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Dans cette vidéo de la chaîne SystExt nous explorons les graves enjeux liés à l’industrie minière à l’international et en particulier les violations des droits humains liées aux projets miniers. Intervenante : Aurore Stéphant ingénieure géologue minier, co-fondatrice de l’association SystExt et ancienne experte après-mine pour l’État français spécialisée dans les risques environnementaux et sanitaires des filières minérales.
Nous abordons la situation dramatique des défenseurs des droits humains qui luttent face aux industries extractives, la disproportion des impacts sur les peuples autochtones, la mobilisation massive et souvent réprimée contre les exploitations minières, la violence liée à la masculisation des zones d’exploitation et l’exclusion et les violences faites aux femmes dans ces contextes, ainsi que l’enjeu plus large de l’intensification minière liée à la transition énergétique.
Cette vidéo est un appel à la prise de conscience des impacts sociaux environnementaux de la mine et à l’examen critique des modèles actuels d’exploitation.
#industrie #mines #droits #environnement #transition
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ÉducationTranscription
00:00En 2018, pour chaque personne tuée, 20 à 100 autres sont harcelées,
00:06arrêtées légalement ou illégalement, poursuivies pour diffamation ou intimidées.
00:11Ce qui représente au total des milliers et des milliers de personnes à l'échelle internationale.
00:14Et c'est ce qui fait dire notamment au Business and Human Rights Resource Center,
00:18pour lequel je vous présentais le Transition Mineral Tracker tout juste avant,
00:22ce qui fait dire au BHRRC que l'industrie minière est responsable
00:26du plus grand nombre d'attaques contre les défenseurs des droits.
00:30Il y a quatre grands enjeux qu'on va détailler maintenant,
00:39qui sont liés à l'état des lieux des violations portées par l'industrie minière à l'international.
00:44L'enjeu certainement le plus grave, et ça fait le lien avec le cas que je vous présentais en introduction,
00:49c'est la situation dramatique des défenseurs des droits.
00:53Qu'est-ce qu'un défenseur des droits ?
00:55Selon les Nations Unies, un rapport notamment du rapporteur spécial des Nations Unies en 2016,
01:03un rapporteur des droits, c'est une personne ou un groupe de personnes
01:05qui, soit à titre professionnel, soit à titre personnel et de manière pacifique,
01:13va s'efforcer de défendre ou d'agir ou de protéger des droits environnementaux ou des droits de l'homme.
01:18Ce qui fait qu'avec l'équipe de Systex autour de vous, vous avez, et Hugo qui vous a fait la présentation,
01:25et bien vous avez une équipe de défenseurs des droits.
01:30La défenseur des droits, pourquoi j'assiste sur cette définition ?
01:32Parce que c'est pour vous montrer que ça peut être moi, enfin en l'occurrence que c'est moi,
01:36c'est vous, peut-être, en partie, et c'est certainement beaucoup de gens que vous connaissez.
01:40Donc quand on va dire que c'est une situation dramatique, on ne parle pas d'un groupe d'individus
01:44qui représente une petite association dans un petit village, dans un endroit reculé de je ne sais quel pays.
01:50On parle de centaines de milliers de personnes qui se battent au quotidien pour agir
01:54parce que les États n'y arrivent pas.
01:56Et c'est ça que dit Michel Forst, rapporteur spécial des Nations Unies,
01:59à la question de la défenseur des droits dans son rapport de 2024, on en parlera en conclusion.
02:04Donc défenseur des droits, cela étant dit, la question des défenseurs des droits, elle est préoccupante, pourquoi ?
02:09Parce que depuis 2002, Global Witness, en fait, référence et documente les assassinats de défenseurs des droits.
02:16Vous avez les statistiques aussi qui apparaissent depuis 2014.
02:20Et entre 2014 et 2024, Global Witness, tout secteur d'activité confondu, estime que 1881 personnes ont été assassinées.
02:30Ce qui représente, pour ceux qui ne voient pas ce que ça fait, 1881, c'est énorme, on n'est qu'une centaine dans cette salle,
02:36donc il faut multiplier par beaucoup, on commence par 18.
02:39Mais en l'occurrence, si vous voulez vous rendre compte de ce que ça fait, ça fait que tous les deux jours, il y a une personne qui est tuée.
