Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
Après les attentats au Stade de France, à Saint-Denis, et sur des terrasses et au Bataclan, à Paris, trois terroristes sont en fuite : Salah Abdeslam, Abdelhamid Abaaoud, Chakib Akrouh.
Si le premier parvient à regagner la Belgique dès le lendemain, les deux autres se cachent à proximité de Paris et envisagent de frapper à nouveau la capitale

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Le 14 novembre 2015, peu après minuit, la France est sous le choc.
00:10Elle vient de vivre les attentats les plus meurtriers de son histoire.
00:14Mais alors que les secours s'activent, les autorités réalisent que les attaques ne sont peut-être pas terminées.
00:21On a fait un peu de calcul, si vous permettez l'expression.
00:24Le commandant du stade de France, il y a trois kamikazes qui se sont fait exploser.
00:27Le Bataclan, il y avait aussi trois terroristes qui sont morts.
00:33Et puis enfin, on a un commandant des terrasses avec des témoignages qui font un tas de trois terroristes.
00:39On sait qu'il y en a un qui s'est fait exploser contre Arvoltaire, mais il y en a deux dans la nature.
00:46Donc c'est là un autre épisode qui va s'ouvrir.
00:57Le stress quand vous avez un attentat, quel qu'il soit, c'est qui est le terroriste ?
01:03Est-ce qu'il était seul ? Est-ce qu'il était plusieurs ? Est-ce qu'il y a des complices à l'extérieur ?
01:06C'est quand même le sujet numéro un.
01:11La crainte, c'est évidemment celle d'un sur-attentat.
01:14C'est-à-dire que les hommes en cavale profitent dans les heures qui suivent
01:17du temps et de la latitude qui leur est imparti pour commettre de nouveaux attentats à Paris.
01:20Et donc se met immédiatement en place une chasse à l'aube géante.
01:25A proximité du Bataclan, deux éléments vont mettre les enquêteurs sur une première piste.
01:31D'abord, un téléphone, retrouvé dans une poubelle du boulevard Voltaire.
01:36Il a été utilisé par les terroristes pour échanger avec un numéro en Belgique.
01:41Ensuite, la voiture des terroristes, abandonnée devant la salle de concert.
01:45Elle est immatriculée en Belgique et le contrat de location est au nom d'un certain Salah Abdeslam.
01:52Tout ça va effectivement permettre d'identifier l'origine belge des commandos,
01:58permettre de mettre en lumière le rôle de Salah Abdeslam.
02:02Et ça va nous amener très vite à développer des actions de coopération internationale
02:08pour essayer de comprendre ce qui s'est passé et de mettre la main sur Salah Abdeslam.
02:15Quelques heures plus tôt, au volant d'une autre voiture,
02:21Salah Abdeslam dépose trois terroristes au Stade de France.
02:25Mais la suite de sa soirée est difficile à reconstituer.
02:30Vers 22h, on sait qu'il abandonne sa voiture dans le 18e arrondissement.
02:35Une demi-heure plus tard, il achète un téléphone.
02:39Et vers 23h30, il abandonne sa ceinture explosive à Montrouge.
02:44Elle sera identifiée plus tard comme étant défectueuse.
02:49Salah Abdeslam a toujours affirmé qu'il avait renoncé à se faire exploser ce soir-là,
02:54qu'il était rentré dans un café dans le 18e arrondissement.
02:57Il dit qu'il a vu des jeunes et qu'il a renoncé à se faire exploser dans ce bar
03:00et qu'ensuite il a abandonné sa ceinture.
03:02Mais comme sa ceinture ne fonctionnait pas,
03:04on ne saura jamais si c'était une stratégie de défense ou la réalité.
03:07Est-ce que par lâcheté, il a renoncé à se faire exploser ?
03:12Ou au contraire, est-ce qu'il a essayé de se faire exploser,
03:15mais il n'a pas pu parce que son gilet explosif n'était pas en état de fonctionner,
03:19il n'aurait pas pu se faire exploser ?
03:21Moi, je me pose toujours la question.
03:25Vers 5h30, Salah Abdeslam est récupéré par des complices au sud de Paris.
03:31Ils repartent vers la Belgique, mais un événement va perturber leur fuite.
03:34Sur le chemin du retour, ils sont arrêtés par un barrage de gendarmes à Ordain.
