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  • il y a 2 jours
Comment gagner la bataille culturelle contre l’extrême droite ? On a réuni Jean Morel de Grünt, Carine Fouteau de Mediapart, la créatrice de contenu Melissa Amneris et les auteurs Sarah Durieux et Anas Daif pour trouver des réponses concrètes.

Depuis quinze ans, nous menons la bataille de l’information contre l’extrême droite. Malgré les menaces de mort et les procès, nous avons publié des centaines d’enquêtes sur ses candidats et ses groupuscules violents.

Grâce à ce travail, nous avons remporté des victoires : nos révélations ont fait perdre des circonscriptions, coupé des financements et conduit des militants violents devant la justice.

Nous pensons que ce combat peut être gagné. Nous voulons battre le RN aux élections municipales, législatives et présidentielles. Battre le RN, ce n’est pas juste repousser l’inévitable, c’est rouvrir l’horizon, redonner du souffle, remettre de la pensée, de la création et de la joie là où il n’y a plus que de la peur de la submersion ou pire la capitulation avant la bataille.

Grâce au soutien de nos 6.000 donateurs réguliers, nous touchons chaque mois plusieurs millions de personnes. 21 journalistes et vidéastes enquêtent et mènent la bataille culturelle. Mais pour renverser la vapeur, nous devons cogner plus fort. Nous avons l’équipe, la feuille de route et la détermination. En donnant à StreetPress, vous rendez la victoire possible.

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Transcription
00:00:00Est-ce qu'il ne faut pas qu'on bouge plus, qu'on se déplace, qu'on imagine des tournées ?
00:00:04Si ces initiatives existent, elles sont vraiment faites, je pense, pour justement tendre des micros
00:00:08plutôt que venir énoncer quelque chose.
00:00:10Là, dans l'urgence qui est la nôtre, je pense que c'est un désir d'écoute
00:00:13parce que la frustration et le vote RN est par définition un sentiment de ne pas être entendu.
00:00:16C'est très important de se décentrer de Paris et de l'île de France.
00:00:19Des questionnements identitaires entre des personnes racisées du sud de la France,
00:00:22du nord de la France ou du centre sont parfois très différents.
00:00:25Ça fait du bien de voir des personnes qui partagent un peu les mêmes histoires,
00:00:29même si on avait tous et toutes des origines différentes.
00:00:31Au final, on partage un peu la même chose.
00:00:33On ne fait pas la plaise des gens, on les aide à s'organiser.
00:00:35Si on veut mener une bataille culturelle, c'est une bataille où les gens vont se sentir eux-mêmes en puissance.
00:00:40L'extrême droite mène une bataille culturelle, un combat pour imposer ses narratifs et sa vision du monde.
00:00:46Elle impose ses mots, ses peurs et ses obsessions.
00:00:49Ce qui hier paraissait impensable est aujourd'hui banalisé.
00:00:52Le racisme anti-blanc.
00:00:53Les Français voient un peu ça comme une menace, l'islam, aujourd'hui.
00:00:56Ils ont conscience que l'immigration anarchique est une menace.
00:00:59Le climat, c'est devenu, comme bon nombre de sujets avant lui, un thème inattaquable et sacralisé.
00:01:04Juste un mot quand même sur cette histoire de réchauffement climatique,
00:01:07parce qu'évidemment, il fait moins de 3 degrés dans Paris.
00:01:10Ce concept de bataille culturelle, il vient d'un communiste italien, Antonio Gramsci.
00:01:15En 1926, il est arrêté et envoyé en prison par le régime fasciste de Mussolini.
00:01:20Derrière les barreaux, il a développé le concept d'hégémonie culturelle.
00:01:24Ce qu'il explique, c'est que si les ouvriers, les paysans, les pauvres en général ne se révoltent pas,
00:01:29c'est parce que l'école, la culture populaire, les médias de masse sont dominés par la bourgeoisie.
00:01:34Et c'est cette classe dominante qui définit la norme, ce qui se fait ou ne se fait pas,
00:01:39ce qui est bien ou mal, toutes les valeurs qui dirigent la société.
00:01:43Et donc, selon Gramsci, pour prendre le pouvoir, gagner des élections ou déclencher une révolution,
00:01:48lui, c'était un révolutionnaire, il faut d'abord imposer ses valeurs, gagner cette bataille culturelle.
00:01:53Ça, l'extrême droite l'a bien compris.
00:01:55Mais nous, médias indés, acteurs de la culture, militants ou citoyens,
00:01:59qu'est-ce qu'on peut faire concrètement pour gagner cette bataille culturelle ?
00:02:02J'ai invité des gens d'horizons assez différents pour y réfléchir dans ce nouveau podcast vidéo.
00:02:07Karine Fouteau, la directrice de Mediapart,
00:02:10Jean Morel, le fondateur du média Grunt,
00:02:12Anas Daïf, auteur et animateur du podcast À l'intersection,
00:02:16Sarah Durieux, autrice et militante,
00:02:19et Mélissa Amneris, créatrice de contenu.
00:02:22Cette émission, on l'a pensée comme une réunion de travail.
00:02:24On veut trouver un vrai plan de bataille qu'on va mettre en œuvre.
00:02:27Et restez bien jusqu'à la fin, parce que j'ai des annonces à vous faire.
00:02:30Mais avant de commencer le podcast, j'ai déjà une solution pour vous.
00:02:33Vous me voyez venir, c'est soutenir Street Press.
00:02:36Depuis plus de 15 ans, nous avons publié des centaines d'articles sur l'extrême droite,
00:02:40malgré les procès et les menaces de mort.
00:02:42On a documenté les violences racistes, les discriminations,
00:02:45on a détaillé leur réseau de financement.
00:02:47Pour mener ce combat, on a besoin de vous, de vos dons.
00:02:50Aujourd'hui, vous êtes 6 000 à nous soutenir chaque mois,
00:02:53et on espère qu'à la fin de l'année, vous serez deux fois plus nombreux.
00:02:56Le lien vers la cagnotte est dans les commentaires.
00:02:59Pour lancer la discussion, on va commencer avec un extrait plus que parlant.
00:03:02C'est le dernier numéro de Rhinocéros, l'émission de Blast.
00:03:05Ils ont compilé le discours des médias mainstream
00:03:07sur l'incarcération de Nicolas Sarkozy.
00:03:10Sarkozy va aller en prison.
00:03:14La presse indépendante est attaquée de toutes parts,
00:03:16les juges sont sous pression, la bourgeoisie est déchaînée.
00:03:19Mais est-ce qu'on n'aurait pas mieux fait de lui foutre la paix à Sarko ?
00:03:21Plutôt que de monter tout ce complot, là.
00:03:22Ouais, mais regarde, le complot a bien marché, il va aller en prison.
00:03:25Évidemment, les médias de la droite sont sous le choc,
00:03:27et à mon avis, c'est pas prêt de s'arrêter.
00:03:28Pourquoi avoir assorti une peine lourde, 5 ans, d'un mandat de dépôt,
00:03:32si ce n'est pour l'humilier, éprouver, s'il le fallait encore,
00:03:36l'acharnement judiciaire subi depuis des années par Nicolas Sarkozy ?
00:03:40Et voilà, et moi, je parle pour mes amis, en tout cas, voilà, ça me...
00:03:44C'est insupportable, voilà, il n'y a aucune...
00:03:46C'est insupportable.
00:03:48Implacable avec les dirigeants, laxiste avec les racailles.
00:03:54Méfiez-vous des juges.
00:03:55C'est un séisme politique sur la vie politique française.
00:03:57D'abord, le souffle historique de ce qui se passe.
00:04:00C'est le successeur du général de Gaulle.
00:04:02C'est le chef d'État d'une grande puissance mondiale.
00:04:06Karine Fouteau, tu es directrice de Mediapart,
00:04:08le média qui a révélé l'affaire Sarkozy-Kaddafi.
00:04:11Bravo d'abord.
00:04:11On voit dans cet extrait qu'il y a une distorsion de la réalité.
00:04:15Le coupable devient en quelque sorte la victime.
00:04:18Comment, à Mediapart, après des années de travail sur cette enquête,
00:04:21vous vivez cette séquence ?
00:04:22Karine Fouteau, vous avez 49 ans.
00:04:24Vous faites partie de l'aventure Mediapart depuis le début.
00:04:27Mediapart, c'est une officine de propagande.
00:04:31Mediapart est une officine.
00:04:32Ouvrez les yeux, regardez ce qui se passe.
00:04:34En Italie, je pense évidemment à la liberté d'informer,
00:04:38à l'indépendance des médias, au pluralisme de l'information.
00:04:40Tout ça est en miette.
00:04:42Je pense que c'est pas mal de rappeler effectivement
00:04:44que l'enquête, l'affaire libyenne,
00:04:46c'est des années, des années d'enquête.
00:04:50On commence à sortir le premier papier sur cette affaire en 2011.
00:04:55C'est intéressant de se rappeler qu'au début, on tire un fil.
00:04:59On a la première pièce d'un puzzle.
00:05:02Et progressivement, c'est au cours de ces 10 années,
00:05:0613, 14 années d'enquête,
00:05:08que l'image générale du scandale se révèle.
00:05:12Et donc, nous, c'est une fierté de voir notre travail
00:05:17qui aboutit enfin à un procès,
00:05:21un procès qui a eu lieu en janvier de l'année dernière,
00:05:27janvier 2025, pardon, pendant trois mois.
00:05:31Donc c'est pareil.
00:05:32Là, la justice a fait vraiment un travail de grande ampleur.
00:05:37Après qu'on se réjouisse ou pas d'une condamnation,
00:05:39j'en sais rien.
00:05:39Je ne sais pas si je me réjouis d'une condamnation, en fait.
00:05:42Et Abediapart, pas spécialement.
00:05:44Ce qu'on constate, c'est que notre travail a eu de l'impact.
00:05:49Voilà.
00:05:49Et ça, pour nous, c'est important de faire un journalisme
00:05:51qui produit des résultats, qui fait bouger les lignes.
00:05:56Sur cette affaire, il y avait aussi quelque chose qui m'intéressait,
00:05:58c'est qu'avant cette séquence,
00:06:02vous avez sorti un documentaire sur cette affaire-là.
00:06:05Un documentaire qui n'était pas un documentaire mis sur YouTube
00:06:08comme on peut le faire,
00:06:09qui n'était pas non plus un documentaire mis à la télévision,
00:06:12c'est un documentaire que vous avez fait pour le cinéma.
00:06:14On va comprendre que de l'argent a été mis sur la table.
00:06:21Mais d'où venait cet argent ?
00:06:23Aujourd'hui encore, la justice s'interroge.
00:06:27C'était quoi le projet autour de…
00:06:29Le projet, c'était de faire de la pédagogie.
00:06:31Et là, on rentre en plein dans le cœur de notre émission.
00:06:35C'est d'être accessible à tous et à toutes.
00:06:37On est bien conscients que, évidemment, cette enquête titanesque,
00:06:41elle est complexe, avec des tiroirs, des renversements,
00:06:49des nouveautés qui apparaissent au fil du temps.
00:06:51Il fallait qu'on recompose le puzzle, comme je le disais tout à l'heure,
00:06:55et faire de la pédagogie pour rendre cette histoire accessible au plus grand nombre,
00:07:00à tous et à toutes.
00:07:01Faire en sorte que n'importe quelle personne qui entre dans cette salle de cinéma
00:07:05se dise, à la fin, j'ai compris.
00:07:08On sert à quelque chose, ce qui est quand même utile
00:07:11quand on travaille beaucoup sur Internet.
00:07:14Ça me fait penser, Jean, ce projet, à la tournée pour la culture que tu as organisée.
00:07:21Jean Morel, le créateur de Grunt, Nekfeu, Alpha One, Caballero, Jean Jass,
00:07:26derrière le média Grunt, c'est M. Jean Morel.
00:07:28Nous accueillons aujourd'hui le Fred Musa d'Extrême-Gauche.
00:07:31J'ai un espoir sur l'avenir du rap, c'est qu'il se re-politise.
00:07:37C'est une musique qui a longtemps accompagné des mouvements.
00:07:40C'était une tournée que vous avez organisée Grunt avec un rappeur qui s'appelle Ben PLG.
00:07:45On va regarder un petit extrait du teaser que vous avez diffusé sur Insta.
00:07:49On est en train de monter en Piratos une tournée avant l'ascortie de mon album.
00:07:55En mode l'entrée, c'est juste un don pour la culture.
00:07:59On va se pencher après sur les caisses et sur où on met l'oseille.
00:08:04Parce que nous, c'est 100% des financements régionaux.
00:08:072025, on s'arrange, mais 2026, on ne sait pas du tout comment ça va se passer.
00:08:10Ça parle de licenciement économique.
00:08:12L'album, ça n'a pas sorti.
00:08:14C'est la semaine prochaine.
00:08:15Ah oui, gros, là, moi, je suis en train de te parler de lundi, mardi ou mercredi.
00:08:19Ok.
00:08:20Tu me laisses cinq minutes pour te faire un pitch.
00:08:23Et tous les sous reviennent à la caisse pour la gataillerie.
00:08:26Vous faites quoi jeudi prochain ?
00:08:34J'en ai marre de toi.
00:08:38Bon, bah tu fais BenPLG en grande salle.
00:08:40Ah non, mais c'est bon.
00:08:41On a trouvé des solutions.
00:08:43Il faut arrêter de vous voir, les mecs.
00:08:44Il faut arrêter de vous voir aussi pour avoir des idées comme ça.
00:08:47Sur le papier, j'ai envie de te dire évidemment oui.
00:08:49Et ça fait quatre minutes trente qu'on est en ligne.
00:08:55Ça me fait marrer.
00:08:56Et puis, pour ceux qui nous regardent, on est à la gaieté lyrique.
00:08:58Là, on enregistre cette émission à la gaieté lyrique.
00:09:01Et il y a une de ces dates de cette tournée qui a servi à soutenir à la fois les salariés
00:09:07de la gaieté lyrique et à la fois des exilés qui occupaient la gaieté lyrique.
00:09:11Est-ce que tu peux nous raconter ce projet ?
00:09:13Comment c'est né ? C'est quoi le délire ?
00:09:15En gros, c'est marrant parce que la thématique de l'émission,
00:09:19c'est la bataille culturelle.
00:09:21À notre échelle, je considère qu'on est plutôt sur une bataille pour la culture.
00:09:25Dans le sens où, moi, j'ai conscience qu'on ne fait pas de l'enquête, par exemple,
00:09:29comme peut le faire Mediapart, etc.
00:09:31On est un média qui essaie de mettre en avant la musique qu'on aime
00:09:33et des artistes qu'on a envie de défendre.
00:09:35Sauf qu'on a un sentiment, on vit une urgence aujourd'hui,
00:09:37c'est qu'il y a un réel enjeu de mise en danger de la culture.
00:09:40Au sens général, ce documentaire, il naît d'un constat très simple.
00:09:43C'est qu'il était juste après des annonces drastiques
00:09:46qui avaient été faites dans certaines régions en France
00:09:47de la part de dirigeants politiques qui, à mon avis,
00:09:50cherchaient à travers ce moment-là un moyen d'avoir trouvé un coup d'éclat
00:09:52et potentiellement de se faire d'ailleurs inviter sur des plateaux
00:09:54pour se distinguer.
00:09:56Donc, avec des prises de position qui étaient d'une suppression
00:09:59qui était supérieure à celle demandée par la rigueur budgétaire
00:10:02qui était imposée par le gouvernement,
00:10:03en disant qu'on va enlever 80 à 90 % des subventions pour la culture.
00:10:09en étant, du coup, un acteur culturel depuis maintenant presque 15 ans avec Runt
00:10:14et moi, j'ai beaucoup participé à des tournées,
00:10:17j'ai beaucoup suivi des artistes, j'ai beaucoup monté des événements.
