Elle est la grand-mère préférée des Français. Ce lundi, elle remettra un prix à un chercheur avec son Fonds de dotation Line Renaud - Loulou Gasté. L'occasion pour elle de revenir sur sa vie et ses engagements. Line Renaud est l'invité de Face à Fogiel. Regardez Face à Fogiel du 17 novembre 2025.
00:02Il est 8h18, elle fait partie de ces vedettes qu'on imagine éternelles.
00:09Chanteuse populaire, militante, actrice, ex-meneuse de revues.
00:12Ce soir, elle remettra un prix à un chercheur avec son fonds de dotation,
00:15c'est Lynn Renaud qui est votre invitée, Marc-Olivier Fogiel.
00:18Bonjour Lynn Renaud.
00:20Bonjour Marco.
00:21A travers votre carrière, vos combats, votre bienveillance,
00:24vous êtes devenue, vous le savez, la grand-mère d'une nation.
00:27Comment va la grand-mère préférer des Français ?
00:29Ça serait mal si je disais que je ne vais pas bien.
00:34Je vais trop bien.
00:36Trop bien ?
00:36C'est même inquiétant.
00:3997 ans et vous allez trop bien.
00:4197 ans, la tête marche bien, tout va bien, tout va bien.
00:45La vie est belle.
00:47Vous êtes une femme engagée, c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui.
00:49Vous êtes battue pour de nombreuses causes, la lutte contre le sida,
00:52vous vous battez pour la fin de vie, le droit de mourir dans la dignité.
00:56Aujourd'hui pour la recherche médicale.
00:58Vous vous battrez jusqu'à votre dernier souffle, Lynn ?
01:01Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle.
01:03Je dirais peut-être un cri d'horreur à mon dernier souffle.
01:07Mais je ne sais pas ce que je ferais.
01:09Mais je me battrai sûrement.
01:11De quoi vous êtes la plus fière dans tous ces engagements ?
01:13Je sais qu'ils sont nombreux et vous allez me dire qu'on ne peut pas choisir parmi ces causes.
01:17Mais de quoi vous êtes la plus fière ?
01:18De la fidélité du public.
01:20Je suis partie longtemps.
01:22Je suis quelquefois partie deux ans en Amérique.
01:26Sans revenir, je me disais comment je vais retrouver le public.
01:29Le public était présent.
01:31Ça s'est passé plusieurs fois d'absence comme ça.
01:34Et quand je revenais, le public était toujours là.
01:37À votre avis, pourquoi ?
01:38C'est la petite fille d'Armentière.
01:39Ce parcours incroyable d'Armentière à Las Vegas.
01:42Les gens se sont projetés dans votre parcours assez dingue.
01:46Parce que je suis vrai.
01:48Et les gens le savent.
01:49Je suis vrai.
01:50Je suis incapable de tricher.
01:52Ça plaît ou ça ne plaît pas, mais je réponds franchement.
01:54On se connaît depuis toujours.
01:56Je vous ai vu avec Jacques Chirac.
01:57Je vous ai vu avec François Hollande.
01:58Je vous ai vu avec Emmanuel Macron.
02:01Comment on fait pour pouvoir passer de l'un à l'autre avec autant de facilité ?
02:05Finalement, le point commun entre tous ces gens-là, c'est vous en fait.
02:08Ce n'est pas facile.
02:09Mais c'est venu tout seul.
02:11C'est-à-dire qu'avec Jacques Chirac, j'étais tellement liée avec Jacques.
02:16C'était comme un frère pour moi.
02:18D'ailleurs, je sais qu'il pensait comme moi.
02:20Comme à une sœur.
02:22Parce qu'un jour, à une remise de décoration, je croyais parler bas à une amie.
02:28Et d'un seul coup, Jacques Chirac qui faisait le discours dit
02:31« Quand ma petite sœur voudra bien se taire. »
02:35Et les autres, aujourd'hui, Emmanuel Macron, c'est votre fils ?
02:38Ça pourrait être mon petit-fils.
02:40Et quand il est critiqué comme il est critiqué en ce moment, vous, ça vous touche dans le cœur ?
02:45Vous qui le connaissez si bien, votre ami qui a du mal ?
02:48Quand j'entends tout ce qu'on dit sur lui, ça me fait mal.
02:52Ça me fait de la peine pour lui, voilà.
02:54Et je pense que si les gens se plaignent, c'est qu'ils ont à se plaindre.
02:58Donc vous comprenez, mais en même temps, ça vous touche.
03:01Ça me touche beaucoup.
03:02Si on est là aujourd'hui, c'est pour cet engagement, un engagement exemplaire.
03:06Et aujourd'hui, pour la recherche scientifique, puisque vous avez créé le fameux fonds de dotation,
03:10Lin-Renaud-Loulou-Gasté.
