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  • il y a 2 jours
La bière est récemment devenue la boisson alcoolisée préférée des Français, devançant légèrement devant le vin. Après trente ans de recul, ce renouveau découle de l'explosion des bières artisanales, produites localement avec des céréales souvent bio et une multiplication des recettes, sur le modèle américain. En quelques années, la France est devenue le premier pays d'Europe en nombre de brasseries, d'immenses bars à bières sortent de terre et des caves spécialisées apparaissent dans les supermarchés. Les cultures de houblon se développent sur le territoire et des fortunes se créent. Face à cette profusion, comment s'y retrouver ? Rencontre avec des acteurs de cette révolution en cours.

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Transcription
00:00A Armentière dans le nord, ce château de briques fut jadis le troisième plus gros site brassicole en France, le siège des bières mode cordonnier.
00:13Disparu dans les années 70, la marque multicentenaire retrouve aujourd'hui à quelques pas du site historique une nouvelle jeunesse.
00:20Mon grand-père était le dernier brasseur dirigeant de la brasserie, donc on est parti d'une histoire vieille de 350 ans et je l'ai remis au bout du jour avec les nouvelles techniques.
00:39Henri Mott, un ingénieur de 29 ans, a fait le pari il y a trois ans de quitter son poste dans l'informatique pour relancer la marque à l'étoile avec l'aide de sa famille.
00:50C'est parti.
00:54Les premières bières ont recueilli un joli succès d'estime.
00:58Le jeune héritier cherche désormais à transformer l'essai en profitant du renouveau actuel de la bière.
01:04Monsieur bonjour.
01:05Bonjour, on vient décharger des fûts pour le bière à Lille.
01:09Bière à Lille, l'un des festivals les plus importants de France.
01:13Plus d'une centaine de brasseries venues du monde entier et surtout des milliers de jeunes consommateurs et consommatrices sont attendus.
01:21La cible prioritaire de Mott Cordonni.
01:23C'est l'occasion de rencontrer nos clients, leur faire goûter nos nouveautés.
01:30On a pas mal de petits tests qu'on a brassés, qu'on veut présenter.
01:33Donc c'est toujours sympa d'avoir un retour de dégustation de nos clients.
01:36Donc là on a une petite gamme de bières, on a six bières.
01:39On a notre René qui est notre blonde, facile 6 degrés, très maltais, céréalière.
01:43René c'est notre arrière-grand-père.
01:44L'histoire familiale, c'est l'identité de la brasserie.
01:49Une façon de se différencier dans un secteur en pleine effervescence.
01:55Le brasseur c'est mon fils qui est là.
01:57Alors Henri est la dixième génération de brasseurs dans la famille.
02:01T'as du mal te torréfier et on a rajouté comme épices du poing de Chichouane.
02:06C'est un petit goût que tu retrouves derrière.
02:07C'est les goûts d'épices que tu retrouves derrière.
02:11Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur la bière.
02:13Le breuvage connaît une explosion des styles et des saveurs sous influence américaine.
02:19On ne parle plus de blonde, de brune ou d'ambrée,
02:22mais de pils, de lager ou encore d'IPA, Indian Pale Ale.
02:27Une vieille recette anglaise remise à la mode aux Etats-Unis.
02:31Je peux te goûter ta artistique American Pale Ale ?
02:35Le but ça a été d'aller chercher une amertume fine et équilibrée, mais qui soit présente quand même.
02:40En fait, s'il y a le champ des poussibles est immense
02:42entre des aliments qu'on n'imaginait même pas dans la bière, des épices, des techniques de brassage, des mélanges avec d'autres boissons.
02:50Voilà, tout est possible et imaginable.
02:51Et donc on teste pas mal de choses justement pour trouver vraiment la bière qui sera sympa
02:55et qui va sortir du lot et qui va nous différencier en plus de notre histoire.
02:59La bière est redevenue tendance en France.
03:06Elle serait même devenue la boisson alcoolisée préférée des Français devant le vin.
03:15Et ce n'est pas tout.
03:17Notre pays compte désormais le plus grand nombre de brasseries en Europe.
03:212500 contre une cinquantaine il y a 20 ans.
03:23Mais toutes ces nouvelles bières artisanales ne se valent pas.
03:30La qualité n'est pas toujours au rendez-vous et les industriels n'ont pas dit leur dernier mot.
03:42Voyage à travers la France.
03:44Nouvelle terre de bière.
03:46Argelès-sur-mer, en terre catalane, à quelques kilomètres de l'Espagne.
04:01C'est ici, dans ce pays de vignes, que se niche un brasseur passionné,
04:06primé pour ses recettes exigeantes.
04:07Ça, c'est pour être sûr d'être bien réveillé.
04:17Grégoire Engler, 49 ans, s'est toujours levé de bonne heure, 4 heures du matin,
04:22pour lancer ses brassins.
04:2430 recettes différentes.
04:27C'est la base de la bière, voilà.
04:29L'orge, c'est la matière première principale.
04:32Et au niveau du goût, il est bien, il est comme il faut, bien sec.
04:35Il est un beau goût, il est bien sec, voilà.
04:40Plus qu'un beau parleur.
04:43Ouais, c'est ça.
04:45Grégoire est un créateur, un pionnier.
04:49Sa première bière, il y a 25 ans, était déjà révolutionnaire.
04:52Un mélange de bière, de raisin et de vin doux local du Rives-Altes.
04:57Donc on voit une belle mousse, une belle couleur, une belle robe jaune dorée, voilà.
05:05Et une belle aromatique.
05:09Ça doit être pas loin de 8 heures, mais c'est pas toujours le meilleur moment pour déguster.
05:13Mais bon, on a quand même le palais, quand même, alerte le matin.
05:17Donc on perçoit quand même bien les choses.
05:21Une dégustation bien matinale.
05:24Avec modération, bien sûr.
05:25Grégoire ne fait aucun compromis sur la qualité.
05:31Alors que la plupart des bières disponibles sur le marché ne restent que quelques jours, voire quelques semaines en garde,
05:37les crues Cap-de-Nasse sont conservées plusieurs années dans ces barriques en chaîne.
05:42Julien, tu viens déguster ?
05:44C'est le cas de cette bière, élaborée avec du seigle bio local, et ça crée meilleure brune du monde en 2022.
05:53C'est une bière qu'on a démarrée il y a 2 ans à peu près.
06:00Et elle n'arrive que maintenant.
06:02Voilà.
06:03Mais ça vaut le coup d'attendre.
06:06Je trouve que l'acidité, tu vois, elle est remontée un peu, l'acidité avec la saturation.
06:13Cette quête du goût, obsessionnelle, a un coût.
06:17Les barriques ont été achetées 1000 euros pièce à un grand domaine de vin de Bourgogne pour un usage unique.
06:24La fameuse brune est tellement chère à produire qu'elle ne rapporte presque rien.
06:28On ne recherche pas dans ces produits-là forcément la rentabilité du produit.