02:44Parce qu'elle est défenseuse des droits.
02:47Alors vous voyez sur ce diagramme, en fait, que 16% de ces meurtres sont associés aux industries extractives, donc pétrole, gaz, mine.
02:56Et en effet, Global Witness, dans son dernier rapport de septembre 2024, indique que même si les statistiques portent en général sur les trois industries,
03:05donc pétrole, gaz, mine, c'est en général l'industrie minière qui est responsable du plus grand nombre d'assassinats,
03:11ou qui est de loin le plus impliqué dans les meurtres de défenseurs des droits.
03:16Or, et vous avez encore une citation ici d'un rapporteur spécial des Nations Unies.
03:22Il faut les écouter, ces gens, parce qu'en fait, ils disent les choses.
03:25On ne les écoute pas assez, les Nations Unies.
03:26Bon, ça, vous le savez déjà, je pense que je ne vous apprends rien.
03:28Mais bon, ce rapporteur spécial, John Knox, il disait en 2018, pour chaque personne tuée, 20 à 100 autres sont harcelées,
03:39arrêtées légalement ou illégalement, poursuivies pour diffamation ou intimidées.
03:43Ce qui représente au total des milliers et des milliers de personnes à l'échelle internationale.
03:47Et c'est ce qui fait dire, notamment au Business and Human Rights Resource Center,
03:51dont pour lequel je vous présentais le Transition Mineral Tracker tout juste avant,
03:54ce qui fait dire au BHRRC que l'industrie minière est responsable du plus grand nombre d'attaques contre les défenseurs des droits.
04:05Alors, pareil, c'est des statistiques, vous avez vu ces diagrammes.
04:09Ce qui est important, c'est de regarder cette photographie.
04:13Elle s'appelle Maluguelo Gzaaza, je suis désolée parce que c'est difficile de prononcer son prénom.
04:20Et elle tient dans sa main le portrait de sa maman, qui s'appelait Fikile Changazé.
04:24Et Fikile, en fait, elle s'est battue pour éviter l'extension d'un projet de charbon,
04:32donc d'une extension d'une mine de charbon, la mine de charbon de Somme-Kélé, en Afrique du Sud.
04:39Elle était en train de cuisiner son repas avec son petit-fils de 13 ans.
04:43Et en présence de son petit-fils, il y avait deux petits garçons qui étaient des amis, qui avaient 8 et 10 ans.
04:48Il y a plusieurs hommes qui ont pénétré dans son domicile et qui l'ont assassiné par balle.
04:51Elle avait 63 ans.
04:58Du coup, c'est à la mémoire de Fikile Heng-Shangazé et de tous les défenseurs des droits
05:03que nous dédions...
05:06Et vous voyez, j'ai toujours cette émotion quand je dis cette phrase.
05:09Quand je me suis répétée, je me suis dit « mais non, il ne faut pas mettre des mots sur tout le monde,
05:11vous voyez, je n'y arrive pas. »
05:12que nous dédions tout le travail qu'on a fait pour cette conférence.
05:20L'industrie minière est également, historiquement d'ailleurs,
05:25à l'origine du plus grand nombre de conflits sociaux-environnementaux à l'échelle internationale.
05:29Au 12 novembre 2024, la base de données environnementale Justice Atlas,
05:36qui référence les conflits sociaux-environnementaux, encore une fois,
05:38tous secteurs confondus,
05:41indiquait un nombre de cas de 4205 cas au total.
05:46L'industrie minière à elle seule représente 1166 cas.
05:50L'industrie minière à elle seule.
05:52On s'entend que dans la base de données, quand je dis « tout secteur confondu »,
05:54on inclut tout, hein ?
05:55Le bois, l'agriculture, les barrages, le tourisme, les énergies renouvelables,
05:59le nucléaire, le stockage de déchets, et encore et encore.
06:02L'industrie manufacturière, enfin, je ne vous donnerai bien sûr pas toute la liste.
06:06L'industrie minière à elle seule, à elle seule,
06:09c'est 28% des cas de conflits sociaux-environnementaux dans le monde.
06:13On a présenté sur votre droite uniquement 3 cas,
06:15mais en fait, il y en a 1666 référencés dans cette base de données.
