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  • il y a 11 heures
Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00Jean Valjean, c'est on pourrait dire un préquel des Misérables, c'est le livre 2 et 3 à l'intérieur des Misérables,
00:05c'est au moment de la rencontre avec l'évêque, l'ex-évêque redevenu abbé,
00:11après le succès des Mousquetaires et de Montecristo, d'après Alexandre Dumas,
00:16l'adaptation de L'étranger de Camus par François Ozon,
00:20comment est-ce que vous expliquez cet attrait du cinéma français pour les grands textes de la littérature française ?
00:25– Ah, je ne l'explique pas, mais je trouve ça bien qu'on revienne toujours à ces auteurs-là.
00:31Je ne sais plus qui m'avait dit, en parlant du théâtre,
00:33la personne qui ne va jamais au théâtre de sa vie, si elle y va une fois, c'est pour voir un Molière.
00:39Et j'aimais bien cette idée, on retourne toujours aux grands auteurs.
00:44– C'est votre quatrième collaboration avec Éric Bénard,
00:47après Délicieux, Les choses simples et Louise Violet,
00:51et il a dit qu'il vous projetait tout aussi bien dans le rôle de Myriel Bienvenu,
00:55donc ce fameux évêque, interprété par Bernard Campan,
00:59que dans la dureté, l'apreté de Jean Valjean,
01:02c'est-à-dire entre l'homme d'église et le bagnard.
01:05Il vous a fait part de cette hésitation ?
01:07– Quand il me l'a fait lire, il m'a parlé des deux.
01:09Il m'a dit, je ne sais pas, on verra.
01:11Moi, je ne vais pas choisir, je ne sais pas choisir.
01:13– Vous ne savez pas choisir ?
01:15– Non.
01:15– C'est embêtant pour un acteur.
01:16– Si, je sais dire oui ou non, mais là, il me disait, lequel tu…
01:18– Je ne sais pas, c'est lui qui sait.
01:21Sinon, c'est bizarre de réclamer un rôle, non ?
01:24– Oui, mais quand on vous donne le choix entre deux personnages aussi différents…
01:27– Il faut orienter, mais sans réclamer.
01:31Après, c'est embêtant pour jouer, quand on a dit, je veux faire celui-là,
01:33on dit, vas-y.
01:33– Vous avez eu celui que vous vouliez ?
01:36– Oui.
01:37– Mais est-ce que jouer Jean Valjean, le héros par excellence,
01:41ce n'est pas le rêve de tout acteur ?
01:43– Oui.
01:44– Un héros complexe.
01:45– D'ailleurs, on n'y pense pas, quand on joue, on ne joue pas Jean Valjean.
01:48On joue un gars qui sort du bagne, sinon on est tétanisé.
01:51– Donc, le choix que doit faire Jean Valjean après 19 ans de bagne…
01:55Alors, initialement, il avait pris 5 ans pour avoir volé une miche de pain,
01:59mais sans association de malfaiteurs, vous savez ce que je veux dire ?
02:02Et le choix, ce qu'il a à faire, c'est donc entre la vengeance et la rédemption.
02:08Et Grégory Gattebois, il ferait quoi devant ce choix cornelien ?
02:11– Je ne sais pas.
02:13J'espère que je ne me tromperai pas, mais je ne sais pas ce qu'il ferait.
02:16– Non, il ferait un bon choix.
02:18Mais en tout cas, lui, il fait le bon choix à la fin, Jean Valjean.
02:21C'est ce qu'Éric voulait raconter, les histoires d'un…
02:25C'est les 80 premières pages, je crois, ou 100 premières pages du roman,
02:28qui sont toujours un peu… ça dure deux minutes dans le film.
02:32Il sort, il voit la baie, hop, il est gentil.
02:34Et là, c'est intéressant de développer ça,
02:36parce que c'est ce qui est important dans Jean Valjean, je trouve.
02:39Dans le personnage, c'est important, cette bascule.
02:42– C'est un film sur la colère.
02:44– Oui, oui, pour moi, Jean Valjean, au début, c'est une boule de colère.
02:49– Ah, de ressentiment, et puis il a des raisons.
02:51Il a 19 ans de bagne.
02:52– Pour une 19 ans, c'est beaucoup, quand même.
02:54– Après quelques tentatives d'évasion, il s'en est pris plein à la tronche.
02:57– Chaque tentative, ça lui rajoutait qu'à la tronche.
