00:03Il est 7h47 en ce jeudi, les antibiotiques c'est pas automatique,
00:08et bien l'invité d'ici semaine pour en faire un pin's Marie.
00:10Bonjour Guillaume Cosseron, vous êtes médecin infectiologue au centre hospitalier du Mans.
00:16Santé publique France a montré mardi que la consommation d'antibiotiques en France a encore augmenté l'an dernier.
00:24Pourquoi c'est un problème ?
00:26Pourquoi c'est un problème ? Parce que les antibiotiques, il faut comprendre que c'est des médicaments qui servent à traiter les infections bactériennes,
00:32mais qui n'ont aucune efficacité contre les virus tels que le rhume ou la grippe.
00:36Et l'antibiorésistance, c'est quand des bactéries deviennent résistantes à ces médicaments,
00:42ce qui peut poser des problèmes pour traiter des infections courantes bactériennes,
00:46et qui peuvent provoquer des complications, et lorsque les traitements habituels ne fonctionnent plus,
00:55on doit utiliser des traitements de deuxième ligne, qui sont plus compliqués,
00:59et qui peuvent provoquer des effets secondaires, ou devoir utiliser un traitement intraveineux.
01:04On prend un cas concret d'un de vos patients, par exemple à l'hôpital du Mans,
01:08qui serait comme ça résistant aux antibiotiques, par exemple ?
01:13Par exemple, on doit utiliser des traitements de deuxième ligne, qui sont plus embêtants,
01:17par voie intraveineuse, qui avaient plus d'effets secondaires,
01:20qui vont avoir encore plus d'impact sur l'antibiorésistance, puisque le spectre va être plus large,
01:24et donc c'est un cercle vicieux, en fait on va aggraver le problème de l'antibiorésistance par cela.
01:29Et ça, ça se passe, entre guillemets, quotidiennement, pour des maladies qui étaient très faciles, entre guillemets,
01:35à soigner avant, comme une infection urinaire ?
01:37Oui, exactement, c'est le cas le plus courant actuellement, c'est l'infection urinaire.
01:41C'est en fait, normalement une infection urinaire, ça se traite facilement par des antibiotiques en comprimé,
01:46et le cas le plus fréquent de l'antibiorésistance actuellement,
01:48c'est une bactérie qui est résistante aux médicaments en comprimé,
01:52on doit utiliser un cathéter pour utiliser un traitement de seconde ligne, ça c'est le plus fréquent,
01:58et dans les cas les plus graves, parfois il n'y a plus du tout d'antibiotiques qui marchent,
02:01c'est ce qu'on appelle une impasse thérapeutique, et là ça peut mettre la vie du patient en danger.
02:06Et c'est ça qui inquiète d'ailleurs l'Organisation Mondiale de la Santé,
02:08qui en parle régulièrement, en disant, voilà, c'est de plus en plus courant dans le monde entier.
02:12Exactement, dans le monde, c'est un vrai problème de santé publique,
02:15c'est un problème de santé publique mondial, et la France n'est pas épargnée,
02:18puisque sur les derniers chiffres que vous avez reçus sur l'apport de santé publique France,
02:22la France est le deuxième pays le plus consommateur en Europe, juste après la Grèce,
02:26ce qui est très embêtant, puisque nos taux de résistance suivent en conséquence.
02:30Il est 7h49, le docteur Guillaume Cosseron est infectiologue à l'hôpital du Monde,
02:33il nous explique pourquoi il ne faut pas que les antibiotiques soient automatiques.
02:38Ce slogan qu'on entend souvent, il date des années 2000, est-ce qu'il a changé quelque chose ?
02:45Oui, il a changé quelque chose, il y avait eu un fort impact,
02:47enfin il y avait vraiment un impact au début des années 2000 sur la consommation d'antibiotiques,
02:50qui a diminué quand même progressivement, mais on partait de tellement haut,
02:54que même actuellement, si la consommation diminue,
02:57on est encore très au-dessus de la moyenne européenne,
02:59et il y a beaucoup d'efforts à faire encore.
03:02Alors, moi ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les médecins continuent, du coup,
03:05d'en prescrire pour des maladies qui ne les nécessitent pas.
03:09On pense aux angines aussi très courantes en hiver.
03:11Oui, alors les médecins en prescrivent de moins en moins,
03:14il y a vraiment quand même un impact depuis des décennies sur la démission de la consommation d'antibiotiques en France,
03:18mais ça reste encore très élevé, il y a un phénomène culturel en France,
03:21puisqu'en fait, quand on regarde en Europe, c'est en gros les pays latins,
03:24les pays du sud de l'Europe qui consomment le plus antibiotiques,
03:26et c'est les pays du nord, les scandinaves, qui en consomment le moins.
03:29Donc il y a aussi un phénomène culturel, et je pense que ce qui est important,
03:32c'est que tout le monde, tous les citoyens doivent aussi se saisir de la problématique,
03:36les médecins bien sûr, puisque c'est eux qui prescrivent, qui administrent les antibiotiques,
03:39mais il y a beaucoup d'actions qui sont faites en formation dans les facultés,
03:43mais aussi en formation continue, et on ajuste nos pratiques,
03:47mais les citoyens doivent aussi se saisir de la problématique.
03:49Nous, les patients, qu'est-ce qu'on peut dire par exemple, alors, concrètement ?
03:52Concrètement, c'est trois choses simples que vous pouvez faire pour limiter l'antibiorésistance.
03:56La première, c'est de prévire les infections, puisqu'en fait, une infection évitée,
03:59c'est potentiellement un antibiotique qui est épargné,
04:03donc ça passe par le lavage des mains,
04:04par les gestes barrières en période épidémique,
04:07maintenir ses vaccinations à jour, en évitant les infections.
04:10La deuxième chose, c'est d'utiliser les antibiotiques
04:12uniquement contre les infections bactériennes,
04:14pas contre les virus, donc grippe, gastro, bronchite,
04:17il ne faut pas réclamer les antibiotiques,
04:19il faut faire confiance à son médecin,
04:21et en fait, quand le médecin vous dit qu'il n'y a pas besoin d'antibiotiques,
04:24c'est une bonne nouvelle.
04:26Et la troisième chose, c'est que si un antibiotique est prescrit,
04:28c'est de bien suivre le traitement,
04:29de respecter la dose, la durée,
04:32et surtout de ramener les restes à la pharmacie.
04:34Il ne faut surtout pas reprendre un antibiotique,
04:37réutiliser l'antibiotique.
04:38Le laisser dans le frigo et puis se dire,
04:39tiens, j'ai un peu mal à la gorge.
04:40Voilà, si un jour j'en ai besoin,
04:42ou en donner à d'autres personnes, à nos proches.
04:43C'est pas comme ça que ça fonctionne.
04:44Non, ça il ne faut pas,
04:45les antibiotiques ne relèvent pas de l'automédication.
04:48Guillaume Cosseron, vous avez bien noté l'ordonnance, Grégory ?
04:51J'ai tout noté, j'ai tout noté.
04:52Infectiologue à l'hôpital du Mans,
04:54ces conseils, on va les retrouver dans un instant sur ici.fr.
04:58Et attention à ne pas vous enrhumer,
04:59donc on met la doudoune les écharpes aujourd'hui,
05:00puisqu'il fait froid du nord au sud,
05:02preuve en est, deux messages sur Facebook,
05:04moins un degré à Mammers, d'après Mimosa.
05:06J'aime beaucoup, alors je ne sais pas si c'est un vrai...
Écris le tout premier commentaire