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  • il y a 2 jours
Léna Mahfouf, créatrice de contenu et entrepreneuse plus connue sous le nom de Léna Situations, est l'invitée de Sonia Devillers, elle publie "Encore mieux" (Léna Éditions). Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-portrait/le-grand-portrait-du-lundi-17-novembre-2025-1787201

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Transcription
00:00Le succès vertigineux de l'ENA Situation, 11 millions d'abonnés cumulés, était celui d'une nana très normale qui filmait ses mois d'août avec un peps et une sincérité irrésistible.
00:11Depuis, l'ENA est devenue une femme d'affaires, placée au premier rang des défilés.
00:14Elle a monté sa marque, collaboré avec les enseignes les plus prestigieuses, porté les vêtements les plus spectaculaires, vendu 500 000 exemplaires de son premier livre,
00:21inauguré sa statue au musée Grébin, créé son podcast, interviewé Rihanna, gagné beaucoup d'argent et reçu tellement de haine qu'elle a parfois décidé de tout couper.
00:29Bref, le succès de l'ENA Situation n'est plus du tout celui d'une fille normale, mais celui d'un paradoxe sur pattes qui traduit tellement notre époque.
00:40Elle aime à la folie une industrie du vêtement et du divertissement qui vend du rêve tout en habillant les corps et les âmes.
00:47Elle est à la fois l'heureuse élue et la première victime.
00:50Elle continue de tout raconter, les brûlures comme les fiertés.
00:54Ça fait d'elle une personne super compliquée qui publie un deuxième livre, faussement simple, Portrait numéro 47.
01:05Bonjour Léna Maffouf, Alias.
01:09Léna Situation, bonjour.
01:11Alors le premier livre, tout jaune, s'intitulait Toujours plus.
01:15Le deuxième livre, tout vert.
01:16Vous le titrez encore mieux.
01:18Entre les deux, il y a un changement très frappant sur la couverture.
01:23Lequel ?
01:24Les cheveux bouclés.
01:25Exactement.
01:26Toujours le sourire, mais c'est vrai que j'ai les cheveux bouclés qui sont un peu assumés entre temps.
01:30En fait, c'est même pas tellement ça.
01:31C'est que la première couverture, les cheveux, ils étaient bouclés.
01:35Mais en réalité, ils avaient été lissés.
01:37C'était absolument brushing.
01:38Ils étaient couverts de gel et de spray pour faire des belles boucles artificielles.
01:43Là, ils sont naturels.
01:44Ils sont complètement frisés.
01:46Qu'est-ce qui s'est passé entre les deux ?
01:48La maturité, je pense.
01:50L'accitation de soi.
01:51Le fait aussi de comprendre ce qui nous ressemble le plus.
01:55Et je pense que plein de personnes qui se maquillent ont peut-être ce sentiment.
01:59C'est qu'avant, on se maquillait pour se camoufler et pour cacher ce qu'on pensait être des défauts.
02:04Et puis après, à force de se voir dans le miroir, on commence plus à mettre en avant ce qu'on veut mettre en avant plutôt que de se cacher.
02:10À force de se voir dans le miroir ou à force de se voir sur Instagram ?
02:13Non, je ne pense pas.
02:14Avec des filtres déformants ?
02:15C'est une bonne question parce qu'à un moment, j'ai beaucoup utilisé les filtres sur Instagram et sur Snapchat.
02:20Une époque où on avait vraiment des filtres qui te lissaient absolument tout, tout, tout.
02:24On ne voyait même plus les arrêtes du nez.
02:26Et puis un jour, je me suis dans le miroir.
02:27Je me suis dit, mais qui est cette personne ?
02:29Tellement je m'étais habituée à me voir à travers le reflet d'un filtre Instagram.
02:32Et depuis, j'ai complètement arrêté ça parce que j'ai aussi une audience qui me suit et je n'ai pas envie de faire la promotion du méga filtre.
02:39Même si parfois sur les photos, celle-ci, je pense qu'elle est fortement aussi retouchée, la lumière, etc.