06:21Les Philippines, l'Argentine et la Serbie,
06:24certains ont peut-être entendu parler des très fortes mobilisations
06:27qui ont lieu contre le projet de mine de lithium de Jadar,
06:30il y a très peu de temps.
06:34Et pour, encore une fois, exemplifier ces tendances générales
06:37en termes de conflits sociaux-environnementaux,
06:40on peut s'arrêter sur la mine d'or de Skoury, en Grèce,
06:45suite à la crise de 2008 en Grèce,
06:53la Grèce a été sommée par un certain nombre de bailleurs européens
06:58de relancer son activité économique ou son développement économique
07:03et de relancer l'activité minière.
07:05Donc, suite à ces injonctions, ou en tous les cas, à ces propositions appuyées,
07:13il y a des très grands projets d'exploration qui ont été relancés dans le pays
07:17et en particulier 300 000 hectares,
07:20je répète, 300 000 hectares qui ont été ouvertes dans les montagnes de Skoury.
07:25Et effectivement, ça a donné lieu à un certain nombre de mobilisations,
07:30mobilisations qui ont été durement réprimées,
07:32et en particulier celles de 2013,
07:35pour lesquelles on sait,
07:37et on sait parce que c'est documenté par les militants et par les personnes sur place,
07:41on sait qu'il y a eu un usage disproportionné
07:44d'armes irritantes qui ont été faites par les services policiers
07:49contre les manifestants dans la ville,
07:51vous êtes ici dans la ville de Yérissos,
07:53qui a d'ailleurs conduit à des lésions cutanées dans certains cas.
07:56Le nombre d'allégations,
07:58la multiplicité et la gravité des allégations étaient telles
08:02que Amnesty, seulement un mois après,
08:04a envoyé un communiqué de presse
08:07en demandant au gouvernement grec, aux autorités grecques,
08:11de mener une enquête
08:12afin de déterminer ce qui s'était passé
08:15au regard, encore une fois,
08:17de la gravité des violations de droits humains
08:18qui avaient été perpéturées.
08:20Si ce texte a réalisé une mission de terrain en mai 2018,
08:22on a rencontré des élus locaux,
08:24on a rencontré des militants locaux,
08:26on a rencontré des riverains,
08:27et tous nous ont témoigné
08:29de la violence des mesures répressives
08:32qui avaient été prises lorsqu'ils manifestaient pacifiquement,
08:34y compris des mamans qu'on a rencontrées
08:36qui étaient simplement avec des poussettes
08:37et qui ont dû partir en courant
08:39parce que l'usage de ces armes
08:41était extrêmement problématique par leurs enfants,
08:43tout simplement,
08:44et également au regard de la violence,
08:48des mesures de surveillance
08:49qui ont été prises à leur encontre
08:51parce qu'on avait peut-être vu,
08:52on les avait peut-être devinées
08:53dans des manifestations.
08:55En bas à droite,
08:56alors c'est la photo en bas à droite,
08:58ah bah j'ai un pointeur,
08:58bah voilà,
08:59bah oui mais vous n'avez pas le pointeur en ligne,
09:01la photo en bas à droite,
09:03la personne de gauche,
09:04il s'appelle Yorgos,
09:05c'est un chauffeur routier de 38 ans
09:09qui est papa de trois enfants,
09:12qui n'avait jamais été dans une manifestation
09:14et qui a été très touché
09:15par le développement minier de Scoury,
09:17enfin par le projet minier de Scoury,
09:19il est parti manifester pacifiquement,
09:21il a été détenu pendant six mois en prison,
09:25il fait partie des 450 personnes
09:26qui ont été détenues pour des motifs plus ou moins,
09:29enfin bon en fait Amnesty vous dirait
09:31pour des motifs qui sont à étudier dans le détail,
09:34donc en gros des motifs comme
09:36obstruction au passage
09:37ou offense à agents
09:42ou diffamation,
09:44voilà, six mois de tôle quand même.
09:49Et ça c'est une forme majeure de répression
09:52qui est de plus en plus utilisée
09:54et on en reparlera très prochainement
09:56avant la fin de cette conférence.
09:58Un autre enjeu,
10:00c'est la situation particulièrement préoccupante
10:02des populations autochtones.