00:10:20Et puis, vous avez un festival aujourd'hui.
00:10:21Aujourd'hui, on est à un festival, c'est vrai.
00:10:23C'est vrai que je l'oublie, mais tout de temps en temps.
00:10:24C'est terminé.
00:10:24De temps en temps.
00:10:25On est soldat ce soir, merci beaucoup, merci beaucoup.
00:10:31Mais du coup, on est au contact.
00:10:33C'est-à-dire que moi, ces phrases-là, quand elles sont énoncées,
00:10:35je pense qu'il y a aussi une volonté de raconter la réalité de ce que ça implique.
00:10:39C'est-à-dire qu'on a l'impression que couper un budget, ça,
00:10:41les gens ne comprennent pas forcément ce que ça veut dire.
00:10:43Mais on parle, du coup, de centaines et de centaines d'intermittents
00:10:47qui vivent dans des régions et, du coup, ne seront plus appelés du jour au lendemain
00:10:50parce que plutôt que de faire cinq concerts sur un mois,
00:10:52on va en faire plus que deux.
00:10:54Moi, je pense que, du coup, je suis journaliste musical.
00:10:56Je découvre de la musique et j'aime de la musique et je l'aime en avant.
00:10:59C'est souvent des gens qui commencent à faire de la musique
00:11:00dans des salles qui sont subventionnées
00:11:02parce que, du coup, ça permet à des jeunes artistes
00:11:05de pouvoir aller faire de la répétition pour 3 euros, 5 euros.
00:11:08Évidemment, on va se retrouver avec des prix qui vont augmenter.
00:11:10Donc, en fait, il y avait une volonté d'essayer de raconter
00:11:12de manière la plus ludique possible.
00:11:14Donc, à travers, évidemment, nous, ce qu'on sait faire,
00:11:16c'est justement rassembler des gens, comme on en parlait,
00:11:18c'est-à-dire les mettre dans une salle,
00:11:20leur faire écouter de la musique ensemble.
00:11:22Moi, c'est justement là où il y a cette chaleur, en effet, qui existe.
00:11:24C'est-à-dire que moi, dans mon appréhension, justement,
00:11:27de la montée extrême droite,
00:11:27c'est quand je vois justement ces scènes qui se remplissent,
00:11:30ces gens qui se rencontrent, qui découvrent et qui aiment de la culture ensemble
00:11:33et dont ils sortent systématiquement avec peut-être un nouveau copain,
00:11:36une nouvelle rencontre, une envie de partager quelque chose.
00:11:39À partir du moment où on menace ça,
00:11:40pour moi, on menace fondamentalement un des enjeux les plus importants
00:11:43de la manière dont on peut vivre ensemble de manière générale.
00:11:47Et voilà, je trouve que c'est extrêmement grave
00:11:50de prendre avec une telle légèreté ce type de décision,
00:11:53puisque la disparition culturelle,
00:11:54c'est pour ça que moi, je parle vraiment d'une bataille pour la culture.
00:11:56Dans mon cas, c'est pour moi, nécessairement,
00:11:58l'augmentation de l'obscurantisme,
00:12:00le fait qu'il y ait de moins en moins de gens qui puissent accéder à des choses
00:12:02qui font en sorte qu'on s'aime les uns les autres.
00:12:05Donc voilà, ça participe en effet d'une réelle bataille,
00:12:07à l'opposé de vouloir pointer du doigt.
00:12:10Et c'est là où on a besoin d'artistes.
00:12:11Et je remercie encore Ben Pelger.
00:12:12Vous avez monté ça en trois jours ?
00:12:14Là, vraiment, ce coup de fil, 4 030,
00:12:17il y avait le premier concert qui était booké.
00:12:19Donc en fait, ça voulait aussi raconter que
00:12:21tous ces gens-là qui se sont mobilisés justement sur un coup de fil,
00:12:23la semaine d'après en étant tournée,
00:12:25on voulait justement valoriser ces métiers
00:12:26et montrer que c'est des gens qui sont tellement passionnés,
00:12:29qu'ils tiennent tellement leur métier à cœur,
00:12:31c'est tellement important pour eux.
00:12:32On a réussi à faire cinq dates.
00:12:34Ça a été une heure et demie, deux heures et demie,
00:12:36juste de coup de fil.
00:12:36On dit mais bien, évidemment, on s'en occupe.
00:12:38Il y a des gens qui disaient, c'était pas grave,
00:12:40j'étais off sur ce jour-là,
00:12:41je vais venir faire ce concert avec vous.
00:12:43Et on a ressenti aussi cette sensibilité de la part du public.
00:12:46C'est-à-dire que du coup, c'est des concerts
00:12:47où on a beaucoup insisté sur la présence de ces métiers.
00:12:50C'était grâce à eux qu'on pouvait faire tout ça.
00:12:52Et on voyait du coup ce lien que ça créait.
00:12:53On a vu plusieurs fois des scènes de tous les gens
00:12:55qui quittaient la salle de concert
00:12:56en s'arrêtant devant le poste du sondi,
00:12:58en le remerciant, en s'arrêtant devant tout le monde.
00:13:00Voilà, donc c'est à la fois quelque chose et pas grand-chose.
00:13:03On a la force en plus de pouvoir le médiatiser,
00:13:05de tourner le documentaire qui raconte ces histoires-là.
00:13:07Allez le voir, il est vraiment bien.
00:13:08C'est touchant, c'est de la joie en fait.
00:13:10C'est exactement ça.
00:13:11C'est une bataille, mais c'est une bataille qui est joyeuse.
00:13:14Exactement.
00:13:14Et l'idée de cet échange, c'est de trouver des idées.
00:13:18L'idée n'est pas née là.
00:13:19On a déjà parlé avec certains d'entre vous avant cette émission.
00:13:23Mais est-ce qu'il ne faut pas qu'on bouge plus, qu'on se déplace,
00:13:27qu'on imagine des tournées, qu'on imagine des rendez-vous ?
00:13:29Parce qu'on est tous ici des gens qu'habitons en région parisienne
00:13:34au moins une grande partie du temps.
00:13:36Mais à Paris, à cause du bois,
00:13:39l'extrême droite n'est pas encore aux portes du pouvoir,
00:13:41mais il y a tout un tas de territoires où elle est là.
00:13:43Il faut peut-être qu'on se bouge un peu plus le cul.
00:13:45Qu'est-ce qu'on doit faire ?
00:13:46Quel genre d'événement on doit organiser ?
00:13:49Sarah, tu as beaucoup été engagée au...
00:13:51Je te lance la balle au moment des législatives.
00:13:55T'es une militante feuvronnée.
00:13:57Sarah Durieux, bonjour.
00:13:58Sarah, t'es militante féministe, tu es une organisatrice.
00:14:01Vous publiez Changer le monde,
00:14:03manuel d'activisme pour reprendre le pouvoir.
00:14:06Militer à tout prix, point d'interrogation.
00:14:08Ce livre, c'est l'aboutissement de 15 ans de militantisme
00:14:11et surtout des dernières années qui ont été de plus en plus difficiles.
00:14:14Faut faire quoi ?
00:14:23C'est quoi ?
00:14:24Là, si on part, on est puissant, on est des gros médias,
00:14:26on est capable de mobiliser des gens.
00:14:28Qu'est-ce qu'on fait ?
00:14:29Je pense que la première chose qu'on fait,
00:14:31c'est qu'on ne fait pas la place des gens,
00:14:32on les aide à s'organiser.
00:14:34Et je pense que ça, c'est un truc qui est fondamental,
00:14:36aussi dans la bataille culturelle.
00:14:37C'est aussi, si on veut mener une bataille culturelle,
00:14:39c'est une bataille où les gens vont se sentir eux-mêmes en puissance.
00:14:42Parce que pourquoi est-ce que l'extrême droite, elle progresse ?
00:14:45Parce qu'il y a un sentiment, finalement,
00:14:46qu'on est pris au piège dans une situation contre laquelle on ne peut rien.
00:14:50Donc, en fait, on se met dans le repli, dans le cynisme.
00:14:52Et donc, nous, si on a quelque chose à faire,
00:14:54c'est redonner, comme tu l'as expliqué,
00:14:55comme vous l'avez fait avec le docu de Mediapart,
00:14:58des idées aux gens, ou en tout cas des moyens
00:15:00pour que les gens puissent se saisir de cette bataille
00:15:03et la faire elles-mêmes et eux-mêmes.
00:15:04Donc, je pense que ce qu'on a fait sur les législatives
00:15:07et qui a été intéressant, c'est qu'on ne s'est pas dit
00:15:08« Nous, les Parisiens, on va aller expliquer la vie à tout le monde ».
00:15:11Justement, on s'est mis en réseau avec des gens
00:15:13qui, sur les territoires, un peu partout en France,
00:15:16faisaient déjà cette bataille.
00:15:17Et on a essayé de réfléchir ensemble
00:15:19sur comment est-ce qu'on mutualisait nos besoins
00:15:21et du coup, comment est-ce qu'on mutualisait aussi nos ressources.
00:15:24Et concrètement, ça a donné quoi ?
00:15:26Et concrètement, ça a donné…
00:15:27En tout cas, il y a eu plein d'initiatives.
00:15:28Donc, moi, je ne pourrais pas parler de tout ce qui s'est passé en France.
00:15:30Mais en tout cas, l'initiative dans laquelle je m'étais engagée,
00:15:32on était plus de 130 personnes
00:15:34qui sont ce qu'on appelle des campaigners,
00:15:36des gens qui font des campagnes habituellement dans plein d'organisations,
00:15:39d'ailleurs pas des organisations forcément politiques,
00:15:41des gens qui sont plutôt dans des assos,
00:15:44dans des collectifs locaux.
00:15:45Et en gros, on s'est dit,
00:15:46on a besoin d'être formé sur comment on utilise TikTok.
00:15:50Donc, il y en avait un qui s'avait formé sur TikTok,
00:15:52qui a formé tout le monde.
00:15:54On a besoin d'avoir des données,
00:15:55on a besoin d'avoir une analyse sur où est-ce qu'il faut aller en priorité.
00:15:58Il y a des gens dans le groupe qui peuvent faire de l'analyse
00:16:00et qui la fournissent à tout le monde.
00:16:02Il y en a d'autres qui ont un lieu.
00:16:03Je pense à une opération qui a été menée par Victoire Populaire
00:16:06avec le soutien de GetUp,
00:16:09qui est une association dans le 93,
00:16:11qui a dit qu'on a besoin d'un lieu pour passer des coups de téléphone
00:16:13et pour avoir des dizaines de gens qui passent des coups de téléphone
00:16:16toute la journée pour inciter les gens à aller voter.
00:16:18Et donc, Victoire Populaire est venue avec sa méthode.
00:16:21GetUp avait un lieu.
00:16:22Et puis, il se trouve que les personnes qui étaient dans le lieu de GetUp
00:16:25ont participé à cette action.
00:16:26Donc, c'est intéressant de se dire que pour mener la bataille culturelle,
00:16:29je pense que c'est vraiment important d'aider les gens à la mener
00:16:32à titre individuel et collectif,
00:16:35mais selon leur propre mode d'action, avec leurs propres mots
00:16:37et aussi auprès de leur propre public.
00:16:40Et ça, c'est la dernière chose que je dirais.
00:16:42Tu dis, nous, on est puissant, mais auprès d'un certain public peut-être.
00:16:45Donc, en fait, comment est-ce qu'on fait en sorte
00:16:46que les meilleurs émetteurs pour parler aux gens
00:16:50sont ceux qui font partie des communautés à qui on a besoin de parler ?
00:16:53Et donc, d'avoir une approche plutôt humble
00:16:55et plutôt de partage de ressources
00:16:57plutôt que d'arriver avec notre gros camion.
00:17:01Je voulais rebondir sur ce que disait Sarah
00:17:02parce que ça m'a fait écho.
00:17:05Pendant les élections législatives anticipées,
00:17:07il y a eu pas mal d'initiatives qui ont été mises en place
00:17:10justement pour ne pas infantiliser, par exemple,
00:17:13les quartiers populaires et leurs habitants,
00:17:15mais plutôt pour les accompagner.
00:17:16Je pense, par exemple, à l'association Génération Panasiatique
00:17:19qui avait édité des tracts sur les enjeux de ces élections-là
00:17:24en huit langues asiatiques.
00:17:26Ils sont partis dans les quartiers à majorité asiatique
00:17:28pour les distribuer.
00:17:29Ça, déjà aussi, c'est un premier levier
00:17:30pour essayer d'inclure le plus de personnes
00:17:32dans le combat politique, dans la bataille culturelle.
00:17:36Je pense aussi à la jeunesse populaire.
00:17:38C'est un collectif qui a été fondé par trois jeunes étudiantes.
00:17:44Sarah Benani, Rania Daki et Mariam Touré.
00:17:46Elles ont écrit une tribune qui a été publiée chez Libération.
00:17:51Elles ont mis en place des ateliers de porte-à-porte.
00:17:54Elles ont mis en place aussi,
00:17:55donné des ressources aux jeunes de quartiers populaires,
00:17:58de zones rurales, des territoires ultramarins
00:18:00pour essayer de comprendre justement les enjeux de ces élections-là.
00:18:05Elles ont aussi mis en place une grande banderole
00:18:08sur la cité des 4000 pour inciter les gens à aller voter.
00:18:10Donc, en fait, il y a ce truc de se dire,
00:18:13au lieu d'infantiliser, de tenir les gens par la main,
00:18:15il faut aussi s'adapter au milieu dans lequel on va se poser
00:18:20pour comprendre des enjeux qui sont parfois loin de nos réalités
00:18:25et en même temps donner des clés, donner nos méthodes aussi,
00:18:30faire un partage pour que tout le monde puisse se politiser plus ou moins.
00:18:34Je rebondis.
00:18:36Toi, tu avais un, je ne sais pas si tu continues,
00:18:38tu es un podcast qui s'appelle « À l'intersection ».
00:18:42Anas Daïf, bonjour.
00:18:43Vous avez publié « Il y a quelques mois et un jour, je suis devenu arabe ».
00:18:46Un essai que l'on pourrait aussi considérer comme un guide de survie
00:18:49pour jeunes racisés dans le monde d'aujourd'hui.
00:18:51Vous êtes journaliste, créateur du podcast « À l'intersection ».
00:18:53J'ai traversé une période où je voulais absolument être une sorte d'arabe intégré.
00:18:56Quand j'étais au lycée,
00:18:57que j'avais arrêté de répondre en arabe à ma mère,
00:19:00quand elle me parlait des fois.
00:19:01En fait, j'ai été dans ce truc de prouver que, en fait,
00:19:04j'étais un bon arabe pendant longtemps.
00:19:06Est-ce que tu peux expliquer le mot « intersectionnalité » ?
00:19:08Parce que je ne suis pas sûr que tout le monde connaisse.
00:19:10Oui, surtout que c'est un mot qui fait tellement peur
00:19:12et qui est repris comme une sorte de fantôme ou de spectre
00:19:15dans les médias Bolloré.
00:19:17Ou pas chez Bolloré, là.
00:19:18Voilà, Dieu merci.
00:19:19Sinon, je ne serai pas là.
00:19:21Mais l'intersectionnalité, c'est un concept qui a été nommé,
00:19:26mais pas théorisé par Kimberley Crenshaw,
00:19:28qui est une juriste et chercheuse afro-américaine à la fin des années 80.
00:19:33Et en fait, c'est l'idée selon laquelle
00:19:34une personne peut subir plusieurs discriminations
00:19:37qui vont interagir entre elles.
00:19:39Kimberley Crenshaw a conceptualisé ce terme-là.
00:19:42Après, c'était un procès avec des femmes noires et latino
00:19:49qui n'arrivaient pas à qualifier les discriminations
00:19:53qui étaient subies par l'emploi.