02:59– Il a des raisons d'être énervé, ce thème-là, oui.
03:01– Et justement, vous dites, j'ai arrêté de fumer,
03:03c'est peut-être pour ça qu'il était en colère dans le film,
03:07j'ai arrêté de fumer, j'ai découvert de nouveaux aliments,
03:09donc j'ai perdu une trentaine de kilos,
03:11et puis il fallait qu'il ait l'air de sortir du bagne,
03:13on ne peut pas faire un personnage comme ça,
03:14et puis manger trop à la cantine.
03:16– Oui, c'est moi qui ai dit ça ?
03:18– Oui, c'est moi qui ai dit ça.
03:19– Est-ce que la construction de votre personnage,
03:22c'est aussi faite par le corps ?
03:24– Oui, sûrement, oui.
03:26Le fait de perdre du poids, parce que c'est vrai qu'il sort du bagne,
03:29il ne peut pas ressembler à une baleine,
03:30il faut qu'il ait…
03:32Pour moi, c'était un caillou au milieu des cailloux,
03:34quelque chose de minéral,
03:35c'est vrai que c'est important le corps,
03:37dans un personnage.
03:39– Mais justement, à propos des personnages,
03:41vous dites que certains personnages sont ronds ou carrés.
03:43– Oui.
03:44– Il est plutôt rond ou carré ?
03:45– Il est carré.
03:46– Carré, oui, c'est un carré.
03:48– C'est un bloc.
03:49– Oui, il est un bon carré.
03:50– Oui, oui, oui.
03:51– Éric Bénard, parce qu'il y a eu déjà plusieurs versions des Misérables,
03:54et Bénard vous a dit, si tu dois revoir un film,
03:56regarde la version de Raymond Bernard, 1934.
03:59– C'est celle avec Arribor ?
04:00– Oui, avec Arribor.
04:01– Je l'avais déjà vu, et j'adore.
04:03C'est mon préféré.
04:05Mais je ne l'ai surtout pas vu quand il a fallu que moi je le joue.
04:08– Oui.
04:09Alors, les Misérables versions Raymond Bernard,
04:11en 1934 avec Arribor, dans le rôle de Jean Valjean,
04:14ça ressemblait à ça.
04:15– J'ai passé 19 ans en bagne.
04:19Je suis libéré depuis 4 jours.
04:21Aujourd'hui, j'ai fait 12 lieux à pied.
04:24Je comptais dormir et manger ici,
04:26on m'a chassé de partout,
04:27rapport à mon passeport jaune.
04:28et une vieille bonne femme m'a dit que je serais reçue chez vous.
04:32Qu'est-ce que c'est chez vous ?
04:33C'est une auberge ?
04:36Je peux payer, j'ai 119,15 sous.
04:40J'ai gagné par mon travail en 19 ans.
04:43– Ça vous inspire quoi ces images ?
04:44Par rapport à votre expérience,
04:46puisque vous l'avez jouée à votre tour.
04:47– Il dit les mêmes choses.
04:49Je vois quel moment du film c'est.
04:50Moi, c'est un acteur que j'aime beaucoup,
04:53qu'on ne voit pas beaucoup en fait.
04:55Il est décédé à l'honne, enfin à Thau.
04:58– Et il est rond ou carré là ?
04:59– Oui, il est carré.
05:01Parce que ce n'est pas un physique rond ou carré,
05:03c'est l'abord des choses.
05:06Il y a des personnages qui sont plutôt ronds.
05:08Lui, il joue carré, je trouve.
05:10Enfin, c'est mon avis.
05:11– Jouer un personnage,
05:12c'est toujours donner un point de vue sur le personnage.
05:15Il y a un peu de moi dans chacun de mes rôles,
05:17avez-vous aussi dit ?
05:19Qu'est-ce qu'il y a de Grégory dans Jean Valjean ?
05:22– Ah, la gentillesse ?
05:25Non, je ne sais pas.
05:26Un personnage, je crois, c'est toujours soit ce qu'on est,
05:29soit ce qu'on rêverait d'être,
05:31soit ce qu'on détesterait être,
05:32soit ce qu'on…
05:33Ça part toujours d'un point de vue qu'on a dessus,
05:35ça part toujours de nous.
05:36Donc c'est ça que je voulais dire.
05:37Je ne sais pas, je n'aurais pas à dire.
05:38Peut-être que je pourrais répondre plus tard.
05:41– Ok, vous reviendrez.
05:42– Vous reviendrez.
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