02:44Donc même si c'est naturel, il y a toujours une belle lumière.
02:46Sauf que les cheveux, ça va au-delà.
02:48Les cheveux, c'est des années et des années de collège où vous racontez qu'en réalité, vous les avez tirés, vous les avez listés, vous les avez attachés.
02:56Moi, je me souviens, je vous ai reçus il y a quelques années, c'était tellement mignon.
03:00Et vous aviez des petites barrettes.
03:01Vous aviez des petites barrettes de petites filles.
03:03C'est vrai, ils étaient déjà plaqués.
03:03Ils étaient hyper plaqués.
03:05C'est vrai.
03:06Hyper plaqués.
03:07Les cheveux, c'est aussi une histoire et une identité, Léna.
03:10Absolument.
03:11Je pense que toutes les personnes qui ont un petit peu de mix dans leur famille, qui ont un parent d'une origine, un parent de l'autre, ont un peu ce côté de dire
03:21mais où est-ce que je me retrouve ? Qui suis-je en cette double identité, dans cette double nationalité avec mes deux passeports ?
03:27Et moi, pendant longtemps, je voulais un petit peu camoufler.
03:31J'en voulais même à mes parents de m'avoir fait avec les cheveux bouclés parce qu'à l'école, on se moquait.
03:34Ils sont algériens.
03:35Oui, mes deux parents sont algériens, ils sont tous les deux en Algérie.
03:38Ils sont venus en 95, en France.
03:41Et en fait, je pense que toutes les personnes qui ont les cheveux bouclés connaissent cette histoire et c'était quelque chose qui m'enfermait beaucoup.
03:48Mais à partir du moment où j'en ai parlé publiquement, je me suis rendu compte qu'on était plein de petites filles à ne pas savoir où se situer.
03:53De petites filles et de grandes stars parce que sur votre canapé tout rose en forme de rond là, presque, enfin voilà,
03:59vous recevez des stars pour des confidences, des conversations à bâtons rompus.
04:05Donc ça fait un podcast sur Spotify, ça fait des vidéos sur Disney+.
04:08On écoute Rihanna parce que moi, je reçois Léna Mafouf.
04:11Léna Mafouf, elle reçoit Rihanna.
04:12Bonjour à tous.
04:27Bonjour, bienvenue.
04:29Alors, pour moi, ce n'est pas qu'une interview, c'est un moment où la boucle est bouclée.
04:32Oh, wow, merci.
04:36C'était fait exprès de dire la boucle est bouclée ?
04:38Non.
04:38Parce que vous allez parler cheveux pendant un quart d'heure.
04:40Non, je n'y ai même pas pensé.
04:41Moi, j'y pense.
04:43Juste un mot, pourquoi est-ce qu'elle est debout alors que toutes les stars viennent s'asseoir sur votre canapé ?
04:47C'est clair que le concept du podcast qui est canapé, il y a un seul mot dans ce titre,
04:52c'est de tout simplement s'asseoir sur le canapé pour pouvoir papoter.
04:55Mais Rihanna était enceinte, sauf que ça n'avait pas encore été annoncé.
04:59Et quand elle s'asseyait, on voyait un petit baby bump.
05:01Et puis, on voulait respecter la demande de la future maman.
05:04Donc, on n'a pas voulu spoil.
05:05Deux résultats, vous vous êtes plantés tout de suite.
05:07Voilà, on est debout devant le canapé.
05:09C'est un nouveau concept, mais comme c'est Rihanna, let's go.
05:11Voilà, et en plus, ce qui est assez drôle, c'est qu'en fait, elle arrive en France,
05:14elle va lancer Fancy Air, c'est-à-dire sa marque de soins pour les cheveux.
05:19Et de quoi vous parlez ? De ça.
05:21C'est-à-dire, elle est noire.
05:22Si, vous parlez de ça.
05:24On parle de ça, on parle de plusieurs sujets.
05:26Mais c'est sûr que ça vient sur la table et que c'était des questions que je voulais lui poser
05:29parce qu'elle m'a tellement accompagnée.