03:11Depuis 2019, il remet un prix assorti d'une dotation financière de 60 000 euros à un chercheur et son équipe
03:16pour une avancée majeure.
03:18Le lauréat 2025, c'est le professeur Alexandre Lupi.
03:21Il est néphrologue, spécialiste de la transplantation rénale à l'hôpital Necker.
03:26Sans vous, la recherche scientifique, elle a du mal ?
03:28Il manque tellement d'argent, la recherche, que ce qu'on apporte, ça leur fait du bien quand même.
03:34Chaque année, je fais ça.
03:35Je suis contente quand j'ai fait une action comme ça.
03:38Je me sens mieux en faisant quelque chose comme ça.
03:42Pendant que vous levez des fonds, pendant que vous donnez 60 000 euros chaque année,
03:45il y en a un qui coupe les fonds, qui coupe les robinets à la recherche scientifique, c'est Trump.
03:50Il fait du mal à la recherche.
03:52Il porte un coup terrible.
03:54C'est terrible ce qu'il fait, Trump.
03:55Mais ça ne m'étonne pas de lui.
03:57Mais vous qui avez tellement été amoureuse des Etats-Unis, vous y avez vécu, notamment à Las Vegas.
04:02Quand vous voyez un président aujourd'hui comme Donald Trump faire du mal à la recherche, presque...
04:08Non, tout foutre en l'air, il fout tout en l'air.
04:11Il est en train de ruiner l'Amérique.
04:13Les Américains pensent beaucoup de mal de Trump.
04:17Ils ne sont pas tous d'accord avec lui.
04:19Et vous, quand vous voyez ça, forcément, ça vous fait du mal.
04:21Oui, surtout là, il va couper les ponts à la recherche.
04:24Alors que les chercheurs ont tellement besoin de fonds.
04:28C'est dingue de faire ça, une chasse comme ça.
04:30Ce n'est pas un président, ça, c'est une cloche.
04:33Mais quand vous voyez que son ministre de la Santé est anti-vaccin, par exemple,
04:38ils arrivent à être complotistes, aujourd'hui, les dirigeants américains,
04:41sur des sujets que vous connaissez bien.
04:43Vous qui avez tellement fait avancer la lutte contre le sida,
04:45vous qui vous battez pour la recherche.
04:47Quand vous voyez que les gens qui sont à la tête des États-Unis aujourd'hui,
04:49ils arrivent même à douter de la recherche, à douter de la science.
04:53Mais oui, mais c'est complètement fou, je vous dis.
04:55C'est une histoire de dingue, ça.
04:57Et il n'y a que Trump pour faire ça.
04:59On a tout à craindre de Trump.
05:01Le pire est à venir encore.
05:04Parmi vos engagements, il y a cet engagement sur la fin de vie.
05:07Vous militez en faveur de l'aide à mourir.
05:09Après avoir vu, vous l'avez raconté, votre maman souffrir et demander à mourir.
05:12Vous avez vu la bonne nouvelle.
05:13Le gouvernement qui vient d'annoncer que les deux textes sur la fin de vie,
05:16soins palliatifs et aide à mourir, reviendront en janvier au Sénat,
05:20puis en février à l'Assemblée.
05:21Vous dites quoi ? Enfin ?
05:23Enfin, comme vous me dites.
05:24Mais ça devait arriver, ça, parce que j'ai eu quelques députés ici.
05:29On en a discuté ensemble, notamment celui du Nord, Olivier Falorni.
05:34Et alors, lui, il m'a beaucoup aidé auprès des députés.
05:37Olivier Falorni, il dit que, ce qui est le rapporteur de cette proposition de loi,
05:41si en janvier ou février, on est toujours au même stade d'enlisement,
05:44j'en appellerai au président de la République pour qu'il organise un référendum avant l'été 2026.
05:49Vous, Ligne Renaud, si ça ne passe pas à l'Assemblée et au Sénat,
05:52un référendum pour que les Français se mobilisent ?
05:54Un référendum. Il faut un référendum.
05:57Avec un référendum, ça marchera.
05:59Vous en parlez, ça, votre ami le président Macron ?
06:01C'est un peu entre ses mains, malgré tout.
06:03J'en parle avec Brigitte.
06:04Et elle vous dit quoi, Brigitte ?
06:05Brigitte, elle est de mon avis.
06:08Mais elle dit, tu sais, je n'arrive pas vraiment à suivre tout ce qu'il fait.
06:13Il prend des décisions rapides.
06:16Quelquefois, elle le regrette, mais elle ne contrôle pas bien.
06:19Ce n'est pas son rôle, elle observe et elle essaye d'influencer, évidemment.
06:24Vous, la fin de vie, vous y pensez, Ligne ?
06:25Au début de cet entretien, vous disiez votre appétit de la vie.
06:29Mais est-ce qu'il vous arrive de penser à la mort ?
