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Société : le 13 novembre 2015 au Bataclan la nuit qui hante la France et interview de François Molins
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00:00main en l'air et bt les derniers spectateurs évacués du bataclan ils viennent d'échapper
00:08à la mort il est minuit 25 l'assaut vient de se terminer épilogue du pire attentat commis en
00:18france depuis la libération dans les coursives ces spectatrices apeurées qui
00:29se soutiennent guidés vers la sortie par un policier
00:33récits d'une nuit qui hante la france depuis 10 ans
00:44sur scène ce 13 novembre 2015 le groupe californien eagles of death metal joue son
00:50morceau culte kiss the devil embrasse le diable
00:53hélène fan de la première heure est dans la fosse juste devant la scène et prend des photos avec son
01:02appareil de la photo que j'ai du groupe c'est 21h45 deux minutes plus tard il est 21h47 les
01:14premières rafales de kalachnikov viennent interrompre le concert
01:17moi je me souviens que ça me contrerait à beauty qu'est ce qu'ils s'amusent à lancer des
01:28feux d'artifice et peu à peu tout on commence à se baisser et il ya quelqu'un qui crie oui il
01:34est du sang partout la suite est capté par un dictaphone à l'intérieur de la salle de concert
01:432h40 d'enregistrement
01:45dont nous avons choisi de ne diffuser que quelques extraits
01:51de l'arrivée des trois terroristes à l'assaut final
01:56la terreur des spectateurs ce soir là les terroristes tirent à 258 reprises dans la
02:08petite salle julien pierce se trouve à ce moment là dans la fosse il échappe de peu aux premières
02:17salves et puis soudainement je se sont calmés d'un coup et il n'y a eu plus de coups de feu la
02:26lumière était totalement rallumée lumière très crue très vive il n'y avait plus un bruit il y avait
02:35si il y avait le bourdonnement des amplis au rez-de-chaussée l'un des terroristes fait de
02:41nouveaux feux mais au coup par coup cette fois extrêmement méthodique extrêmement précis c'est
02:50une balle une balle dans la tête il est parti du haut de la fosse et il faisait les mouvements
02:57latéraux comme ça il se rapprochait peu à peu donner des coups de pieds et puis exécuter ceux
03:02qui étaient encore vivants et donc oui ça se rapprochait il fallait faire quelque chose avec
03:10un petit groupe julien pierce décide de monter sur scène pour s'échapper on cède je suis le premier
03:17à monter sur scène il me voit très bien à ce moment là il a eu le temps de finir de recharger
03:21son arme et je le vois à une dizaine de mètres et là les tirs recommencent dans notre direction
03:27donc là on s'est on s'est mis derrière un ampli les amplis de retour là qui assure le en bas de la
03:35scène qui nous a qui nous ont protégé on attend que encore une fois ils recherchent son arme ils se
03:41mettent dos à nous et en cours sur la scène et là il ya une jeune fille qui était au sol qui qui
03:52qui m'appelle à l'aide qui tend le bras et je la mets sur mon épaule je la mets à califourchon sur
03:59mon épaule et je sors julien pierce sort par l'arrière de la salle mais la jeune femme dans
04:08un taxi direction l'hôpital autour de lui personne n'a conscience de ce qui est en train de se jouer et
04:14je suis au beau milieu d'un paris aux alentours de 22 heures à 12h15 avec des grands mères qui
04:20promènent leurs caniches qui ne savent absolument pas ce qui est en train de se jouer à quelques dizaines
04:24de mètres de là au pc des secours les appels des premiers témoins de plus en plus angoissé
04:33à l'intérieur les tirs continue devant la salle de spectacle et jusque dans l'entrée des témoins
04:59incrédule filme la scène c'est d'un don au même moment des attaques au stade de france et sur des
05:13terrasses de café sont en cours ce soir là c'est la magistrate camille entier qui coordonne toute
05:18l'enquête tout est saturé en fait de d'informations qui sont qui nécessitent d'être vérifié donc on se
05:26rend au bataclan et là on apprend qu'il ya des individus retranchés dans le bataclan qui ont qui
05:32ont fait feu à l'intérieur de la salle les trois assaillants revendique leur action on entend la
05:39voix de l'un d'eux sur la bande audio et ils recommencent à tirer accroupi au premier rang dans la fosse
05:57hélène tente de rester le plus immobile possible je reçois une balle de kanashtikov dans l'épaule et