05:31Alors, moi certes, mais des millions de jeunes personnes qui sont en train de se construire.
05:35On a grandi avec Rihanna.
05:37Donc, évidemment que si je peux lui poser la question, je vais y aller du cheveu.
05:40Et on parle de cette mode des podcasts où on reçoit des stars sur des canapés.
05:46Oui.
05:47Parce qu'il y a une épidémie de canapés en ligne.
05:52Une épi de canapés, de conversations sur canapés.
05:54Souvent avec des gros micros, vous, pas avec des gros micros.
05:56Non.
05:56Et alors là, quand vous rentrez dans un studio radio,
05:59on est encore assis sur des fauteuils avec des chaises de bureau.
06:03Et bien l'autre, on ne va pas se mentir, les bureaux de France Inter sont très sympas.
06:07C'est la préhistoire de l'interview ?
06:09Ce n'est pas du tout la préhistoire de l'interview.
06:10On s'est inspiré de vous, vous rigolez.
06:12Au contraire, on s'est inspiré.
06:15Allez, Frédéric Becbedé, votre grand famille.
06:18Vous dites, les livres que j'aime sont souvent couverts de crachats.
06:23C'est vrai.
06:24C'est un constat que je fais.
06:25Vous dites, ils sont répugnants, ils sont salaces.
06:27Je demande à la littérature de me choquer, de me provoquer, de me secouer, de me réveiller.
06:34C'est ça que je lui demande à l'art en général.
06:36Si l'art ne me dérange pas, il est inintéressant, il est ennuyeux.
06:42Un monde où l'art ne provoque pas de réaction sera peut-être un monde futur sinistre.
06:52Encore mieux, ce nouveau livre, vous l'avez dédicacé à votre petit frère.
06:55Oui.
06:56A vos abonnés et à Frédéric Becbedé, auteur de ces lignes dans le Figaro,
07:01le livre qui se vend le mieux en France, c'était donc le précédent, celui qui était tout jaune,
07:06est tellement sucré qu'il rend les doigts poisseux, résumant votre livre à 147 pages de vide.
07:12Oui.
07:13Je vis toujours bien avec ça.
07:16C'était un petit clin d'œil.
07:17En fait, je pense que la raison pour laquelle je voulais le dédicacer,
07:21c'était déjà pour le petit clin d'œil de toutes les personnes qui ont suivi l'aventure ces cinq dernières années.
07:24Mais c'était surtout un peu une attaque qui était, on pourrait croire personnelle,
07:29mais qui s'attaquait à toute une génération que je peux représenter malgré moi par mon âge
07:33et ma façon de communiquer sur les réseaux sociaux.
07:37J'étais un peu plus énervée contre le fait qu'on se nobe.
07:41Un mépris de génération ou un mépris de classe ?
07:43Je pense que c'est les deux. C'est un snobisme intellectuel, c'est un snobisme de classe, c'est un mépris générationnel, oui.
07:49Parce que vous, vous dites que le sentiment d'imposture, il n'est jamais loin chez vous.
07:52Il n'est jamais loin.
07:53Jamais loin. Vous faites des fautes d'orthographe, vous ne lisez pas de poésie.
07:56Depuis le CMA, je vous rassure, moi non plus, je ne lis pas de poésie et je fais des fautes d'orthographe.
08:01Mais vous, vous dites, évidemment, moi je viens des vlogs, c'est-à-dire des journaux intimes, filmés, fabriqués.
08:08Des vidéos YouTube, tout simplement d'Internet.
08:10Je viens d'Internet parce que c'était la seule façon de pouvoir s'exprimer quand on ne venait pas de tous ces milieux-là.
08:15Et ce n'était même pas une réflexion.
08:16Donc, je n'ai rien à faire sur une table de librairie à côté d'un prix Goncourt,
08:19jusqu'au moment où vous comprenez que l'idée n'est pas de prendre la place du prix Goncourt,
08:23mais simplement d'élargir la table.
08:25Et ça, je trouve ça très malin.