03:43A cet instant, les enquêteurs français n'ont pas encore trouvé le contrat de location.
03:48Ils ignorent donc qu'Abdeslam est lié aux attentats.
03:52Mais un autre élément aurait pu les alerter.
03:54Car en Belgique, Salah Abdeslam est fiché pour radicalisme.
03:59Ce motif est repris sur sa fiche Interpol,
04:00qui permet aux polices du monde entier de s'échanger des informations.
04:04Mais il n'a pas été ajouté au système européen,
04:07qui lui ne mentionne que des faits de droits communs.
04:11Or, c'est ce fichier que les gendarmes consultent habituellement.
04:15Donc le gendarme prend les papiers d'identité de Salah Abdeslam,
04:18renseigne son identité dans un fichier
04:21qui recense les personnes recherchées sur le continent européen.
04:24Il voit que Salah Abdeslam a été signalé pour des faits de droits communs en Belgique,
04:27donc il décide de laisser repartir la voiture qui file vers la Belgique.
04:3620 minutes plus tard, les Belges recontactent les gendarmes français
04:40et leur signalent que Salah Abdeslam a en fait été signalé pour des faits de terrorisme.
04:46Et donc ce couac va permettre à Salah Abdeslam de filer en Belgique
04:49et de disparaître pendant près de 4 mois jusqu'à son arrestation à Bruxelles.
04:53Quand on apprend que Salah Abdeslam a été contrôlé au retour des attentats,
04:59bon ben voilà, c'est d'ontacte, on le prend en compte,
05:01mais j'allais dire, l'enquête continue.
05:04Les enquêteurs sont habitués à ce genre de rebondissement dans une enquête,
05:09qui plus est, dans une enquête de ce niveau-là.
05:13En parallèle de la piste Salah Abdeslam,
05:16les enquêteurs cherchent toujours à identifier les deux terroristes restants.
05:20L'un s'appelle Abdelhamid Abbaoud,
05:25l'autre, Shaqib Akrou.
05:28Avec le frère de Salah Abdeslam,
05:30ils forment le commando dit des terrasses.
05:33Quelques heures plus tôt,
05:34ils ont tué 39 personnes dans 5 restaurants de la capitale.
05:40Brahim Abdeslam finit par se faire exploser dans un restaurant.
05:45Mais ses deux complices continuent leur route dans Paris.
05:47Ils ont un parcours assez erratique, on ne comprend pas bien où ils veulent aller.
05:51Les enquêteurs ont émis l'hypothèse que peut-être ils cherchaient à se rendre à Roissy,
05:55à l'aéroport,
05:56ou peut-être un projet d'attentat était prévu,
05:58mais qu'ils se seraient perdus dans une bretelle d'autoroutes ou de périphériques,
06:00qui est assez compliquée à cet endroit-là de la capitale.
06:03Toujours est-il qu'ils finissent par déposer leur voiture à Montreuil.
06:06Et là encore, un mystère, ils y laissent toutes leurs armes.
06:09Pourquoi, si on veut faire un attentat, se débarrasser des fusils d'assaut,
06:16alors qu'on sait qu'ils ont des sacs à dos ?
06:17Ils ont largement de quoi les transporter, ces armes.
06:19Je ne comprends toujours pas.
06:21Après avoir abandonné leur voiture,
06:24les terroristes entrent dans la station de métro Croix-de-Chaveau.
06:27On voit Abdelhamid Abaoud et Chaki Bakrou enjamber le tourniquet du métro.
06:33Et là, un homme qui fait chemin inverse, qui sort de la station,
06:37leur explique comment frauder plus efficacement les portes du métro.
06:42Et s'en suit un échange.
06:43Alors, on n'a pas le son, mais on voit le sourire d'Abaoud.
06:45Et visiblement, les deux hommes échangent des blagues.
06:48Alors évidemment, ce passant ignore totalement qu'il a affaire
06:50aux principales coordinateurs des attentats
06:52qui sont en train d'endeuiller Paris cette nuit-là.
06:54Et Abaoud, lui, tout sourire, a l'air de profiter du moment
06:58et de s'amuser, en vérité.
07:02Les terroristes prennent le métro et reviennent vers Paris.
07:06Ils descendent à la place de la Nation.
07:09Vers minuit et demi, leur téléphone est localisé à proximité du Bataclan.
