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  • il y a 3 heures
Rescapée des attentats du 13 novembre, Aïda Amara a été interrogée par les forces de l’ordre. En décrivant les auteurs, elle évoque les traits "d’un Arabe". Le policier lui aurait alors répondu : "Ce n’est pas de votre faute."

Une remarque qui illustre la stigmatisation persistante dont sont victimes les binationaux, régulièrement renvoyés à leurs origines dès qu’un drame survient.

Son livre "Avec ma tête d'Arabe" est disponible aux éditions Hors d’atteinte.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Les terroristes ouvrent le feu, je m'efforce de décrire le tireur et donc je dis au policier
00:05« il a une tête d'arabe ». Il me répond « vous savez c'est pas de votre faute ».
00:10Il a l'impression lui que je me sens responsable des actes d'un autre arabe.
00:17Le soir du 13 novembre 2015, je suis devant le petit Cambodge, les terroristes ouvrent le feu.
00:23Il y a beaucoup de gens évidemment qui sont décédés, beaucoup qui sont blessés,
00:28beaucoup qui se sont cachés. La nuit continue pour moi à l'hôpital.
00:32Pour ceux qui peuvent parler, on est interrogé par la police, je m'efforce de décrire le tireur
00:36et donc je dis au policier « il a une tête d'arabe ».
00:40Pour moi c'est évocateur, il va comprendre ce que je veux dire.
00:43Il me répond « vous savez c'est pas de votre faute ».
00:46Derrière cette phrase qui se veut bienveillante, il a l'impression lui que je me sens responsable des actes d'un autre arabe.
00:53Tout de suite après, le président de la République, François Hollande à l'époque,
00:57qui prononce en fait cette phrase « même s'il est né français » en parlant de la déchéance de nationalité.
01:06Le président de la République nous rappelle, en tout cas à nous binationaux,
01:10qu'on n'est pas des Français comme les autres.
01:13Même dans les moments les plus difficiles, on n'est pas perçu comme des victimes comme les autres.
01:17En tant que journaliste, j'ai pu me rendre compte dans des rédactions où j'étais souvent,
01:23comme j'aime dire un peu pour provoquer la seule arabe dans la pièce,
01:26c'est que je devenais experte en arabologie, islam, voile, banlieue, quartier.
01:34On n'est jamais assez assimilé.
01:36Il n'y a pas un moment où on atteindra un degré d'assimilation qui sera satisfaisant pour des personnes qui, clairement, sont racistes.
01:48La chose la plus difficile pour moi, ça a été apprendre à réapprivoiser Paris, à réapprivoiser ma maison.
01:56Le stress post-traumatique, moi en tout cas, il m'empêchait de vivre ma vie au quotidien.
02:02Ça veut dire qu'on ne prend pas le métro, ça veut dire qu'on analyse chaque mouvement, chaque bruit.
02:08En fait, on ne se rend pas compte, avant d'avoir entendu des kalachnikovs,
02:12qu'il y a plein de bruits dans la rue qui ressemblent à des tirs de kalachnikovs.
02:15Et c'est vrai que quand tout explose comme ça, quand je ne sais plus vraiment qui je suis après les attentats,
02:23je me tourne en fait vers mes racines, je me tourne vers mes parents, mon histoire familiale.
02:28Je retourne en Algérie coloniale, je retourne dans l'enfance de mon père.
02:31Et je me rends compte que je ne suis pas la seule, loin de là, à avoir vécu de la violence armée dans ma famille.
02:40Il y a un lien traumatique qui m'a laissée moins seule.
02:43Donc ça a donné aussi beaucoup d'espoir.
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