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  • il y a 2 semaines

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00:00Europe 1
00:0216h-18h, Pascal Pro et vous
00:05Sarah Sandman, Richard Millet, George W. Fenech, Gauthier Lebrecht et Olivier Guédech sont avec nous pour évoquer l'actualité de ce 11 novembre, les commémorations du 11 novembre, l'hommage à nos soldats morts pour la France.
00:20J'étais frappé en me baladant, en écoutant les uns et les autres. Qu'est-ce que l'histoire de France pour eux ? Qu'est-ce que la guerre de 14 pour eux ?
00:29Sur une question aussi simple, pourquoi la guerre de 14 a-t-elle eu lieu ? Les réponses sont approximatives, pour le moins. Comment cette guerre s'est-elle arrêtée ? Personne ne sait vraiment. Combien de morts français ? 1 500 000 morts.
00:46C'est-à-dire que dans chaque famille, il y avait 40 millions de français. A l'époque, chaque famille a été touchée. C'est un traumatisme. Eh bien, il semble qu'un siècle et quelques années plus tard, les jeunes français ne sachent pas ou ne connaissent pas cette histoire.
00:59Et on va en parler ensemble à 16h03.
01:03Pascal Praud sur Europe 1.
01:05Et on peut écouter peut-être la Marseillaise chantée ce matin par l'armée française.
01:08« À vos enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé, contre l'eau de la tyrannie, l'étendance en gloire est levée, l'étendance en gloire est levée.
01:28Encore des beaux, l'eau de la campagne, l'étendance en gloire est levée, l'étendance en gloire est levée, l'étendance en gloire est levée, l'étendance en gloire est levée. »
01:35Comme nous sommes à l'antenne, je ne me suis pas levée.
01:37Nous ne nous sommes pas levés, mais nous nous sommes levés symboliquement, évidemment, pour cette Marseillaise.
01:43Emmanuel Macron a présidé ce matin les cérémonies du 107e anniversaire de l'armistice de 1918.
01:48C'était sur les Champs-Elysées à l'Arc de Triomphe.
01:50C'est une cérémonie du 11 novembre qui marque la fin de la Première Guerre mondiale, faut-il le rappeler.
01:54Elles sont dédiées à tous les soldats morts pour la France.
01:57Et le chef de l'État a débuté ou a commencé son programme en mettant en lumière les malgrés nous de la Seconde Guerre mondiale.
02:04La Seconde Guerre mondiale.
02:06130 000 Alsaciens et Mosellans qui étaient considérés comme Allemands.
02:10Ils avaient dû intégrer l'armée allemande.
02:13Environ 40 000 de ces hommes ne sont jamais revenus.
02:1530 000 ont péri lors des combats ou en captivité.
02:1810 000 à 12 000 sont portés disparus.
02:20Sur les Champs-Elysées, le Président a ensuite déposé une gerbe devant la statue de l'homme d'État, Georges Clemenceau, surnommé le père de la victoire.
02:27Alors, Richard Millet, pardonnez-moi, est avec nous.
02:32Et Richard, vous avez parfois écrit d'ailleurs sur l'histoire, sur le passé, sur les familles.
02:37Ce sont des sujets qui vous ont intéressé dans toutes les familles.
02:40Il y avait cet ADN qui existait d'un mort, plusieurs morts parfois.
02:45Et aujourd'hui, effectivement, cette histoire est moins transmise.
02:50Je crois qu'elle est plus transmise du tout parce qu'il y a peu de films, d'abord, sur la guerre de 1914.
02:56Et je pense que, vu l'état de l'enseignement général et particulièrement de l'histoire, je pense que ça n'intéresse plus personne.
03:01Même s'il y a eu le centenaire, vous vous souvenez, il y a quelques années, qui a un peu ravivé la mémoire.
03:08Mais je pense que ce n'était pas grand-chose.
03:10Il se trouve que mon âge, hélas, fait que j'ai grandi parmi des veuves de guerre et des buts de gueule cassés et des gens de ce genre.
03:19Vous voyez, pour lesquels la guerre était quelque chose de terrifiant.
03:23Ce qu'il racontait, mon grand-père, par exemple, est mort gazé à Verdun.
03:27Vous voyez, donc, je ne l'ai pas connu, bien sûr.
03:29Mais voilà, c'est des choses que j'entendais constamment.
03:33Constamment, constamment, constamment.
03:35Mon village natal qui avait en 1900, en Corrèze, qui avait en 1914 800 habitants sur la commune,
03:42n'avait plus que de 600, 4 ans après.
03:45Il y a 52 morts, vous voyez, du village, sur les plaques funérées.
03:49Alors, il y a quand même des films, vous dites, il n'y en a pas beaucoup,
03:52il y a un long dimanche de fiançailles.
03:53Je parle des films récents, qui ont...