06:03quelques secondes plus tard donc ça que je commence à sentir la douleur comme ça à droite
06:09j'ai l'impression que je peux visualiser même dessiner la douleur qui se propage j'ai commencé à
06:16délirer j'ai très peur là j'ai très très peur il est 21h56 moins de dix minutes après le début de la
06:25tuerie et contre toutes les consignes deux policiers de la bac décide de rentrer pistolet
06:31à la main sur la scène l'un des terroristes leur donne l'ordre de reculer les policiers font feu le
06:43terroriste actionne son gilet explosif les deux derniers djihadistes riposte les deux policiers de
06:53la bac sont obligés de se replier dans le quartier la tension est maximale
07:08et dans les rues alentours des passants fuit avec parfois des enfants dans les bras
07:13les premiers blessés sont évacués à la hâte c'est c'est le chaos très clairement
07:35il est 22h40 la berry entre au bataclan et sécurise le rez-de-chaussée beaucoup de
07:50blessés mais aucune trace des terroristes se souvient le chef de l'unité et c'est seulement
07:55en fait à 23h15 à peu près que la colonne en progressant à l'étage arrive devant la porte qui
08:01donne accès au backstage et là on comprend que derrière se trouve deux terroristes et des otages
08:09c'est le début d'une autre crise deux terroristes 11 otages dans un minuscule couloir la berry se
08:17positionne derrière la porte et un négociateur met en place un dialogue avec les preneurs d'otages
08:24ils ont communiqué un numéro de téléphone qui est celui d'un otage pour pouvoir être appelé par
08:30le négociateur c'est à dire moi même il ya une longue revendication et ensuite un ultimatum
08:40ils demandent à ce que la colonne d'intervention dégage le plus vite possible sinon ils vont couper
08:45la tête d'un otage dans ce couloir le photographe david fritz goppinger passe plus d'une heure et demie
08:52à quelques centimètres de l'un des terroristes maintenant c'était à 10 ans mais je me souviendrai
08:58toute ma vie de la froideur dans son regard et la détermination en fait il était là pour accomplir
09:03une mission il était là pour pour tuer finalement et donc il était dans son truc et je ne souviens pas
09:09de quelqu'un qui tremble de la voix qui tremble rien du tout il était plutôt l'inverse il était
09:14plutôt sûr de lui en fait dans cette négociation s'est rendu compte qu'on était vraiment au pays de
09:18l'absurde parce qu'il n'y a rien à négocier dans les attentats terroristes nous on était des otages
09:21mais otages de quoi enfin c'était pas un braquage finalement il n'y avait rien à échanger avec lui
09:27dix autres otages qu'il ne connaît pas on se parlait pas mais il ya eu des gestes les uns envers les
09:34autres marie je me rappelle bien elle a dit je t'aime à arnaud à un moment donné moi j'ai pris la
09:40main de stéphane qui était juste à côté de moi je pense que ces petites choses là c'est tout petit geste
09:44on fait que on s'est tous maintenus dans une forme d'humanité dans une forme de solidarité aussi en
09:49fait et et ça nous a fait du bien sur le moment et c'est derrière c'est ce qui nous a aussi maintenu
09:54en tant que que camille en fait ce qu'on s'est tous rencontrés derrière la négociation de la
09:59berri ne donne rien l'assaut est désormais inévitable on avait le sentiment même sans se l'avouer que ça
10:07allait mal se passer parce que un couloir d'un point de vue pratique tactique c'est la pierre des
10:12situations il est minuit 18 deux heures et demie après le début de l'attaque le signal est donné top
10:20caméra d'abord des grenades assourdissantes puis des tirs en riposte
10:30jusqu'à cette énorme détonation entendue même à l'extérieur
10:44un terroriste vient à son tour d'actionner son gilet explosif
10:51cette explosion moi je me retrouve projeté en l'air parce que l'explosion est telle qu'on se retrouve
10:57vraiment soulevé de terre quoi je suis retombe au sol et moi je suis sonné j'entends plus rien et de la
11:02seule chose que j'arrive à articuler c'est à l'aide la berry et le raid évacue les otages
11:07pour moi vraiment le pire souvenir celui qui reste plus c'est lui qui marque plus qui déforme le plus
11:17l'existence ces souvenirs là qui est de la fausse on tombe sur un flic qui nous dit que de ne pas
11:21regarder quoi mais on a qu'on a tous regardé on a tous regardé toutes les victimes qui sont restés