10:06Les populations autochtones à l'international
10:08et je reprends ici,
10:09vous le voyez à gauche,
10:11des travaux de l'Institut de recherche
10:13des Nations Unies pour le développement social,
10:16ils sont particulièrement affectés
10:18par le développement des projets miniers.
10:21Ces auteurs parlent d'une ampleur déconcertante,
10:24de conséquences lourdes
10:25et ils expliquent bien
10:27la majorité des communautés autochtones
10:29est de plus en plus dépossédées
10:31en but de discrimination à l'exploitation
10:33et au racisme.
10:35Et cette alerte qui a été réalisée,
10:37en fait, elle se retrouve
10:39très malheureusement dans des statistiques
10:41comme celle-là.
10:41Les populations autochtones à l'international
10:44représentent 6% de la population mondiale
10:49et pour autant,
10:51ils sont impliqués dans 34%
10:53des conflits sociaux environnementaux
10:55et ils représentent 34%
10:58des défenseurs de droits
10:59qui sont assassinés.
11:02Là, en l'occurrence,
11:02pour les statistiques de l'année 2022,
11:04je précise.
11:05Donc, vous voyez cette disproportion
11:07entre la représentation de ces peuples
11:09et la façon dont ils sont affectés
11:11en termes de violation de droits humains.
11:14Et la raison pour laquelle
11:16ils sont particulièrement affectés,
11:18c'est qu'ils entretiennent
11:19avec leur environnement,
11:20avec les écosystèmes,
11:22ils entretiennent un lien privilégié
11:23qui les rendent particulièrement vulnérables
11:26aux impacts multiformes
11:27de l'industrie minière.
11:28Et on l'a vu en introduction,
11:30vous vous souvenez en gros
11:30de tous ces symboles
11:31qui représentent tous les types d'impact
11:32et aussi l'ampleur des impacts
11:35en termes notamment de pollution
11:36ou d'emprise des sites miniers.
11:40Et ce lien très spécifique
11:42fait que lorsqu'on a des impacts majeurs
11:46sur leur territoire
11:46ou sur leur lieu de vie,
11:48il n'est pas seulement question
11:49de mettre en péril
11:50leurs conditions de vie,
11:52on peut aller jusqu'à remettre en question
11:55la possibilité de la survie de ces peuples
11:57et en particulier pour les peuples
11:58qui ont relativement peu de membres.
12:01Par exemple, quelques milliers de membres.
12:04Et c'est la raison pour laquelle
12:06vous avez ici cette citation de Macnail
12:08qui dit
12:08« Une mine, j'ai jamais un simple trou dans le sol.
12:11Une mine peut causer des dommages psychologiques,
12:14physiques et spirituels.
12:16Elle peut menacer des langues et des cultures,
12:18des systèmes sociaux
12:18et des moyens de subsistance. »
12:21On s'arrête sur la dernière phrase.
12:22Et on réfléchit collectivement
12:25à quel peuple on appartient.
12:27Et est-ce que du coup,
12:28on pourrait tolérer nous
12:29qu'une mine puisse anéantir notre peuple ?
12:32Vous avez un exemple ici.
12:38En haut, vous avez peut-être entendu parler,
12:40c'est la rupture de digues minières
12:42de Brumadigno en janvier 2019.
12:44Elle n'a pas seulement été…
12:46Cette coulée de boue qui est partie,
12:4712 millions de mètres cubes
12:48à 120 km heure au moment où c'est parti,
12:51quand elle est partie,
12:54elle est arrivée sur cette zone
12:55et il y avait plus de 300 travailleurs.
12:57Les 272 victimes,
12:58c'est principalement des travailleurs de la mine
13:00qui ont été engloutis sur leur poste de travail
13:02ou à la cantine ou dans leur bureau.
13:05Cependant, cette coulée de boue ensuite,
13:06elle a rejoint la rivière Para-Opé-Bas
13:08sur plus de 300 km.
13:09Cette rivière,
13:11c'est la zone d'alimentation en eau potable,
13:13le lieu des ressources de subsistance,
13:14le lieu de vie
13:15et un lieu spirituel
13:16pour les communautés
13:18et notamment les communautés Nao-Ksoa
13:20et encore désolée si je prononce mal
13:22le nom de ces peuples autochtones.