03:56Joyeux Noël, qui a été, d'ailleurs, qui est repassé récemment.
03:59Cette trêve de Noël entre soldats anglais, allemands et...
04:02Avec Danny Boone, je crois.
04:03Guillaume Canet.
04:04Oui.
04:04Danny Boone, qui avait eu le César du meilleur...
04:05Et il y a le film de Dupontel, également, avec l'escroquerie faite au...
04:09Au revoir là-haut, qui est l'anaptation d'un célèbre...
04:11Voilà, de Pierre Lemaitre.
04:12Alors, ça, c'est...
04:14Et il y a Capitaine Conant de Tavernier, qui a quelques années.
04:17Exactement, avec Philippe Noiré.
04:18Dans les Dardanelles, ça.
04:20Mais, ce qui est intéressant dans ce que vous dites...
04:23Capitaine Conant, c'est Philippe Torretton.
04:25Philippe Noiré, c'est la vie et rien d'autre.
04:28Vous avez raison.
04:29Moi, je disais, ce matin, il y a une forme de mélancolie du 11 novembre,
04:33qu'il n'y a pas forcément pour le 8 mai 45,
04:36ou pour le 14 juillet, autre fête nationale.
04:39Est-ce le début de l'hiver ? Je ne sais pas.
04:41Est-ce parce que c'est les premiers frimages ? Je ne sais pas.
04:44Mais, en tout cas, il y a une mélancolie.
04:45Et moi, je me souviens très bien, lorsque nous étions plus jeunes,
04:48regardant ces commémorations à la télévision,
04:52voyant ces poilus qui existaient encore dans mon enfance,
04:55et qui venaient une dernière fois,
04:57qui étaient sur ces chaises, parfois,
04:59parce que vous avez parlé des gueules cassées,
05:00vous avez parlé des handicapés.
05:02Et c'était très présent, même pour l'enfant,
05:05que j'étais dans les années 70.
05:06Cette transmission existait. Pourquoi ?
05:08Parce que nos grands-parents avaient, sinon connu la guerre,
05:11étaient des enfants, parfois, de la guerre de 14,
05:15qui est le cas, par exemple, de mon grand-père,
05:16qui était né en 1908,
05:18et son père était mort à la guerre en 1916,
05:22ce qui fait qu'il était pupille de la nation.
05:24Mais ce qui est extraordinaire dans cette famille de jeunes enfants,
05:28ou de jeunes adultes, qui s'appelaient pros,
05:32c'est qu'en 1916, le même jour que cet arrière-grand-père,
05:36que mon grand-père a déjà à peine communu,
05:38le même jour, il y a eu trois pros, trois frères,
05:41qui sont morts le même jour,
05:44qui étaient partis de Bretignolles-sur-Mer,
05:46et qui sont morts le même jour à Verdun.
05:48C'est extraordinaire, quand même.
05:50Et c'était les familles françaises.
05:51Et sur les monuments aux morts,
05:52effectivement, nous,
05:55on est peut-être la dernière génération
05:57à avoir grandi avec des gens,
05:59d'ailleurs, qu'on croisait,
06:00moi j'ai croisé,
06:01ils étaient gardiens de Square,
06:03c'était des gens qui avaient fait la guerre de 14.
06:05Ils n'avaient parfois qu'une manche.
06:06Ils n'avaient pas de bras,
06:07effectivement, ils n'avaient qu'une manche.
06:08Donc cet imaginaire-là existait
06:11à la fin des années 60,
06:14au début des années 70,
06:15et c'était sans doute la dernière période.
06:17Mais le cinéma, la Seconde Guerre mondiale,
06:19le cinéma notamment américain,
06:20a déversé une telle quantité
06:22de films sur la Seconde Guerre mondiale
06:25que ça a peu à peu oblitéré le reste.
06:28Oui, et elle est vécue,
06:29la Seconde Guerre mondiale,
06:30de manière différente,
06:31parce qu'elle est vécue pour les Français
06:32à travers la 7ème compagnie
06:34ou la Grande Zadrouille,
06:35ce qui est complètement différent.
06:36Là, vous dites, hélas !
06:37Mais il y a une sorte de folklorisation
06:39de la Deuxième Guerre mondiale,
06:41alors que la Première Guerre mondiale
06:42n'était pas vécue de cette manière-là.
06:44Et il y a un film extraordinaire
06:45de Richard Thambeau
06:46qui s'appelle Johnny Got His Gun,
06:48que vous connaissez peut-être.
06:49C'est une des choses les plus atroces
06:51que je connaisse.
06:53Johnny S'en va être en guerre.
06:53Oui, Johnny Got His Gun
06:55qui est un film qui avait été à Cannes
06:56et qui est un homme qui se réveille,
07:00qui n'a plus de bras,
07:01qui n'a plus de jambes,
07:02qui n'a plus rien,
07:03et qui comprend qu'il n'est plus qu'un cerveau,
07:04mais qui est vivant.