00:19:54Elle s'est rendue compte que c'était à la fois leur genre et leur origine.
00:19:57Et en fait, elle a repris les travaux d'Angela Davis,
00:20:01de Patricia Hill Collins, de Bell Hooks.
00:20:03Et c'est l'idée qu'on est à l'intersection de plusieurs identités
00:20:07et celles-ci se cumulent l'une avec les autres.
00:20:12Et voilà.
00:20:13Et donc, dans ton podcast, tu donnes la parole
00:20:15à des gens qui sont à l'intersection de plusieurs identités.
00:20:20Moi, je me pose une question.
00:20:21Et c'est une vraie question.
00:20:23Ce n'est pas une question de rhétorique.
00:20:24Est-ce que ça a du sens, par exemple,
00:20:27d'imaginer qu'on aille enregistrer un podcast comme ça
00:20:30depuis Béziers, où c'est Robert Ménard, un maire d'extrême droite ?
00:20:34Est-ce que c'est pertinent, utile,
00:20:37parce qu'on donne à voir des réalités différentes ?
00:20:39Parce qu'aussi, dans ces territoires-là,
00:20:42il n'y a pas que des gens qui votent d'extrême droite,
00:20:44il y a des gens de plein de profils différents ?
00:20:46Ou est-ce que, en fait, c'est un peu trop schématique comme réponse ?
00:20:51D'aller parler à des gens de Béziers,
00:20:53peu importe le bord politique ?
00:20:57On ouvre une salle à Béziers, on réserve une salle,
00:20:59on y va, on fait une scène, on enregistre le truc,
00:21:01on ne choisit pas qui vient.
00:21:03Par définition, ceux qui viennent,
00:21:04on sait qu'ils ont envie de venir,
00:21:05mais on leur a interdit, on ne trie pas à l'entrée.
00:21:08Alors moi, dans une perspective militante, antiraciste,
00:21:11j'ai un peu peur, en fait, d'utiliser une plateforme,
00:21:14comme à l'Intersection, par exemple,
00:21:15pour donner la parole à des personnes
00:21:18qui pourraient potentiellement avoir un discours qui est dangereux.
00:21:20Parce que quand je dis dangereux,
00:21:21c'est que les idées racistes qu'on pourrait potentiellement avoir,
00:21:24je ne dis pas que tous les habitants de Béziers sont racistes, évidemment,
00:21:27mais les idées racistes, homophobes, misogynes et compagnie,
00:21:30en fait, ont des conséquences réelles sur la vie des gens.
00:21:32Bien sûr.
00:21:33Après, je ne dis pas d'aller inviter des gens d'extrême droite.
00:21:36Bien sûr.
00:21:36On choisit qui en invite quand même.
00:21:38Mais c'est très important, en fait, de décentrer,
00:21:40n'empêche de se décentrer de Paris et de l'Île-de-France,
00:21:43et des grandes villes, finalement.
00:21:45Et ça, c'est vrai que c'est quelque chose que je me reproche,
00:21:47parce que je vis à Paris, intra-Muros.
00:21:50Et en fait, à part la région parisienne,
00:21:52je n'ai pas vraiment donné la parole à des personnes de tous bords,
00:21:56sachant que des questionnements identitaires
00:21:57entre des personnes racisées du sud de la France,
00:21:59du nord de la France ou du centre sont parfois très différentes.
00:22:03Donc oui, c'est vrai que ce serait bien de prendre à l'intersection
00:22:06un petit camion et partir partout en France
00:22:10pour donner la parole justement à des personnes.
00:22:11Moi, dans le cas de mon podcast, vu que l'angle,
00:22:14c'est la racisation des personnes racisées,
00:22:15voilà, de tous ces milieux, totalement.
00:22:18Oui, parce qu'en plus, sur la question des personnes racisées
00:22:21et des discriminations, souvent dans l'imaginaire,
00:22:23on ramène ça au 93, à la banlieue parisienne.
00:22:26Il y a quand même un truc où on rattache ça, alors que...
00:22:29C'est ça.
00:22:29Et alors que les expériences de discrimination vécues en région
00:22:33sont différentes de celles qui sont vécues à Paris,
00:22:35en région parisienne.
00:22:36Je me rappelle que quand Samuel Paty a été tué,
00:22:39ma tante m'avait appelé le lendemain.
00:22:41Elle regardait la télé et elle pleurait parce qu'elle me disait
00:22:44« Je ne sais pas si je peux porter le voile encore ou pas. »
00:22:46Et je lui ai dit « T'inquiète, tu es à Paris. »
00:22:48Ce n'est pas quelque chose que j'aurais potentiellement pu dire
00:22:51dans d'autres régions ou dans d'autres communes en France.
00:22:55L'autre sujet, alors on a parlé de la géographie,
00:22:58on a parlé des personnes racisées.
00:23:01Il y a aussi une question de classe sociale.
00:23:03Souvent, c'est des personnes qui ont fait des études
00:23:07qui viennent porter un discours
00:23:10et un peu expliquer comment il faut bien voter,
00:23:13comment il faut bien penser dans des territoires
00:23:15où on se déplace parce qu'ils ne votent pas bien
00:23:18ou ils ne pensent pas bien.
00:23:19Il y a quand même cet enjeu-là.
00:23:21Et Mélissa, tu as organisé cet été sur Twitch
00:23:25un concept que j'ai trouvé intéressant.
00:23:27Tu avais fait des cahiers de vacances militants sur Twitch
00:23:29et ce qui m'a marqué là-dessus, c'était que l'idée n'était pas d'éduquer,
00:23:34mais de s'éduquer avec.
00:23:36C'est l'expression que tu avais utilisée dans un carousel sur Insta.
00:23:39Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
00:23:41C'était quoi ce format ?
00:23:42Mélissa, tu as 26 ans.
00:23:44Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien.
00:23:45Bienvenue dans ce nouvel épisode de Deep.
00:23:47Le féminisme est un danger pour la société.
00:23:50Quand on est une femme de banlieue qui sort de sa banlieue,
00:23:52on a cette double peine.
00:23:53Tu attends toutes les injonctions d'une femme
00:23:55et en même temps, les injonctions de banlieue
00:23:57où il y a un peu ce truc-là de qu'est-ce qu'elle veut celle-là,
00:23:59pourquoi elle vient ici.
00:24:00Oui, on a eu l'idée du coup avec Christa Van Gogh,
00:24:02donc une créatrice de contenu afro-féministe
00:24:05et qui est surtout sur l'antiracisme.
00:24:06Et je trouvais qu'on se complétait vachement bien.
00:24:08Donc on s'est rencontrés à l'occasion de création de contenu
00:24:11et on se disait qu'on part toutes les deux pas en vacances
00:24:13parce qu'on n'a pas d'argent.
00:24:15Il y en a plein qui ne partent pas en vacances
00:24:16et surtout, en fait, on prend la pause d'été.
00:24:20Tous les créateurs de contenu prennent une pause
00:24:21et c'est normal, on en a besoin.
00:24:22Mais du coup, qu'est-ce qu'on fait ?
00:24:23Est-ce qu'on arrête de s'éduquer ?
00:24:25Est-ce qu'on continue à voir l'actualité ?
00:24:27Surtout qu'on sait qu'il y a beaucoup de choses
00:24:28qui se passent pendant l'été
00:24:29pendant que les gens ne regardent plus trop la télé.
00:24:32Et on n'a pas eu la prétention de se dire
00:24:34qu'on sait tout parce qu'on est loin de tout savoir.
00:24:37Et je comprends de plus en plus
00:24:40que j'apprends beaucoup des gens
00:24:41avec qui je peux aujourd'hui parler
00:24:44sur mes réseaux sociaux,
00:24:45donc aussi ma communauté,
00:24:47et qui peuvent commenter.
00:24:48Et sur Twitch, c'est encore plus intéressant
00:24:49parce que c'est du live.
00:24:49C'est la même chose dans les violences conjugales
00:24:51et tout, regarde moi ce que je t'apporte
00:24:52comme amour, regarde ce que je t'apporte
00:24:53comme argent, comme confort, comme sécurité.
00:24:56Du coup, sans moi, si t'es plus avec moi,
00:24:57tu seras encore plus mal.
00:24:58Et du coup, les personnes,
00:25:00on voit qu'ils sont hyper instruits.
00:25:02Et en live direct, si moi j'ai pas la réponse,
00:25:04eux, ils vont me la donner.
00:25:05Donc c'est un échange hyper constructif.
00:25:07Et là, c'est la première fois
00:25:08qu'on s'est lancé sur Twitch.
00:25:08Bon, on a eu un raid de néo-nazis
00:25:10sur le premier jour,
00:25:11mais à part ça, ça a été.
00:25:12Ils ont enfin compris que j'étais feu,
00:25:14j'ai pas musulmane.
00:25:14D'abord, je vivais l'islamophobie.
00:25:16Maintenant, c'est de l'antisémitisme.
00:25:17Mais c'est les joies
00:25:19d'être engagées sur les réseaux.
00:25:20Et puis, je pense que c'est bien
00:25:22d'être humble comme ça
00:25:23et de pas culpabiliser les gens,
00:25:25de poser des questions,
00:25:27de pas savoir.
00:25:28Et en fait, moi, c'est ce que je fais
00:25:29pour mon travail,
00:25:30c'est de regarder des docu,
00:25:32de m'instruire sur des sites
00:25:33Street Press, Mediapart,
00:25:35de regarder vos enquêtes.
00:25:36Et là, je me suis dit,
00:25:36en fait, on peut le faire avec Christa
00:25:38et en plus la communauté.
00:25:40Et donc, c'était vachement cool
00:25:41de le faire comme ça.
00:25:42Puis c'est la culture de Twitch aussi.
00:25:43Il y a un truc de Twitch
00:25:44quand on ne sait pas,
00:25:45on demande au chat,
00:25:47on va chercher sur Internet
00:25:48la réponse.
00:25:50Vous avez un format
00:25:50un peu comme ça
00:25:51ou je ne sais plus.
00:25:52C'était un réseau d'augmentation
00:25:57de Wikipédia.
00:25:58Mais en gros, il y avait la logique
00:26:00en effet de remettre
00:26:01quelque chose
00:26:01de l'ordre du participatif.
00:26:02Donc en gros, on partait d'une...
00:26:03C'est exactement la même idée
00:26:05mais appliquée à la musique.
00:26:06Donc moi, je trouve ça intéressant.
00:26:07C'est-à-dire qu'on s'interroge
00:26:07exactement sur
00:26:08comment est-ce que
00:26:09les nouvelles méthodes
00:26:11d'expression on va dire médiatique
00:26:13inventent aussi des nouveaux formats.
00:26:14Donc en gros, c'était la même logique.
00:26:16C'est-à-dire qu'on partait
00:26:16d'une page Wikipédia
00:26:17par exemple.
00:26:18C'est un très bon journaliste
00:26:18qui s'appelle David Bola
00:26:19et qui partait d'un genre musical.
00:26:21Et en fait, il commençait à...
00:26:23Il voulait faire en sorte
00:26:23par exemple sur un genre
00:26:24underground américain
00:26:26où la page était gigantesque
00:26:27que la page française
00:26:28soit mille fois plus grosse
00:26:29à la fin de l'émission.
00:26:30Et du coup, il fait participer
00:26:31l'ensemble du chat
00:26:32dans cette logique.
00:26:33Et donc en gros,
00:26:34il pose des questions,
00:26:34il mène son enquête
00:26:35et tout le monde commence à enquêter.
00:26:36Et en fait, lui,
00:26:37tout le monde écrit
00:26:38la page Wikipédia
00:26:39en même moment
00:26:39et ça crée justement
00:26:40de la connaissance en commun.
00:26:41En fait, c'est la logique
00:26:42du Wikinote.
00:26:43C'est une espèce de truc
00:26:44un peu de rêve de l'Internet.
00:26:45Il y a des gens
00:26:46qui ont envie de partager le savoir.
00:26:48Et en fait, du coup,
00:26:49c'est l'émission qu'il racontait.
00:26:50Et c'est vrai que moi,
00:26:51je trouve que des modèles comme ça
00:26:52appliqués en plus
00:26:53aux enjeux
00:26:54qu'on est en train de vivre
00:26:55en ce moment
00:26:55et qui sont les enjeux
00:26:56justement de résistance.
00:26:57Moi, je parle de résistance
00:26:58déjà par rapport à ce qui arrive.
00:26:59Je trouve que c'est
00:27:00les meilleures idées du monde
00:27:00parce que c'est justement
00:27:01cette mise en commun
00:27:02à la fois des récits,
00:27:04à la fois des savoirs
00:27:04et à la fois des moyens de lutte
00:27:06qui sont, à mon avis,
00:27:06les enjeux qui sont
00:27:08ceux les plus importants
00:27:09dont on va parler,
00:27:10je pense, dans cette émission.
00:27:11Il y a un enjeu aussi
00:27:13de créer des passerelles,
00:27:14c'est-à-dire qu'il y a des savoirs
00:27:15qui sont présents
00:27:16chez des gens
00:27:17parfois qu'on ne connaît pas du tout,
00:27:20qui sont isolés dans un coin
00:27:21parce qu'ils ont une passion
00:27:22sur un sujet,
00:27:23une obsession,
00:27:24une compétence.
00:27:24Tu en parlais tout à l'heure,
00:27:26des gens qui savent faire des TikTok,
00:27:27d'autres qui savent analyser
00:27:30comment on fait pour créer
00:27:31ces passerelles-là.
00:27:33Nous, à Street Press,
00:27:35depuis longtemps,
00:27:36on travaille sur l'extrême droite,
00:27:37mais depuis les législatives,
00:27:38on est encore plus
00:27:40dans une démarche de mobilisation
00:27:41et ça a créé des passerelles
00:27:44avec plein de milieux
00:27:45et on voit qu'il y a,
00:27:46par exemple,
00:27:46des écosystèmes écolos
00:27:48qui sont très connectés entre eux,
00:27:49mais qui ne sont pas du tout
00:27:50connectés avec des écosystèmes
00:27:53quartier populaire,
00:27:54pas du tout connectés
00:27:55avec des écosystèmes
00:27:56plus militants, ouvriers,
00:27:58à la CGT, etc.
00:28:01Et comment on fait
00:28:01pour créer ces rencontres-là ?
00:28:03C'est aussi des mondes
00:28:04qui ne parlent pas la même langue.
00:28:05Je ne sais pas.
00:28:06Est-ce que vous avez des expériences
00:28:07qui marquent ?
00:28:08Pour l'écologie et la banlieue,
00:28:10on a quand même
00:28:10Banlieue Climat
00:28:11qui est porté par Ferris Barkat
00:28:12et je pense que
00:28:13c'est quelqu'un
00:28:13qui apporte
00:28:14de belles nouveautés,
00:28:16de belles opportunités
00:28:17de prouver
00:28:18qu'on peut faire avancer
00:28:19les choses.
00:28:20Là, il est devenu prof
00:28:20à la Sorbonne,
00:28:22il a 23 ans,
00:28:23il est partout
00:28:23sur France Inter
00:28:24donc c'est trop bien.
00:28:25Même s'il y en a
00:28:26qui vont me dire
00:28:26que ça devienne coqueluche.
00:28:27Je pense qu'on a besoin
00:28:28d'avoir certaines coqueluches
00:28:28parfois.
00:28:29Il n'y a pas longtemps,
00:28:30il a fait un événement
00:28:30à la Porte Dorée
00:28:31parce que lui,
00:28:32il vient des quartiers
00:28:33de Strasbourg
00:28:33et on avait refusé
00:28:34d'organiser
00:28:36un concours d'éloquence
00:28:37parce que certaines
00:28:38participantes portaient le voile
00:28:39et ils ne se sont pas
00:28:40laissés démonter.