08:26Ce n'est même pas une réflexion.
08:28C'est vrai que quand je sors le livre et j'envoie déjà des messages
08:33disant que ce n'est pas du tout légitime pour moi d'écrire un livre
08:36et de se retrouver sur France Inter un matin.
08:39Et les gens qui sont peut-être dans leur voiture actuellement, ils se disent
08:40« Mais pourquoi elle est là ? »
08:42Et je peux entendre et je peux comprendre, mais je pense qu'on peut aussi élargir nos cases
08:45sans avoir aucune prétention de prendre la place de quelqu'un d'autre
08:49et en arrivant, en voulant essayer la chose.
08:51J'ai vraiment voulu juste essayer à la base d'abord faire des vidéos YouTube,
08:55puis après d'être dans le milieu de la mode,
08:56et puis après de continuer à faire mes petites aventures.
09:00Et ce livre, c'est Manuel Aventure ?
09:02Le milieu de la mode.
09:03Donc le paradoxe sur Pat, je l'ai dit, on écoute Loïc Prigent
09:06parce qu'il vous aime beaucoup.
09:08J'adore Loïc.
09:10On va chez Balenciaga.
09:12C'est le dernier défilé de Demna.
09:14J'ai mal dormi.
09:15On était là au premier.
09:17Ça va au dernier.
09:17Et là, enfin...
09:20Et là, et là, et là, le regard là !
09:22Voilà, là !
09:24Marina, par ici à droite, s'il vous plaît !
09:26Le regard !
09:27Là, on attend le mannequin pour lui essayer le body et potentiellement adapter sur place.
09:34Mais c'est ça.
09:34Un moment en fait sidique.
09:35Ouais, c'est nickel !
09:37Loïc Prigent, vidéaste, journaliste mode qui couvre les Fashion Week chaque année.
09:44Là, on l'entend plonger dans le bouillon d'un défilé.
09:49Donc vous êtes devenue une figure de la mode.
09:52Vous êtes au premier rang des défilés.
09:54Vous portez des tenues absolument insensées que les créateurs adaptent pour vous.
09:59Vous dites, j'adore la mode.
10:00Et en même temps, c'est tout ce que je déteste.
10:02Et je vis dans cette contradiction permanente.
10:05La contradiction, c'est laquelle, Léna ?
10:07C'est des mots que j'ai empruntés d'ailleurs à Loïc Prigent.
10:09J'adore la mode, c'est tout ce que je déteste.
10:11Et on se retrouve beaucoup tous les deux.
10:12J'adore la mode parce que j'aime l'art qu'il y a derrière tout ça.
10:15J'aime le travail des ateliers.
10:16J'aime la réflexion.
10:17J'aime les histoires qui sont racontées.
10:19Et j'aime la voir comme autre chose qu'un vêtement qu'on porte ou qu'on ne porte pas.
10:23Mais c'est vraiment l'histoire qui est racontée.
10:26Et c'est pour ça que je trouve que la mode a vraiment sa place au musée.
10:29Peut-être qu'on va plus se retrouver sur de la couture où tout le monde va se dire
10:31« Oui, c'est une vraie pièce d'art. »
10:33Mais il y a quand même quelque chose où ça se découle d'un directeur artistique
10:38qui souhaite raconter quelque chose, d'une inspiration, d'un livre qu'il a lu plus jeune.
10:42Et on crée toute une collection.
10:43Et puis j'adore la mode parce que ça nous réunit tous.
10:46J'ai rencontré des gens extraordinaires.
10:48J'ai rencontré aussi des gros connards.
10:49Gros connards, mais j'ai rencontré aussi des gens extraordinaires.
10:52Je pense à Loïc, je pense à Daphné que j'ai croisé,
10:54Daphné Burki que j'ai croisé aussi sur les défilés.
10:57Et en fait, on peut vraiment aimer la mode sans avoir toutes les étiquettes
11:01qui peuvent être plus compliquées après.
11:03Alors sans parler des gros connards, il y a aussi votre quotidien dans le milieu de la mode.