06:36Parce que c'est vrai que dans le vin, on trouve des bouteilles à 300 euros.
06:40Et qu'aujourd'hui, nous, on vend nos bouteilles à entre 20 et 30 euros.
06:46Et c'est sûrement pas suffisant par rapport au travail qui est fait sur ces bières.
06:51Les créations du maestro catalan collectionnent les médailles dans les concours internationaux.
06:59Plus d'une centaine.
07:02Ces crues les plus célèbres sont des bières de saison.
07:05Élaborées à base de plantes et de fruits du terroir méditerranéen.
07:08Abricots, cerises, fraises ou agrumes, tout est bio et local.
07:27Et c'est Élodie Pujol, la compagne de Grégor, une autre militante du goût et de l'écologie qui se charge de la sélection.
07:38Ce jour-là, Élodie vient tester les grenades d'un nouveau fournisseur.
07:58En plus de travailler sans pesticides, cet arboriculteur est un adepte de l'agroforesterie.
08:03Une pratique écologique qui prône la plantation d'arbustes au milieu des parcelles
08:08pour protéger les sols et réintroduire de la biodiversité.
08:14Quand j'achète une grenade bio locale à Frédéric, je vais la payer deux fois le prix.
08:22Maintenant, il faut savoir quelle économie tu veux entretenir et qu'est-ce que tu veux dire dans ta bière.
08:28Tu sais, l'intention fait quand même aussi le résultat.
08:31Et lui, il met beaucoup d'intention dans ce qu'il fait, nous aussi.
08:37Les gens, ils n'ont plus envie de boire du faux, du mauvais, de la tricherie.
08:42Pratiquement toutes les bières aux fruits, pour simplifier la donne, il y a des arômes, il y a du sucre ajouté, il y a des sirops.
08:48Moi, je ne suis pas là pour critiquer ce que font les gens parce qu'il y a des gens qui aiment ça.
08:52Mais moi, en tant que petite fille d'agriculteur avec ces valeurs-là et touchée par ces valeurs, je ne peux pas faire ça.
08:57Je ne peux pas mettre un arôme dans une bière, ce n'est pas possible.
09:01On a mis deux de chaque, comme ça, vous pouvez faire des petits tests.
09:03Soit les rouges, c'est wonderful, les autres, c'est les moillards.
09:05Oui, super.
09:06Et comme ça, vous voyez ce qui vous va.
09:08Ça marche ?
09:09Ces bières-là, ce sont des bières qui sont vendues entre une semaine et moins d'un mois.
09:12Elles ne sont vendues que sur réservation.
09:15Après, il n'y en a plus.
09:15Après 25 ans d'efforts, les bières Haute Couture d'Élodie et Grégor sont plébiscitées par les consommateurs.
09:25D'autant que le couple continue, par conviction, à pratiquer des prix qui ne sont pas démesurés.
09:30Ils refusent aussi les offres de distributeurs à l'autre bout du monde.
09:34Le local, d'abord et avant tout.
09:39D'ici quelques mois, la brasserie va déménager au pied du massif du Canigou.
09:43Dans cette ancienne usine art déco, entourée par les oliviers et 350 hectares de terres agricoles.
09:54Une fois les travaux terminés, le public pourra emprunter une passerelle aérienne pour admirer les chais Cap-de-Nas, comme dans les grands châteaux bordelais.
10:03La maison Saint-Cressan à Narbonne, deux étoiles au guide Michelin.
10:15Le chef Lionel Giraud vient d'élaborer un plat spécial en hommage à la brune Cap-de-Nas, vieillie en barrique, la meilleure bière au monde, un cassoulet revisité.
10:29Et on se retrouve avec les mêmes coloris en fait, c'est ça qui est dingue.
10:33Plus étonnant encore, une préparation à base de bière pour accompagner le plateau de fromage du restaurant.
10:42L'idée c'est que le chef hier il a travaillé sur un gel, le gel uniquement réalisé avec la bière à l'abricot.
10:48On va d'abord sortir le côté fruité de l'abricot.
10:51C'est que sur la bière à l'abricot ?
10:52Il n'y a que de la bière, pas de sucre, rien.
10:55On vient juste la jélifier un petit peu pour obtenir une texture confiture, aller chercher le fruit et ensuite aller chercher l'amertume de la bière.
11:02C'est génial.
11:03Si ça vous plaît, on va respecter le produit surtout et voilà.
11:07Merci de manifier la bière comme ça.
11:11Dans ce restaurant gastronomique, une petite révolution est en cours.
11:15La bière prend la place du vin désormais pour certains plats du menu dégustation.
11:20Une déclinaison de champignons ce jour-là.
11:23Mesdames, messieurs, nous allons retrouver ici un travail autour du sparasis.
11:26Sparasis, on est sur un champignon, champignon qui nous vient du canigou.
11:29Pour accompagner ce plat, on a fait le choix de le servir dans des verres noirs pour casser un petit peu les a priori qu'on met sur la bière.
11:35Et j'attends tout retour.
11:36Que c'est positif ou positif, bien sûr je suis ouvert à la critique positive.
11:41Bonne dégustation, mesdames, messieurs.
11:44Je pense que ça se modernise, qu'il y a de l'évolution,
11:47qu'aujourd'hui, les gens n'ont pas toujours envie de mettre 14 ou 15 degrés dans le gosier sur un repas du midi.
11:54Et quand vous buvez une bière à 3 ou à 5 degrés, c'est sympa.
11:57Moi je dis que c'est bien, ça te laisse la possibilité d'aller bosser après.
12:01Tu ne te fais pas flasher direct à l'inco-test, tu n'es pas tordu.
12:04C'est aussi ces avantages-là.
12:06Je ne bois pas de bière.
12:07Mais là, c'est complètement différent.
12:09Je viens de faire un comparatif avec le blanc.
12:13Le blanc que j'apprécie beaucoup pendant les repas.
12:17Et effectivement, je trouve qu'il y a beaucoup plus de reflets sur le plat avec la bière qu'avec le blanc.
12:23La bière a opéré sa mue.
12:27Fini les seules soirées entre potes devant le match,
12:30le breuvage doré est devenu hype
12:33grâce à une déferlante de nouvelles recettes venues des Etats-Unis.
12:36Et l'étendard de ce mouvement planétaire, c'est la fameuse IPA Indian Pale Ale.
12:44Une bière au goût prononcé, fortement chargée en houblon, l'épice du brasseur.
12:51Une tendance qui bouleverse l'économie d'une région en France.
12:58En Alsace, on cultive le houblon depuis toujours.
13:02On le surnomme l'or vert.
13:03Et le nouvel engouement pour la bière fait bien les affaires de la famille Pfister,
13:09père et fils, les plus gros producteurs de houblon de la région.
13:12C'est la période de récolte du houblon.
13:34Le mois de septembre, le jour qui se lève, le soleil qui se lève.
