Paradi, quelle bonne idée.

05:58Déjà parce qu'elle incarne la perfection absolue, effectivement.

06:02Non mais franchement.

06:02Et elle a la douceur, enfin, elle a tout.

06:07Comment vous avez réagi quand elle vous a dit oui ?

06:10Ah, j'étais très content.

06:11Et j'ai mis le silencieux, j'ai fait...

06:13Ah, sa mère à sa race !

06:15Ah, sa race à sa mère, elle a dit oui.

06:17Oui, Vanessa !

06:18Oui, c'est ça.

06:19On est un peu digne.

06:22Et pourquoi vous avez pensé à elle ?

06:24Qu'est-ce que vous recherchiez pour ce rôle ?

06:25Eh bien, je voulais quelqu'un qui soit tout petit peu effacé

06:30dans ses années d'adolescence,

06:32qu'on retrouve un peu...

06:34Parce qu'ils ont chacun un caillou différent dans la chaussure.

06:37Oui.

06:37C'est pas le même caillou pour tout le monde.

06:39Mais ils en ont tous un.

06:40Mais ils en ont tous un.

06:41Ils sont moins gros.

06:42Oui, exactement.

06:43Voir une bonne pierre dans la chaussure.

06:45Et elle, en fait, elle est chirurgien cardiaque,

06:48au CHU de Reims, elle a très bien réussi.

06:50Elle était en couple pendant 12 ans avec son chef de service,

06:52qui a eu le bon goût de la quitter pour une infirmière.

06:56Ça peut arriver.

06:57Sauf que là, ce métier a la particularité de les faire se changer

07:00tous les trois, tous les matins et tous les soirs dans le même vestiaire.

07:04C'est une espèce d'humiliation douce,

07:06un peu comme une bougie qui s'étiole, comme ça.

07:08Et j'ai tout de suite pensé à elle pour le rôle.

07:11D'abord, elle connaît ce métier par cœur.

07:13Elle sait exactement ce qu'elle est en mesure de vous donner,

07:15pas vous donner.

07:16Elle comprend exactement l'autre.

07:18Dès qu'il y a n'importe quel technicien, réalisateur,

07:21elle a tellement...

07:22Oui, bah oui.

07:23Évoluée là-dedans.

07:24Et elle est, pour moi,

07:27elle est l'incarnation de l'élégance, quoi.

07:30Vous aviez un petit crush pour elle dans les années 80-90 ?

07:33Oui, je l'aimais beaucoup.

07:33On a tous été fans de Vanessa Paradis.

07:35Tous, tous, tous.

07:36C'est vrai.

07:36Elle incarne le mot icône.

07:38Oui, alors, iconique, on le dit beaucoup en ce moment.

07:40Oui, on dit beaucoup.

07:41On dit beaucoup iconique et ADN.

07:43Tout le monde.

07:44Il n'y a pas un industriel, un politique, un mec de télé et tout.

07:48Non, mais là, on revient.

07:49Et souvent, c'est quand on a fait plein de conneries.

07:51Alors là, on revient à notre ADN.

07:53Oui, bah arrête de faire des conneries.

07:55Bah alors, vous me tendez une perche parce que c'est vrai que là...

07:57Vous voulez utiliser ADN, peut-être ?

07:58Oui, bah on retrouve votre ADN.

08:00Oh non, arrêtez, arrêtez, arrêtez.

08:02C'est pour faire la blague.

08:03Votre marque de fabrique.

08:04Ah bah voilà.

08:05Ce mélange de tendresse et de méchancité.

08:07Moi, je vous aime toujours quand vous êtes méchants.

08:09Parce que...

08:10C'est l'horri.

08:10Parce que...

08:10Non, mais parce que...

08:12C'est vrai, vous avez l'art de faire de l'humour méchant qu'il soit pas.

08:16Je ne sais pas comment l'expliquer.

08:17Vous voyez ce que je veux dire ou pas ?

08:18Ce que j'ai apprécié dans le film, c'est que...

08:20On sent vraiment qu'au fond de vous, vous êtes une vraie merde.

08:23Vous êtes vraiment...

08:24Oh bah merci, c'est vraiment gentil.

08:26Alors ça, vraiment, ça me touche.

08:27Vous avez vraiment un mauvais fond, en fait.

08:28Mais vous le faites bien.

08:29Non, mais c'est pas...

08:30Vous avez une âme noire, j'entends une fois.

08:31Papa, sur moi.

08:32Non, non, je ne fais pas de vaudou et tout.

08:33Non, parce que justement, c'est un compliment.

08:36Il faut savoir manier l'humour méchant, justement.

08:38Mais d'abord, j'aime beaucoup ce que...

08:40Ça me fait très plaisir.

08:41Merci.

08:41Parce que c'était voulu.

08:42Et je trouve qu'on ne fait pas d'humour béni, oui, oui.

08:47Oui, ben oui.

08:47L'humour, c'est naturel.

08:48Il faut y aller.

08:48Oui, voilà.

08:49Le public, dans les one-man shows, il vient pour se fermer les doigts dans la prise.

08:52Il veut se faire un peu secouer.

08:54On n'est pas là pour se caresser les uns les autres.

08:57En revanche, j'aime bien l'idée qu'une fois qu'on a fini,

09:00c'est un peu le cas dans le film, sans rien dévoiler,

09:03on part copain, quoi.

09:04On ne part pas...

09:06Ah oui, oui.

09:06Sur de mauvais sentiments.

09:07C'est marre, ça s'est rafraîchis en fin de journée.

09:10Oui, c'est rafraîchis en fin de journée.

09:17Ben, c'est la demi-saison.

09:18C'est l'homme, ils commencent à s'habiller, comment...

09:20Vous n'êtes pas la copine à Colette Aiguille ?

09:23Ah non, je ne suis pas la copine à Colette Aiguille.

09:27C'était vous qui vous avez amené la dernière fois chez Catherine et Philippe ?

09:31Ah non, vraiment, ça ne me dit rien.

09:33Non, je n'aime pas.

09:35Je crois qu'on n'a jamais pratiqué ensemble.

09:37Vous étiez comment, vous, au lycée ?

09:40Vous étiez bon camarade ?

09:41Vous étiez populaire ?

09:42Vous étiez bout en train ?

09:43Vous étiez souffre-douleur ?

09:45Non, j'étais...

09:47C'est marrant.

09:49J'étais affairé.

09:51C'est-à-dire, je me plâterais l'emploi du temps de trucs,

09:55chose que j'ai continué à faire,

09:56donc comme quoi, on ne change pas vraiment.

09:58Et quand j'y pense aujourd'hui,

09:59je me dis, mais qu'est-ce que t'étais con ?

10:01Quand t'as 17 ans, t'as deux trucs à faire,

10:04c'est étudier et faire la fête.

10:06Et moi, le lundi soir, j'avais club théâtre,

10:09le mardi, journal du lycée,

10:11mercredi, j'amenais les gamins de la mairie à la piscine,

10:15jeudi, le... je ne sais pas quoi, le journal...

10:17Non, le spectacle avec une copine.

10:19Je montais un spectacle avec une copine,

10:20parce que le jeudi soir était libre.

10:22Toujours un peu artistique.

10:24Ouais, mais je me dis...

10:25Vous n'avez pas fait assez de la fête.

10:27Vous vous êtes rattrapé après.

10:27Je me suis rattrapé après.

10:28Sous-titrage Société Radio-Canada

10:29Oui.

10:30Je me suis rattrapé après.

10:31Sous-titrage Société Radio-Canada

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