Passer au playerPasser au contenu principal
Anne Fulda reçoit Héloïse d’Ormesson pour la biographie de Jean d'Ormesson «Quand l’Enchanteur vint au monde» dans #HDLivres

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Héloïse Dormesson, on est ravis de vous recevoir.
00:04Alors vous êtes éditrice, vous n'écrivez pas encore, peut-être qu'un jour,
00:09mais vous êtes à la tête des éditions qui portent le même nom, votre nom, Héloïse Dormesson,
00:15et vous êtes aussi la fille unique de Jean Dormesson, célèbre écrivain, académicien,
00:20dont on fête le centenaire de la naissance cette année.
00:24Et c'est à ce titre d'ailleurs que vous venez nous parler de lui,
00:27parce que vous venez de publier un livre de votre père qui s'appelle « Quand l'enchanteur vint au monde »,
00:33un livre qui est logiquement paru chez vous, aux éditions Héloïse Dormesson.
00:39Alors déjà, première question, on pensait d'ailleurs, quand vous avez publié le dernier texte de votre père,
00:45on pensait avoir tout publié de Jean Dormesson, mais non.
00:49Alors quel est ce texte ? Comment se fait-il qu'il n'ait pas été publié ?
00:53Comment l'avez-vous retrouvé ? C'est assez incroyable.
00:56C'est tout à fait incroyable, une vraie surprise d'outre-tombe que devait réserver mon père.
01:02Quand il est mort, effectivement, la question de savoir s'il existait des inédits,
01:08des textes qui n'avaient pas été découverts, publiés.
01:11Moi, j'étais assez certaine qu'il n'y avait pas de texte inédit,
01:15dans les tiroirs, placards ou ailleurs d'ailleurs.
01:18En raison de la méthode d'écriture de mon père,
01:24qui écrivait donc à la main, de manière manuscrite, tous ces textes,
01:28qui les donnait à dactylographier.
01:31Donc il me semblait peu plausible que quelqu'un ait gardé par-devers lui un manuscrit,
01:36qu'une dactylo l'ait conservée.
01:37C'était un gros arbre.
01:39Donc, vraiment, je ne pensais pas.
01:42Et avant sa mort, et régulièrement, mon père avait émis le vœu
01:48que toutes ces archives et ces manuscrits soient confiées à la Bibliothèque nationale.
01:54À sa mort, j'avais essayé de rassembler ces textes,
01:58de commencer un travail d'archivage, de tri.
02:00Mes parents vivaient dans la même maison depuis plus de 60 ans.
02:05Mon père était un accumulateur féroce, presque maniaque, de textes et de papiers.
02:13Il gardait tout.
02:14Il gardait tout.
02:14Il gardait tout.
02:15Il gardait tout.
02:16Tout ce qui était imprimé.
02:18Tout ce qui était imprimé.
02:19Évidemment, il n'est pas atteint de syndrome de Diogène.
02:22Mais enfin, disons qu'il était.
02:24Et effectivement, quand j'ai commencé ce travail,
02:28on est tombé sur des billets de train, des cartes postales,
02:31un fatras de papiers.
02:34Et c'était un travail à la fois assez écrasant émotionnellement
02:38et assez pharaonique.
02:41Vous avez retrouvé jusqu'à ces copies de Cagnes,
02:43mais aussi des manuscrits, des notes.
02:45Oui, effectivement.
02:46Vous dites que c'est un travail pharaonique
02:48et effectivement qui devait être éprouvant émotionnellement.
02:52À la fois par moments absolument jubilatoires et porteurs,
02:56à certains moments.
02:57Et à d'autres moments, on tombe sur une lettre, une photo.
03:02Donc, pour toutes ces raisons, ça a été assez long.
03:10Et il y a deux ans, j'ai fini par appeler au secours la BNF
03:15et son président, Gilles Pécou,
03:18qui a eu l'excellente idée de dépêcher un formidable conservateur,
03:24Charles-Éloi Vial, qui est venu à raison d'une demi-journée par semaine
03:27chez ma mère pour faire ce travail.
03:30Et le dernier jour, ça lui a à peu près pris un an
03:34de compiler toutes ces archives.
03:37Et le dernier jour, il m'a dit, écoutez,
03:41est-ce que je suis passée d'après vous ?
03:44Je lui ai dit non, je pense que ce dernier placard,
03:46vous ne l'avez pas encore inventorié.
03:48Et j'ai vu qu'il y avait des lettres de jeunesse,
03:52un carnet militaire, regardez.
03:55Et à la fin de la matinée, il est revenu avec une liasse de manuscrite.
04:02Et ils m'ont dit non, ça pourrait être un texte.
04:06En tout cas, de ce que j'ai pu déchiffrer,
04:09il semble qu'il y a un début et une fin.
04:10Je vous confie ces pages et vous me direz ce qu'il convient d'en faire
04:15et ce qu'il en est.
04:17Et c'était bien un texte, ce texte que vous publiez aujourd'hui ?
04:20Et c'était bien un texte inédit.
04:23Une biographie ?
04:24Un portrait, une promenade littéraire consacrée à Chateaubriand.
04:30Le maître à pensée, l'écrivain référent que mon père aimait passionnément.
04:40Donc, Chateaubriand.
04:42Alors, il a écrit des années plus tard un livre consacré à Chateaubriand.
04:46Comment se fait-il que celui-là, qui a été écrit en 58, c'est ça ?
04:50En 58, absolument.
04:51Il avait 33 ans.
04:52Donc, il avait déjà écrit un premier roman avant.
04:54Oui.
04:54Pourquoi celui-ci n'a pas été publié ?
04:56Là, ce ne sont que des conjectures.
05:00Et je ne peux pas garantir que c'est là.