11:08C'est-à-dire les attachés de presse des maisons,
11:11c'est-à-dire les shootings pour les couves de magazines.
11:14Ou comme vous ne faites pas un 32,
11:16qu'est-ce qu'il faut faire ? Un 32 pour rentrer dans les...
11:1832-34.
11:19Un 32-34.
11:21Alors on se permet de tripoter vos bourrelets,
11:23on se permet de faire la moue en disant que vous ne rentrez pas dans les fringues.
11:27On se permet beaucoup de choses en fait.
11:29On se permet ce que tout Internet se permet.
11:31C'est-à-dire...
11:31C'est ça.
11:32C'est Twitter dans la vraie vie parfois.
11:34C'est Twitter dans la vraie vie.
11:36La mode, oui, peut avoir ce côté-là.
11:39Mais c'est, je pense, dans plusieurs métiers artistiques
11:42où on peut se permettre de verbaliser des choses qui sont complètement insensées.
11:47Et puis je pense que c'est un milieu qui n'a pas été réglementé pendant des années
11:49et qui fait face à une nouvelle génération,
11:51qui impose ses limites.
11:53Et parfois, ça peut créer un petit choc.
11:56C'est vrai qu'en fitting, quand j'ai dû faire des essayages,
11:59je n'ai pas trop apprécié que cette personne vienne et m'attrape les bourrelets des cuisses
12:04en disant, mais Léna, tu t'es laissée aller là quand même ?
12:06Le reste de la journée qui découle de ça.
12:10Mais ce n'est pas quelque chose que je souhaite non plus promouvoir.
12:14Sauf que vous, vous dites que c'est tous les jours...
12:16C'est ça.
12:17C'est-à-dire que vous, vous dites tous les jours.
12:18Moi, pendant des années, j'ai mangé n'importe quoi.
12:21J'ai bu du coca gogo.
12:22Je n'ai jamais pris un gramme.
12:24Jusqu'au jour où j'ai pris du poids.
12:25Oui.
12:26Voilà.
12:26J'ai grandi, j'ai mûri.
12:28Mon corps a mûri.
12:28J'ai grandi, c'est ça.
12:29C'est ça.
12:29J'ai mon corps qui, je crois, il s'est élargi.
12:31Peut-être pour accepter des bébés.
12:32Peut-être pour faire des provisions pour l'hiver.
12:40Que vous êtes enceinte et on va le découvrir dans trois semaines.
12:42Non, ce n'est pas le cas.
12:44Mais vous dites, avant même que je m'en aperçoive,
12:46Internet l'avait, mais vomi, souligné, matraqué en permanence.
12:53C'est devenu commun.
12:54Le corps d'une femme, c'est une chose publique.
12:56C'est ça.
12:56Ce n'est pas moi.
12:57Ce n'est pas moi en particulier.
12:58C'est les femmes en général.
12:59Et c'est vrai que quand je raconte mes histoires de ce que j'ai vécu,
13:04à chaque fois, même dans le livre, j'essaie vraiment d'élargir et de ramener ça
13:07à un point de la société qui est beaucoup plus large que juste la présence de Léna Mafou
13:11fin d'un défilé ou la taille des cuisses de Léna.
13:14En réalité, on s'en fout.
13:15Mais c'est juste que ça met en avant et ça met en lumière,
13:19par ma notoriété sur Internet,
13:21la folie furieuse qui peut exister sur les réseaux sociaux
13:24et même, comme on peut le voir dans la vraie vie,
13:27de pouvoir se permettre de juger le corps d'une femme,
13:30de pouvoir faire des réflexions.
13:31Et encore, je reste privilégiée.
13:33Je suis quand même dans mon petit cadre hyper privilégiée.
13:35Vous êtes surexposée, Léna.
13:36Je suis surexposée, mais ça permet aussi de surexposer
13:39tous les problèmes qu'on peut voir
13:41et que les enfants peuvent lire sur Internet
13:43et que s'il y a des parents qui nous écoutent,
13:44à chaque fois, j'essaie de mettre aussi en prévention.