00:28:41Ils sont partis
00:28:41à la Porte Dorée
00:28:42avec toute la symbolique
00:28:43que c'est le musée
00:28:44de l'immigration
00:28:45et ils ont fait.
00:28:48J'étais juste là
00:28:49à regarder dans le public
00:28:50et c'était génial
00:28:50et c'était sur l'exil
00:28:51et donc toutes ces femmes
00:28:53sont venus,
00:28:53tous ces hommes sont venus
00:28:54et on a pu parler,
00:28:56parler de nos vécus
00:28:56et ça fait du bien
00:28:58de voir des personnes
00:28:59qui partagent
00:29:00un peu les mêmes histoires
00:29:01même si on avait
00:29:01tous et toutes
00:29:02des origines différentes.
00:29:03Au final,
00:29:04on partage un peu
00:29:04la même chose
00:29:06et donc je pense
00:29:07qu'on peut le faire.
00:29:08On peut le faire
00:29:08si on s'autorise
00:29:09à arriver grand.
00:29:11Féris nous le montre.
00:29:12Je pense à Histoire Crépue
00:29:12aussi qui fait ça très bien
00:29:14avec qu'ils ont
00:29:15un Discord organisé,
00:29:17on essaye de se mobiliser
00:29:18tous ensemble
00:29:18et c'est cool,
00:29:20ça fonctionne.
00:29:21Je pense qu'on peut le faire.
00:29:21Et puis,
00:29:22il y a un truc
00:29:22qui est vraiment cool,
00:29:23c'est que tu dis
00:29:24j'étais dans le public
00:29:24et après tu dis on.
00:29:26Oui.
00:29:26Et ça,
00:29:27c'est trop bien.
00:29:27En fait,
00:29:28ça veut dire
00:29:29que tu t'es sentie
00:29:30du projet
00:29:31en y étant
00:29:32et ça,
00:29:33c'est vraiment...
00:29:34Carrément,
00:29:34parce qu'enfin,
00:29:34c'est des personnes
00:29:35qui sont sur scène
00:29:36mais qui nous parlent.
00:29:38Moi,
00:29:38je viens de banlieue aussi
00:29:39et moi,
00:29:40je ne me sens pas parisienne.
00:29:41Tout à l'heure,
00:29:41on parlait de Paris.
00:29:43Je mets une heure
00:29:43pour venir ici,
00:29:44j'habite en 93,
00:29:45donc je partage
00:29:46beaucoup de vécu
00:29:47de personnes
00:29:47qui habitent en région.
00:29:49Quand j'arrive ici,
00:29:50le mépris,
00:29:50on le sent encore.
00:29:51Donc eux,
00:29:52ce qu'ils vivent à Strasbourg
00:29:53mais en quartier,
00:29:54c'est la même chose
00:29:54que ce que nous,
00:29:55on vit dans nos quartiers
00:29:55de Paris
00:29:56et il faut qu'on puisse discuter
00:29:59et je pense que les réseaux,
00:29:59ça,
00:30:00ça aide beaucoup aussi.
00:30:01Moi,
00:30:02là où je suis tout à fait
00:30:03d'accord avec ça
00:30:04et je pense que tu as dû
00:30:04le ressentir de la manière
00:30:05justement dans le cadre
00:30:06de tes émissions sur Twitch,
00:30:07dans le cadre de la musique
00:30:08par exemple,
00:30:09souvent,
00:30:09il y a aussi ce récit
00:30:10qui existe déjà
00:30:11où quand on parle
00:30:11par exemple de mouvements musicaux,
00:30:12ce qui est monté,
00:30:13c'est qu'on pense forcément
00:30:14aux salles parisiennes
00:30:15qu'on remplit,
00:30:16on pense à ces grands trucs
00:30:17qui sont des choses
00:30:18qui sont des marqueurs
00:30:19temporels
00:30:20et des trucs importants
00:30:20par rapport à des genres
00:30:21et ce qui est très intéressant
00:30:22dans ce dialogue
00:30:23qui se met en place
00:30:24dans ce contexte-là,
00:30:24c'est aussi des réalités locales
00:30:25qui remontent
00:30:26et sur lesquelles
00:30:26il faut vraiment s'appuyer
00:30:27parce qu'en fait,
00:30:29moi,
00:30:29dans le cadre par exemple
00:30:30de la tournée
00:30:31qu'on a faite avec BenPLG,
00:30:32il a fallu du coup
00:30:32qu'on soit dans une démarche
00:30:33de cette tournée
00:30:34de savoir où est-ce
00:30:35qu'on fléchait justement
00:30:36les sous qu'on récoltait
00:30:37dans le cadre
00:30:37de ces tournées-là
00:30:39et en fait,
00:30:39on se rend compte
00:30:39qu'on est sur des réalités
00:30:40qui sont totalement différentes.
00:30:41C'est-à-dire que par exemple,
00:30:42on a donné des sous
00:30:43pour aider les caisses de grève
00:30:45autour d'un théâtre
00:30:46qui venait d'être expulsé
00:30:47à Nain-Beaumont
00:30:48parce qu'évidemment,
00:30:48il se faisait remplacer
00:30:49pour des raisons culturelles
00:30:50par la municipalité
00:30:51de RN de l'endroit
00:30:52mais ce n'est pas exactement
00:30:53la même réalité
00:30:53qui se passe
00:30:54quand on va se retrouver
00:30:55à Montpellier
00:30:55parce que ce n'est pas
00:30:56les mêmes démarches
00:30:57et en fait,
00:30:57du coup,
00:30:58je pense qu'on a
00:30:59un vrai devoir
00:31:00et un vrai enjeu aujourd'hui
00:31:01et c'est pour ça
00:31:01qu'on doit occuper le terrain
00:31:02et je reprends
00:31:03ce que tu disais aussi
00:31:04notamment écouter les gens
00:31:06et du coup apporter
00:31:07ces outils
00:31:07pour justement
00:31:08comprendre leur réalité
00:31:09c'est qu'on a un vrai besoin
00:31:10de recensement,
00:31:11je pense,
00:31:11et qu'en fait,
00:31:12il y a une diversité
00:31:12du ressenti
00:31:13de la question de l'extrême droite
00:31:14en fonction des territoires.
00:31:15Il y a un discours médiatique
00:31:16qu'on connaît par cœur
00:31:18et qui est relayé
00:31:18par les médias Bolloré
00:31:19mais justement,
00:31:20je pense que c'est fondamental
00:31:22qu'on réancre justement
00:31:23dans le cadre
00:31:24d'une potentielle tournée
00:31:25ou des endroits
00:31:25où on devrait aller.
00:31:26On parlait de baiser
00:31:27ce genre de choses.
00:31:27Si ces initiatives existent,
00:31:29elles sont vraiment faites
00:31:30je pense pour justement
00:31:31tendre des micros
00:31:32plutôt que venir
00:31:32énoncer quelque chose
00:31:33et de rester...
00:31:35Moi,
00:31:35de plus en plus,
00:31:36on travaille sur des formes documentaires
00:31:37nous à travers la musique
00:31:38parce qu'on se rend compte
00:31:39qu'elles racontent des choses
00:31:40sociétales extrêmement importantes.
00:31:41Je pense qu'en tout cas,
00:31:42moi,
00:31:42c'est là dans l'urgence
00:31:43qui est la nôtre.
00:31:44Je pense que c'est
00:31:45un désir d'écoute
00:31:46parce que la frustration
00:31:46et le vote RN
00:31:47est par définition
00:31:48un sentiment de ne pas être entendu.
00:31:49Je pense que c'est
00:31:50nos responsabilités médiatiques
00:31:51aujourd'hui de le faire.
00:31:52En tout cas,
00:31:56je pense que c'est là
00:31:57où on gagne des batailles
00:31:57pour de vrai.
00:31:59Peut-être de rebondir là-dessus
00:32:00parce que justement,
00:32:01ce qu'on dit pour moi,
00:32:02la bataille contre l'extrême droite,
00:32:04c'est d'abord la bataille
00:32:04pour des valeurs
00:32:06qu'on veut défendre.
00:32:06Et je pense que c'est important
00:32:07parce que moi,
00:32:08je travaille beaucoup
00:32:08avec des gens
00:32:09qui ne sont pas forcément
00:32:10en Europe occidentale
00:32:11et pour eux,
00:32:12le danger,
00:32:13ce n'est pas toujours
00:32:14l'extrême droite
00:32:14dans le sens où
00:32:15c'est les autoritarismes
00:32:16en général
00:32:17et ils peuvent prendre
00:32:18plein de formes.
00:32:18Et je pense que le cœur
00:32:19des autoritarismes,
00:32:20justement,
00:32:21c'est de faire en sorte
00:32:22de couper les liens
00:32:23entre les gens.
00:32:24Ce que je disais tout à l'heure
00:32:25sur le cynisme,
00:32:26c'est aussi de dire
00:32:26qu'on est isolé
00:32:27et en fait,
00:32:28notre seule manière
00:32:29de survivre,
00:32:30c'est de créer
00:32:30notre petite forteresse
00:32:32à nous
00:32:32et de rester en tout cas
00:32:33entre nous
00:32:34et avec les gens
00:32:35qui nous ressemblent.
00:32:36Et donc,
00:32:36pour moi,
00:32:37prôner les valeurs,
00:32:38en tout cas,
00:32:39arriver à faire
00:32:39la bataille culturelle,
00:32:40c'est pousser certaines valeurs
00:32:41pour que justement,
00:32:42elles deviennent la norme.
00:32:44Et parce qu'on parle
00:32:45de bataille culturelle,
00:32:45mais pour moi,
00:32:46la culture,
00:32:47c'est quoi ?
00:32:47C'est des normes
00:32:47qu'on considère
00:32:48comme immuables ou normales.
00:32:50Et donc,
00:32:50à mon avis,
00:32:51la bataille culturelle,
00:32:52elle se fait
00:32:52dans nos modes d'action,
00:32:53mais elle se fait aussi
00:32:53dans les valeurs
00:32:54qu'on va promouvoir.
00:32:55Et une des valeurs
00:32:56qu'on peut promouvoir
00:32:57pour faire le lien
00:32:57avec ce que tu disais,
00:32:58c'est les liens avec les gens.
00:32:59C'est de se dire
00:32:59qu'en fait,
00:33:00en tant que personne,
00:33:01qu'on se considère militant
00:33:03ou pas militant,
00:33:03on s'en fout,
00:33:04mais en tant que personne
00:33:05qui a envie de changer les choses,
00:33:06la première chose
00:33:07que je peux faire,
00:33:07c'est aller vers les gens
00:33:08qui sont autour de moi.
00:33:09C'est aller parler
00:33:10à mes voisins
00:33:11quand j'habite
00:33:11dans un immeuble
00:33:12ou voire même
00:33:13si je n'ai pas de voisins,
00:33:14aller le plus possible
00:33:16à la rencontre des gens.
00:33:17C'est de faire en sorte
00:33:18aussi de parler
00:33:18à des gens qu'on ne connaît pas
00:33:19ou à des gens
00:33:20qui ne pensent pas comme nous.
00:33:21Et ça,
00:33:21je le dis plus
00:33:22pour notre petit milieu militant.
00:33:24On a aussi tendance
00:33:24à s'adresser plus
00:33:25soit aux gens
00:33:26qui sont d'accord avec nous,
00:33:28soit aux gens
00:33:28qui sont contre nous.
00:33:30Là,
00:33:30l'extrait qu'on a vu,
00:33:32ça n'est pas fait pour nous.
00:33:34Cet extrait à la télévision,
00:33:35on voit tout le cadrage
00:33:36médiatique autour
00:33:36de la condamnation
00:33:38de Sarkozy.
00:33:39Ce n'est absolument pas
00:33:39adressé aux militants de gauche.
00:33:41C'est adressé
00:33:41à l'ensemble de la population
00:33:42qu'on peut convaincre
00:33:43qu'en effet,
00:33:44c'est une pauvre victime.
00:33:45Et nous,
00:33:45en tant que militants de gauche,
00:33:46on doit s'adresser aux gens
00:33:48et pas à nous-mêmes
00:33:49et pas à des gens
00:33:50qui sont d'accord avec nous.
00:33:51Alors même si c'est bien
00:33:51de se motiver entre nous.
00:33:53Donc cette question,
00:33:54pour moi,
00:33:54des valeurs
00:33:55et de recréer du lien,
00:33:56c'est le premier outil
00:33:57de bataille culturelle.
00:33:59C'est de renforcer
00:34:00que la normalité,
00:34:01c'est d'être avec les autres,
00:34:02c'est d'être en solidarité.
00:34:04Parce que pour moi,
00:34:04la gauche,
00:34:05c'est la solidarité.
00:34:06C'est la valeur cardinale.
00:34:07C'est le fait de dire
00:34:08qu'on ne réussit que
00:34:09quand on est ensemble.
00:34:10Et donc ça passe par,
00:34:11comme tu dis,
00:34:11créer des liens
00:34:12sur les territoires,
00:34:13créer des liens
00:34:13avec les gens autour de nous
00:34:14et aussi toujours
00:34:15se poser la question
00:34:16de la curiosité des autres
00:34:18et de ne pas être
00:34:19dans nos idées préconçues.
00:34:21Je pense, moi,
00:34:23fondamentalement,
00:34:24que la grande majorité
00:34:25des Français partagent
00:34:27des valeurs
00:34:27qui sont des valeurs de gauche.
00:34:28D'ailleurs,
00:34:29ça se voit dans plein d'études.
00:34:30Il y a un livre
00:34:30qui s'appelle
00:34:32des Français,
00:34:33je crois que c'est ça le titre,
00:34:34et qui dit qu'en fait,
00:34:35il y a une droitisation
00:34:35des élites,
00:34:36mais en fait,
00:34:36globalement,
00:34:37la population,
00:34:38elle est plutôt
00:34:38sur des valeurs progressistes
00:34:40qui progressent en plus.
00:34:41Donc, aller chercher
00:34:42ces gens-là,
00:34:43aller à Béziers,
00:34:44même si ce n'est pas
00:34:44faire un truc spécifiquement,
00:34:46ce n'est pas l'idée
00:34:47de donner la parole
00:34:48à des gens qui sont racistes,
00:34:49mais de se dire
00:34:49est-ce qu'il y a des gens
00:34:50à Béziers
00:34:50qu'on peut aller,
00:34:51en fait,
00:34:52pas seulement convaincre,
00:34:53mais on peut aller comprendre
00:34:54pourquoi ils n'ont pas encore
00:34:55rejoint notre camp,
00:34:56entre guillemets,
00:35:02je trouve qu'on confond
00:35:03est-ce qu'il faut parler
00:35:05à Éric Zemmour
00:35:06à est-ce qu'il faut parler
00:35:07à un électeur
00:35:08d'extrême droite ?
00:35:09Je ne crois pas
00:35:10que même si on s'y met
00:35:11tous les six
00:35:12pendant quatre heures,
00:35:13on va retourner le cerveau
00:35:13d'Éric Zemmour
00:35:14et qu'à la fin,
00:35:15il ne sera plus d'extrême droite.
00:35:17Et je pense que
00:35:17le défi de le faire
00:35:18sur un plateau télé
00:35:19est une mauvaise idée,
00:35:20parce qu'il y a aussi
00:35:21ce truc-là de
00:35:22« Ouais, mais moi,
00:35:23je vais le battre
00:35:24dans le débat. »
00:35:25En fait,
00:35:25personne ne bat personne.
00:35:27Chacun fait ses montages,
00:35:29fait ses édits de TikTok,
00:35:30on les balance et machin.
00:35:31Mais par contre,
00:35:33l'électeur de reconquête
00:35:35du Rassemblement national,
00:35:37cet électeur-là,
00:35:38par certains côtés,
00:35:40il est raciste,
00:35:41il est homophobe, etc.