07:05Et on l'a laissé là
07:07parce qu'on pense qu'en fait
07:07qu'il est mort.
07:09En tout cas,
07:10qu'on peut faire des expériences sur lui.
07:12Et c'est une infirmière
07:13qui va comprendre
07:14à travers une communication
07:15qui se met en place
07:16qu'il est toujours...
07:18Conscient.
07:19Conscient.
07:19C'est ça, oui.
07:20Et cette histoire est abominable.
07:22Pardon, Pascal, je vous ai coupé,
07:23mais il y a le film de Sam Mendes
07:25qui est récent, 1917.
07:26Absolument.
07:27Qui est extraordinaire,
07:28qui est un seul plan-séquence
07:30de deux heures.
07:31Ah oui, je l'ai vu.
07:32Vous avez aimé ce film ?
07:33Oui.
07:34Vous l'avez beaucoup aimé ?
07:35J'ai beaucoup aimé
07:35parce que même s'il y a des choses
07:37qui se trichent,
07:38parce que ce n'est pas tout à fait
07:39le Pas-de-Calais,
07:40le Pas-de-Calais,
07:40pas comme ça.
07:41Mais peu importe.
07:42Le plan-séquence de deux heures,
07:44je trouve ça épatant.
07:45Bon, est-ce que cette histoire
07:46vous parle, Sarah Salmane ?
07:48Vous êtes la plus jeune
07:49quasiment de ce studio.
07:50Non, je ne suis pas du tout
07:51la plus jeune de ce studio.
07:52Quasiment.
07:53Il y a deux exceptions près,
07:54ce qui fait la moitié du studio.
07:56La moyenne d'âge du studio
07:57doit être à 60 ans.
08:00Non, mais vous avez compris
08:02le sens de ma question.
08:03Il y a des films
08:03comme un long dimanche de fiançailles
08:05qui sont quand même
08:05vraiment beaucoup véhiculés
08:07et qui fait qu'il y a
08:07une transmission quand même.
08:09Et dans les livres d'histoire,
08:09on apprend quand même des choses.
08:11Vous ne pouvez pas dire
08:11que les gens ne savent rien.
08:13Rien.
08:13Je ne l'ai vérifié.
08:15Rien.
08:15Je ne peux pas vous dire autre chose.
08:16Vous faites peur.
08:17Vous l'avez vérifié où ?
08:18Dans les rédactions ?
08:18Peu importe,
08:19je ne dirais pas où.
08:20Vous demandez
08:21pourquoi la guerre de 1914
08:23est-elle déclarée ?
08:24Personne n'y connaît
08:26l'histoire de l'archiduc.
08:27Mais personne.
08:28Je vous assure,
08:29personne.
08:29C'est comme les frimains.
08:30Les frimains,
08:32il y a un côté humiliant
08:32à chaque fois
08:33parce que vous me le redites.
08:34Mais non, mais...
08:35Plus sérieusement.
08:37Et vous avez de plus en plus
08:38de jeunes,
08:38ou en tout cas un certain nombre
08:39de jeunes,
08:39qui, si demain il y avait
08:41une guerre,
08:42pourraient s'engager.
08:42Je regardais les sondages
08:44et vous en avez de plus en plus
08:45qui pourraient éventuellement
08:47s'engager.
08:47Oui, pas pour la France,
08:48mais ils pourraient s'engager.
08:49Pas pour la France,
08:49à l'international.
08:51Alors, ce qui est intéressant
08:52dans ce que vous dites également,
08:53c'est que la guerre de 1914
08:54n'existerait plus aujourd'hui
08:56parce qu'avec les réseaux sociaux,
08:57l'opinion publique
08:58ne tolérerait pas
08:59une seconde
09:00parce que ça a été une boucherie
09:03et ceux qui pilotaient,
09:05qui gouvernaient,
09:06ont fait juste n'importe quoi,
09:07Richard Millet.
09:08Quand on dit
09:09c'était mieux avant,
09:10on a envoyé
09:101,5 million de jeunes Français
09:12se faire tuer
09:13sans raison
09:14en les déplaçant,
09:15les chefs ont fait...
09:16Il y a un contre-exemple
09:17à ce que vous dites.
09:18La guerre entre Russes
09:19et Ukrainiens.
09:20Exactement comme la guerre de 1914,
09:22une guerre de tranchées
09:23avec des jeunes
09:24qui avaient le même âge
09:26en 1914-1918
09:27sacrifiés
09:28d'un côté
09:29comme de l'autre.
09:30Et pourtant,
09:30il y a les réseaux sociaux
09:31et c'est une guerre
09:32où on a justement
09:33peu d'images
09:34mais la violence
09:35entre Russes et Ukrainiens
09:36est immense
09:37et justement peut rappeler
09:38la guerre de 1914.
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