13:25Ce type d'accident dans une zone
13:27qui représente tout pour ces peuples,
13:29c'est un risque d'anéantissement pour eux.
13:36Et pour illustrer cela, toujours,
13:39on a pris le cas du peuple autochtone Samy,
13:45qui n'est pas seulement en Suède,
13:47mais que nous allons ici étudier
13:51à l'aune de la situation suédoise.
13:55Alors, le peuple autochtone Samy,
13:59déjà la première idée,
14:00c'est qu'on l'a vu dans les publications
14:02quand on est allé en Suède en juillet cette année,
14:05il y a une mythologie,
14:06enfin, il y a une façon de présenter les choses,
14:09c'est en Suède,
14:11en fait, vous avez le Grand Nord,
14:12où il y a plein de nature,
14:13qui est complètement vide.
14:14En fait, non, le Grand Nord de la Suède n'est pas vide.
14:18Il y a des peuples qui y vivent,
14:19le peuple Samy qui y vit,
14:21qui occupe des territoires.
14:23Mais le fait de dire que ce territoire est vide
14:25favorise et légitimise
14:27la possibilité de grands développements industriels,
14:31et en particulier miniers.
14:32Et vous avez ici le cas d'une mine que Sistex a visitée,
14:35l'une des plus grandes mines de fer au monde,
14:36la mine de Kiruna,
14:38qui, et on le voit bien ici,
14:41certes, va fragmenter,
14:42va diviser les territoires,
14:44et va avoir un impact sur les territoires
14:46au regard des dépôts de déchets miniers,
14:48des installations de surface, etc.
14:50Mais aussi, on a trop tendance à l'oublier,
14:52au regard des installations de transport.
14:54Et vous avez ici une illustration
14:55de leur train minéralier,
14:57qui en l'occurrence fait Kiruna-Narvik,
14:59et qui repart dans l'autre sens aussi.
15:00Il y a un Malmberger qui est à côté de Kiruna,
15:01à Luleo de l'autre côté.
15:03Donc il y en a Narvik, c'est en Norvège,
15:07Luleo, c'est en Suède.
15:08Le tout fait quasiment 500 km.
15:10Ce train, Univoie, avec 68 wagons,
15:14il traverse, donc on va dire,
15:15allez, à peu près sur 300 km,
15:16pour la branche Kiruna-Narvik,
15:18et il passe 10 fois par jour.
15:21Donc ça veut dire qu'en particulier
15:22pour la population Samy,
15:24qui représente 10%,
15:25la population Samy qui est éleveuse de Rennes,
15:28non seulement il y a une fragmentation des habitables,
15:31mais il y a aussi une dégradation de ces habitats.
15:34Qui remet donc en cause,
15:36effectivement, pas seulement le fait
15:37que ce soit plus difficile d'élever des Rennes, en fait.
15:40Vous comprendrez avec cet exemple,
15:42que c'est une remise en cause beaucoup plus générale
15:43sur leur mode de vie,
15:45et leur rapport au territoire
15:46sur lequel ils sont installés, historiquement.
15:49Quand on dit historiquement,
15:49c'est très, très, très, très longtemps.
15:53Et donc du coup,
15:55il faut absolument avoir ça en tête aussi
15:57pour comprendre pourquoi,
15:59de plus en plus,
15:59et vous avez un cas très récent,
16:01nous on a visité ce site aussi,
16:02la mine de Galoc,
16:03qui est un peu plus au sud.
16:04C'est la raison pourquoi,
16:05aujourd'hui,
16:06ils se mobilisent de plus en plus,
16:08parce que leur territoire
16:09est devenu un véritable,
16:10enfin véritable gruyère,
16:12tellement il n'y a quasiment plus de place
16:13pour mener leurs activités.
16:15Ils nous ont montré des cartes.
16:16En fait,
16:16vous n'avez quasiment plus de place
16:17pour l'élevage de Rennes,
16:19pour développer leurs activités,
16:20tellement les projets industriels
16:21ont été développés
16:22sous le couvert.
16:23Ne vous inquiétez pas,
16:24c'est le nord de la Suède,
16:25c'est vide,
16:25il n'y a personne.
16:26On n'oubliera pas.