00:35:43Mais il y a aussi
00:35:45des choses en commun
00:35:45qu'on partage avec lui.
00:35:46Il est peut-être
00:35:47superacteur du même club de foot,
00:35:48il travaille peut-être
00:35:49dans la même entreprise,
00:35:50il a peut-être
00:35:50les mêmes réalités sociales.
00:35:51Et je pense qu'on peut
00:35:52attraper les gens
00:35:53parce qu'on partage
00:35:54et pas seulement
00:35:55parce qu'ils nous séparent.
00:35:56C'est un peu un lieu commun
00:35:57de dire ça,
00:35:57mais il y a quand même
00:35:58ce sujet-là.
00:36:00La manière dont on répond
00:36:01à cette analyse
00:36:03que tu fais à Mediapart,
00:36:05c'est qu'on refuse
00:36:07de donner la parole
00:36:08à des personnalités
00:36:10du Front national,
00:36:12j'allais dire,
00:36:13du Rassemblement national.
00:36:15C'est-à-dire qu'on n'interview pas
00:36:16des représentants
00:36:17de ce parti
00:36:18qu'on considère
00:36:19comme un parti
00:36:19qui n'est pas comme les autres,
00:36:21qui est un parti
00:36:21qui est dangereux
00:36:22pour la démocratie.
00:36:24Je parle de celui-ci,
00:36:25je parle de celui
00:36:26de Zemmour
00:36:27et de Marion Maréchal-Le Pen
00:36:29de la même manière.
00:36:31Tous les partis
00:36:31d'extrême droite,
00:36:32on considère
00:36:33qu'ils sont dangereux
00:36:34pour la démocratie
00:36:34et qu'à ce titre,
00:36:36notre responsabilité
00:36:37journalistique,
00:36:39c'est de ne pas
00:36:39leur tendre le micro.
00:36:41Donc,
00:36:42vous ne verrez jamais
00:36:43dans les colonnes
00:36:43de Mediapart
00:36:44un entretien
00:36:45avec un de ses représentants.
00:36:47Je rappelle que c'est
00:36:50la pratique en Belgique
00:36:53depuis des années.
00:36:55Dans ce qu'on appelle
00:36:55un cordon sanitaire,
00:36:56on ne donne pas la parole
00:36:56à l'extrême droite
00:36:57ici en Belgique francophone.
00:36:58C'est quelque chose
00:36:58qui existe chez nous.
00:37:00Et du coup,
00:37:00dans les urnes,
00:37:01ça donne quoi ?
00:37:01Justement,
00:37:02en Belgique francophone,
00:37:02on n'a pas l'extrême droite,
00:37:03on l'a beaucoup
00:37:04de l'autre côté du pays,
00:37:05du côté flamand.
00:37:06Et c'est comme ça
00:37:06qu'ils ont construit
00:37:07quand même
00:37:08une forme de cordon sanitaire
00:37:10dont on a observé
00:37:11en France ces derniers jours
00:37:12à quel point
00:37:12il est désormais
00:37:13complètement brisé
00:37:14puisque l'Assemblée nationale
00:37:16a voté
00:37:17pour la première fois
00:37:19une proposition
00:37:20de résolution
00:37:21proposée
00:37:22par le Rassemblement national.
00:37:25C'est une première historique.
00:37:27C'est une catastrophe absolue.
00:37:29Avec LR,
00:37:31avec le parti horizon
00:37:32d'Édouard Philippe,
00:37:34avec l'absence
00:37:35remarquée
00:37:37des macronistes.
00:37:40Voilà,
00:37:40c'est vraiment important
00:37:43de le signaler.
00:37:43en Belgique,
00:37:45le cordon sanitaire
00:37:46reste relativement fort,
00:37:51notamment parce qu'il y a
00:37:52tout un tas d'autres raisons.
00:37:53Je ne vais pas vous dresser
00:37:55le portrait politique
00:37:57de la Belgique,
00:37:58mais en tout cas,
00:38:00ce facteur
00:38:01du refus
00:38:03de la presse,
00:38:05des médias,
00:38:06y compris aux individuels,
00:38:08de donner la parole
00:38:09aux représentants
00:38:10du Front national,
00:38:11je trouve que c'est intéressant.
00:38:12et évidemment,
00:38:14c'est à mettre
00:38:14complètement
00:38:15en regard
00:38:18avec,
00:38:19au contraire,
00:38:19le fait
00:38:20de raconter
00:38:22ce qui se passe
00:38:23dans l'électorat
00:38:24du RN,
00:38:25comment il évolue,
00:38:26comment il se transforme,
00:38:28comment il est perméable
00:38:29ou non
00:38:29à la manière
00:38:30dont les débats
00:38:31sont cadrés
00:38:31par l'extrême droite
00:38:32et notamment
00:38:33la sphère Bolloré,
00:38:34puisqu'évidemment,
00:38:35c'est très important,
00:38:36je crois que massivement,
00:38:37ce qui est en train
00:38:37de se passer.
00:38:37C'est ça,
00:38:39qu'on est dans une sulfateuse
00:38:42qui est en train
00:38:43de recomposer
00:38:44l'ensemble du paysage
00:38:45médiatique
00:38:45et que ça provoque
00:38:48des transformations
00:38:49de réflexion
00:38:53de la part
00:38:53de l'électorat.
00:38:55Donc ça,
00:38:55effectivement,
00:38:56je pense que c'est
00:38:57un grand enjeu,
00:38:58mais pour moi,
00:38:58c'est très différent
00:38:59de considérer
00:39:01d'une part
00:39:02les représentants politiques
00:39:03et d'autre part
00:39:04les électeurs,
00:39:06les potentiels électeurs
00:39:07du RN
00:39:08et savoir effectivement
00:39:09comment on s'adresse
00:39:10à eux.
00:39:11Puis,
00:39:12sur un certain nombre
00:39:13de territoires,
00:39:14moi,
00:39:14j'ai grandi
00:39:15dans un petit village
00:39:15d'Alsace
00:39:16où aujourd'hui,
00:39:18ça vote
00:39:18aux élections nationales
00:39:20majoritairement
00:39:20à l'extrême droite
00:39:21et je ne suis pas
00:39:23vraiment étonné
00:39:24parce que quand j'étais
00:39:25môme,
00:39:26il y a un certain nombre
00:39:26de mots,
00:39:27de termes
00:39:28racistes
00:39:29dont je n'avais
00:39:30même pas conscience
00:39:31qu'ils étaient racistes
00:39:32à ce moment-là
00:39:33parce que j'avais 7 ans
00:39:34et je ne vais pas répéter
00:39:35les mots ici
00:39:36parce que ça n'apporterait
00:39:38rien au débat,
00:39:39mais on les utilisait
00:39:39dans la cour d'école
00:39:40mais normalement
00:39:42et c'est parce que
00:39:43j'avais une famille
00:39:45où quand mon père
00:39:46a entendu
00:39:47que j'utilisais
00:39:47certains termes,
00:39:48il m'a dit
00:39:48non mais ça ne va pas,
00:39:49tu es dingue,
00:39:50tu sais ce que ça veut dire
00:39:51et il m'a interdit
00:39:51d'utiliser certaines expressions
00:39:52en m'expliquant
00:39:53pourquoi c'était raciste
00:39:55mais les termes
00:39:56aujourd'hui,
00:39:57c'est des insultes
00:39:58mais juste à 7 ans,
00:39:59on les utilisait
00:39:59dans la cour d'école
00:40:00comme des termes normaux
00:40:01parce que c'était
00:40:02dans l'air du temps
00:40:03et parce que
00:40:05quand tu es dans ce village-là,
00:40:07tu es un peu
00:40:07en vase clos
00:40:09comme dans n'importe quel espace
00:40:10comme quand tu es
00:40:11dans le 3ème arrondissement
00:40:12de Paris
00:40:12où tu es aussi
00:40:13en vase clos
00:40:13mais Internet,
00:40:15c'est là où je veux en venir
00:40:16et ouvrir un nouveau chapitre,
00:40:18Internet,
00:40:19c'est aussi,
00:40:20ça casse ça.
00:40:21Ça veut dire que
00:40:21Internet,
00:40:22c'est quand même intéressant,
00:40:23tu peux toucher
00:40:25des gens directement,
00:40:28Mélissa,
00:40:28toi tu fais des contenus
00:40:29pédagogiques,
00:40:31engagés,
00:40:31je ne sais pas comment
00:40:32tu définirais ça,
00:40:33mais qui touchent
00:40:35des grosses audiences
00:40:36et des grosses audiences
00:40:37avec des profils
00:40:38peut-être qui ne sont pas
00:40:39ceux qui vont lire
00:40:40certains livres
00:40:41ou regarder les émissions
00:40:42d'Arte,
00:40:42etc.
00:40:42et c'est important.
00:40:44Je pense qu'il faut essayer
00:40:45de vivre avec le contexte actuel
00:40:47et que malheureusement
00:40:48le cordon sanitaire
00:40:49il n'existe pas en France
00:40:50et que du coup moi je comprends
00:40:51et heureusement que des médias
00:40:52comme Streetpress,
00:40:53Mediapart n'invitent pas
00:40:54l'extrême droite
00:40:55mais aujourd'hui ils sont invités
00:40:56partout et au-delà d'être invités
00:40:57partout,
00:40:57ils ont leurs propres canaux.
00:40:59Donc ils ont leurs propres
00:41:00chaînes YouTube
00:41:00qui font des millions de vues,
00:41:01ils ont leurs propres
00:41:02télégrammes,
00:41:03TikTok,
00:41:04il y a tout un microcosme
00:41:05qui est énorme.
00:41:07Moi je fais beaucoup
00:41:08de contenu féministe
00:41:09donc je suis beaucoup
00:41:10contre la manosphère
00:41:11aujourd'hui ce qu'est le masculinisme
00:41:12qui est totalement
00:41:13d'extrême droite
00:41:13et je pense qu'aujourd'hui
00:41:15c'est intéressant quand même
00:41:16d'aller leur répondre.
00:41:18Donc en fait moi-même
00:41:19des fois je suis en position
00:41:20de je suis celle qui invite
00:41:22donc je ne les inviterai jamais
00:41:23mais j'ai été dans la position
00:41:25de celle qui répond.
00:41:26Donc j'ai fait un débat
00:41:27face à Thélèse Esquiffon
00:41:28par exemple
00:41:28qui a beaucoup posé questions.
00:41:30Malheureusement il y a aussi
00:41:31des femmes comme toi
00:41:31qui disent qu'on est des putes
00:41:32parce qu'on est un lingerie
00:41:33sur les réseaux.
00:41:34J'ai dit que c'était
00:41:35un comportement de chouin
00:41:37de mettre effectivement
00:41:38de poser en permanence
00:41:40en lingerie.
00:41:41On me l'a beaucoup reproché
00:41:42et je comprends totalement
00:41:43parce que certains
00:41:43se sont posé la question
00:41:44de est-ce que du coup
00:41:45je donne du grain à moudre
00:41:46à l'extrême droite ?
00:41:47Est-ce que je donne une audience ?
00:41:48Certains ont même pensé
00:41:49que c'était mon propre podcast
00:41:50et que j'avais tendu
00:41:51le micro à Thélèse Esquiffon.
00:41:52Je pense qu'il faut
00:41:53essayer de comprendre
00:41:54comme tu le dis
00:41:54on n'est plus à ton époque
00:41:56où tu étais petit
00:41:57et que du coup
00:41:57c'est un vase clos.
00:41:59Maintenant même
00:41:59dans les petits villages
00:42:00ils peuvent aller sur internet
00:42:01les études le montrent
00:42:02quand on est un garçon
00:42:03au bout de 20 minutes
00:42:04on va commencer à avoir
00:42:05des contenus masculinistes
00:42:06sur les réseaux sociaux
00:42:07et c'est donc
00:42:07d'extrême droite etc.
00:42:09Donc qu'est-ce qu'on fait
00:42:10si on ne va pas leur répondre ?
00:42:11Et là moi c'était ça
00:42:11je me dis en fait
00:42:12il faut jouer à leur jeu
00:42:13qui n'est pas dans nos codes
00:42:15mais avancer un peu
00:42:16en cheval de trois
00:42:16et c'est un jeu
00:42:17très viriliste
00:42:18de se dire
00:42:18il faut gagner le débat
00:42:19il faut savoir couper la parole
00:42:21il faut savoir montrer
00:42:22que c'est comme ça
00:42:23qu'on a raison
00:42:24dans la forme
00:42:24c'est une sorte
00:42:26d'argument d'autorité
00:42:27et de base
00:42:28je n'ai pas envie
00:42:29d'utiliser ces arguments-là
00:42:30mais pour ces jeunes garçons
00:42:32surtout
00:42:33qui sont convaincus par ça
00:42:34je me dis
00:42:34il faut le faire
00:42:35parce que par exemple
00:42:36Alexi Chun
00:42:36lui sur sa chaîne YouTube
00:42:37il invite des fausses féministes
00:42:39et du coup
00:42:39il fait des débats comme ça
00:42:40Tu préfères que ton homme
00:42:41fasse un mètre 60 comme toi ?
00:42:43Non
00:42:43Tu préfères aussi
00:42:44qu'il gagne comme toi ou plus ?
00:42:46Plus
00:42:46Et il les démonte
00:42:47sauf qu'en fait
00:42:48on se rend compte
00:42:48qu'une des soi-disant féministes
00:42:49c'est son assistante
00:42:50les deux autres
00:42:51c'est en général
00:42:53des travailleurs du sexe
00:42:54et vraiment
00:42:54je les respecte tout à fait
00:42:55mais c'est pas parce qu'on est TDS
00:42:56qu'on est féministe
00:42:57c'est parce qu'on est féministe
00:42:58qu'on est TDS
00:42:58chacun son domaine d'expertise
00:43:00et donc en fait
00:43:01il va les piéger
00:43:02il va parler que de liberté sexuelle
00:43:03quelque chose comme ça
00:43:04parce qu'on veut résumer
00:43:04les femmes au cul de toute façon
00:43:05désolé pour les termes assez crus
00:43:07mais
00:43:07donc je pense qu'il faut
00:43:08qu'on aille quand même
00:43:09vers eux par contre
00:43:10il faut apprendre de nos erreurs
00:43:11moi quand je l'ai fait
00:43:12j'arrive sur place
00:43:14et je me rends compte
00:43:14qu'en fait
00:43:15c'est Guillaume Janton
00:43:16et Tan Béréby
00:43:16qui est à la prod
00:43:17je ne savais pas
00:43:18si j'avais su
00:43:18je l'aurais fait autrement
00:43:19j'ai dû
00:43:20Tu peux expliquer qui c'est ?