07:13On a toujours suspecté le fait qu'ils aient eu l'intention
07:16de revenir sur les lieux pour voir ce qui se passait
07:19et mesurer effectivement l'impact des attentats qu'ils venaient de commettre.
07:23Et à partir de ce moment-là, ils vont disparaître
07:26et on ne va plus entendre parler d'eux jusqu'au lundi après-midi.
07:36Dans les jours qui suivent les attentats,
07:39les autorités mettent en place un numéro d'urgence
07:41ouvert à tous les citoyens.
07:44Et d'ailleurs, ils vont recevoir des milliers et des milliers d'appels
07:47au cours des semaines qui vont suivre,
07:49dont la plupart sont des appels qui s'avèrent totalement inutiles,
07:52voire mensongers.
07:54Mais un de ces coups de fil va s'avérer décisif
07:58et va même sauver les services d'enquête littéralement.
08:01C'est un appel qui est passé le 16 novembre,
08:03aux alentours de 14 heures.
08:05Au téléphone, une femme livre un témoignage
08:13qui intrigue les enquêteurs.
08:15Elle affirme avoir rencontré le terroriste Abdelhamid Abaoud.
08:20Quand le témoignage arrive,
08:21on a quelque chose qui nous semble étonnant,
08:24mais digne d'intérêt,
08:26parce qu'on nous parle d'Abaoud.
08:27Quand les enquêteurs entendent le nom d'Abaoud,
08:32tout d'abord, ils n'y croient pas.
08:33Ils pensent qu'il est strictement impossible qu'Abaoud soit à Paris,
08:35car Abaoud, à ce moment-là,
08:36est le djihadiste européen le plus recherché du continent.
08:39Mais il y a un élément qui va tout de suite faire tilt
08:42pour les enquêteurs,
08:43c'est qu'elle leur explique qu'Abaoud portait des baskets rouges.
08:46Et ça fait immédiatement écho aux baskets rouges
08:48qu'on voit au pied d'Abaoud sur les images de la RATP.
08:50Et donc, à partir de ce moment-là,
08:52les enquêteurs prennent au sérieux le témoignage de Sonia
08:54et décident de mettre en place un dispositif
08:56pour localiser et neutraliser Abaoud.
08:59Les enquêteurs convoquent la personne à l'origine de l'appel.
09:03Elle est rebaptisée Sonia pour sa sécurité.
09:06Elle explique héberger chez elle une certaine Asna Haït Boulaassen,
09:11qui se trouve être la cousine d'Abaoud.
09:14La veille, elles se sont rendues à Aubervilliers
09:16pour un rendez-vous secret.
09:19Là, dans un buisson en bordure d'autoroute,
09:21elles ont rencontré Abdelhamid Abaoud.
09:26Il a d'abord revendiqué les attentats du 30 novembre.
09:28Il a lié les terrasses, ses broies.
09:29Il a expliqué qu'il avait d'autres projets d'attentats.
09:31Donc il demande de l'aide à sa cousine.
09:33Il lui demande de lui trouver des vêtements et un logement.
09:39Malgré un certain nombre d'éléments crédibles dans ce témoignage,
09:43les enquêteurs restent prudents.
09:44On a peur en réalité que le témoin soit manipulé
09:48et que tout ça soit en réalité une façon d'attirer la police dans un nouveau piège.
09:54Afin de confirmer la présence des terroristes,
09:57il place des caméras et des équipes de surveillance à proximité du buisson.
10:02Il met également Asna Haït Boulaassen sur écoute téléphonique
10:05et la prenne en filature.
10:07On va très vite s'apercevoir qu'elle s'active effectivement
10:09pour chercher un appartement pour loger son cousin Abdelhamid Abahoud.
10:14Et puis les choses vont s'accélérer dans la journée du 17.
10:19Les enquêteurs s'aperçoivent qu'Asna a reçu un mandakage de 750 euros de Belgique
10:24qui était censé lui servir à trouver des vêtements et un appartement à Abahoud.
10:29Et donc les enquêteurs vont évidemment la suivre de près
10:31et Asna doit mettre en place une procédure
10:34pour exfiltrer Abahoud et son complice du buisson d'Aubervilliers
10:38pour les amener jusqu'à cet appartement qu'elle a trouvé pour son cousin.
10:41Vers 20h, Asna Haït Boulaassen arrive à proximité de la planque d'Aubervilliers.