13:38C'est magnifique.
13:46Nous, ce qui nous intéresse, c'est la poudre jaune.
13:49Ce qui s'appelle la lupuline.
13:50C'est ce que recherche vraiment le brasseur.
13:52Là, on la voit, c'est la poudre jaune à l'intérieur.
13:54Il y a aussi du boulot derrière, derrière l'or vert.
14:00C'est vrai qu'aujourd'hui, on ne va pas pleurer nicher.
14:06Le cône vert donne son amertume, mais aussi son goût fruité à la bière.
14:11Il en existe différentes variétés en fonction des terroirs, exactement comme la vigne.
14:16Le houblon alsacien, réputé pour sa douceur, est traditionnellement employé dans les bières blondes industrielles.
14:23Et ça rapporte gros, 13 000 euros à l'hectare en 2021.
14:31Mais la plante grimpante n'est pas si simple à produire.
14:34Elle demande des centaines d'heures de travail.
14:36Sa culture exige aussi de lourds investissements,
14:40de grosses machines pour séparer les lianes des fleurs
14:43et plusieurs autres encore pour le séchage.
14:49Attention à votre tête.
14:50Et voilà, enjamber.
14:53C'est l'opération la plus délicate, la spécialité d'Hubert, le père.
14:59C'est une des plantes les plus difficiles à sécher, le houblon.
15:01Sinon, il ne se conserve pas.
15:03Si vous le mettez comme ça, demain, il est mort.
15:05Il fait sa fermante.
15:06Demain, il a viré de couleur.
15:09Ça contient quand même plus de 80 % d'eau.
15:12Ensuite, cette eau, il faut la sortir.
15:15Et cette humidité, il faut la rabaisser à 8 %, 9 %.
15:18Alors, pour apprécier un peu le degré de séchage, la rapidité,
15:22je touille et je sens si les cônes sont couverts ou si elles sont légers.
15:26Bon, ça, c'est le feeling.
15:28C'est l'expérience qui définit un peu le moment du basculement.
15:33On a sorti toute l'eau.
15:35On sent l'arôme.
15:40Ça sent bon.
15:43C'est la bonne odeur.
15:44Tout le village se réjouit quand il y a la récolte du houblon.
15:47Tellement ça embaume, le village.
15:49Les gens attendent la récolte du houblon.
15:50Et on dort bien.
15:54Le houblon est réputé pour ses vertus médicinales.
15:57La plante appartient à la famille du cannabis.
16:01Autrefois, les grands-mères prenaient du houblon sec, mettaient sous l'oreiller et dormaient.
16:06On racontait ça dans les légendes.
16:08C'est ça, oui.
16:09Ça va.
16:17Les ballots partent pour la coopérative qui commercialise le houblon de la famille Pfister et des autres producteurs alsaciens.
16:24Et les affaires sont florissantes.
16:29Il y a 15 ans, pourtant, toute la filière a failli mourir.
16:33Le client principal, un industriel américain, producteur de la bière Budweiser, avait résilié le contrat du jour au lendemain.
16:40La moitié de la surface cultivée en Alsace avait alors dû être arrachée.
16:46Ça a été un peu dramatique pour certains collègues qui ont carrément arrêté leur production.
16:53Et nous, on y a cru, surtout mon père.
16:56Et aujourd'hui, on peut en être fiers.
16:58Parce que le marché renaît de nouveau.
17:02Et justement, on essaye de répondre au mieux aux demandes des brasseurs.
17:06Et c'est ce qui fait aussi notre force aujourd'hui.
17:10Les agriculteurs alsaciens ont retenu la leçon.
17:13Diversifier les clients, diversifier l'offre aussi pour attirer les nouvelles brasseries artisanales en cultivant de nouvelles variétés expérimentales.
17:31Dans ce laboratoire de Strasbourg est conduit un travail de recherche unique au monde.
17:36La culture de mini-brassins de bière en pipette.
17:40C'est la coopérative qui finance ces études qui visent à anticiper les attentes du marché en identifiant tous les arômes des houblons.
17:48Il y en a plusieurs centaines.
17:49Dès que je sens quelque chose, j'appuie sur le bouton et je transmets l'information à ma collègue.
18:05L'objectif, c'est d'avoir une carte aromatique de tous les houblons expérimentaux.
18:10Pour pouvoir choisir ce qu'on veut en fonction des désidératas des brasseurs.
18:14On part pour le premier échantillon, Damien ?
18:18En parallèle de ce travail de fond, la coopérative organise régulièrement des sessions de sniffing,
18:24le test olfactif de chaque nouvelle variété en culture expérimentale.
18:29Oui, on a un aspect mentholé.
18:31Oui, mentholé, on sent beaucoup.
18:33Avec un fond épicé.
18:34Je trouve qu'il y a une belle longueur aussi de l'arôme.
18:41C'est le suivant.
18:45On est un petit peu dans la même tendance avec un fond épicé.
18:49Là, sur cette variété Antoine, on a un houblon qui va se démarquer des trois autres qu'on a essayé.
18:53Tu as une expression agrume qui est beaucoup plus marquée avec un fond boisé.
18:58Je pense qu'on va se le garder sous le coude parce que ça pourrait être un élément d'essai.
19:01Ça peut être intéressant, on va le noter ça.
19:03En 2019, la coopérative a lancé Elixir, une nouvelle variété issue d'un croisement entre un houblon alsacien et un houblon américain plus fruité et plus punchy.
19:15Succès immédiat.
19:17C'est aussi une des variétés la plus prometteuse.
19:20Je ne vais pas parler forcément du prix, mais on est allé une fois et demie à un houblon classique.
19:27Donc effectivement, ça permet d'obtenir un meilleur rendement financier.
19:31Il faut savoir qu'il y a encore quelques années, on ne faisait que 40% de notre chiffre d'affaires en France.
19:37Aujourd'hui, on atteint 60%.
19:39Elles ont l'air toutes saines cette année compte tenu de l'année.
19:43L'Alsace produit 95% du houblon français pour l'instant.
19:48Des houblonnières ouvrent un peu partout en France pour répondre à la demande exponentielle.
19:52Une microbrasserie s'ouvre chaque jour en moyenne dans l'Hexagone.
20:04Rien qu'au Pays Basque, nous avons recensé plus d'une quinzaine de marques.
20:08Toutes tentent de se différencier avec des saveurs originales, à base de piment d'Espelette, de myrtille ou encore de pain.
20:16Des recettes plus ou moins réussies.
20:18Le village d'Asparin dans le Piedmont-Basque est le siège de l'une des plus vieilles brasseries de la région.
20:28Bob's Beer, la bière de Bob, du nom d'un brasseur anglais qui a posé ses valises ici il y a 20 ans.
20:34Pionnière, la marque s'était un peu endormie sur ses lauriers.
20:41Elle a décidé de faire appel à ce consultant pour prendre un nouvel élan.
20:48Ok, parti, allez on va t'acheter les autres.