00:43:22Voilà Guillaume Janton
00:43:22qui est dans la sphère Bolloré
00:43:24qui est un chroniqueur
00:43:25de TPMP à la base
00:43:27donc maintenant c'est un nouveau nom
00:43:28mais c'est tout à fait la même chose
00:43:29et qui a sa propre boîte de prod
00:43:31mais qui est aussi
00:43:31dans le même milieu
00:43:33et Tan Béréby
00:43:33qui est un carrière de contenu
00:43:34avec pas mal de casseroles aux fesses
00:43:37notamment des violences sexistes
00:43:39et sexuelles
00:43:40donc j'arrive sur place
00:43:41voilà c'est fait
00:43:42et derrière la caméra
00:43:44il y a Guillaume Janton
00:43:44qui veut tout couper
00:43:45ah non on ne va pas parler d'immigration
00:43:46on va rester dans la trame
00:43:47moi je m'en fous de sa trame
00:43:48je veux qu'on parle d'immigration
00:43:49je veux qu'on parle
00:43:50que c'est une intégriste
00:43:50que c'est une suprématiste blanche
00:43:54et c'est coupé
00:43:54tout ça c'est coupé
00:43:56donc je suis juste une nana
00:43:57en plus c'est en mode pyjama party
00:43:59donc c'est terrible
00:43:59qui est là
00:44:00et qui fait ça
00:44:01devant les escuffons
00:44:02et donc là il y a un coup d'éclat
00:44:05où il faut essayer
00:44:07d'avoir son caractère
00:44:08et d'appeler
00:44:09et je les ai menacés
00:44:10et j'ai récupéré les rushs
00:44:11il m'a donné même tous les rushs
00:44:12de 4 émissions
00:44:13si jamais
00:44:13ils se sont trompés
00:44:15mais après c'est des menaces aussi
00:44:17c'est des menaces de personnes
00:44:19qui ont beaucoup d'argent
00:44:19parce que moi je les ai diffusés
00:44:21les rushs non coupés
00:44:22donc on les a diffusés
00:44:23avec toutes les scènes non coupées
00:44:25où on entend
00:44:25Guillaume Janton derrière
00:44:26qui dit
00:44:27bah non faut pas dire ça
00:44:27où on entend tout ce que
00:44:28Taïs Cufon dit
00:44:29d'ouvertement raciste
00:44:31parce qu'elle se cache
00:44:32il y a tout ce travail
00:44:33de communication
00:44:34du RN
00:44:34et de tous les gens
00:44:37qui sont autour
00:44:37donc nous maintenant
00:44:39la limite qu'on a
00:44:40en tant que créateur de contenu
00:44:41où on va au front
00:44:42c'est l'argent
00:44:44on n'a pas de milliardaire
00:44:45d'extrême droite
00:44:46au dessus de nous
00:44:46il y a certaines personnes
00:44:48qui commencent à s'organiser
00:44:49je sais pas encore
00:44:49si on peut le dire
00:44:50je le dis
00:44:51et au pire
00:44:52ce sera coupé
00:44:52mais il y a la fondation
00:44:53des fermes en ce moment
00:44:54qui essaie d'organiser
00:44:56quelque chose
00:44:56où nous financer
00:44:57on pourrait nous financer
00:44:58et je pense que c'est
00:44:59hyper intelligent
00:45:00et on sort de ce mépris
00:45:01de classe un petit peu
00:45:02qu'on a envers les créateurs
00:45:02de contenu
00:45:03parce qu'on n'a pas
00:45:04le bon âge
00:45:05on n'a pas
00:45:05la bonne présentation
00:45:08et moi je cultive
00:45:09cette présentation
00:45:10qui dénote
00:45:10parce que je pense
00:45:11que c'est important
00:45:11de l'avoir encore
00:45:12on n'a pas le bon phrasé
00:45:15on essaye de l'avoir
00:45:16en tout cas
00:45:16et là on se rend enfin compte
00:45:18que c'est important
00:45:19de mener la bataille
00:45:20sur les réseaux sociaux
00:45:21et de nous financer
00:45:22parce que c'est ultra précaire
00:45:23donc pour beaucoup de personnes
00:45:24je suis peut-être une influenceuse
00:45:25de Dubaï
00:45:26qui gagne plein d'argent
00:45:26non
00:45:27quand on parle de politique
00:45:28toutes les marques
00:45:29elles se cassent
00:45:30on peine à faire un SMIC
00:45:31on peine à vivre de nos valeurs
00:45:34et c'est horrible
00:45:35parce que ça devrait être bénévole
00:45:36mais on ne veut pas d'amour
00:45:36et d'eau fraîche
00:45:37donc là je pense que c'est intéressant
00:45:38qu'il y en a qui se disent
00:45:39ok en fait on peut donner de l'argent
00:45:40injecter de l'argent
00:45:41et que tout le monde puisse parler
00:45:42et en même temps juste survivre
00:45:44dans la France de Macron
00:45:45ça peut être cool
00:45:46et la fondation des femmes
00:45:47comment ça y est pensée ?
00:45:47et bien j'en profite en deux secondes
00:45:49on a lancé un projet
00:45:50qui s'appelle
00:45:51la bataille des municipales
00:45:52et c'est un projet
00:45:53qui est financé
00:45:54un peu par le nom des lecteurs
00:45:56et un peu par des fondations
00:45:57et dans ce projet
00:45:58nous on a budgétisé
00:45:59le fait qu'il y ait des bourses
00:46:00pour des créateurs de contenu
00:46:01où l'idée c'est que
00:46:03c'est un projet assez vaste
00:46:05où il y aura notamment
00:46:05des formations
00:46:06sur comment lutter
00:46:07contre l'extrême droite
00:46:08et parmi les formations
00:46:10il y a des formations
00:46:11qui sont à destination
00:46:12des créateurs
00:46:13et créatrices de contenu
00:46:14et ces formations
00:46:15elles sont gratuites
00:46:16mais en plus d'être gratuites
00:46:17en fait elles sont
00:46:18doublées d'une bourse
00:46:19où il y aura un financement
00:46:20parce qu'on sait
00:46:21qu'il y a un modèle économique
00:46:22et que
00:46:23bah voilà
00:46:24faire du contenu engagé
00:46:26c'est au mieux
00:46:27au détriment
00:46:28d'autres contenus
00:46:29qui seraient payés
00:46:30par une marque
00:46:30et le plus souvent
00:46:31c'est perdre de l'argent
00:46:32je sais parce que
00:46:33à Street Press
00:46:34on est toujours là
00:46:35ouais Street Press
00:46:36c'est bien
00:46:36vous êtes contre la publicité
00:46:37non on n'est pas contre la publicité
00:46:38personne ne veut mettre
00:46:39de la publicité
00:46:40chez nous
00:46:41donc en vrai
00:46:42on n'a pas assez d'oseilles
00:46:43pour être contre la publicité
00:46:44juste
00:46:45on n'a quasiment
00:46:46aucune annonce publicitaire
00:46:48c'est pour ça
00:46:48qu'il n'y a pas de publicité
00:46:49sur Street Press
00:46:50et donc
00:46:51on n'a quasiment pas
00:46:53de non-sorts
00:46:54pour ça
00:46:54mais voilà
00:46:54j'en profite
00:46:55s'il y a des créateurs
00:46:56et créatrices de contenu
00:46:57allez sur la plateforme
00:46:58sur la bataille des municipales
00:46:59il y a un endroit
00:47:00où on peut s'inscrire
00:47:01et on vous renverra
00:47:02des questions
00:47:02et il y aura des bourses
00:47:03là-dessus
00:47:04bah bravo
00:47:04j'en profite aussi
00:47:05pour dire que
00:47:06le fonds pour une presse libre
00:47:08le fonds de dotation
00:47:09de Mediapart
00:47:09a constitué
00:47:11un fonds
00:47:12qui s'appelle Ripost
00:47:13avec une ONG
00:47:15internationale
00:47:17qui vise
00:47:19à aider
00:47:19les médias
00:47:20de la presse indépendante
00:47:21dès lors
00:47:22qu'ils sont poursuivis
00:47:23devant les tribunaux
00:47:24et donc
00:47:25on sait qu'évidemment
00:47:26ça coûte très cher
00:47:27que
00:47:27souvent
00:47:28très souvent
00:47:29des entreprises
00:47:31font pression
00:47:34sur les médias
00:47:35grâce à des procédures
00:47:36Bayon
00:47:36c'est-à-dire des procédures
00:47:37qui contournent le droit
00:47:39pour en vérité
00:47:40étouffer
00:47:41les journalistes
00:47:42étouffer
00:47:42les publications
00:47:44et voilà
00:47:46ce fonds
00:47:47pour une presse libre
00:47:48va financer
00:47:49va aider en tout cas
00:47:51les médias
00:47:51à financer
00:47:53leurs procès
00:47:54puisque ça coûte cher
00:47:55je dis par ailleurs
00:47:56que c'est stratégie
00:47:57de l'extrême droite
00:47:59mais
00:47:59on parlait des réseaux
00:48:00tout à l'heure
00:48:01et je pense qu'il faut quand même
00:48:02qu'on arrive à dire un mot
00:48:03parce que c'est vrai
00:48:03qu'en 2008
00:48:05quand Mediapart a été créé
00:48:06c'était vraiment ce moment
00:48:07utopique de l'internet
00:48:09et on vient de raconter
00:48:10à quel point
00:48:11cet espace continue
00:48:12quand même
00:48:13justement de
00:48:13permettre des solidarités
00:48:15de nous mettre en lien
00:48:16et donc ça vraiment
00:48:17il faut qu'on le garde
00:48:18parce qu'il ne nous reste
00:48:19plus grand chose
00:48:20des réseaux sociaux
00:48:21de cette période
00:48:22d'espoir
00:48:24et quand même
00:48:26le dire là
00:48:27entre nous
00:48:27à quel point
00:48:28cette utopie
00:48:29a été pétée
00:48:30par les GAFAM
00:48:32qui se sont accaparés
00:48:33cet espace
00:48:34merveilleux
00:48:35de partage
00:48:36au profit d'intérêts
00:48:37privés
00:48:38de multinationales
00:48:39GAFAM
00:48:405 lettres pour Google
00:48:42Amazon
00:48:43Facebook
00:48:44Apple
00:48:44et Microsoft
00:48:45qui aujourd'hui
00:48:47font de cette utopie
00:48:50leur intérêt
00:48:51leur intérêt propre
00:48:52donc voilà
00:48:54je pense qu'il faut
00:48:56qu'on garde
00:48:57il faut qu'on garde
00:48:58coûte que coûte
00:48:59ce qui fait la force
00:49:00des réseaux sociaux
00:49:01et donc c'est
00:49:02la manière dont
00:49:03vous pouvez l'utiliser
00:49:05dont nous
00:49:05les uns les autres
00:49:06on s'en sert
00:49:07et pour redire aussi
00:49:09comme journaliste
00:49:10à quel point
00:49:10ça a été important
00:49:13de cette arrivée
00:49:14sur les réseaux sociaux
00:49:15moi j'ai vécu
00:49:16alors toi
00:49:16t'as peut-être pas vécu
00:49:17cette période-là
00:49:17avant 2008
00:49:19mais avant 99
00:49:21parce que moi
00:49:22j'ai commencé
00:49:22à faire du journaliste
00:49:23en 99
00:49:24avec internet
00:49:25je travaillais 10 ans
00:49:26dans un média
00:49:27qui faisait sa
00:49:28transformation numérique
00:49:30les échos
00:49:31pour ne pas le citer
00:49:32pour moi la vie
00:49:34était comme avant
00:49:35d'une certaine manière
00:49:35avec Mediapart
00:49:37j'arrive dans un média
00:49:38où l'internet
00:49:39permet quelque chose
00:49:40de merveilleux
00:49:41c'est que les journalistes
00:49:42descendent
00:49:42de leur pied d'estade
00:49:43on est dans la cour
00:49:45générale
00:49:47dans le magasin
00:49:50de tout le monde
00:49:50et c'est une nécessité
00:49:53que le journaliste
00:49:54soit à hauteur
00:49:55d'hommes et de femmes
00:49:56avec des critiques
00:49:58des mises en cause
00:50:00des propositions aussi
00:50:01et ça
00:50:02c'est ces petites choses
00:50:03qu'on a gagnées
00:50:04avec la révolution numérique
00:50:06on est en train
00:50:07de nous le voler
00:50:11de nous le piller
00:50:11et faisons vraiment
00:50:12en sorte
00:50:13qu'on garde
00:50:14des traces de ça
00:50:16puis on continue
00:50:17à se battre là-dessus
00:50:17internet
00:50:20les réseaux sociaux
00:50:21c'est un des endroits
00:50:23où la base culturelle
00:50:24est la plus visible
00:50:25et la plus frontale
00:50:27parce que d'un côté
00:50:27on a une extrême droite
00:50:28qui est puissante
00:50:29et qui comprend internet
00:50:30parce que
00:50:31il y a
00:50:3220-30 ans
00:50:33ils n'avaient pas accès
00:50:34à la télévision
00:50:35pour un certain nombre
00:50:36d'entre eux
00:50:36et donc
00:50:37ils sont construits
00:50:38dans les contre-cultures
00:50:40et le premier site politique
00:50:42en termes d'audience
00:50:42a longtemps été
00:50:43l'égalité et réconciliation
00:50:44d'Alain Soral
00:50:45devant tous les partis politiques
00:50:47qui pourtant ont
00:50:47des dizaines de millions
00:50:48d'euros de budget
00:50:49le premier parti politique
00:50:51qui a eu un site internet
00:50:52c'était le Front National
00:50:53etc
00:50:54et c'est pas étonnant
00:50:55qu'aujourd'hui
00:50:55il soit fort sur les réseaux sociaux
00:50:57parce qu'il comprenne internet
00:50:58mais nous on est très fort aussi
00:51:00j'avais noté
00:51:01un peu les stats
00:51:02Blas c'est un million d'abonnés
00:51:04sur Youtube
00:51:04Mediapart c'est un million aussi
00:51:06Streetpress 450 000
00:51:08Grun 350 000
00:51:09etc
00:51:09on est très puissant
00:51:11donc on a quand même
00:51:13des outils
00:51:14et puis des gens
00:51:14qui ont du talent
00:51:15qui sont capables
00:51:16de porter des choses
00:51:18et justement
00:51:19c'est vrai
00:51:20qu'on a quand même
00:51:22une force de frappe
00:51:22sur les réseaux sociaux
00:51:23je reviens souvent
00:51:24à l'exemple
00:51:25des élections législatives
00:51:26anticipées
00:51:27parce que je trouve
00:51:27que c'est vraiment
00:51:28un cas d'école
00:51:29et je me rappelle
00:51:30qu'à ce moment là
00:51:31il y a plein de
00:51:32tiktokers
00:51:33ou juste voilà
00:51:34des petits comptes
00:51:35comme ça
00:51:36qui se sont mis à faire
00:51:36des vidéos
00:51:37qu'on appelle fancam
00:51:39avec des montages
00:51:40de candidats
00:51:42de LFI
00:51:43de la gauche
00:51:44et compagnie
00:51:44dans lesquels
00:51:46on les voyait
00:51:47sous leurs meilleurs jours
00:51:47avec de la musique
00:51:48K-pop par-dessus
00:51:49et voilà
00:51:51c'est des édits
00:51:51exactement
00:51:52et en fait
00:52:01c'est repris
00:52:02des cultures
00:52:03K-pop
00:52:03justement
00:52:04sur les réseaux sociaux
00:52:05et ils ont floudé
00:52:06en fait
00:52:07Twitter
00:52:08TikTok
00:52:09Instagram
00:52:09avec ces vidéos
00:52:10et je me rappelle
00:52:11qu'en lisant les commentaires
00:52:12on voyait beaucoup
00:52:13de personnes dire
00:52:13ah mais
00:52:14De Logu
00:52:14il est mignon
00:52:15Kiro est mignon
00:52:16bah attends
00:52:17je vais voter pour lui
00:52:18en fait Bardella
00:52:18c'est pas ouf
00:52:19et c'est des choses
00:52:20qui se sont vraiment
00:52:21passées
00:52:21donc je pense
00:52:22que c'est terrible