06:31Bien sûr. Il y a très peu de temps, je n'y pensais pas.
06:34Mais enfin, attendez.
06:35J'ai 97 ans.
06:37Écoutez, si je vais jusqu'à 100 ans, il me reste 3 ans.
06:41Il faut que je me dépêche.
06:43Pour faire une grande fête à 100 ans.
06:44Ah, tu viendras.
06:46Je serai là. Je serai là.
06:48Et j'imagine que votre fierté, c'est d'être rentrée aussi aux Archives nationales.
06:52C'était l'année dernière.
06:53Ligne Renaud est rentrée aux Archives nationales.
06:56Eh oui, je suis très contente et très fière.
06:59Quand j'ai appris ça, j'étais ravie.
07:01Un monument, une sorte de monument Ligne Renaud, en fait.
07:04Il y a déjà une rue, évidemment.
07:05J'ai vu ce qu'ils ont comme archives.
07:08C'est incroyable.
07:09C'est très beau.
07:09Je ne peux pas croire.
07:10Parce qu'automatiquement, quand quelque chose d'important m'arrive comme ça,
07:14les archives, par exemple, ça me replonge tout de suite.
07:17Tout de suite, je vois mon petit village.
07:19Du Nord.
07:20Pour le pont, il y a 500 habitants.
07:23Je me dis, je ne peux pas croire que ça me soit arrivé.
07:26Personne, personne n'est parti de chez moi.
07:30Aucune relation de mon village n'est venue à Paris, même à Lille.
07:36Personne, personne.
07:37Et moi, je suis partie à 16 ans.
07:40Ma mère m'a donné toutes ses économies.
07:42Je vivais dans un hôtel que je croyais luxueux.
07:46Jusqu'au jour où j'ai compris, je descendais accompagnée d'une cliente de l'hôtel.
07:52Et je marchais à côté d'elle, j'allais chercher le métro.
07:55Et deux Américains venaient en face de nous.
07:58Elle me dit, tu le prends le plus grand, je prends le plus petit.
08:03Alors là, j'ai commencé à comprendre.
08:04Vous vouliez dire que c'était un hôtel de passe, Ligne Renaud ?
08:06Alors, elle s'appelait Marie.
08:08J'ai dit, Marie, je suis désolée, mais je ne suis pas venue pour ça à Paris.
08:13Eh bien, je vais te dire la chose la plus merveilleuse.
08:16Le soir, ma chambre était pleine de roses, de fleurs de la part de Marie, avec ses excuses.
08:24Magnifique.
08:25Cette vie absolument incroyable.
08:27Une chance de ce petit village du Nord, à Las Vegas, en passant par la France.
08:32Mais un manque peut-être.
08:33Ne pas avoir donné la vie, ne pas avoir eu d'enfant, même si des enfants vous en avez différemment avec tous ces amis.
08:39Ça m'a manqué longtemps.
08:40Jusqu'à 70 ans, le manque d'enfant était lourd.
08:45Et puis bon, c'était comme ça.
08:46Puis un jour, j'ai pris la discussion.
08:48C'est que je ne devais pas avoir d'enfant.
08:50Le Dieu l'a voulu comme ça.
08:52Vous n'avez pas eu d'enfant, mais parmi tous ceux qui vous entourent, les Muriel Robin, Claude Chirac, Danny Boone, ce sont eux vos enfants, non ?
08:59Ce sont mes très proches.
09:02Muriel, oui.
09:03Danny Boone, oui.
09:04C'est mon fiston.
09:05Claude Chirac ?
09:06Claude Chirac, c'est ma fille.
09:07Le plus tard possible, Lynn, pour terminer, quand vous serez partie, vous voudrez qu'on garde quels souvenirs de vous ? Qu'on dise quoi de vous ?
09:14Ce qu'on dise de moi.
09:15C'est déjà qu'on s'en souvient.
09:17C'est déjà pas mal.
09:18C'est déjà pas mal.
09:19Ça passe tellement vite.
09:21Maintenant, il y a tellement d'événements.
09:22Vous voyez, je vois le nombre de gens qui sont partis.
09:26Il y a l'enterrement.
09:27Et d'un seul coup, on n'entend plus parler d'eux.
09:30Du tout, du tout.
09:31C'est oublié.
09:32Alors, je ne me fais pas beaucoup d'illusions.
09:34Qu'on ne vous oublie pas, et ce soir, il y a ce prix, le fonds de dotation Lynn Renaud, qui sera remis à Alexandre Lupi, ce néphrologue spécialiste de la transplantation rénale à l'hôpital Necker.
09:43Merci, Lynn Renaud.
09:44Oh, merci, Marc-Olivier.
09:48Marc-Olivier, Marc-Olivier Augel, qu'on retrouvera évidemment demain à 8h.
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