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  • il y a 2 jours
L’industrie française recrée désormais davantage d’emplois qu’elle n’en détruit — une première depuis plus de quarante ans. Après plusieurs décennies de recul, la tendance s’est inversée : près de 180 000 emplois nets ont été créés entre 2016 et 2024. Pour analyser ce mouvement et comprendre comment l’industrie continue de peser sur l’emploi en France malgré le récent ralentissement économique, Diana Karachanski, chargée d’études à La Fabrique de l’industrie, est l’invitée de Smart Industries. Elle revient sur les enseignements de son étude « Comment l’industrie crée de l’emploi aujourd’hui ».

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Transcription
00:00Je suis ravie d'aborder la question de la création d'emplois dans l'industrie avec Diana Karachanski.
00:08Bonjour, merci d'être avec nous.
00:09Bonjour, merci de me recevoir.
00:11Vous êtes chargée d'études à la Fabrique de l'Industrie.
00:12Vous avez rédigé une étude intitulée « Comment l'industrie crée de l'emploi ? ».
00:17Aujourd'hui, une étude qui analyse l'impact de l'industrie sur la création de l'emploi, direct et indirect.
00:23Effectivement, après plusieurs décennies de destruction d'emplois industriels,
00:27la France a récemment connu un mouvement inverse.
00:29L'industrie a recommencé à embaucher.
00:32Les derniers mois montrent que cette tendance est encore fragile, mais il mérite qu'on s'arrête.
00:36Depuis combien de temps, est-ce que vous pouvez nous expliquer,
00:39depuis combien de temps cette dynamique s'opère ?
00:42Et surtout, de combien d'emplois parle-t-on ?
00:44L'industrie a recommencé à créer de l'emploi à partir de 2016.
00:48C'est-à-dire que les créations d'emplois ont été supérieures aux suppressions à partir de cette date.
00:55Mais c'est véritablement entre 2018 et 2024 que cette création a été quasi continue,
01:01à l'exception de l'année de Covid-19.
01:04Et ce n'était pas arrivé depuis près de 40 ans.
01:08Durant cette période, on estime la création d'emplois à 180 000 emplois nets,
01:14ce qui est l'équivalent de la population de plusieurs grandes villes, telles que Toulon ou Reims.
01:18Est-ce que c'est une dynamique qui touche tout le territoire ?
01:23Alors non, même si la création d'emplois a été à l'échelle nationale,
01:27certains territoires ont connu des créations plus dynamiques que d'autres.
01:31Ça s'explique en partie par une spécialisation sectorielle,
01:35par exemple dans l'agroalimentaire pour la Bretagne ou les Pays-la-Loire,
01:40qui ont été des régions dynamiques.
01:41Mais la majeure partie de l'effet s'explique surtout par des facteurs qui sont propres au territoire.
01:47Par exemple, la mobilisation collective des acteurs en faveur de l'industrie
01:51ou encore la disponibilité de main-d'oeuvre.
01:54Est-ce que ça a un impact vraiment direct sur l'économie française ?
01:59Oui, tout à fait.
02:00L'industrie participe directement, mais aussi indirectement,
02:04à la création totale d'emplois en France,
02:06en exerçant ce qu'on appelle un effet d'entraînement sur le reste de l'économie.
02:10Donc l'effet d'entraînement, pour tenter d'expliquer ce que c'est,
02:14on va prendre l'exemple d'une usine qui s'implante sur un territoire.
02:17Lorsqu'elle s'implante sur un territoire,
02:19elle va d'abord créer de l'emploi directement,
02:21puisqu'elle va embaucher des ingénieurs, des mécaniciens, des soudeurs par exemple.
02:27Et dans un second temps, l'expansion de cette usine va aussi créer de l'emploi indirectement,
02:32puisqu'elle va pouvoir externaliser ou sous-traiter une partie de ses activités.
02:37Et enfin, l'industrie, ainsi que d'autres emplois,
02:43tels que la finance, la recherche et le développement,
02:46ou encore le transport aérien, sont exposés à la concurrence internationale,
02:50c'est-à-dire exposés à des activités en dehors du territoire,
02:54donc qui peuvent avoir des structures de coûts différentes.
02:57Par structure de coûts, on entend le coût de la main-d'œuvre,
03:00le coût du foncier, le coût du capital, etc.
03:03Et donc, pour pouvoir faire face à cette concurrence,
03:06ces activités ont besoin d'être toujours plus productives.
03:09Et grâce à ces gains de productivité,
03:12donc les emplois exposés dont fait partie l'industrie,
03:14vont pouvoir assurer une meilleure rémunération aux travailleurs.
03:21Et ces travailleurs-là vont pouvoir consommer davantage de services
03:24qui sont, eux, abrités de la concurrence,
03:26par exemple la restauration, l'habillement,
03:29ou encore même les services de crèche, par exemple.
03:31Donc, sur la période de 2007 à 2023,
03:35pour 100 emplois exposés à la concurrence créée,
03:38on en avait 134 abrités créés.
03:41Et on estime qu'environ un emploi abrité sur cinq
03:44l'a été par effet d'entraînement.
03:47Est-ce que cette tendance reste la même depuis les deux dernières années ?
03:52Alors, malheureusement, non.
03:54Depuis, on va dire, mi-2024, voire fin 2024,
03:58on assiste à un ralentissement de l'économie française
04:01qui s'est traduit par une augmentation des menaces
04:04de suppression d'emplois ou bien des suppressions d'emplois.
04:09Et cet effet négatif combiné à un ralentissement de la productivité
04:14peut avoir une incidence sur l'ampleur de l'effet multiplicateur
04:18qui pourrait se réduire.
04:19Donc, l'objectif, c'est de retrouver la productivité tendancielle,
04:23c'est-à-dire une productivité toujours plus élevée.
04:27Bien sûr.
04:28Merci beaucoup, Diana Karachansky.
04:29Je rappelle que vous êtes chargée d'études à la Fabrique de l'Industrie.
04:32Merci de nous avoir donné ces éléments sur l'emploi et l'industrie.
04:36Et tout de suite, on va passer à un cas concret.
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