20:52Benjamin Cobet est zithologue.
20:54La nano, vous êtes à 3.
20:56Ce mot barbare désigne un sommelier spécialiste de la bière.
21:00Aujourd'hui, il vient goûter plusieurs nouvelles recettes, imaginées avec les deux maîtres brasseurs.
21:08Attention, ça risque d'éclabousser.
21:10Nano vitesse.
21:11Benjamin commence par goûter une nano IPA, une variante faiblement alcoolisée de la fameuse IPA à 2-3% d'alcool.
21:19C'est fin, c'est agréable, c'est à la fois présent et pas trop exubérant.
21:27Il y a une belle combinaison.
21:31Deuxième verdict, c'est la mise en bouche, parce que le nez, impec.
21:35Elle est un peu plus agressive la bouche.
21:42Le corps est bien.
21:43Il y a un côté effectivement un peu presque fruit rouge.
21:45On va retrouver des marqueurs typiques des IPA, mais il y a cette petite touche-là.
21:50C'est rigolo, il y a presque comme s'il y avait un petit côté fraise.
21:53Allez, vas-y, Thomas, vas-y.
21:55Deuxième recette, encore une déclinaison de l'IPA.
22:01Ça s'appelle une cold IPA, c'est un pied de nez à l'IPA.
22:05C'est une fermentation basse qui est fermentée à chaud,
22:09avec un versement de grains qui est typique des lagueurs américaines.
22:14Un peu technique.
22:16Ce sous-style est une sorte de compromis entre une blonde un peu trop neutre en goût
22:20et l'IPA un peu trop amère pour certains palais.
22:24Quand on arrive en consultant, est-ce qu'on fait des nouvelles bières
22:27ou qu'il y a des nouvelles créations ?
22:28Je suis assez exigeant et je dis, il va peut-être changer ci ou ça.
22:33Là, j'arrive, je sens le produit.
22:36Je te dis, le produit, il est nickel.
22:37On ne touche à rien du tout.
22:38C'est plutôt rare.
22:40C'est hyper bon.
22:41C'est hyper bon.
22:44Ça, c'est un pêcher mignon.
22:46On passe à la NEPA ?
22:49Troisième recette, une NEPA.
22:52New England IPA.
22:54Eh oui, encore une variante de l'IPA, un peu plus trouble.
22:58La NEPA était la recette à la mode pendant l'été 2022,
23:01un peu partout dans le monde.
23:02mais elle n'est pas simple à réaliser.
23:07On est à bloc de houblon, donc ça, c'est plutôt intéressant.
23:12Alors, ça gratte, ça colle un peu.
23:14On sent qu'il y a la puissance houblonnée.
23:16Moi, j'aurais aimé quelque chose d'un peu plus dense en bouche.
23:19Il manque un truc.
23:20Virer les brassoirs ?
23:21Non, il faut qu'ils se concertent, qu'ils trouvent la solution.
23:25Pour qu'on le fasse bouillir dans l'eau pour le stériliser
23:29et après, pour qu'on l'injecte en marron.
23:33Aujourd'hui, on parle d'une bulle, bière.
23:35C'est-à-dire que le fait qu'on soit juste local, fait vendre.
23:38Si on rajoute local et bio, ça va encore vendre.
23:41Sauf que le côté qualitatif n'est pas toujours au rendez-vous,
23:45voire peu souvent au rendez-vous.
23:46Non, il y a trop de brasseries en France par rapport à la consommation.
23:51Ou tout le moins, il va y avoir à un moment donné une sélection.
23:53Et les brasseries qui n'auront pas engagé justement à une sorte de contrôle qualité poussé
23:58et de dire nos produits, on va les stabiliser, on va les améliorer,
24:02c'est peut-être le mauvais calcul.
24:04Trop de brasseries en France ?
24:06Les mots du zithologue piquent un peu.
24:08Ils rejoignent pourtant d'autres reproches déjà formulées
24:11à propos de certaines bières artisanales.
24:14Un goût qui varie d'un lot à l'autre.
24:17Des bouteilles qui explosent à cause d'une fermentation ratée.
24:20Et ce n'est pas tout.
24:215, on est à 5, 6, 7, 12, 13, 14, 15, 16.
24:33On doit avoir facile 16 brasseries différentes de la région.
24:36Donc, Pays basque français, Pays basque espagnol.
24:40Dans ce supermarché de la côte, plusieurs bières locales n'affichent pas le lieu de brassage
24:45sur leur étiquette, contrairement à ce qu'exige la législation.
24:51Cette bière, par exemple, arbore la croix basque.
24:56L'étiquette affirme qu'elle est brassée au Pays basque
24:58et mentionne la ville de Bidard.
25:00Alors que le code produit, qui commence par RGS,
25:04renvoie vers l'Espagne, de l'autre côté des Pyrénées.
25:09Cette autre bière emprunte son nom à celui d'une vague célèbre dans la région
25:13et donne une adresse à Biarritz.
25:16Le code emballeur, les trois lettres EMB,
25:18renvoie cette fois vers une autre région de France.
25:21Cet emballage donne plus de précision.
25:25La bière est produite dans une brasserie de Nuance dans la Drôme
25:28à 7 heures de route de Biarritz, 685 kilomètres.
25:35Normalement, il y a une obligation légale d'indiquer où ça a été fabriqué.
25:38Certains jouent le jeu, d'autres non.
25:39Donc c'est aussi ça, je dirais, le far west de la bière.
25:42Le consommateur, lui, s'il se fait uniquement au visuel,
25:46sans regarder ce qui est marqué sur l'étiquette,
25:49il peut se faire tromper.
25:51Donc moi, le conseil que j'ai, c'est prenez une bouteille,
25:55lisez s'il y a l'étiquette,
25:56et j'ai envie de dire, si vous vous intéressez à la bière,
25:59essayez d'aller visiter les brasseries.
26:00Une marque s'est rendue célèbre il y a quelques années
26:08avec ce genre de jeu périlleux.
26:11Mira, la bière du bassin d'Arcachon,
26:13devenue en quelques années l'une des plus grosses brasseries artisanales de France.
26:21L'histoire a commencé dans cette concession automobile.
26:27Dans le hall, ça bouge un peu.
26:29Samedi, ça a bougé.
26:31Jacques Belec dirige un groupe de 7 concessions de la région.
26:34200 employés, une belle réussite.
26:37Mais l'homme d'affaires avait un rêve,
26:39créer sa propre marque.
26:41Un voyage au Québec l'a mis sur la piste de la bière artisanale.
26:45Ici, c'est sympa, la marque.
26:47Et puis, qu'en vendre ?
26:48C'est ça.
26:48C'est parti à fond.
26:52En 2016, il passe un diplôme de brasseur,
26:55met au point plusieurs recettes
26:56et lance la construction d'une usine.
26:58Mais le chantier prend du retard.