00:52:23à dire
00:52:25et pas terrible
00:52:25en même temps
00:52:26mais il y a aussi
00:52:26une question
00:52:26d'esthétisation
00:52:27et d'esthétique
00:52:28qu'il faut prendre
00:52:29en compte
00:52:29dans la bataille culturelle
00:52:31je parle souvent
00:52:32à une amie
00:52:32Fatima Hamouch
00:52:34qui était au Next Level
00:52:35et qui disait
00:52:36comment on fait
00:52:37pour rendre
00:52:37le militantisme
00:52:38sexy aussi
00:52:39parce que
00:52:39du côté de l'extrême droite
00:52:41je le vois
00:52:41les vidéos
00:52:42je suis beaucoup
00:52:43leurs vidéos
00:52:43je suis sur
00:52:44leurs canaux
00:52:44Telegram
00:52:44et je vois
00:52:45comment c'est
00:52:45super bien monté
00:52:46avec leurs petits
00:52:47costards
00:52:47cravate
00:52:48et compagnie
00:52:48un son impeccable
00:52:49et ils arrivent
00:52:51à happer
00:52:52les personnes
00:52:54grâce juste
00:52:55à une couverture
00:52:56et à nous aussi
00:52:57du côté
00:52:58des gentils
00:53:00on va dire
00:53:00de faire la même chose
00:53:01et c'est pour ça
00:53:02que ce que tu disais
00:53:03Mélissa
00:53:03sur ta façon
00:53:04de t'apprêter
00:53:05pour faire passer
00:53:06certains messages
00:53:06elle est importante
00:53:07c'est pour ça
00:53:07que moi aussi
00:53:08tu vois
00:53:08je vais arriver
00:53:09avec mes piercing
00:53:09des compagnies
00:53:10et je vais montrer
00:53:11que ça revient aussi
00:53:13au propos de mon bouquin
00:53:14un jour je suis devenu arabe
00:53:15qu'il y a 50 000
00:53:15façons d'être arabe
00:53:16et il y a 50 000
00:53:18apparences de l'arabité
00:53:19aussi
00:53:19et la dernière chose
00:53:20sur laquelle je voudrais
00:53:21rembondir
00:53:22c'est un peu
00:53:22en fait vous avez dit
00:53:23tellement de choses
00:53:24intéressantes
00:53:24je peux nous couper
00:53:26pour revenir
00:53:26mais c'est
00:53:28quand tu disais avoir
00:53:30grandi dans ce petit village
00:53:31en Alsace
00:53:32et qu'il y avait
00:53:33beaucoup d'enfants
00:53:33qui utilisaient
00:53:35du vocabulaire
00:53:36raciste
00:53:38et je tenais aussi
00:53:39à dire que
00:53:40dans une bataille
00:53:41qu'elle soit
00:53:41antiraciste
00:53:42qu'elle soit
00:53:42féministe
00:53:43et compagnie
00:53:44il faut prendre en compte
00:53:45la question des biais cognitifs
00:53:46c'est quelque chose
00:53:46qu'on ne met pas assez en avant
00:53:47il y a une chercheuse américaine
00:53:48qui s'appelle
00:53:49Jennifer Lynn Eberhardt
00:53:50malheureusement
00:53:50son livre n'a pas été
00:53:52encore traduit
00:53:52en français
00:53:53mais il s'appelle
00:53:54biased
00:53:54et c'est sur la question
00:53:55des biais
00:53:55comment les biais
00:53:56racistes
00:53:58sexistes
00:53:59queerphobes
00:54:00et compagnie
00:54:00s'installent
00:54:02dans l'esprit des gens
00:54:02dès le plus jeune âge
00:54:04donc dans la bataille culturelle
00:54:05il y a
00:54:05évidemment le fait
00:54:07d'être présent
00:54:08dans le champ médiatique
00:54:09mais aussi
00:54:10dans le champ éducatif
00:54:11et comment on fait
00:54:11pour construire
00:54:12une société
00:54:13plus égalitaire
00:54:13dès la maternelle
00:54:15là où ça commence
00:54:16je crois qu'au bout
00:54:17de la première année
00:54:18un enfant
00:54:19sait faire la différence
00:54:20entre une personne noire
00:54:21une personne blanche
00:54:22et compagnie
00:54:23donc ça se joue aussi
00:54:24de ce côté là
00:54:24je veux bien rebondir
00:54:26sur ce que tu disais
00:54:27sur l'esthétisation
00:54:28et sur ce que peut faire
00:54:29le militantisme
00:54:30je pense qu'aujourd'hui
00:54:31on peut se parler
00:54:33franchement
00:54:33je pense que
00:54:34pour bonne partie
00:54:35la gauche est chiante
00:54:36genre vraiment
00:54:37en fait
00:54:38on n'est pas intéressant
00:54:39et pour certaines personnes
00:54:41parce qu'en fait
00:54:41on a quand même
00:54:41un système médiatique
00:54:42qui est particulièrement
00:54:43concentré
00:54:44et qui crée en fait
00:54:45une image de la gauche
00:54:46qui est la gauche
00:54:47qui est chiante
00:54:48qui est dangereuse
00:54:48et donc je pense que
00:54:50bien sûr on peut critiquer
00:54:51le fait que ces cadrages
00:54:52existent
00:54:52et que c'est problématique
00:54:54d'un point de vue
00:54:54d'une éthique journalistique
00:54:56ou autre
00:54:56mais c'est une réalité de fait
00:54:57et donc nous il faut
00:54:58qu'on se pose la question
00:54:58de comment on réagit à ça
00:54:59et donc je parle
00:55:01du point de vue aussi
00:55:03d'une militante
00:55:04qui n'est pas la meuf
00:55:05la plus fun du monde
00:55:06mais qui se pose des questions
00:55:07sur à quel moment
00:55:09en fait
00:55:10on essaye
00:55:10de changer notre perspective
00:55:12en disant
00:55:12on ne va pas enlever
00:55:14de la radicalité
00:55:16de ce qu'on veut faire
00:55:17dans le monde
00:55:17mais est-ce qu'on peut aller
00:55:18vers quelque chose
00:55:19qui est beaucoup plus accessible
00:55:20et beaucoup plus fun
00:55:21et j'ai rencontré
00:55:22des militants
00:55:23brésiliens
00:55:25qui m'ont appris
00:55:25une expression
00:55:26que je trouve géniale
00:55:27maintenant que j'utilise
00:55:28qui disent en fait
00:55:29il faut mettre du riz
00:55:30dans le brocoli
00:55:31si on imagine
00:55:32que le brocoli
00:55:33c'est la politique
00:55:34et le riz
00:55:35c'est le truc
00:55:36bah fun
00:55:37comment est-ce qu'on fait
00:55:38comment est-ce qu'on fait manger
00:55:39en fait
00:55:39comment est-ce qu'on fait manger
00:55:41du brocoli aux enfants
00:55:42bah en fait
00:55:43on le mélange avec du riz
00:55:44et donc ce que font
00:55:45ce que font les militants
00:55:46d'extrême droite
00:55:46sur les réseaux sociaux
00:55:47c'est ça en fait
00:55:48c'est le brocoli
00:55:48et le riz mélangé
00:55:49c'est-à-dire qu'on va faire
00:55:50plus de riz même
00:55:51beaucoup plus de riz
00:55:52beaucoup plus
00:55:52sauf qu'en fait
00:55:54il y a une idée
00:55:54tu vois par exemple
00:55:55tu parlais de la manosphère
00:55:56il y a un truc hyper intéressant
00:55:57c'est qu'ils vont pas dire directement
00:55:59aller voter pour l'extrême droite
00:56:00en fait
00:56:00ils vont faire monter en nous
00:56:02certaines valeurs
00:56:03qui sont
00:56:04bah que
00:56:04la femme a besoin d'être
00:56:05soutenue par l'homme
00:56:08ou
00:56:08les tradwives par exemple
00:56:09qu'on voit beaucoup
00:56:10sur les réseaux sociaux
00:56:11c'est ça
00:56:11c'est cette idée
00:56:12c'est comment est-ce qu'on fait monter
00:56:13finalement une vision masculiniste du monde
00:56:15en mettant en scène
00:56:16des filles qui sont en train de cuisiner
00:56:17de dire à quel point
00:56:18elles sont heureuses de le faire
00:56:19donc nous la gauche
00:56:20on doit aussi faire ce truc
00:56:21du brocoli et du riz
00:56:22avoir des contenus
00:56:23qui soient beaucoup plus
00:56:24ancrés sur la réalité des gens
00:56:26sur leurs valeurs
00:56:27mais aussi qui soient
00:56:27beaucoup plus accessibles
00:56:28et la dernière chose
00:56:29peut-être là-dessus
00:56:30c'est qu'il y a
00:56:31la question du digital
00:56:32mais il y a aussi
00:56:33la question autrement
00:56:34dans l'espace médiatique
00:56:36ou pas uniquement
00:56:37sur les réseaux sociaux
00:56:38mais dans les médias
00:56:39il faut qu'on apprenne aussi
00:56:40à créer nos propres
00:56:41cadres de conversation
00:56:42ce qui se passe souvent
00:56:43c'est qu'on répond
00:56:44à des cadres
00:56:44qui nous sont imposés
00:56:45et donc notre capacité
00:56:47à imposer nos cadres
00:56:48et quand je dis cadres
00:56:49c'est l'idée de dire
00:56:50est-ce qu'on veut faire le zoom
00:56:52sur la plante dans le jardin
00:56:53ou est-ce qu'on veut
00:56:54montrer le jardin
00:56:55dans son entièreté
00:56:56est-ce qu'on veut parler
00:56:57uniquement des impôts
00:56:58ou est-ce qu'on veut parler
00:56:59des services publics
00:57:00que ces impôts permettent
00:57:02et donc on a besoin
00:57:02de changer ces cadres narratifs
00:57:04aussi pour être
00:57:05un petit peu moins chiant
00:57:06un petit peu plus accessible
00:57:08et aussi un peu plus
00:57:09permettre vraiment
00:57:10une transformation
00:57:10de la vision du monde
00:57:12si c'est vraiment
00:57:13ce qu'on espère faire
00:57:14et pas juste gagner
00:57:14la prochaine élection
00:57:15Jean tu voulais réagir ?
00:57:18sur les questions
00:57:19en fait par rapport
00:57:19à tout ce que tout le monde dit
00:57:21on a évoqué un moment
00:57:21la question des mains tendues
00:57:23et j'entends du coup
00:57:24en plus toutes les expériences
00:57:24de tout le monde
00:57:25je trouve que
00:57:26puisqu'on essaye aussi
00:57:27potentiellement de trouver
00:57:28un tout petit peu
00:57:28au milieu de tout ce dooming
00:57:29des moments un peu d'espoir
00:57:30moi je trouve que justement
00:57:32dans la manière
00:57:32dont on doit raconter aussi
00:57:33nos histoires
00:57:34et justement tendre la main
00:57:35et comprendre aussi
00:57:36cet électorat et ses votes
00:57:37par exemple
00:57:37quand on entend parler
00:57:39de précarisation
00:57:40justement de ces métiers là
00:57:41moi je pense qu'il y a
00:57:42des motifs d'espoir
00:57:43c'est qu'en ce moment
00:57:43pour la première fois
00:57:44depuis longtemps
00:57:45j'ai l'impression
00:57:45qu'on ouvre une période politique
00:57:46notamment autour
00:57:47de la taxe du Kman par exemple
00:57:48on commence pour la première fois
00:57:49peut-être pas à parler
00:57:50que de xénophobie
00:57:51mais un tout petit peu
00:57:51à reparler de sujets
00:57:53qui sont des sujets
00:57:53de répartition des richesses
00:57:55justement de reparler
00:57:56un petit peu plus
00:57:56de services publics
00:57:57ce genre de questionnement
00:57:58moi je pense que c'est là-dessus
00:57:59qu'il faut créer du lien
00:58:00c'est montrer aussi
00:58:01que nos métiers
00:58:02sont extrêmement précarisés
00:58:03on l'a raconté
00:58:03de plein de manières différentes
00:58:04qu'en fait
00:58:05il y a tellement de choses
00:58:05qui nous unissent aussi
00:58:06nous dans nos luttes
00:58:07à la réalité
00:58:07de ces personnes
00:58:09qui ont choisi
00:58:10pour le moment
00:58:10de voter à l'extrême droite
00:58:11et que c'est sur ces sujets-là
00:58:13sur ces points-là
00:58:13qu'il y a des mains
00:58:14qui doivent être tendues
00:58:14et montrer qu'en fait
00:58:15nos causes sont justes
00:58:17et sont les mêmes
00:58:17et que justement
00:58:18c'est plutôt
00:58:18toute cette espèce
00:58:19de brouillard
00:58:20et de fumée
00:58:21qui les détourne
00:58:22fondamentalement de ça
00:58:22donc par exemple
00:58:23la précarité
00:58:24c'est vraiment le sujet
00:58:25qui me paraît évident
00:58:26c'est nous sommes tous
00:58:27les mêmes là-dessus
00:58:28on est tous en galère
00:58:29on est tous pauvres
00:58:29donc arrêtez de voter
00:58:30pour votre propre ennemi
00:58:31et justement
00:58:31faire comprendre
00:58:33que c'est justement
00:58:33dans ce sens-là
00:58:34et que justement
00:58:35c'est en effet
00:58:36the bigger picture
00:58:37avec ce côté
00:58:37on va parler du jardin
00:58:38plutôt que de la plante
00:58:39que j'ai bien aimé l'image
00:58:40mais c'est en fait
00:58:40c'est sur tous ces points
00:58:41tous ces sujets-là
00:58:42qu'en fait
00:58:43les combats sont à mener
00:58:44et je pense que voilà
00:58:45en tout cas
00:58:45sur ce lieu commun
00:58:48on est tous là
00:58:49on est tous en train de dire
00:58:49on a envie de lutter
00:58:50et en même temps
00:58:50personne s'en sort financièrement
00:58:51donc il y a quand même
00:58:52un enjeu qui montre
00:58:53qu'on est peut-être
00:58:53du côté du bien
00:58:54de ce point de vue-là
00:58:54je pense qu'il y a un enjeu
00:58:56à créer des passerelles
00:58:57entre les indépendants
00:58:59en fait
00:59:00il y a l'édition indépendante
00:59:02il y a les médias indépendants
00:59:03il y a la culture indépendante
00:59:05les festivals indépendants
00:59:06des créateurs de contenus
00:59:09qui sont des indépendants
00:59:10dans les valeurs
00:59:11et dans leur quotidien
00:59:12il faut qu'on crée
00:59:13ces passerelles
00:59:15Mélissa
00:59:16tu vas faire des contenus
00:59:17sur les réseaux sociaux
00:59:18de streetpress
00:59:19sur Insta
00:59:20donc c'est cool
00:59:21donc il va y avoir
00:59:21des passerelles comme ça
00:59:22et je pense que
00:59:23toutes et tous
00:59:24il faut qu'on fasse
00:59:25ces passerelles-là
00:59:25avant de terminer
00:59:26je voudrais vous poser
00:59:27une dernière question
00:59:28est-ce que vous avez
00:59:30une suggestion
00:59:31un mot
00:59:32à dire à tous les gens
00:59:33qui nous regardent
00:59:34pour que
00:59:35une idée
00:59:35pour que chacun puisse
00:59:36depuis chez lui
00:59:37mener cette bataille culturelle
00:59:40pas un geste
00:59:41tout simple
00:59:42il veut commencer
00:59:43moi
00:59:45j'aimerais vraiment commencer
00:59:46juste
00:59:46là on a fini sur les livres
00:59:48et j'aimerais dire aux gens
00:59:49de ne pas culpabiliser
00:59:49quand même s'ils utilisent
00:59:51j'ai appelé ça
00:59:51les outils du maître
00:59:52on a appelé ça comme ça
00:59:53dans une dernière conférence
00:59:55la fondation des femmes
00:59:56et on peut utiliser
00:59:57les outils du maître
00:59:57pour faire brûler
00:59:58la maison du maître
00:59:59moi c'est ce que je fais