16:27Quand vous rentrerez chez vous,
16:28vous direz ça,
16:28en Suède,
16:29il n'y a personne,
16:29il n'y a personne.
16:31Et puis le quatrième grand enjeu
16:32sur lequel on ne peut pas,
16:34dont on ne peut pas ne pas parler
16:35quand on parle d'industrie minière
16:36en termes de violation
16:37de droits humains,
16:38c'est la situation des femmes.
16:41Et j'estime être légitime
16:42pour en parler.
16:46La première problématique,
16:47c'est que vous avez,
16:48vous vous en doutez,
16:49il y a des choses
16:49que vous savez certainement déjà,
16:52il y a un afflux massif
16:53de travailleurs,
16:54et du coup,
16:55une masculinisation
16:56des zones minières.
16:58Qui dit masculinisation
16:59des zones minières en plus
17:01auquel s'ajoute
17:01une exclusion des femmes
17:03des emplois miniers
17:04qui donc,
17:05par conséquent,
17:06vont se retrouver
17:07à être redirigées
17:09soit vers des tâches subalternes
17:12que les hommes
17:12ne peuvent pas faire,
17:14soit vers des activités agricoles
17:15ou des activités de subsistance.
17:17Et vous avez donc du coup
17:18une polarisation
17:19avec une masculinisation
17:20des activités minières
17:21et une féminisation
17:22des autres activités.
17:23Ce qui est particulièrement
17:25problématique
17:25dans l'équilibre social
17:26des sociétés
17:27de façon générale.
17:30Là où les acteurs,
17:31les observateurs
17:32et les chercheurs
17:33alertent de façon grandissante
17:34dans,
17:35dans tous les cas
17:36de ce que nous,
17:36on voit dans la littérature
17:37scientifique
17:38et dans la littérature grise,
17:40c'est la problématique
17:41des violences sexuelles
17:42qui probablement
17:43jusqu'alors
17:43étaient plus tues
17:44et qui aujourd'hui
17:45commencent de plus en plus
17:46à être traitées.
17:49Dans le domaine
17:50des violences sexuelles,
17:51il y a deux grands problèmes.
17:53Et les deux grands problèmes,
17:54c'est la situation
17:55des femmes
17:56qui travaillent
17:56dans la mine
17:57et la situation
17:58des femmes
17:59qui vivent
17:59dans l'environnement
18:00de la mine.
18:03S'agissant des femmes
18:04qui vivent
18:05dans l'environnement
18:06de la mine,
18:07il y aurait beaucoup
18:08de choses à dire
18:09et c'est un sujet
18:10difficile.
18:12Je ne vais prendre
18:12qu'un seul cas.
18:14Je vais prendre le cas
18:15de la mine
18:15de Port-Gérard
18:16exploitée par une entreprise
18:17minière canadienne
18:18depuis 2006.
18:19C'est un site
18:20minier relativement récent.
18:23Cette mine d'or,
18:24c'est une des plus grandes
18:24mines d'or au monde.
18:26Cette mine d'or,
18:28elle a un service
18:29de sécurité
18:29qui est géré
18:30à la fois par
18:31des agents de sécurité
18:32privés qui sont financés
18:33par l'entreprise minière
18:34mais aussi,
18:36elle embauche
18:37des agents
18:38de la police locale,
18:40donc des autorités publiques.
18:42Elle embauche,
18:42si vous voulez,
18:43ces agents de sécurité,
18:44c'est les deux cas.
18:45Et ces agents de sécurité
18:46ont commis
18:48d'importantes violences,
18:51un très grand nombre
18:52de violences,
18:52je vais vous donner
18:53après les statistiques,
18:54mais un très grand nombre
18:54à la fois de violences
18:55physiques envers les hommes
18:56mais aussi
18:58un grand nombre
18:59de viols
18:59et de viols collectifs
19:01envers des centaines
19:02de femmes
19:02dans l'environnement
19:04du site.
19:05Suite à de nombreux
19:06rapports qui sont arrivés,
19:08des rapports d'enquête
19:09qui sont arrivés
19:10d'Amnesty International,
19:11de Earth Strike International,
19:12de Human Rights Watch,
19:13il y a une très forte
19:14mobilisation pour dénoncer
19:15cela.