27:01L'entrepreneur pressé décide de faire produire ses premières bières du bassin en Lorraine.
27:06Nous, notre calendrier, en fait, était déjà lancé.
27:11Notre timing était déjà lancé.
27:13Nos recettes étaient déjà lancées.
27:14Nos bouteilles étaient déjà embouteillées.
27:16C'était un peu litigieux.
27:17Je reconnais que là-dessus, c'était un peu litigieux.
27:20Sauf qu'à un moment donné, tu es obligé de lancer le truc.
27:22Tout simplement parce que tu as investi.
27:24Tout simplement parce que tu as commencé à engager énormément d'argent.
27:29Et à un moment donné, il faut que ça sorte.
27:34Après ce départ chaotique, la production démarre en fanfare.
27:39Elle sera exponentielle.
27:40Les recettes plaisent.
27:45Le design des étiquettes est innovant.
27:47Très vite, Jacques Belec doit pousser les murs pour accueillir ses nouvelles cuves venues d'Allemagne.
27:52La capacité de production a été multipliée par 10 en 5 ans.
27:57Là, c'est le dernier investissement, en fait, pour pouvoir suivre l'évolution du volume de la brasserie.
28:05C'est un investissement de près de 300 000 euros, ici, sur la partie cuverie,
28:08plus la partie construction, ici, qui coûte à peu près la même chose.
28:14C'est parce que j'avance en nage et donc je ne peux pas attendre 30 ans pour faire le projet que je veux.
28:18Donc, ça veut dire qu'il faut que je démarre tout de suite fort.
28:20Donc, on n'a pas les mêmes priorités lorsqu'on a 30 ans que lorsqu'on en a 60, ce qui est mon cas.
28:27Le patron breton a l'expérience et l'audace.
28:30Il n'hésite pas à sortir le carnet de chèques.
28:33Et l'investissement qui a le plus de prix à ses yeux est aussi le moins visible.
28:38Cette station de forage qui permet de capter l'eau de la nappe phréatique pour fabriquer ses bières.
28:44Ça sent bon la monte.
28:50Ça brille la bonne clé.
28:52Bien sûr.
28:52T'imagines un tuyau ici qui descend à 300 mètres de profondeur et qui pompe l'eau de la nappe, en fait.
29:02C'est une eau qui est plutôt unique, une eau qui est de qualité, qui est rare.
29:05Donc, il y a zéro pollution d'origine humaine, pesticides et ainsi de suite.
29:11C'est un avantage, en tout cas, concurrentiel pour nous qui est important.
29:14Cette eau de source gratuite.
29:16Tchine.
29:17Prélevée grâce à une autorisation de l'État.
29:20Quand même top.
29:21Jacques Bellec en a fait son principal argument marketing.
29:24Mais cette eau miraculeuse n'est pas qu'un ingrédient de la bière.
29:31Elle sert aussi et surtout à nettoyer les bouteilles et les cuves.
29:40La bière est une industrie particulièrement consommatrice en eau.
29:44Et la brasserie Mira ne déroge pas à la règle.
29:46En 2022, un peu moins de 12 millions de litres d'eau de source sont partis dans le caniveau.
29:53Pour faire un lit de bière, on consomme 10 litres d'eau.
29:57Ça, c'est des données qu'on aime, qui sont améliorées.
30:05Voilà.
30:06En fait, on établit notre ratio à force avec une expérience.
30:11On dit OK, on consomme tant.
30:12Mais l'objectif, c'est d'aller plus loin.
30:14Les grands, grands, grands, grands brasseurs ont des ratios beaucoup plus sympas.
30:23Pour sa prochaine usine, la brasserie veut obtenir une nouvelle autorisation de forage.
30:28Elle devrait lui permettre de pomper 8 fois plus d'eau de source.
30:33Une gageur dans cette région particulièrement frappée par la sécheresse et par les incendies.
30:39La plus menacée, selon l'État, par la crise climatique.
30:44Toujours plus gros, toujours plus fort.
30:54Dans le pub Mirac qui jouxte la brasserie, des concerts font régulièrement sale comble.
30:59Comme ce soir, en l'honneur des pompiers du bassin d'Arcachon.
31:03Tout est bon pour accroître la notoriété de la marque.
31:13On est petit, on fait notre place gentiment.
31:17Mais en tout cas, on développe un concept.
31:18Et c'est juste une dynamique qui se met en place.
31:21Ce qui est important ici, c'est la marque.
31:22Si on ne connaît pas Mirac, on ne consomme pas Mirac.
31:24Je ne souhaite pas faire du Coca-Cola ou la même chose.
31:26Mais en tout cas, ce qu'ils ont réussi à faire, c'est quand même très fort en termes de marque.
31:34Avec 1 300 000 litres de bière produite en 2022,
31:39Mirac n'est plus tout à fait une bière locale.
31:41Ses ambitions sont désormais nationales.
31:43C'est ici, sur ce parking, à 5h30 du matin,
31:58que se joue la bataille pour la croissance.
32:00Dans ces supermarchés où se vendent 65% des bières en France.
32:13Mohamed Hadjmati, le tout nouveau chef des ventes de la brasserie,
32:22met la dernière touche à une opération spéciale
32:24au centre du rayon bière de cet hypermarché de Clermont-Ferrand.
32:31Le but, c'est de faire une grande mise en avant
32:33pour que les clients ne le louent pas
32:35et que le nom Mirac leur vienne en tête tout de suite.
32:39Et pour se distinguer davantage encore de la concurrence,
32:43Mohamed dispose d'une arme secrète,
32:45une gamme de bières uniques en son genre.
32:48J'ai une bière qui va très bien avec le fromage,
32:50en particulier le comté.
32:51Eh bien allez, je te montre tout ce qu'on a en affinage.
32:53Allez, ok.
32:55Cette bière spéciale a été brassée avec du jus de carottes
32:59et plusieurs épices, du poivre, des piments, du cumin et du galanga.
33:05Moi, le but, c'était de le mettre avec le présentoir,
33:07mais on peut dispatcher...
33:09Plusieurs endroits ?
33:10Voilà, on en met 4, 4, 4 et on peut faire comme ça.
33:13On fait comme ça.
33:16Donc j'ai bien entendu le côté rond et épicé
33:18qui va venir contrebalancer le côté un peu fruité du fromage.
33:22C'est ça, j'ai tout compris ?
33:23Oui, parfait.
33:25Super.
33:26Mohamed Hadjmati a eu l'autorisation d'installer
33:28cette autre bière au rayon poissonnerie
33:30conçue spécialement pour les fruits de mer.
33:33Parfait, merci à vous.
33:33C'est l'équivalent d'un sauvignon, d'un vin blanc
33:36sur les 8 fruits de mer.
33:37Les visuels des bouteilles sont toujours aussi...
33:46C'est ça.
33:48Le but, c'est d'attirer un peu l'œil de tes clients.
33:51Ah oui, si, t'as aussi des éditions...