13:46Internet, c'est un monde qui est très cruel,
13:49qui peut être aussi très, très, très positif
13:50pour les gens qui sont peut-être un peu plus solitaires
13:53et qui peuvent retrouver des communautés.
13:55Internet m'a éduquée, m'a fait vraiment beaucoup, beaucoup de bien
13:58et fait beaucoup de bien à des jeunes.
13:59Mais il peut aussi avoir cette partie un peu plus négative.
14:02Mais en réalité, c'est juste la cour de récré
14:05où ton collègue est un peu relou.
14:07Ça vous a ramené à ça ?
14:09C'est ça, ça vous a ramené à ça ?
14:10Absolument.
14:10Au pire souvenir du collège.
14:12Moi, je me souviens d'un jour d'avoir interviewé Bilal,
14:14à Sadi, très, très grand copain à vous,
14:17qui était là, à ce micro,
14:18et qui m'a dit,
14:19« Encore aujourd'hui, quand je cherche un appartement,
14:21à acheter, à louer, même pour les vacances,
14:25je vérifie qu'il n'y a pas de collège dans le quartier.
14:27Je ne peux pas supporter l'idée de passer devant un collège. »
14:30T'imagines pour un ami ou un parent d'entendre ça ?
14:33Qu'un enfant de 25 ans ait encore un peu des traumas du collège.
14:39Mais je pense que ça nous a un petit peu tous forgés,
14:42créé un peu des PTSD, je ne sais pas.
14:44Mais c'est vrai que je pense,
14:45même en écrivant le livre,
14:46je pensais au...
14:47Parce que ce n'est pas un livre vraiment pour les enfants.
14:50Il a évolué en même temps.
14:52Je ne voulais pas faire du jeunisme,
14:53c'était ma plus grande crainte,
14:54de refaire un livre juste parce que le premier avait fonctionné,
14:57même si on m'a bien poussé à le faire.
14:59À un moment, j'ai pris du recul en me disant
15:01« Qu'est-ce que je veux écrire ? »
15:02Et ce que j'ai essayé d'écrire,
15:03c'est d'avoir quelque chose d'assez inclusif
15:05pour les personnes de mon âge,
15:06pour les créatifs qui veulent passer de l'idée à l'action,
15:10mais aussi pour les personnes un peu plus âgées
15:12qui ont besoin de comprendre notre génération
15:14ou alors qui veulent accompagner leurs enfants aussi dans cette transition.
15:16Et alors, il y a Internet,
15:18il y a les chaînes d'information,
15:20il y a CNews qui commandent vos tenues à Cannes
15:22parce que vous découvrez qu'une tenue portée à Cannes,
15:25ça peut faire du breaking news sur une chaîne d'infos,
15:28ça peut devenir une affaire d'État.
15:30Donc, on écoute Christine Kelly sur CNews.
15:33Je voulais partager avec vous cette photo.
15:36Vous connaissez Léna, Léna Situation ?
15:394,8 millions d'abonnés sur Instagram.
15:41Certains dénoncent qu'en 2024,
15:44elle était en décolleté et puis aujourd'hui au Festival de Cannes
15:47et que maintenant, elle est habillée un peu à la mode des frères musulmans,
15:53si vous permettez l'expression.
15:55Elle joue un peu, de temps en temps, le petit côté sexy,
15:58de l'autre, le petit côté de j'ai là-bas.
16:02Le petit côté sexy, le petit côté de j'ai là-bas,
16:04ça m'est vraiment passé en travers de la gorge.
16:06Pas parce que c'était une attaque personnelle,
16:08mais c'est vraiment là une attaque sur absolument toutes les femmes.
16:11Quand je vois ça, mon cœur saigne pour toutes les femmes musulmanes en France.
16:16Sachant que j'ai, pour donner un peu de contexte,
16:19je portais juste une robe ample,
16:21une robe et un foulard dans les cheveux.
16:23La première fois que vous allez à Cannes,
16:25vous portez une robe Viviane Westwood.