11:26enfermés au bataclan ont tous regardé la fausse et ça a changé tout le monde
11:32les derniers spectateurs sont saufs main sur la tête car il faut s'assurer qu'aucun
11:37terroriste ne se cache parmi eux ils peuvent enfin respirer
11:49l'assaut a duré moins de trois minutes mais pour le chef de la berry cette soirée va prendre une
11:55tournure très personnelle après l'assaut oui en effet on m'a averti que mon ami d'enfance était
12:03était là mais on ne savait pas où il était en fait il aurait pu partir avec les premiers
12:10otages qui s'étaient échappés perdre son portable mais malheureusement ce n'était pas le cas
12:15écoutez bon il ya un moment il faut bien il faut bien faire le tour des corps pour pour vérifier quand
12:22vous le retrouvez
12:24à 1h30 du matin la procureure chargée de l'antiterrorisme entre à l'intérieur
12:34ces téléphones qui sonnent qui sonnent dans le vide et c'est quelqu'un qui cherche et qui est
12:41inquiet et qui se demande et c'est terrifiant en fait sur les téléphones on voyait les visages des
12:46photos de famille en fait des prénoms maman papa enfin c'est complètement fou quoi ce que ces gens
12:54ont vécu dans cette salle de spectacle c'est c'est fou c'est fou
12:58l'attaque du bataclan a fait 90 morts et des centaines de blessés l'attentat le plus
13:06meurtrier commis en france depuis la fin de la seconde guerre mondiale
13:09et on reçoit à présent celui qui restera pour tous les français le visage de la justice pendant
13:18cette effroyable nuit du 13 novembre 2015 bonsoir françois molins merci d'être avec nous ce
13:25soir vous êtes l'un de vos plus grands magistrats vous étiez procureur de paris de 2011 à 2018 au
13:31moment où la france était visée par la pire vague d'attentats de son histoire récente d'abord
13:37évidemment une réaction sur ce document très fort qu'on vient de voir et que vous venez de regarder
13:42c'est un double sentiment d'abord beaucoup d'émotion une émotion que les dix ans passés n'ont pas du
13:52tout apaisé et puis aussi beaucoup de compassion pour pour les victimes de ces attentats du vendredi
13:5813 et pour eux pour leur famille on va commémorer dans quelques jours les dix ans des attentats du
14:0313 novembre et ce soir on pense aussi à ceux du bataclan et on a on a vécu cette nuit minute par
14:09minute mais aussi aux victimes et à leurs familles des attentats du stade de france et des cafés qu'est
14:15ce que vous ressentez qu'est ce qui vous traverse à cette veille de commémoration mais des souvenirs
14:22effectivement des souvenirs effectivement très fort d'abord moi j'ai toujours en mémoire ce que j'ai
14:28vu effectivement ce soir là sont des images qui me quitteront jamais des images et des odeurs quoi le fait
14:37de rentrer dans cette salle effectivement avec des dizaines de corps en mêlée des images aussi comme
14:44l'a évoqué ma collègue tout à l'heure j'ai toujours en tête le la vision de du corps de cette dame coupée
14:51au carré qui dans la tête reposée sur un sur un sac à main dans lequel il y avait un téléphone portable
14:57qui arrêtait pas de sonner et c'est une des grandes ce soir là tout le monde tous les gens qui avaient des
15:03amis qui étaient là bas a essayé d'avoir de leurs nouvelles et effectivement ces téléphones sonné en
15:09permanence mais souvent il n'y avait personne au bout pour y répondre et effectivement un sentiment
15:13en fait de très grande une chape de plomb une chape de sidération on est face à des décennies de
15:19guerre et d'ultra violence qu'on n'aurait jamais osé imaginer dans vos mémoires que vous avez publié
15:23il ya un an et demi vous racontez ce que vous avez vécu cette nuit là vous écrivez cette phrase là
15:29pourquoi suis-je rentré à trois reprises à l'intérieur du bataclan pourquoi trois fois je me suis je me
15:35le suis longtemps demandé pourquoi vous êtes retourné trois fois c'est une question que je me suis posée
15:41après parce qu'effectivement en repensant à tout ça je me suis je me suis rendu compte j'étais rentré
15:45trois fois effectivement dans le bataclan et trois fois j'avais eu ce spectacle de la de la fosse et donc ça
15:52m'a beaucoup en réalité intrigué pour pas dire perturbé parce que je crois qu'en réalité je suis
15:58par rapport à quelque chose que je n'arrive pas à réaliser et que quelque part au fond de moi même je