33:52Ah oui, la bière de Noël.
33:53Ah, super.
33:53La bière de Noël.
33:55Grâce à ce genre d'opération,
33:57la bière Mira se représente sur 70% du territoire français.
34:00Les hyper super de l'Hexagone voient apparaître
34:05toujours plus de cavabières comme celle-ci,
34:08spécialisées dans les marques locales et artisanales.
34:11Et les Français suivent des ventes en hausse
34:13de 30 à 40% depuis 10 ans.
34:15Mais les industriels du rayon d'en face,
34:22dont les chiffres stagnent,
34:23n'ont pas dit leur dernier mot.
34:27Heineken a racheté Galia,
34:29une brasserie artisanale à grand coup de millions.
34:32Un groupe concurrent a imaginé une stratégie
34:34un peu plus subtile.
34:44Paris Nord, Interlope.
34:47Paris Skate.
34:50Paris Graf.
34:51Paris Craft.
34:54Dans cette ancienne halte ferroviaire,
34:57reconvertie en barre branchée,
34:59doit se tenir une rencontre
35:00avec l'un des maîtres brasseurs
35:02les plus célèbres au monde.
35:04Bonsoir, Antonin.
35:09Ça va ?
35:10Ça va ?
35:11Ce New-Yorkais est l'un des précurseurs
35:13du mouvement Craft,
35:15le retour de la bière artisanale aux Etats-Unis
35:17dans les années 80.
35:19J'ai fait ma première IPA en 1989.
35:24C'était un style de bière historique
35:26que plus personne ne brassait
35:27et dont personne ne voulait.
35:29Je me souviens d'une conférence en 1994
35:31sur les IPA,
35:32pendant laquelle j'ai fait découvrir ma bière
35:34à des brasseurs anglais.
35:35Ils l'ont reniflé,
35:37ils l'ont goûté et ils m'ont dit
35:38« C'est sympathique,
35:39mais personne ne va jamais en boire ».
35:42Et bien sûr,
35:43cinq ou six ans plus tard,
35:44ils se sont tous mis à brasser de l'IPA.
35:46Garrett Oliver ne vient jamais les mains vides.
35:49Il a apporté des Ghost Beer,
35:51ces bières éphémères
35:52qui ont fait la réputation
35:53de sa brasserie Brooklyn.
35:55Ce jour-là,
35:56ces journalistes spécialisés
35:58vont déguster une bière
35:59à base de Fonio,
36:01une céréale africaine.
36:03C'est une céréale qui peut pousser
36:05dans le désert
36:05et arrêter la désertification.
36:09Et cela fait aussi
36:10de la très bonne bière.
36:11Merci à tous
36:14et bonne soirée.
36:18Contrairement aux apparences,
36:19le maître Brasseur
36:20n'a pas organisé l'événement.
36:21C'est Carlsberg,
36:23troisième groupe industriel mondial
36:25de la bière,
36:26qui mène la danse.
36:29La multinationale danoise
36:31a racheté les droits
36:32de distribution
36:33et de production
36:34de Brooklyn,
36:35hors des Etats-Unis.
36:37Ce qui représente
36:38plus de la moitié
36:38du chiffre d'affaires
36:39de la brasserie.
36:41Un pacte avec le diable,
36:43Garrett Oliver assume.
36:45C'est comme si on était
36:46un groupe de musique
36:47et que eux
36:48étaient le label.
36:49On a besoin de quelqu'un
36:52pour vendre nos dix,
36:52n'est-ce pas ?
36:54Et ce n'est pas nous
36:55qui allons le faire.
36:56Et je trouve
36:57que cette collaboration
36:58se passe très bien.
37:00Et voilà,
37:01on met tout en oeuvre
37:02pour importer encore plus
37:03de bières Brooklyn
37:03en France.
37:07Merci beaucoup,
37:08tu as l'air
37:09tellement naturel.
37:10Ce jeune homme
37:11s'occupe chez Carlsberg
37:12de commercialiser
37:13une vingtaine
37:14de bières artisanales
37:15en France,
37:16en plus de Brooklyn.
37:16La première année,
37:19on faisait
37:191000 hectolitres
37:20de Brooklyn.
37:22Cette année,
37:23on va finir
37:23à 45 000 hectolitres.
37:24L'année prochaine,
37:25on espère en faire
37:26on va dire 60 000.
37:28Donc voilà,
37:29c'est un énorme chemin
37:29qui a été parcouru
37:30en dix ans.
37:32Ça reste
37:33100 fois moins
37:34qu'une brasserie
37:36comme Cronenbourg
37:37qui fait 6 millions
37:37d'hectolitres.
37:40Voici la plus grosse
37:41usine de production
37:42de bières en France.
37:43le site historique
37:45des brasseries
37:46Cronenbourg,
37:47racheté par le groupe
37:48Carlsberg en 2008.
37:53Dans ces immenses
37:54cuves de fermentation
37:55sont fabriquées
37:56pour le marché français
37:57les bières Brooklyn
37:59et toutes les autres
38:00marques de l'industriel.
38:05Et c'est ici,
38:06en Alsace,
38:07qu'a été mise au point
38:08la plus grande réussite
38:09du groupe
38:09ces dernières années,
38:11les Tourtel Twist,
38:12une gamme de bières
38:13aux fruits
38:14sans alcool.
38:17Le coup de génie,
38:19c'est l'utilisation
38:19d'une nouvelle technologie
38:21qui permet d'obtenir
38:22des bières
38:22sans un gramme d'alcool
38:24à 0,0%.
38:26La boisson
38:26est donc considérée
38:28comme un soda.
38:29Elle ne tombe plus
38:29sous le coup
38:30de la loi Evin.
38:31Une campagne de pub
38:32est possible.
38:35Nouveau,
38:36Tourtel Twist,
38:37ça rapproche.
38:38Un rêve
38:39de publicitaire.
38:40La Tourtel Twist
38:41a été achetée
38:42par un foyer français
38:43sur cinq
38:44depuis sa renaissance
38:45avec une clientèle
38:46moins âgée
38:47et plus féminine.
38:50Mais ce succès
38:51n'échappe pas
38:52aux polémiques.
38:55Tourtel Twist
38:56est accusée
38:56d'être une transition
38:57vers l'alcool
38:58pour les plus jeunes,
38:59d'être trop sucrée aussi.
39:00Et quelle est la teneur
39:07en sucre
39:08de la Tourtel Twist ?
39:09Nous,
39:09sur les Tourtel Twist,
39:10on est à peu près
39:11à 50 grammes par litre
39:12de sucre
39:14en moyenne
39:15dans nos Tourtel Twist.
39:17Mais c'est largement moins
39:18que d'autres boissons
39:20au cola,
39:20par exemple,
39:21ou d'autres softs.
39:21D'accord.
39:23Donc pour une bouteille
39:24de 33,
39:25ça va faire ?
39:27Un peu plus de 15 grammes
39:31de sucre.