10:47Les deux terroristes sortent du buisson
10:49et sont captés par les caméras des enquêteurs.
10:59On a Abahoud qui est à quelques dizaines de mètres
11:03de nos unités de surveillance.
11:06La question, elle se pose, que fait-on ?
11:09La première option, ça serait effectivement d'interpeller les deux terroristes
11:14au moment où ils sortiront des buissons.
11:19Il y a de fortes chances que l'un des deux, voire les deux,
11:22soit muni de ceinture explosive.
11:23C'est très compliqué, c'est-à-dire qu'on a un risque pour les enquêteurs
11:25et pour les gens qui vont être chargés de cette arrestation sur la voie publique.
11:29Et puis surtout, également, on a aussi un risque
11:32d'une explosion et de dégâts collatéraux.
11:37Après avoir évalué la situation,
11:39les enquêteurs décident de ne pas intervenir.
11:43Ils prennent les terroristes en filature
11:45et les suivent jusqu'à leur nouvelle planque.
11:49C'est quand même aussi pour tarder un risque,
11:50comme toute filature, c'est qu'on perd de la trace des gens.
11:53Et ça, c'est effectivement...
11:57Encore une fois, on croise les doigts.
11:58On espère que tout va bien se passer et qu'on ne va pas perdre leur trace.
12:02Vers 22h30, les terroristes et leurs complices arrivent à Saint-Denis.
12:14Ils entrent dans cet immeuble
12:16et s'installent dans un appartement au troisième étage.
12:19Les enquêteurs, eux, se coordonnent avec les forces d'intervention
12:24et préparent l'assaut.
12:27Habituellement, lorsque l'on sollicite le RAID,
12:28on leur donne en général un dossier qui est beaucoup plus fourni que ça,
12:31avec des repérages, de la porte, de la serrure.
12:33Mais enfin, là, on a assez peu de choses.
12:35Donc, on se quitte vers 2h du matin
12:37et on se donne rendez-vous à 4h à Saint-Denis.
12:39Vers 4h20 du matin, le RAID se prépare à donner l'assaut.
12:46Ils vont monter une colonne
12:47et rentrer dans l'appartement
12:51avec un plan qui aura été assez simple,
12:54mais par lequel il faut passer.
12:56C'est qu'il y a une porte.
12:57Donc, cette porte, il faut la faire exploser.
12:59Le problème, c'est que la porte, elle ne va pas exploser,
13:08alors qu'en réalité, elle n'est pas blindée.
13:10Et ça, ça va complètement modifier les choses.
13:13Et à partir de ce moment-là,
13:15la stratégie, elle va consister, comme on dit, à saturer l'espace.
13:23C'est un déluge de feu.
13:25Il y a plus de 1000 cartouches qui sont tirées par les hommes du RAID.
13:28Seulement une dizaine par les terroristes.
13:37Et un peu après 5h du matin,
13:40Chakib Akrou, le complice d'Abaoud,
13:42déclenche sa ceinture explosive.
13:52L'explosion du gilet va entraîner la mort d'Abdel Abid Abaoud,
13:57qui va être en réalité polycriblée.
13:59Et puis, l'explosion va avoir un deuxième effet,
14:01c'est qu'elle va entraîner l'effondrement du plancher de l'appartement.
14:04Donc, Asna Aiboulasem va tomber,
14:07et elle va mourir en réalité,
14:08étouffée, asphyxiée,
14:09sous les gravats de l'appartement qui lui est tombé dessus.
14:12Voilà en réalité, comment les choses se terminent.
14:14On sait qu'on a passé à un cap,
14:23les terroristes ont été neutralisés.
14:25L'enquête continue.
14:26On a toujours sa lab d'Islam qui est dans la nature,
14:28ça va durer 4 mois quand même.
14:30On doit faire la lumière sur le reste,
14:32on doit identifier les gens, les complices.
14:34Une enquête, elle redémarre de manière perpétuelle,
14:37et jusqu'à ce qu'on puisse dire,
14:39ben voilà, on a fait le tour.
14:39Et lorsque, après 4 ans d'enquête,
14:42c'était le cas, on a dit, voilà, on a fait le tour,
14:44et toutes les pistes ont été explorées.
14:47C'était une enquête complète.
15:09Sous-titrage Société Radio-Canada
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations

3:04
À suivre
51:17
1:46:11