16:27Je portais un petit body sexy la première fois que j'allais à Cannes.
16:30Donc vous avez les cuisses à l'air.
16:32Quelle fut ma surprise de me rendre compte
16:33que ce n'était pas possible sur Internet
16:37de mettre ce type de robe avec mon corps.
16:39L'année d'après, j'arrive avec une robe ample
16:41parce qu'on va pouvoir me dire
16:42« Ah, quoi ? »
16:44Que je suis à la mode des frères musulmans
16:45et là, quand j'ai vu le message,
16:48c'est vrai que j'étais à table
16:49et j'avais le cœur qui saignait
16:52parce que je me suis dit
16:53« Mais en fait, le racisme est tellement décomplexé,
16:56l'islamophobie est tellement décomplexée
16:58qu'on va même être islamophobe
16:59d'une femme qui n'est même pas musulmane. »
17:02Et en fait, je me dis juste
17:04« Moi, je suis hyper exposée. »
17:06Donc, j'ai la chance après d'avoir plein de messages d'amour,
17:08de recevoir des gens qui vont m'envoyer du love.
17:11Mais toutes les femmes musulmanes
17:12qui vivent ces micro-agressions toute la journée,
17:15elles ne l'ont pas.
17:16Elles vont rentrer chez elles avec leur voile
17:17ou y avoir du crachat dessus
17:18parce que c'est ma copine qui me racontait ça.
17:21Quand on vivait cette histoire,
17:22ma copine qui porte le voile,
17:23elle nous racontait ça.
17:24Et je me dis « En fait, je ne peux pas me taire
17:25et je ne peux pas faire comme si de rien n'était. »
17:27Parce qu'en réalité, maintenant,
17:28je suis un peu anesthésiée à toute la haine en ligne.
17:30J'avoue.
17:30Vraiment ?
17:31Je crois que c'est un peu malheureux
17:32et ce n'est pas non plus...
17:34J'ai l'impression que c'était la clé pour moi du bonheur.
17:36C'était que ça ne me touche plus.
17:37Et maintenant que ça ne me touche plus,
17:38je me dis « Mais est-ce que je suis anesthésiée
17:40tellement j'ai tout vu, tout entendu ? »
17:42Mais j'avoue que Christine Kelly m'avait surprise.
17:44Je me dis « Ah ! It's a new one ! »
17:46La mode des frères musulmans.
17:47De toute façon,
17:49la leçon qu'on en tire de ce livre, Léna,
17:51c'est qu'on ne sera jamais parfait.
17:54Le regard des autres,
17:55on ne pourra jamais totalement y l'éviter et y échapper.
17:59Et tant mieux, à la limite,
18:00c'est une confrontation.
18:01Ce qu'il faut juste,
18:02c'est continuer à avoir envie
18:03et continuer à créer.
18:04Ça fait tellement plaisir
18:05que vous l'ayez lu, le livre.
18:06Bah oui !
18:07Ah bah parce que pas tout le monde le lit
18:08quand on fait les interviews.
18:09Non, c'est chouette.
18:10Mais ça me touche en plus de l'entendre
18:11à travers les mots.
18:13Enfin, c'est la première fois
18:13que j'entends des retours,
18:14donc je suis hyper...
18:15Je prends tout, quoi.
18:16Là, je suis trop...
18:16Mais prenez, prenez !
18:18Et dites à Christine Kelly
18:19que c'est plus 4,8 millions d'abonnés
18:22sur Instagram.
18:23C'est 5 depuis hier, c'est ça ?
18:26Allez, merci Léna.
18:27Merci.
18:28Je précise que le livre de Léna Situation
18:30n'est pas paru aux éditions Bidule Chouette,
18:33comme on dit d'habitude.
18:34Non.
18:34Mais aux éditions Léna Édition.
18:36Ça, c'est un pied de nez
18:37à Frédéric Bec Bédé.
18:38Salut Léna.
18:39C'était une bonne réponse.
18:40Merci.
18:40Au fil Slin.
18:40Sous-titrage Société Radio-Canada
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