39:32Oui.
39:33Mais comme je vous dis,
39:34par rapport à l'ensemble
39:35des autres softs
39:37et des autres boissons
39:38au cola du marché,
39:39on est largement en dessous.
39:42Après,
39:42ça va être plus que la bière ?
39:44Forcément,
39:45puisqu'il n'y a pas de sucre
39:46effectivement dans la bière.
39:4915 grammes
39:49ou plutôt 16,5 grammes
39:51par bouteille,
39:52c'est presque 3 morceaux
39:54de sucre.
39:55Un peu moins effectivement
39:55que la plupart des sodas
39:57et encore,
39:58pas tous.
40:02Ça représente tout de même
40:03un peu plus de la moitié
40:05de la dose journalière
40:06recommandée par l'OMS,
40:08l'Organisation Mondiale
40:09de la Santé.
40:1230 grammes.
40:17En 2022,
40:18les ventes de la Tourtel Twist
40:19auraient augmenté de 20%.
40:21Une hausse plus importante encore
40:23que celle des bières artisanales.
40:26Et la fête n'est sans doute
40:27pas finie.
40:28Les Français consomment
40:2933 litres de bière par an
40:31en dernière place
40:32pour l'instant
40:32du peloton européen.
40:35Le pays du vin
40:35est-il en passe
40:36de devenir
40:37un grand pays
40:38de la bière ?
40:38Munich, en Allemagne.
40:48Le paradis des
40:48Biergarten,
40:49les jardins à bière.
40:53Certaines tavernes
40:54traditionnelles
40:55affichent même
40:56un compte à rebours
40:57jusqu'à la prochaine
40:58Oktoberfest,
40:59la fête de la bière.
41:00Mais c'est un autre événement
41:03qui a attiré
41:04ce groupe de Français
41:05en Bavière.
41:06La Coupe du Monde
41:07des Zithologues,
41:08les sommeliers de la bière.
41:09Vous connaissez
41:10le cover sniff ?
41:11Vous couvrez
41:12votre verre.
41:14Vous attendez,
41:14vous attendez,
41:15vous attendez.
41:15Il faut attendre,
41:16comptez bien jusqu'à 10 secondes.
41:17Et ensuite,
41:18vous ouvrez.
41:18Mais quand vous ouvrez,
41:19vous ouvrez vraiment
41:20en demi,
41:21en 45 degrés,
41:22vous essayez d'attraper
41:23tout de suite.
41:23Du sniff ?
41:24Du sniff tout de suite.
41:25Nous retrouvons
41:27Benjamin Nodet,
41:28notre expert du Sud-Ouest,
41:30le champion de l'équipe.
41:33C'est ma troisième fois
41:34ici.
41:35Je connais les épreuves.
41:36J'ai pu travailler
41:37d'une certaine manière
41:37mes points faibles
41:38que j'avais identifiés
41:39l'autre fois.
41:40Donc, a priori,
41:41je me sens un peu plus près
41:42que l'autre fois.
41:43Maintenant,
41:43ça reste encore une fois
41:44un concours.
41:45Pas facile.
41:46Il y a du monde.
41:47Ils sont bons.
41:48Tout le monde est bon.
41:48Donc, voilà.
41:50On verra bien.
41:52La compétition se déroule
41:54à l'Académie de Mons.
41:55le centre de formation
41:56le plus célèbre au monde.
42:01La taille des équipes
42:02dépend du nombre
42:03de sommeliers formés ici.
42:05La France affiche
42:06l'une des plus petites écuries.
42:08C'est l'équipe d'Autriche,
42:09là.
42:09Ils sont dix.
42:10D'accord.
42:11Je pense que dans les dix,
42:12forcément,
42:13t'as des mecs
42:15qui tiennent la route.
42:19Bienvenue à tous.
42:21Vous êtes 82 participants
42:23venus de 18 pays
42:24dans le monde.
42:24Bienvenue.
42:39Bonjour tout le monde.
42:40Nous sommes l'équipe de France.
42:42Le pays du vin
42:43qui deviendra peut-être
42:44le pays de la bière.
42:46On l'espère.
42:46Oui, oui, peut-être.
42:48Bon progrès.
42:52Ils sont beaucoup trop nombreux,
42:53les amis.
42:54T'es dix ?
42:55Mais c'est max de dix ?
42:56Nous, on est outsider,
42:58donc ils ont déjà
42:58le nombre d'étoiles
42:59sur les maillots
42:59comme pour les foots.
43:01Nous, on n'en a pas.
43:02Peut-être qu'on en aura une.
43:03On verra.
43:03Allez-y.
43:10C'est parti.
43:14Première épreuve,
43:15la plus difficile,
43:16reconnaître les styles de bière.
43:18Il en existe une grande variété
43:20en fonction,
43:21non pas de la couleur,
43:22mais de la fermentation
43:23basse, haute
43:24ou spontanée
43:25avec des dizaines
43:27de sous-groupe.
43:38Ce n'était pas facile.
43:40Ah ça, non.
43:51Pour moi, il y avait une ESB,
43:54il y avait une Californien aussi,
43:55il y avait une Schwartz,
43:56il y avait une London.
43:56J'ai hésité sur le halte bière aussi.
43:58Putain, la galère.
44:00Moi, je m'attendais
44:01à beaucoup plus
44:02de blonde, en fait.
44:04Pas défoncée, quoi.
44:05Ils ont bien
44:06chaud, chaud, chaud.
44:09Chaux patates.
44:09Il y a à peu près
44:10une centaine de styles
44:11plus ou moins officiellement
44:13répertoriés,
44:14donc en gros
44:14sans profil de bière
44:15différent.
44:17Par gros effort
44:18de déduction,
44:19je pense qu'on a
44:20quelques bonnes réponses.
44:23Deux, trois pour moi
44:24qui sont normalement
44:24qui étaient assez évidentes.
44:25à les sept autres,
44:26ça a été vraiment
44:27par déduction.
44:28La seconde épreuve
44:29consiste à repérer
44:30des défauts
44:31dissimulés dans les bières
44:32qui correspondent
44:33à des erreurs
44:34classiques de brassage.
44:36Une odeur d'oignon,
44:37de beurre
44:38ou encore de métal,
44:39la spécialité de Benjamin.
44:41Le 1,
44:43t'as trouvé la pomme verte ?
44:44Ouais.
44:44C'est Taldéique ?
44:45Ouais, sûr et certain.
44:46Le 3, alors là,
44:47le 3, j'ai...
44:48Le 3, 4, très bien.
44:49Le 3, en métal.
44:50Métal ?
44:51Ouais, le 3, en métallique.
44:52Peut-être, mais il y a un
44:53aussi, c'est sûr.
44:54Il y en a un qui était papaye.
44:56Papaye, j'étais sûr et certain.
44:57Je dis, après un stage au Brésil,
44:59normalement, il y en a un,
44:59c'est papaye,
45:00c'est pas possible,
45:00ce soit autrement.