16:04ne veux pas croire que ça s'est réalisé et comme bon j'ai quand même dans le réel j'ai une mission à
16:09assumer je pense que c'est ce qui explique effectivement ça a été une façon effectivement de
16:14de comprendre et de mesurer je pense l'ampleur de ce qui s'était passé je pense que je suis dans le déni en fait
16:23vous aviez une mission à accomplir vous étiez procureur de paris c'est à dire que vous étiez à la fois
16:30chargé de suivre l'enquête de suivre la prise en charge des victimes de leur famille et de gérer la
16:37communication on se souvient tous des des conférences de presse que vous donniez au moment
16:42des attentats qu'est ce qui a été le plus difficile à gérer à ce moment là alors alors d'abord il faut bien
16:48comprendre que quand on est acteur de la lutte anti-terroriste on ressent tout attentat comme
16:52un échec parce qu'effectivement quelque part si l'attentat s'est produit c'est qu'on n'est pas
16:56arrivé à le déjouer donc il ya déjà ce sentiment sur effectivement l'exécution de ces missions parce
17:02que comme vous l'avez dit on a un tas de compétences à direction de l'enquête médecine légale victime
17:06coopération communication il ya beaucoup beaucoup de compétences il ya des choses qui sont très très bien
17:14passé notamment l'engagement des magistrats du parquet des services enquêteurs avec une enquête qui a été très
17:19efficace bien conduite de façon très professionnelle avec un une enquête de grande qualité qui explique aussi la
17:27qualité de la procédure qui a suivi mais il ya aussi des choses qui ont bien moins bien moins bien moins
17:31bien moins fonctionné et ça fait effectivement partie de mes regrets c'est ce que j'avais
17:35il ya deux deux choses essentiellement qui sont durs à porter c'est le fait que pendant les heures
17:43suivant l'attentat on a certainement été dépassé par l'ampleur de l'événement et on n'a pas eu des
17:48dispositifs de prise en charge des victimes qui ont été à la hauteur on a eu toute la nuit du vendredi
17:53au samedi à une partie du samedi des victimes qui ont erré dans paris sans prise en charge à la recherche
17:59de leurs proches essayant d'avoir des nouvelles leurs proches et on a eu aussi de deux erreurs
18:06d'identifier des erreurs d'identification à travers deux interversions deux interversions de corps c'est
18:11des choses effectivement qui sont pas satisfaisantes et qui sont sont pas faciles à porter une dernière
18:18question le procès tentaculaire des attentats du 13 novembre a eu lieu l'année dernière vous dites
18:22justice est passé mais vous dites aussi on n'en a pas fini avec le terrorisme la menace elle est encore
18:27forte aujourd'hui la menace je pense qu'elle est elle est toujours forte elle est vive mais elle a
18:33changé de forme on dit souvent qu'il ya trois tubes de menaces la menace projetée c'est les commandos
18:38qui viennent de l'extérieur après cette rente bien entraîné ça c'est l'exemple de vendredi 13 ça
18:44cette menace clairement elle a baissé je pense que daech est plus vraiment en capacité de produire ce
18:49genre de choses la deuxième menace est la menace téléguidé c'est celle qui va reposer sur des des membres
18:55d'organisations djihadistes basés à l'étranger qui vont être en contact avec des gens basés chez
19:00nous et qui vont les inciter à commettre des attentats ce qu'on appelle le terrorisme la menace
19:04téléguidé celle là elle existe elle est réelle je crois que c'est une des priorités de la dgsi parce
19:09que on a une organisation qui est l'état islamique au khorasan qui peut effectivement et qui commet ce
19:14genre d'attentats et la dernière c'est effectivement celle que qui nous concerne le plus c'est la menace inspirée
19:19avec le risque de voir des gens qui se sont autoradicalisés sur internet et les réseaux sociaux
19:24passer à l'acte et ça c'est effectivement quelque chose qui a du corps qui a de la vigueur le procureur
19:29national antithéoriste disait à quelques jours que ça s'est rajeuni il parlait de 17 mineurs mis en
19:35examen depuis le début de l'année là dessus et je pense que c'est véritablement un risque aujourd'hui
19:40parce que cette forme de menace c'est là peut-être la plus difficile à détecter merci françois
19:46melance merci d'avoir été avec nous ce soir
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