19:15Et l'exploitant minier
19:17en 2012
19:17a mis en place
19:18un cadre de réparation.
19:21Alors le cadre de réparation
19:22avait théoriquement
19:23vocation à réparer
19:24les victimes,
19:25à proposer des mesures
19:26de réparation
19:26pour les victimes
19:27de viols.
19:30Et dans ce cadre
19:31de réparation,
19:32200 femmes,
19:33200 femmes,
19:33donc on explique,
19:34on pense qu'il y en a
19:35beaucoup plus,
19:36200 femmes ont porté plainte.
19:37Et dans le cadre de ce processus,
19:41on s'est rendu compte
19:42que les mesures
19:43qui étaient proposées,
19:45alors il faut que je vous cite
19:45ça.
19:49Alors,
19:50on leur proposait
19:51du coup une formation
19:53à des activités rémunérées
19:55et des subventions
19:57au démarrage.
19:58On parle de victimes
20:01de viols.
20:04Donc vous voyez
20:04les portraits
20:05et dont on a laissé
20:06les témoignages en anglais
20:07pour des raisons de pudeur.
20:11En échange
20:12de l'acceptation
20:13de cette aide
20:14au démarrage
20:14pour des activités
20:15rémunératrices,
20:17les femmes
20:18devaient s'engager
20:18par écrit
20:19à renoncer
20:20à leurs droits légaux.
20:26Deuxième cas,
20:27et on l'a dit,
20:28c'est la situation
20:29des femmes
20:29qui travaillent
20:30dans la mine.
20:31Et pour ce faire,
20:31on va se baser
20:32sur une enquête parlementaire
20:33qui a été publiée
20:34en 2022
20:35par l'Assemblée législative
20:36d'Australie Occidentale.
20:39Donc c'est un texte,
20:40voilà,
20:40c'est une enquête parlementaire.
20:41Cette enquête parlementaire
20:42portait spécifiquement
20:43sur la situation
20:44du harcèlement sexuel
20:45des femmes
20:46travaillant dans des mines
20:48en Australie Occidentale,
20:49donc dans cet état
20:50en particulier.
20:5174%
20:52des femmes
20:53travaillant dans la mine
20:54en Australie Occidentale
20:56ont fait
20:56ont témoigné
20:58d'actes de harcèlement.
21:01Et environ 30%
21:02ont déclaré
21:03avoir reçu
21:04des propositions
21:05d'augmentation de carrière
21:06ou de facilitation de carrière
21:07en échange
21:08de faveurs sexuelles.
21:09Ce rapport est édifiant,
21:15il est édifiant,
21:16il faut le lire ce rapport,
21:17il est en anglais,
21:18mais il faut le lire ce rapport
21:19de cette enquête parlementaire
21:20et il y a une citation
21:22qui analyse assez bien
21:24je crois
21:24ce qui se passe
21:25mais donc on va la lire ensemble,
21:27on va prendre le temps
21:27de la lire ensemble.
21:29Parce que s'ils écrivent ça,
21:30c'est qu'ils ont dû entendre
21:31des choses hallucinantes.
21:33Donc ils expliquent
21:34dans cet rapport
21:34d'enquête parlementaire
21:35il n'y a rien d'inhérent
21:36à l'activité d'extraction
21:37des ressources
21:38qui puissent être considérées
21:39comme naturellement propices
21:41au harcèlement sexuel.
21:43Le fait de creuser des trous
21:44puis de déplacer
21:45et d'affiner les matériaux extraits
21:46ne conduit pas au harcèlement.
21:49C'est quand même inquiétant
21:50de voir le rappeler
21:51en 2022
21:51dans un rapport
21:52d'enquête parlementaire.
21:53Je ne sais pas
21:54ce que vous en pensez.
21:56Alors ils expliquent après
21:57que cela n'a peut-être
21:58pas été fait délibérément
21:59ni même consciemment
22:01mais à bien des égards
22:03et pareil pour toutes les femmes
22:05que j'ai rencontrées
22:06que je connais
22:07qui vivent dans l'industrie minière
22:08et moi-même
22:09de ce dont j'étais témoin
22:10la vie minière
22:11s'est apparentée
22:12à un exercice de construction
22:14d'un environnement parfait
22:15pour le harcèlement sexuel.
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