00:59:59avec les réseaux sociaux
01:00:00ça appartient
01:00:01voilà
01:00:01Zuckerberg
01:00:02tout ça
01:00:02c'est disons que
01:00:03c'est les guerres femmes
01:00:04c'est les maîtres
01:00:05donc pas culpabiliser
01:00:07pas culpabiliser non plus
01:00:07de ne pas lire de livres
01:00:08on disait
01:00:09il faut glamouriser
01:00:10moi je pense qu'on peut
01:00:11faire nos propres émissions
01:00:12nos propres TPMP
01:00:13nos propres contenus
01:00:14et c'est comme ça
01:00:15qu'ils ont parlé
01:00:15aux gens des régions
01:00:16aux agriculteurs
01:00:17aux personnes
01:00:18qui n'ont pas le temps
01:00:19forcément de s'intellectualiser
01:00:21pas avoir peur
01:00:22de poser des questions
01:00:23et en fait
01:00:23on est tous et toutes
01:00:25importants
01:00:26et on le voit
01:00:26sur les réseaux
01:00:27ou si vous voulez
01:00:28nous soutenir
01:00:28ne serait-ce qu'un commentaire
01:00:30ça aide beaucoup
01:00:31et les personnes
01:00:31doivent se dire
01:00:32mais ouais
01:00:32moi j'ai que 200 abonnés
01:00:33il y a juste mes parents
01:00:33et mes amis
01:00:34qui regardent
01:00:35on s'en fiche
01:00:35parce qu'en fait
01:00:36un commentaire
01:00:37une republication
01:00:38une story
01:00:38nous ça nous aide
01:00:39énormément
01:00:40et ça nous fait du bien
01:00:41aussi psychologiquement
01:00:42parce qu'il y a
01:00:43beaucoup de raids
01:00:43beaucoup de mascus
01:00:44on est fiché sur des listes
01:00:45tout le monde sait
01:00:46ce que c'est je pense
01:00:46autour de cette table
01:00:47d'avoir juste un soutien
01:00:49un merci
01:00:50c'est hyper cool
01:00:51et en plus
01:00:52c'est productif stratégiquement
01:00:53ça fait des biens en même temps
01:00:54c'est un beau conseil
01:00:55voilà
01:00:55partager et envoyer
01:00:57des mots gentils
01:00:57je partage le fait
01:00:59que ça nous fait du bien
01:01:00quand on en reçoit
01:01:01je pense que
01:01:02je vais un peu
01:01:03répéter ce que tu dis
01:01:05mais envoyer de la force
01:01:06c'est important
01:01:07parce que
01:01:07tout à l'heure
01:01:08Mélissa
01:01:08tu disais
01:01:09par rapport à l'événement
01:01:10de Ferris
01:01:11tu as utilisé le terme
01:01:14on
01:01:14même si tu étais
01:01:15dans le public
01:01:15mais finalement
01:01:16il faut se penser aussi
01:01:17comme une grande communauté
01:01:18voilà
01:01:19une grande équipe
01:01:20finalement
01:01:21donc envoyer de la force
01:01:22c'est important
01:01:22et aussi je pense
01:01:23il y a aussi cette question
01:01:25de ne pas culpabiliser
01:01:27parce qu'on ne lit pas
01:01:27mais aussi
01:01:28utiliser ses propres mots
01:01:29pour raconter ses réalités
01:01:30sur les réseaux sociaux
01:01:31pas forcément rentrer
01:01:33dans un vocabulaire
01:01:34hyper sociologique
01:01:34avec des concepts
01:01:36ou une façon de parler
01:01:38qui est hyper pédante
01:01:38mais juste voilà
01:01:39y aller avec son vocabulaire
01:01:40c'est pour ça que moi
01:01:41dans mon livre
01:01:42à plusieurs reprises
01:01:42j'utilise des termes
01:01:43comme attrapage de veste
01:01:44matrixé et compagnie
01:01:45parce que c'est important aussi
01:01:46de se dire que
01:01:48les réalités
01:01:51qui sont vécues
01:01:53peu importe
01:01:54les discriminations
01:01:55qui sont subies
01:01:55peuvent se raconter
01:01:56de mille manières différentes
01:01:58donc s'il y a des personnes
01:01:59qui m'écoutent
01:01:59et voilà
01:02:00qui voudraient se lancer
01:02:01dans de la création de contenu
01:02:03à écrire
01:02:04même à auto-éditer quelque chose
01:02:05elles peuvent le faire
01:02:06sans forcément avoir
01:02:08une légitimité
01:02:09déjà ce terme-là
01:02:10moi il m'énerve
01:02:10ouais et puis
01:02:11même quand ça fait pas d'audience
01:02:13ça peut être utile
01:02:14et intéressant quand même
01:02:15ça va être toujours au moins
01:02:16une personne
01:02:16exactement
01:02:17d'autres recommandations
01:02:18moi je pense que
01:02:20à mon échelle
01:02:21par exemple
01:02:21je pense que c'est important
01:02:22dans un période qu'on vit
01:02:23de déringardiser
01:02:25parfois des discours
01:02:26basiques d'amour
01:02:27en fait
01:02:28c'est à dire que
01:02:28je me suis rendu compte
01:02:30là au festival
01:02:30que les choses
01:02:31que j'avais envie de dire
01:02:32sur scène
01:02:32c'était des trucs aussi
01:02:33qui paraissaient
01:02:34tu vois moi j'ai grandi
01:02:34dans un truc
01:02:35où c'était basique
01:02:35et bénioui
01:02:36un peu hippie
01:02:37de dire aimez-vous
01:02:38les uns les autres
01:02:38tendez la main à l'autre
01:02:39soyez curieux
01:02:40à l'envers l'autre
01:02:41protégez-vous
01:02:42les uns les autres
01:02:43en fait ces discours-là
01:02:44il y a eu une telle démarche
01:02:45on a rendu ça ringard
01:02:47je pense qu'on a un tel niveau
01:02:49de souffrance
01:02:49de détresse mentale
01:02:50psychologique en ce moment
01:02:51par rapport à ce qui arrive
01:02:52dites-le autour de vous
01:02:54ça vous permettra
01:02:54de le ressentir
01:02:55le fait de le ressentir
01:02:55ça vous aura envie
01:02:56de prendre quelqu'un
01:02:56dans les bras
01:02:57et je pense qu'on est
01:02:57plus heureux comme ça
01:02:58donc voilà
01:02:59redonnons de la valeur
01:03:00à ce discours simplissime
01:03:01qui le fait de
01:03:02on a tous besoin de s'aimer
01:03:03et que du coup
01:03:04à chaque fois
01:03:05que vous commencez
01:03:05à détester quelque chose
01:03:06et vous êtes d'abandonner
01:03:07quelque chose en vous
01:03:08donc recroyez
01:03:09en cet amour fondamental
01:03:10je pense que c'est
01:03:11l'essence même de tout
01:03:12et qu'en fait
01:03:12quand on y reviendra un jour
01:03:14et je le souhaite
01:03:15on se rendra compte
01:03:16comme tout était simple
01:03:16Sarah ?
01:03:18Moi je suis très d'accord
01:03:19j'aurais pu dire la même chose
01:03:21j'aurais peut-être
01:03:22un exercice concret
01:03:23à faire
01:03:24puisqu'on s'est dit
01:03:25que finalement
01:03:25gagner la bataille culturelle
01:03:26c'est aussi reconquérir
01:03:28que ce soit les territoires
01:03:29les espaces
01:03:30les esprits
01:03:31c'est de se dire
01:03:32qu'on peut chacune
01:03:33et chacun en fait
01:03:34aider des gens
01:03:35à évoluer
01:03:36dans leur perspective
01:03:38et pour moi
01:03:39il y a une technique
01:03:40qui est plus efficace
01:03:41que d'expliquer la vie aux gens
01:03:42c'est de leur poser des questions
01:03:43et donc quand vous êtes face
01:03:45à une personne
01:03:46qui dit des choses
01:03:47avec lesquelles
01:03:47vous n'êtes pas d'accord
01:03:48pas forcément
01:03:49je ne dis pas aux gens
01:03:51de se mettre en danger
01:03:52et de parler à des gens
01:03:53qui vont les attaquer
01:03:53mais en tout cas
01:03:54quand vous essayez
01:03:55de convaincre quelqu'un
01:03:56demandez-lui plutôt
01:03:57pourquoi
01:03:57il pense ce qu'il
01:03:59ou elle pense
01:03:59plusieurs fois
01:04:01et au bout de 5 pourquoi
01:04:02en général
01:04:03on arrive à avoir
01:04:03vraiment le coeur
01:04:05du raisonnement
01:04:06la raison profonde
01:04:07qui pousse les gens
01:04:08vers leurs opinions
01:04:09et là on peut
01:04:09commencer à avoir
01:04:10des conversations
01:04:11intéressantes
01:04:12donc les 5 pourquoi
01:04:13c'est une bonne technique
01:04:15pour rentrer en conversation
01:04:16et peut-être convaincre les gens
01:04:17de changer
01:04:17ça rejoint un peu
01:04:19ce que je voulais donner
01:04:20comme petite recommandation
01:04:22c'est
01:04:22mais tu
01:04:23ça va plus loin
01:04:24et c'est mieux
01:04:25ce que tu proposes
01:04:25c'est de ne pas laisser passer
01:04:27aussi les discours
01:04:28racistes
01:04:29homophobes
01:04:29sexistes
01:04:30parce que
01:04:30on l'a tous
01:04:32la soirée
01:04:32où quelqu'un dit
01:04:34une dinguerie
01:04:36peut-être même des fois
01:04:37c'est pas de nous
01:04:37on va pas se mentir
01:04:38on peut aussi des fois
01:04:39dire des conneries
01:04:40et
01:04:41bah ouais
01:04:42on passe pour
01:04:43le casse-pied de service
01:04:45parce qu'on attrape
01:04:46la veste des gens
01:04:48et on dit
01:04:48ouais mais ça
01:04:48ça se fait pas
01:04:49etc
01:04:49et puis
01:04:50on lâche l'affaire
01:04:51et puis parce que
01:04:52c'est notre famille
01:04:52parce que c'est nos potes
01:04:54on va pas
01:04:54et c'est vrai
01:04:55c'est pas facile
01:04:56de toujours se battre
01:04:57mais si on laisse
01:04:58se normaliser
01:04:59les discours
01:05:00et
01:05:01on ne pense pas
01:05:02aux gens
01:05:02qui sont
01:05:03la cible directe
01:05:04de ces discours
01:05:05c'est à dire que
01:05:06oui bah moi
01:05:07j'entends
01:05:08un propos homophobe
01:05:10j'entends un propos raciste
01:05:11je suis pas concerné
01:05:12ça va
01:05:12donc je peux vivre avec
01:05:13laisser passer
01:05:14et
01:05:14effectivement
01:05:15je m'évite un inconfort
01:05:17en ne relevant pas
01:05:18ce propos là
01:05:19mais en même temps
01:05:20je laisse subir l'inconfort
01:05:22à tous les gens
01:05:23qui sont directement
01:05:24concernés
01:05:25mais c'est encore mieux
01:05:26de le faire en présentation
01:05:26et développer ce sentiment
01:05:28qui fait l'humanité
01:05:29qui s'appelle l'empathie
01:05:29fondamentalement
01:05:30soyez en capacité empathique
01:05:31c'est fondamentalement
01:05:32d'ailleurs ce que la gauche
01:05:33pour moi
01:05:33c'est dire
01:05:34écoutez
01:05:34entendez les souffrances
01:05:36et soyez en capacité
01:05:37de vous mettre à la place
01:05:38de la personne
01:05:39qui vous exprime ces souffrances
01:05:40c'est à partir de ce moment là
01:05:41qu'on crée vraiment
01:05:42ce discours de la main tendue
01:05:43l'empathie est le fondement même
01:05:44de ce qui fait notre humanité
01:05:46donc c'est la valeur
01:05:47pour moi qui est cardinale
01:05:47curiosité empathique
01:05:49quand on pose des questions
01:05:49on comprend
01:05:50quand on comprend les douleurs
01:05:51on a envie de se les approprier
01:05:53de lutter avec les gens
01:05:54c'est aussi simple que ça
01:05:54Karine ?
01:05:56moi je ferai un appel
01:05:57à soutenir
01:05:58financièrement
01:06:00je dois bien dire
01:06:00désolé pour
01:06:02ce moment
01:06:03après l'amour
01:06:05passé au sou
01:06:06soutenir
01:06:08abonnez-vous
01:06:08soutenez la presse indépendante
01:06:10donc voilà
01:06:10c'est un écosystème
01:06:12la presse indépendante
01:06:13l'information de qualité
01:06:15à un prix
01:06:16on a besoin
01:06:17des lecteurs
01:06:18et des lectrices
01:06:18et en parallèle
01:06:20refuser la résignation
01:06:22gardez la joie
01:06:24qui est dans votre coeur
01:06:26et l'amour
01:06:26que les journaux
01:06:29et toutes nos présences ici
01:06:32racontent
01:06:33cet amour
01:06:34qui est diffusé
01:06:35gardez-le
01:06:36et voilà
01:06:37faire en sorte
01:06:38que ça circule
01:06:39ça circule entre nous
01:06:40pour que chacun
01:06:41et chacune
01:06:42soit plus fort
01:06:43pour faire face
01:06:44au combat
01:06:45et vaincre
01:06:47et à la fin
01:06:47on gagnera
01:06:48c'est ça l'idée
01:06:48et bien merci à tous
01:06:49et toutes
01:06:50à la prochaine
01:06:51merci d'avoir regardé
01:06:54cette émission
01:06:54jusqu'au bout
01:06:55restez encore deux minutes
01:06:56parce que j'ai des annonces
01:06:57à vous faire
01:06:58ce podcast
01:06:59il nous a fait
01:06:59beaucoup réfléchir
01:07:00et avec l'équipe
01:07:01de Street Press
01:07:02on a imaginé
01:07:03un vrai plan de bataille
01:07:04avec des actions concrètes
01:07:05pour peser
01:07:06dans la bataille culturelle
01:07:07on a jusqu'au 5 janvier
01:07:082026
01:07:09pour réunir
01:07:10le plus de soutien possible
01:07:11aujourd'hui
01:07:12vous êtes 6000
01:07:13à financer chaque mois
01:07:14Street Press
01:07:14si on atteint
01:07:15les 8000 donateurs mensuels
01:07:17on sort
01:07:17un guide de l'extrême droite
01:07:19radical
01:07:19un bouquin
01:07:20qui s'appuie sur tout le travail
01:07:21qu'on a fait pour Cartofaf
01:07:23notre cartographie
01:07:24des groupuscules violents
01:07:25à 9000
01:07:26on organise des formations gratuites
01:07:28ouvertes à tous et toutes
01:07:29pour mieux connaître
01:07:30et donc combattre
01:07:31l'extrême droite
01:07:31à 11000
01:07:32on lance une série sur Youtube
01:07:34sur
01:07:34comment retourner
01:07:35un électeur du RN
01:07:36le but
01:07:37c'est de vous aider
01:07:38à convaincre autour de vous
01:07:39on veut aussi donner
01:07:40de la force
01:07:40et de la visibilité
01:07:41à ceux qui se battent
01:07:42là où l'extrême droite
01:07:43est la plus forte
01:07:44à 12000 soutien mensuel
01:07:46on part en tournée
01:07:47dans les villes d'extrême droite
01:07:49Karine Fouteau de Mediapart
01:07:50et Jean Morel de Grunt
01:07:51sont partants
01:07:52pour monter des dates
01:07:53avec nous
01:07:54on a aussi embarqué
01:07:55Guillaume Meurisse
01:07:56et la dernière de Nova
01:07:57sur une date
01:07:57Salomé Saquet
01:07:58et David Dufresne
01:07:59sur une autre
01:08:00et sans doute d'autres encore
01:08:01plus vous serez nombreux
01:08:02à nous soutenir
01:08:03plus on fera de choses
01:08:04on a vraiment besoin de vous
01:08:05pour mener ces projets
01:08:06qui sont ambitieux
01:08:07le lien vers la cagnotte
01:08:09est en commentaire
01:08:10je compte sur vous
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