45:02Après une ultime épreuve
45:03de questions à choix multiples,
45:05les noms des huit finalistes
45:06sont annoncés.
45:07Je sais que vous avez tous
45:12bien transpiré.
45:14Venu d'Allemagne,
45:16Marike Osweg.
45:18Des Allemands,
45:19des Suisses,
45:20des Autrichiens,
45:22un Italien,
45:22un Portugais,
45:23mais toujours pas de Français.
45:25Il ne reste bientôt plus qu'un nom
45:27et malheureusement...
45:29Et enfin, des Pays-Bas,
45:31Hubert Decker.
45:3727e.
45:41Tu as gagné une place ?
45:42J'ai gagné une place.
45:43Aucun membre de l'équipe tricolore
45:45n'a atteint la finale.
45:46Mais ces résultats sont encourageants.
45:4825 places de mieux
45:49pour Hervé, le capitaine,
45:51par rapport à l'édition précédente.
45:57La France de la bière progresse,
45:59à l'image d'un pays
46:00où s'ouvrent chaque semaine
46:02de nouvelles brasseries
46:03dans des lieux
46:03toujours plus étonnants.
46:05Il existe des oasis
46:10à l'écart des convoitises
46:12et de l'avidité des hommes.
46:23En Normandie,
46:24l'abbaye bénédictine de Saint-Vendry
46:26est le seul monastère
46:27à produire sa propre bière en France.
46:3050 ans que cela n'avait pas eu lieu.
46:35C'est une cuvée assez spéciale
46:48qu'on fait une seule fois dans l'année.
46:50C'est l'Ortus des Lichiaroum.
46:52C'est une bière au houblon frais du jardin.
46:54En fait, on a 8 pieds de houblon dans le jardin.
46:56On a mis le houblon directement dans la cuve
46:57pour avoir des notes d'arômes frais
47:01et non séchés.
47:03Houblon, quoi qu'il arrive,
47:04ce sera toujours du houblon français
47:05qu'on utilisera.
47:06A Saint-Vendry,
47:07la production est volontairement limitée.
47:10Une bière ambrée,
47:11une blanche
47:11et une brune.
47:13Les frères refusent de déléguer
47:14la production à des entreprises privées
47:16comme cela arrive
47:18dans les monastères trapistes belges,
47:19par exemple.
47:20Ils veulent tout faire eux-mêmes.
47:21à commencer par la dégustation
47:27de nouveaux lots.
47:30Monsieur,
47:32pour pouvoir m'aider peut-être
47:33à installer les verres.
47:37Aujourd'hui,
47:38validation de l'eau,
47:39surtout le lot 25,
47:41je crois,
47:41on voulait vérifier
47:44s'il avait bien mûri
47:45parce qu'il était un peu jeune
47:46la dernière fois.
47:48La dégustation commence
47:49avec la Saint-Vendry,
47:50une bière ambrée
47:51à 6,5 degrés d'alcool,
47:54le best-seller de l'abbaye.
48:00J'ai l'impression
48:01qu'elle a quand même
48:02regagné un peu en intensité.
48:03Petite déception.
48:04En tout cas,
48:05celle-là,
48:05il faut continuer à la surveiller.
48:09La difficulté du travail des moines,
48:10c'est qu'on doit le partager
48:12aussi avec la prière.
48:13Nos journées de travail
48:14ne font pas 8 heures
48:15comme une usine classique
48:18ou un travail classique
48:20dans le monde,
48:21mais plutôt 3 heures
48:23ou 4 heures.
48:23Il faut réussir
48:24à intégrer ça.
48:25On a vu que ce soit
48:26un projet vraiment communautaire
48:28et que toute la communauté
48:29participe d'une manière.
48:30Exactement.
48:31On brasse pour vivre,
48:32on ne vit pas pour brasser.
48:34On essaie de maintenir
48:36cette ligne-là.
48:36parce que c'est bien parti.
48:52La renaise,
48:53ce sont le pain d'épices au miel.
48:56Du coup,
48:56ça doit bien aller
48:57avec un pâté
48:57ou un foie gras, je crois.
48:59Belle mousse aussi.
49:02Interessant.
49:03Un foie.
49:04Est-ce que Saint-Benoît
49:04a dit quelque chose
49:05sur la quantité d'alcool
49:06qu'on a le droit
49:06d'agurgiter ?
49:08Il dit que le vin
49:10ne correspond pas du tout
49:11aux moines
49:11parce que cette boisson,
49:14le vin,
49:14fait apostasier
49:15même les sages.
49:17Quoi qu'il arrive,
49:18si dans l'excès de vin,
49:19on peut renier le Christ,
49:20etc.,
49:21ça ne convient pas du tout
49:23aux moines
49:23qui doivent être tempérants,
49:24etc.
49:25Mais,
49:26Saint-Benoît
49:27est fin connaisseur
49:28de l'inture humaine.
49:29Il dit,
49:29mais comme ce serait
49:30trop difficile,
49:31trop compliqué,
49:32voire impossible
49:33de priver l'homme
49:34de cette boisson-là,
49:36mieux vaut limiter
49:37les dégâts,
49:37donc fixer les quantités.
49:39Et donc,
49:40il fixe à une émine
49:40par jour
49:41la quantité de vin
49:43par frère.
49:44Alors,
49:44qu'est-ce qu'une émine ?
49:46Eh bien,
49:46on ne sait pas.
49:47Du coup,
49:48ça arrange beaucoup de monde.
49:49Puis,
49:50il donne un critère
49:50qui est de n'aller
49:51ni jusqu'à la satiété
49:52ni jusqu'à l'ébriété.
49:54Voilà.
49:55En gros,
49:56s'arrêter
49:56avant de ne plus avoir soif.
49:58Et là,
49:59vous êtes comment ?
49:59Là,
50:01disons qu'on pourra
50:01en boire une autre,
50:02mais on ne va pas le faire
50:03pour respecter la règle.
50:06Tout simplement.
50:08Chez les bénédictins,
50:09comme partout,
50:10la règle est à la modération.
50:13Les moines ne manquent pas
50:14d'humour
50:15et de créativité.
50:17Malgré leur capacité
50:18de production restreinte,
50:19ils sortent régulièrement
50:20des éditions limitées
50:21comme cette Broseur,
50:23une bière de Noël en été,
50:25concoctée avec
50:26une autre brasserie.
50:27La divine saveur
50:31est de retour
50:32dans les campagnes
50:33et les terroirs de France.
50:35Et c'est parti pour durer.
50:37L'Hexagone
50:37est le seul pays d'Europe
50:39dans lequel le nombre
50:40de brasseries
50:40continue d'augmenter
50:41plus de 2500.
50:44Pour l'instant.
50:44Sous-titrage Société Radio-Canada
51:14Sous-titrage Société Radio-Canada
51:15Sous-titrage Société Radio-Canada
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