05:05Mais avec ce manuscrit, j'ai retrouvé un contrat
05:08qui avait été signé à l'époque, en 59,
05:11entre mon père et les éditions, Julliard.
05:14Donc, ce texte avait bien été remis à son éditeur de l'époque,
05:18qui était donc Julliard, qui avait publié ce premier roman
05:20que vous avez mentionné, L'amour est un plaisir, en 56.
05:24Et je pense, Charles-Éloi Vial, le conservateur de la Bibliothèque nationale,
05:31pense également que mon père était à l'époque un écrivain quasi inconnu.
05:37Il avait 33 ans, il était primaire en boncier.
05:40Il a écrit ce portrait fabuleux, qui n'est pas un portrait mineur,
05:45on en parlera plus tard, mais qui est un très bon texte,
05:48mais sur un écrivain, effectivement, qui est un écrivain majeur
05:53de la littérature française, mais qui est un écrivain,
05:56aujourd'hui, et déjà, en 58, un peu démodé,
06:02et un peu considéré comme un classique conservateur.
06:05Il n'était pas en vogue.
06:07Donc, mon père s'est dit, qui va lire un portrait écrit par un auteur inconnu
06:12sur cet écrivain, et donc, je pense qu'il s'est dit,
06:15je reviendrai, j'attendrai, il vaut mieux publier.
06:19Et en 59, il publie « Du côté de chez Jean »,
06:22c'est un de ses premiers textes assez ironiques et très amusants,
06:28plus ou moins autoportrait, autofiction en tout cas.
06:31Alors, il décrit Chateaubriand comme un nageur entre deux rives,
06:36à cheval entre deux siècles, deux mondes, deux régimes,
06:39avec une carrière qui va à travers les révolutions et l'Empire.
06:45Mais pour lui, c'était quoi, Chateaubriand ?
06:47C'était un modèle ? C'était une référence ?
06:49Est-ce qu'il s'est plus ou moins consciemment inscrit dans ses pas ?
06:53En tout cas, est-ce qu'il a voulu, peut-être, inconsciemment,
06:56s'inscrire dans ses pas ?
06:57C'était, enfin, de son vue, clairement, c'était un des...
07:02Il en parlait dans l'un ?
07:03Il l'aimait assidûment, intensément, ça faisait partie de ses écrimes à modèle.
07:08Et là, on voit bien, en lisant ce texte,
07:12qu'il connaissait son Chateaubriand sur le bout d'Edouard,
07:14que je pense qu'il avait complètement intériorisé toute l'œuvre de Chateaubriand,
07:21qu'il avait lu tout ce qu'il était possible de lire à l'époque,
07:24toutes les biographies, les correspondances, tout ce qui était consacré à Chateaubriand.
07:29Et c'était, en effet, je pense, un écrivain qui le fascinait et qui l'admirait.
07:36Il l'admirait à la fois pour la qualité de ses textes
07:40et pour la carrière et la position de l'homme.
07:44C'est-à-dire qu'à la manière de mon père, c'était un homme engagé,
07:49engagé politiquement, engagé dans le monde, et un écrivain.
07:56Et ça, je pense que ça faisait partie...
07:59À cette époque-là, déjà à 32 ans, 33 ans,
08:02mon père, je pense, vivait déjà comme un écrivain
08:06qui était aussi un journaliste, aussi un éditorialiste engagé.
08:14Donc, Chateaubriand, je pense qu'il y avait ce parallélisme qui l'intéressait.
08:20Alors, ce titre, il l'avait choisi ou c'est vous qui l'avez...
08:24Non, c'est un extrait du texte.
08:26Et le manuscrit était... ne portait pas de titre.
08:32Et ce que vous dites dans la préface, c'est que vous n'avez pas fait de correction.
08:36Vous n'avez pas...
08:36Alors que c'était un texte assez brut qui n'avait pas été...
08:39C'est un texte brut, mais qui, je trouve, est déjà extraordinairement abouti.
08:45Mais évidemment, alors, d'une part, il y a manuscrit.
08:48Il y a eu un gros travail de déchiffrage,
08:50parce que l'écriture, elle est dansante,
08:52elle est glissante.
08:56Donc, il y a des mots, il y a certains mots qu'on a absolument...
08:59On n'est pas parvenu à déchiffrer.
09:00Donc, il reste, je crois, 4 ou 5 mots
09:02qu'on a déduits en fonction du contexte,
09:05mais qui ne sont peut-être pas les mots qu'avait choisi mon père.
09:08Et, par ailleurs, il y a quelques petites inexactitudes,
09:13petites phrases qui sont...
09:18qui s'achèvent de manière un peu surprenante et inattendue.
09:22Tout ça, évidemment, s'il l'avait retravaillé,
09:24il l'aurait gommé, rectifié, poncé, vernis, poli.
09:30Mais je ne me voyais pas...
09:31Enfin, ça aurait été faux, ça aurait été truqué que d'intervenir,
09:34parce qu'on ne sait jamais exactement ce qui se serait produit.
09:37Donc, je pensais qu'il était plus transparent,
09:40plus authentique de laisser le public découvrir ce texte,
09:45qui est, encore une fois...
09:45Qui est un très beau texte que je vous encourage à lire.
09:50Donc, ce livre s'appelle donc
09:52« Quand l'enchanteur va au monde ».
09:54L'enchanteur, c'est vrai que c'est un qualificatif
09:56qui aurait très bien correspondu à votre père,
09:58Jean Dormesson également.
10:00En tout cas, merci beaucoup, Héloïse Dormesson,
10:02d'être venue nous présenter ce livre,
10:03qui est donc paru chez vous,
10:05l'édition Héloïse Dormesson.
10:07Merci, Anne.
10:13Sous-titrage Société Radio-Canada
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations